Je ne caricature pas, ta réflexion est une caricature, c'est différent. Je parle du message qui me fait réagir, pas de ta dernière argumentation laquelle est toute à ton honneur.
Je rappelle l'origine de ma réaction, dans une étude qui explique la vision de la démocratie des centristes, de l'extrême gauche et de l'extrême droite, tu obliques directement sur la lutte des classes.
Ce qui me pose problème dans cette étude, c'est qu'elle semble oublier que chaque électorat, qui n'est pas un groupe social cohérent, a plusieurs façons de concevoir une notion, notamment une notion politique. Mais si on veut faire une sorte de généralité, on va découvrir des prismes : genre l'électorat d'extrême gauche attache beaucoup d'importance à la démocratie directe, l'extrême droite ne conçoit la démocratie que pour désigner un leader fort exerçant une autorité forte au nom de la nation, quant au centre, il ne faut pas oublier que dans la plupart des démocraties, le centre est tiraillé dans ses paradoxes, ses contradictions et a souvent du mal à se faire une synthèse. Les électeurs centristes ont un jugement critique vis à vis de la démocratie non pas parce qu'ils ne la défendent pas mais parce qu'ils adhèrent que trop rarement aux résultats finaux.
Alors évidemment, je sais que ce raisonnement ne risque pas de te convenir car tu dois estimer que le centre commence chez les sociaux-démocrates. En France, on dit souvent que c'est un pays de gauche, dont les habitants votent à droite et qui se gouverne au centre. Donc mon raisonnement ne tiendrait pas vraiment. Mais ce n'est pas ce que la réalité décrit.
En tous cas, ton message me pose problème car tu extrapoles directement sur la lutte des classes, avec un sous entendu évident sur le rapport centre/dominant.
Pour ta réponse sur la lutte des classes. Je n'adhère pas à Marx, je ne l'ai jamais fait et je ne le ferai jamais. Je préfère Lassalle d'une part… Et je ne crois pas en "une bourgeoisie" dont les contours me paraissent vraiment obscurs que ce soit par l'analyse classique marxiste ou… plus contemporaine. Je peux accepter, car ce sont les faits, que des décisions politiques ou de tous les jours, créent des oppressions, des opprimés, des injustices plus ou moins massives. Je peux accepter qu'il existe des groupes de pression plus ou moins influents qui s'affrontent, dominent, succèdent… Mais le monde est toujours plus infiniment complexe que ce qu'entend la lutte des classes.
Ou alors, c'est une histoire d'avatar. La bourgeoisie est un avatar vague tel Satan, ou les passions chrétiennes, qui causent du tour aux innocents. Donc on est dans une logique symbolique. Mais ça part trop en vrille pour moi. Quant à l'endogamie, je me suis demandé s'il existait un papier là-dessus, et justement http://ses.ens-lyon.fr/ressources/stats-a-la-une/l-evolution-du-taux-dendogamie-de-classe-sociale-en-france cela montre que l'homogamie recule en règle générale sauf chez les plus riches, l'explication tenant pour les chercheurs surtout plus à la fréquentation des grandes écoles que l'existence, réelle et j'en conviens, des rallyes. Mais là, voilà ce qui me gène, c'est quoi un bourgeois ? Celui qui sort des grandes écoles ? celui qui est élu député même s'il est agriculture ? Marié à une étudiante tunisienne ? Même s'il a fait fortune de rien ? Le Prince Harry est-il un bourgeois ? Non, il existe des faisceaux rapprochant les gens ayant fréquenté les mêmes lieux (de vie, d'étude, de travail) mais cela ne les rassemble pas dans une conscience collective uniforme. Leurs destins individuels vont leur faire prendre des logiques souvent contradictoires avec ce qu'on attendra d'eux. Et notamment sur la conception de démocratie, que ce soit par rapport à l'intérêt du temps économique ou de leur propre conscience personnelle. Au nom justement de la pluralité des identités de chaque personne. D'ailleurs, c'est marrant cette idée de croire que c'est un problème que le temps démocratique ne convienne plus au temps économique. Il n'a jamais convenu. Ce n'est pas une nouveauté. Rien a changé et rien ne changera à ce sujet. C'est comme le temps juridique et le temps de l'information. Ils ne vont pas ensemble. Ils n'iront jamais ensemble.
