Re : Potes 'n' Profs - Toi aussi, monte au clash avec le corps professoral!
Reply #78 –
Je le suis un peu. Dans ce genre d'établissement, tu ne fais ta discipline que devant ton PC avec les préparations de cours. En classe, tu ne fais rien de tout cela. Je participe régulièrement à des cours de Français ou de maths (co-intervention) et c'est souvent déconcertant, mais l'histoire-géographie a de plus décourageant que c'est une discipline qui ne pardonne absolument pas l'absence de connaissance. Soit tu les as déjà et tu n'as plus qu'à l'affiner et à assimiler la partie "compétences", soit tu n'as pas de connaissance et là, ça devient compliqué car il faut non seulement acquérir les grandes repères (spatiaux, temporels) mais en plus les phénomènes étudiés précisément. Avec des programmes très thématiques et des notions pointues dès le primaire (je vous avais évoqué la leçon sur les éco-quartiers en CM1), l'inculture ou le maintien de cette inculture ne pardonne pas.
Si je dois comparer avec ce que l'on faisait, élèves, dans les années 80-90, c'est beaucoup plus moins répétitif mais beaucoup plus complexe...
J'ai l'impression d'être nul, en plus, car je perds le fil, je n'ai pas spécialement envie de retravailler mes cours car y passer 30h pour faire une séquence et voir comment elle est torpillée par l'incapacité des gamins à appréhender une notion que ta fille de 6 ans a comprise en 5 minutes... Ca ne donne pas envie de fignoler. Les innovations pédagogiques, c'est mignon mais dans les faits, ça te prend un temps de dingue et ça n'apporte pas grand chose. Juste prétendre que l'on cherche des solutions.
Pourtant mon inspecteur me mange dans la main (ou presque) et, sauf énorme surprise, je ferai parti des 30% promus plus vite que les autres. C'est pas Byzance mais un an de gagné, c'est toujours ça de pris. Donc techniquement, je devrais ressentir plus de satisfaction mais non, j'ai vraiment l'impression d'avoir été beaucoup plus utile.
Alors vient la question de la mutation... C'est tentant mais :
- j'ai un confort rare étant seul à enseigner dans ma salle. En collège et surtout en lycée, il faut partager voire se balader d'une salle à l'autre.
- je suis beaucoup mieux payé puisque j'ai la prime REP+ (385€ brut quand même)
- si je tiens 4 ans de plus, j'aurais coché une case essentielle pour passer hors classe et être prioritaire pour passer classe exceptionnelle (3e grade enseignant).
- comme je le sous entendais plus haut, j'ai un totem d'immunité de la part de toute l'institution académique du fait d'enseigner dans l'établissement réputé le plus difficile du limousin (et, clairement, pas loin d'être de la Nouvelle-Aquitaine).
- Pour aller où ? Collège ? Lycée ? Dans le second cas, considérant l'aberrante réforme du lycée et du Bac, je n'ai absolument pas envie d'y mettre un pied. Dans le premier, je vais commencer à y faire le tour à force...
Avec la réforme des retraites, les différentes réformes et lois aberrantes de Macron, je pense, et je suis loin d'être le seul, à envisager autre chose. Soit en restant dans le monde de l'éducation, j'ai les compétences pour tenter le concours de personnel de direction... Mais je ne suis pas sûr que les injonctions paradoxales des autorités académiques me plaisent, ou alors en postulant pour des missions à l'étranger via l'AEFE ou la mission laïque... Soit en cherchant un détachement administratif en mettant en valeur mon master de manager territorial... Soit en tentant des concours internes type IRA... Soit en me retirant dans les Monédières