Je viens ENFIN (oui oui) de terminer Odin Sphere sur PS2. Et il m'aura fallu des tresors de patience pour ne pas virer psychopathe.
Mais revenons plutot au jeu : achete il y a plus d'un an, j'avais ete seduit par ses graphismes (qui ne le serait pas a moins d'etre aveugle?) et son design fabuleux. Une petite fille lit un livre de contes de fees narrant les aventures epiques et tragiques de la Valkyrie Gwendoline, fille cadette du seigneur Odin. L'histoire progresse et laisse de nombreuses zones d'ombre, qui finiront par etre eclairees a mesure que l'on avance dans le jeu, et surtout que l'on complete des "histoires". En effet, une fois le livre de Gwendolyne termine, le joueur a acces au livre "Le Prince maudit", qui raconte les aventures du Prince Cornelius, transforme en Pooka (lapin humanoide), et ainsi de suite a chaque histoire terminee. Ceux qui connaissent Princess Crown, egalement de Vanilla Ware, seront en terrain connu. Et c'ette narration a la "Pulp Fiction" (en tellement meilleur!!!!) fait vraiment mouche, d'autant que les dialogues (du moins en VO) sont stellaires. En revoyant les premieres scenes, et en connaissant les tenants et les aboutissants de l'histoire, j'ai pu remarquer combien la moindre ligne de dialogue etait pleine de sens. Fabuleux, vraiment.
Au total, nous avons 5 heros, 5 tomes, le 6eme contant Ragnarok (le 7eme tome secret, epilogue a toute l'histoire, necessite quelques efforts de comprehension pour etre debloque). La encore, il y a un contraste saisissant entre les images tout en couleur et sucrees et les evenements qui se deroulent (c'est de la tragedie "lourde", entre Seneque et Shakespeare, a la sauce heroic-fantasy). L'histoire est d'aileurs admirable en tous points, un modele du genre (meme la fin qui rappelle un peu Final Fantasy VII est bien mieux ecrite, et surtout plus touchante). Je me suis meme retrouve a apprecier un personnage qui m'enervait au plus haut point au debut, le character-development fait mouche! Evidemment, le jeu est servi par une musique somptueuse, une animation a couper le souffle (mais regardez-moi les personnages meme quand ils ne font rien!! Leur respiration est hyper travaillee!!!) et un doublage VO a se pamer (je dirais meme le meilleur que j'ai jamais entendu sur un jeu video).
Cote prise en main, il s'agit d'un beat'em all ameliore, matine de RPG/aventure. Donc level-up a prevoir. Mais OS ne fait rien comme les autres. On tape comme un sourd sur le bouton d'attaque, mais il y a une jauge d'etourdissement qui empeche de donner plus d'un certain nombre de coups (elle se re-remplit heureusement tres vite, mais il est indispensable de la surveiller car KO=mort assuree contre un boss). On monte de niveau mais pas simplement en tuant ses ennemis : il faut absorber des spheres laissees par les adversaires defaits ou produites par des manipulations alchimiques (level-up d'attaque et de magie), et se sustenter de bons petits plats pour developper sa resistance.
Et oui! Dans les boutiques, ou au detour d'un tableau, il est possible de denicher des denrees directement consommables a faire "pousser" (gigot de mouton) que l'on peut amener au restaurant pour les preparer et en faire ressortir toutes les valeurs gustatives et dietetiques (ex:gigot a la menthe, il faudra donc des herbes et un gigot, mais cela vaut vraiment le coup).
Quant a l'alchimie... Il est possible de creer des potions aux effets varies : rendre de la vie, rendre momentanement la jauge d'attaque infinie, paralyser un adversaire, se guerir du poison etc etc. Mais chaque potion necessite un dosage particulier avec une mandragore specifique, qui ne se trouve pas forcement au detour du chemin.
Et la, dilemne : des ennemis sont morts et laissent echapper des phozons (spheres d'energie). Les aspire-t-on sur le champ pour faire du level-up, ou vaut-il mieux planter des graines et recolter des fruits. Si on opte pour cette option, aura-t-on assez d'energie? Et que faire des fruits qui pousseront? A stocker dans son inventaire, ou a melanger a des potions sur le champ?
OS offre une profondeur inegalee dans la gestion de l'inventaire, qui est un element extremement strategique. D'autant que l'espace est EXTREMEMENT limite (on nage dans la frustration). Mais a force, on finit par saisir ce qu'il vaut mieux faire avec tel ou tel personnage, et on se retrouve rarement a porter des choses inutiles avec soi. Dommage que l'interface de l'inventaire soit si penible, vu le temps qu'on passe dedans (et l'option tri est tout bonnement indispensable dans les moments corses).
La difficulte est a se defenestrer. Et je jouais en modenormal. Certains tableaux sont tout atrocement durs, et les boss, pour la plupart, sont aussi magnifiques qu'insupportables (j'ai passe 2 heures sur un boss avant de me rendre compte qu'il y avait un moyen relativement "simple" pour le battre, au moins rendre le combat equitable vu qu'il est accompagne de 2 demi-boss qui vous tuent en 2 coups chacun! :peur: Et encore, je ne parle du sorcier avec le dragon).
Mais avec cette avalanche de compliments, comment le jeu peut-il donner des envies de meurtre? La difficulte deja. Ensuite, les ralentissements (un boss est a la limite du freeze-screen). Et la repetitivite. Le pire des maux. Chaque personnage se joue sensiblement de la meme maniere, et repasse par les memes niveaux, contre les memes ennemis, et avec (presque) les memes boss. Certes, l'histoire change, mais quelle intense frustration de devoir tout se retaper a tour de bras, en frappant comme un sourd pour mieux battre en retraite et recuperer. Surtout au bout de 55 heures (temps qu'il m'a fallu pour finir le jeu, mais avec une meilleure comphrension des mecanismes du jeu, on peut tourner aux alentoures de 45h00 je pense). Le baiser de la mort est definitivement le sixieme tome. Pour faire face aux gargantuesques boss de fin, il faut des personnages au plus haut niveau (et surtout bardes de potions), et pour ce faire, il faut reprendre chaque tome precedent depuis le debut!!!! (certes, avec les niveaux deja acquis, mais quand meme!!!!!). Heureusement, j'ai tout mise sur les potions (j'ai tout pu synthetiser des les premiers chapitres de chaque personnage sauf un), et cela a fait l'affaire.
Odin Sphere est donc, sans surprise si l'on lit d'autres avis qui sont unanimes, un ovni. Le cote artistique nous delivre l'un des jeux les plus aboutis de la PS2 (voire le meilleur?), mais la realisation est lourdement entachee par la rigidite du systeme, des faiblesses techniques, et le syndrome de Sisyphe. Si l'on arrive a passer outre ces defauts criants qui se manifestent des le debut du jeu (et qui m'avaient fait hair le jeu a un point inimaginable au bout de 4 heures il y a un an), on se retrouve au final a gouter l'une des plus belles fresques epiques de ces dernieres annees.