Tu décris ensuite des exemples de tensions entre l'Etat et des citoyens sur des sujets de manifestations. Mais notre pays, simplement notre pays, regorge de ces situations depuis 1870 (date où, on va dire, la démocratie commence à s'installer durablement). En 1905, les répressions envers les manifestants sont terribles. Souvenons nous d'autres répressions sous de Gaulle, des affrontements de mai 1968, des grandes manifestations avec des finalités violentes en 1986... Lis cet article, est-ce plus violent en 2018 ? https://www.humanite.fr/novembre-decembre-1986-les-etudiants-deferlent-contre-la-loi-devaquet-627701 L'Etat a toujours, qu'il soit socialiste, modernisateur, réformiste, conservateur ou modéré, utilisé son monopole de la violence et souvent avec un manque de discernement/de mesure. C'est inhérent à l'Etat moderne.
Est-ce que c'est juste ? En règle générale, évidemment que non. Mais ce n'est pas ça qui va mesurer quoi que ce soit.
Par contre, je concèderai volontiers que notre société, et l'Etat ne fait que répondre à cette aspiration, est moins préoccupée par la démocratie depuis une quinzaine d'années. Cela a commencé à la fin des années 1990, les relents se sont exprimés dans les années 2000 et on mange notre pain noir… Ou brun. Je concède volontiers, et surtout pour avoir voté pour lui, que Emmanuel Macron, son gouvernement et son parlement ne sont pas à la hauteur de ce que le pays a besoin sur beaucoup d'aspects. Qu'au contraire, il prend acte de ce manque d'inspiration pour privilégier des rapports plus autoritaires et directs.
Mais moi, je ne vois pas cela comme un conditionnement voulu par la "bourgeoisie" ou "les dominants" ou par la logique du néo-libéralisme. Il n'existe pas de groupe cohérent organisant le monde afin, par exemple, de faire de la France un pays à 5-6 millions d'actifs sans emplois, ou d'abrutir les enfants pour en faire des moutons adultes. Qu'il existe des responsabilités, ou des conséquences d'une politique publique… Comme par exemple la désertification des services (publics comme privé) entraînant un sentiment d'abandon, oui, c'est une responsabilité. Mais cela n'obéit pas à une volonté supérieure. C'est une pure construction intellectuelle. Quand Jospin commence à envisager l'application du New Public Management en France, il pense que cela sera utile, il ne pense pas que cela va accélérer cette désertification et désorganiser le service public. Et encore moins que cela va profiter aux extrêmes gauches et surtout droites.
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Je rappelle l'origine de ma réaction, dans une étude qui explique la vision de la démocratie des centristes, de l'extrême gauche et de l'extrême droite, tu obliques directement sur la lutte des classes.
Ce qui me pose problème dans cette étude, c'est qu'elle semble oublier que chaque électorat, qui n'est pas un groupe social cohérent, a plusieurs façons de concevoir une notion, notamment une notion politique. Mais si on veut faire une sorte de généralité, on va découvrir des prismes : genre l'électorat d'extrême gauche attache beaucoup d'importance à la démocratie directe, l'extrême droite ne conçoit la démocratie que pour désigner un leader fort exerçant une autorité forte au nom de la nation, quant au centre, il ne faut pas oublier que dans la plupart des démocraties, le centre est tiraillé dans ses paradoxes, ses contradictions et a souvent du mal à se faire une synthèse. Les électeurs centristes ont un jugement critique vis à vis de la démocratie non pas parce qu'ils ne la défendent pas mais parce qu'ils adhèrent que trop rarement aux résultats finaux.
Alors évidemment, je sais que ce raisonnement ne risque pas de te convenir car tu dois estimer que le centre commence chez les sociaux-démocrates. En France, on dit souvent que c'est un pays de gauche, dont les habitants votent à droite et qui se gouverne au centre. Donc mon raisonnement ne tiendrait pas vraiment. Mais ce n'est pas ce que la réalité décrit.
En tous cas, ton message me pose problème car tu extrapoles directement sur la lutte des classes, avec un sous entendu évident sur le rapport centre/dominant.
Pour ta réponse sur la lutte des classes. Je n'adhère pas à Marx, je ne l'ai jamais fait et je ne le ferai jamais. Je préfère Lassalle d'une part… Et je ne crois pas en "une bourgeoisie" dont les contours me paraissent vraiment obscurs que ce soit par l'analyse classique marxiste ou… plus contemporaine. Je peux accepter, car ce sont les faits, que des décisions politiques ou de tous les jours, créent des oppressions, des opprimés, des injustices plus ou moins massives. Je peux accepter qu'il existe des groupes de pression plus ou moins influents qui s'affrontent, dominent, succèdent… Mais le monde est toujours plus infiniment complexe que ce qu'entend la lutte des classes.
