Le complot, c'est de tout melanger dans une classe dominante avec une conscience collective et une intention nécessairement maligne.
Maligne indique une intension "malveillante" : ce n'est pas ce que je dis. Ils défendent leurs intérêts, tout simplement. Ils sont "pragmatiques".
Quant à une conscience collective, je peux te citer avec malice et provocation les propos de Warren Buffet : "Il y a une lutte des classes, évidemment, mais c'est ma classe, la classe des riches qui mène la lutte. Et nous sommes en train de gagner".
Ou l'essai des Pincon-Charlot "les ghettos du gotha" : "Leur étude de la bourgeoisie les mène aussi à affirmer l'existence réelle d'une conscience de classe ainsi que de fortes interactions entre les membres de cette classe, favorisées par l'endogamie, la ségrégation socio-spatiale et des stratégies mises en place pour faire perdurer cette conscience de classe et une certaine exclusivité comme les rallye ou les différents cercles mondains."
Ou encore le fameux "dîner du siècle".
Après, évidemment que les choses ne sont jamais nettes, claires, tranchées.Mais c'est un sujet assez bien documenté en 2018.
Et au sujet d'une enquête ou une étude sur la conception de la démocratie à travers trois électorats... Une étude intéressante mais qui manque sans doute de recul sur l'incarnation de la démocratie en fonction justement de ce groupe. Par exemple, je suis à peu près sûr que je n'ai pas la même façon de concevoir la démocratie que toi.
Mieux vaut des citations célèbres : « Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants. »
L'auteur est Sieyès. Intéressant, car il dissocie "système représentatif" de "démocratie". De là à dire que "démocratie représentative" est un oxymore...
On pourrait dire de même des pères de la révolution américaine, qui n'étaient pas des fous furieux de la démocratie.
Quant à ma conception de la démocratie, je m'en tiens à sa définition : la souveraineté du peuple. Ce qui diffère sensiblement de mettre un bulletin dans l'urne tous les cinq ans puis de disparaître de la circulation.
Quant à ce que tu me dis sur la relation démocratie/économie... C'est quand même un peu plus complexe que ça hein. Mais bon, on va dire que je m'y connais pas trop hein.
Tu as tendance à caricaturer mes propos : quand je parle de comportement cynique, pragmatique de nos dirigeants tu parles de complot.
Et quand je parle de relation démocratie/économie, tu fais comme si j'indiquais l'existence d'une cause unique. Évidemment que c'est plus compliqué que ça.
J'en profite pour parler du pote à MCL 80., Gérard Collomb, qui a encore fait des siennes hier :
"pour «garder le droit de manifester», les protestataires doivent «s'opposer» aux casseurs"
C'est juste hallucinant de tenir de tels propos, mais c'est bien dans la tendance de "reflux démocratique" qui traverse tous les pays, et le "monde occidental" ne fait pas exception.
A Notre Dame des Landes règne une répression de l'Etat d'une violence disproportionnée par rapport à l'urgence réelle d'évacuer les lieux, avec usage de grenades offensives qui sont en réalité de vraies grenades qui mutilent les corps.
Des jeunes lycéens en garde à vue pendant 48 h pour des raisons purement politiques, des manifestations de plus en plus risquées pour le militant : nasses, grenades de désencerclement qui mutilent, criminalisation du manifestant/gréviste. Il y a un vrai tournant lors des manifs contre la loi El Khomri de 2016 : les forces de l'ordre passent d'une attitude de "mise à distance" à une attitude de "contact, de confrontation directe" qui inévitablement fait plus de dégâts humains.
Perso, j'estime que manifester aujourd'hui est dangereux pour sa santé, pour sa sécurité. Et quand tu en es rendu à te dire ça dans un état démocratique..
On peut évoquer la complaisance de l'Etat vis-à-vis des milices d'extrême droite. En revanche, "l'ultra gauche" est assimilée aux terroristes (voir l'affaire Tarnac).
Intégration de l'état d'urgence dans le droit commun...
Je veux dire, à un moment donné, faut peut-être se demander si tout ça mis bout à bout va dans le sens d'une démocratie plus sereine et ne pas uniquement regarder les états autoritaires pour se rassurer.
On peut aussi noter une répression de l'Etat qui grandit au fur et à mesure de la mise en place "réformes" de plus en plus antisociales.
Enfin, un sujet qui pourrait mettre tout le monde d'accord : la libération de la parole islamophobe. Que des hurluberlus comme Zemmour ou Finkielkraut en fasse des tonnes dessus, soit.
Mais quand des hommes politiques comme Valls en font leur cause, ça m'inquiète.
Lorsque je vois la dernière couverture de Charlie Hebdo et sa caricature simiesque d'une étudiante voilée, je me dis que le fond de l'air est brun.