Apres, pour remettre une piece dans la machine, c'est a partir de quel age que l' on considere qu'un gamin/adolescent peut commencer a etre curieux par soi-meme et n'est plus dependant de son environnement pour se developper ?
Il n'existe aucune règle car l'autonomie est une notion polysémique, en tous cas, elle s'exprime de manière très différente en fonction de ce que l'on attend. C'est tout l'erreur d'ailleurs de ceux qui veulent enfermer l'éducation dans une seule méthode/pédagogie.
Si je prends mon exemple personnel, d'un point de vue de la recherche d'information, de la capacité à rédiger quelque chose de cohérent, j'étais autonome dès 8-9 ans. Par contre, prendre des initiatives, mener un groupe, collaborer... Il a fallu attendre l'université pour que j'en sois capable. Or, ce n'était pas le cas général de mes camarades, et on avait souvent des activités de groupe ou des responsabilités.
Si je prends l'exemple de mes élèves depuis longtemps... J'ai eu des profils très diversifiés. Actuellement, l'essentiel de mes élèves qui n'ont aucun sens de l'autonomie que ce soit dans le sens "travailler seul" ou le sens "créer ses propres codes pour réussir". Les deux premières raisons tiennent d'origines familiales et géographiques où la destructure est une règle et leur maîtrise de la langue française, aussi bien pour les allophones que les natifs, est d'une absolue indigence... Ce qui annihile toute capacité à se prendre en charge. Pour certains d'entre eux, ils vont acquérir une forme d'autonomie dans les pratiques manuelles de leurs futures formations en apprentissages ou en bac pro... Mais ils vont demeurer, d'un point de vue intellectuel et social, très en difficulté.
Là où par contre y'a un problème systémique dans l'éducation nationale, et qui vient particulièrement des doctrines constructivistes, c'est cette idée absurde d'individualiser les apprentissages, de les contractualiser, et de favoriser les positions les plus mobiles possibles (les faire circuler).
C'est séduisant en théorie. En pratique, aussi bien en école ou au collège, dans des classes entre 25 et 30, cela ajoute de l'agitation et de la déconcentration à des enfants qui ont déjà énormément de mal à se poser et à prendre le temps pour réfléchir et construire un concept, une idée... Ou tout simplement un problème/exercice donné. Et ça, c'est pas une histoire de Rep+, c'est dans toutes les catégories de public.
Il faut, évidemment, prendre les élèves dans leurs diversités... Mais cela ne doit jamais se faire au risque de perdre la cohérence du groupe, et ne jamais s'aligner sur le plus fragile. Ce qui, indubitablement, est réalisé lorsque l'on multiplie les remédiations. Or en contractualisant via la diversité des plans personnalisés (qui ne riment à rien puisqu'on a pas les moyens de les exercer), on s'oblige à des objectifs aberrants, intenables... ou qui s'obtiennent par la triche/le trucage. Avant, on le faisait uniquement lors des examens en donnant des "consignes de correction". Maintenant, on le fait aussi via le positionnement lors des évaluations par compétences... Et en créant des barèmes de positionnement incohérents.