Ou alors, c'est une histoire d'avatar. La bourgeoisie est un avatar vague tel Satan, ou les passions chrétiennes, qui causent du tour aux innocents. Donc on est dans une logique symbolique. Mais ça part trop en vrille pour moi. Quant à l'endogamie, je me suis demandé s'il existait un papier là-dessus, et justement http://ses.ens-lyon.fr/ressources/stats-a-la-une/l-evolution-du-taux-dendogamie-de-classe-sociale-en-france cela montre que l'homogamie recule en règle générale sauf chez les plus riches, l'explication tenant pour les chercheurs surtout plus à la fréquentation des grandes écoles que l'existence, réelle et j'en conviens, des rallyes. Mais là, voilà ce qui me gène, c'est quoi un bourgeois ? Celui qui sort des grandes écoles ? celui qui est élu député même s'il est agriculture ? Marié à une étudiante tunisienne ? Même s'il a fait fortune de rien ? Le Prince Harry est-il un bourgeois ? Non, il existe des faisceaux rapprochant les gens ayant fréquenté les mêmes lieux (de vie, d'étude, de travail) mais cela ne les rassemble pas dans une conscience collective uniforme. Leurs destins individuels vont leur faire prendre des logiques souvent contradictoires avec ce qu'on attendra d'eux. Et notamment sur la conception de démocratie, que ce soit par rapport à l'intérêt du temps économique ou de leur propre conscience personnelle. Au nom justement de la pluralité des identités de chaque personne. D'ailleurs, c'est marrant cette idée de croire que c'est un problème que le temps démocratique ne convienne plus au temps économique. Il n'a jamais convenu. Ce n'est pas une nouveauté. Rien a changé et rien ne changera à ce sujet. C'est comme le temps juridique et le temps de l'information. Ils ne vont pas ensemble. Ils n'iront jamais ensemble.
Tu décris ensuite des exemples de tensions entre l'Etat et des citoyens sur des sujets de manifestations. Mais notre pays, simplement notre pays, regorge de ces situations depuis 1870 (date où, on va dire, la démocratie commence à s'installer durablement). En 1905, les répressions envers les manifestants sont terribles. Souvenons nous d'autres répressions sous de Gaulle, des affrontements de mai 1968, des grandes manifestations avec des finalités violentes en 1986... Lis cet article, est-ce plus violent en 2018 ? https://www.humanite.fr/novembre-decembre-1986-les-etudiants-deferlent-contre-la-loi-devaquet-627701 L'Etat a toujours, qu'il soit socialiste, modernisateur, réformiste, conservateur ou modéré, utilisé son monopole de la violence et souvent avec un manque de discernement/de mesure. C'est inhérent à l'Etat moderne.
Est-ce que c'est juste ? En règle générale, évidemment que non. Mais ce n'est pas ça qui va mesurer quoi que ce soit.
Par contre, je concèderai volontiers que notre société, et l'Etat ne fait que répondre à cette aspiration, est moins préoccupée par la démocratie depuis une quinzaine d'années. Cela a commencé à la fin des années 1990, les relents se sont exprimés dans les années 2000 et on mange notre pain noir… Ou brun. Je concède volontiers, et surtout pour avoir voté pour lui, que Emmanuel Macron, son gouvernement et son parlement ne sont pas à la hauteur de ce que le pays a besoin sur beaucoup d'aspects. Qu'au contraire, il prend acte de ce manque d'inspiration pour privilégier des rapports plus autoritaires et directs.
Mais moi, je ne vois pas cela comme un conditionnement voulu par la "bourgeoisie" ou "les dominants" ou par la logique du néo-libéralisme. Il n'existe pas de groupe cohérent organisant le monde afin, par exemple, de faire de la France un pays à 5-6 millions d'actifs sans emplois, ou d'abrutir les enfants pour en faire des moutons adultes. Qu'il existe des responsabilités, ou des conséquences d'une politique publique… Comme par exemple la désertification des services (publics comme privé) entraînant un sentiment d'abandon, oui, c'est une responsabilité. Mais cela n'obéit pas à une volonté supérieure. C'est une pure construction intellectuelle. Quand Jospin commence à envisager l'application du New Public Management en France, il pense que cela sera utile, il ne pense pas que cela va accélérer cette désertification et désorganiser le service public. Et encore moins que cela va profiter aux extrêmes gauches et surtout droites.
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