Musique classique bien que peu commune

RoiLion.Thom

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Kamen

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Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #106, le 19 Février 2008 à 11:08 »
Allez hop, parce que ce n'est pas denue d'interet... Le lien vers le wiki approprie.
En resume, on distingue musique populaire et musique savante ou classique (on laisse de cote l'existence de la periode classique, symbolisee par Mozart, Haydn et cie), cette derniere survivant a la mort de ses interpretes. Ce qui est assez amusant avec le brave monsieur du Nouvel Obs, c'est de voir qu'il retient du classique la notion XIXeme de repertoire. Il y a un heritage a conserver, des pieces a connaitre imperativement etc etc. :roule: Comme cela est note fort justement dans le wiki, beaucoup de pieces ont ete composees pour la circonstance et leurs auteurs ne s'attendaient pas a ce qu'elles passent a la posterite. Le celebre exemple de la Passion selon Saint Matthieu (Bach) redecouvert et execute plus de 100 ans plus tard par Mendelssohn. L'influence de la musique populaire sur le classique et son inverse sont bien reels. Quid d'un Yngwie Malmsteen ou d'un Van Halen? Quid des pieces "populaires" de Bartok, Kodaly, Canteloube? (ce dernier est passe a la posterite en reorchestrant des chants auvergnats... Au passage, c'est magnifique)
Au passage, musique classique n'implique musique orchestrale. On a la musique de chambre (orchestre reduit), incluant les pieces pour quatuor, pour piano seul ou accompagne, la musique liturgique, la musique d'opera etc etc.

De grandes pieces du meme soi-disant "repertoire savant" servaient aux distractions. Quid des ballets? De l'opera? Du poeme symphonique? N'en deplaise a ce pedant monsieur, beaucoup de compositeurs du XXeme se sont adonnes a la musique de film, que ce soit Prokoviev, Shostakovich, Walton, Ibert ou Honegger. John Williams fait partie de l'ecole dite "neo-classique", et ses inspirations sont manifestes. Donc oui, musique de film et musique classique riment ensemble. Parce que certaines musiques de film expriment bien des choses sans avoir besoin du support de l'image! Certes, tout n'est pas forcement inspire, mais peut-on dire que meme le plus reussi des ballets ou le plus reussi des operas ne comporte que des morceaux memorables de la premiere a la derniere note?

Une realite que semble completement oublier le monsieur une fois encore. Aujourd'hui, on peut ecouter de la musique chez soi, a tout moment. La musique classique servait de vehicule pour des occasions specifiques. Il n'y avait pas le cinema par exemple. Pas de baladeurs CD ou MP3. Et la musique "populaire" n'etait pas realisee a si grande echelle. Je ne trouve guere suprenant, une fois cela pris en compte, qu'il existe une certaine desertion pour la musique classique. Parce que le choix des musiques et des activites de loisir s'est elargi, tout simplement! Et que la "pop" a acquis ses lettres de noblesse et developpe sa propre histoire elle aussi. Certes, nous ne sommes pas encore assez loin pour juger, mais quid de figures comme Bob Dylan, Queen, Michael Jackson (je sais, lui n'est pas encore mort, mais sa carriere...)?

Mais peut-etre que l'auteur de ce torchon s'inquiete de ce que les elus dignes d'ecouter de la "musique savante" aient une culture appauvrie. Il esquisse une remarque a propos des arts graphiques, je trouve que cela pourrait etre interessant. La musique classique doit-elle etre une musique de musee? Certainement, puisque la guitare semble a bannir pour lui. J'en ris, en pensant que des morceaux dont personne ne viendrait contester le caractere savant ont fait "scandale" a leur epoque parce qu'ils utilisaient des instruments inhabituels. Saint-Saens donne un role essentiel au xylophone dans la Danse Macabre ; Kodaly, lui, met le cymablum en avant dans sa suite Harys Janos. Sans parler de morceaux authentiquement consideres comme scandaleux, comme tout ce que Debussy a ecrit (parce qu'il s'ecartait des canons classiques et romantiques, et annoncait le modernisme), ou bien Stravinsky (Ah, la premiere du Sacre du Printemps!). Meme le synthetiseur fait son entree dans certaines pieces aujourd'hui, comme en temoigne Philipp Glass.

Pour revenir aux musiques de film, et leur fibre classique ou non. Oui, la musique de film peut appartenir au genre classique, si elle peut exister en tant que telle. Il faut faire le tri entre le commercial (on recopie les memes melodies d'un film a l'autre, en usant des memes ficelles pour les scenes de suspens, ou les scenes d'action etc etc) et l'authentiquement inspire. L'histoire jugera, non? On peut decemment dire que Williams passera a la posterite, ainsi que Morricone et (j'espere) Elfman. Mais ces musiques n'appartiennent (pas encore) au patrimoine historique tel que le defend Jacques Drillon. Contrairement a lui, je pense que le passeisme n'est pas la solution.
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Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #107, le 19 Février 2008 à 11:16 »
Sauf que j'aurai toujours du mal a considerer Williams comme un compositeur de musique classique. Ses oeuvres, il les a creees pour coller a un film, ce qui est une demarche intellectuelle quelque peu differente.
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Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #109, le 26 Février 2008 à 06:05 »
Ou qu'un ballet... Est-ce que la musique classique est censee etre de la musique pure? La Pastorale de Beethoven decrit les impressions d'un apres-midi a la campagne. Il y a plus porteur comme theme, meme si on a droit aux grands episodes (le ruisseau, les vaches qui deambulent, le soleil qui brille, l'orage etc).
La musique de Williams s'ecoute malgre tout seule. :)

Posted on: Tuesday 19 February 2008, 13:18:49
PS : pas mal de compositeurs ont deja des musiques dans leur tiroir avant qu'on ne vienne les contacter pour un film/opera/ballet. Une musique qui ne fait coller a l'action tient difficilement du classique. Mais dans ce cas la, moi je dis...  :sweatdrop:
Posted on: Tuesday 19 February 2008, 13:20:15
ALERTE ALERTE ALERTE. Chef d'oeuvre!

J'etais tombe il y a quelques mois sur un CD d'un compositeur francais dont j'ignorais jusqu'au nom : Cydalise et le Chevre-Pied, par Gabriel Pierne. Curieux mais pas temeraire, je note la reference et me renseigne sur l'oeuvre une fois revenu a la maison. Selon toute vraissemblance, il s'agirait d'une merveille injustement meconnue. Hier, j'ai enfin reussi a retrouver le disque apercu. En realite, c'est encore mieux, puisqu'il s'agit du ballet integral et non pas seulement des deux suites de ballet.

Les commentaires dythirambiques que j'avais lus sont EN-DESSOUS de la verite. C'est une merveille de bout en bout. Pierne est un contemporain des "deux grands", Debussy et Ravel, ce qui explique que son oeuvre soit passee inapercue. L'argument du ballet est une mise en abyme amusante : des faunes s'amusent dans le jardin de Versailles, une troupe de ballet arrive et monte une piece - il y a donc un ballet dans le ballet -, le heros faune tombe amoureux de la danseuse etoile, et tout se termine par le sommeil magiquement provoque de la belle et le retour de Styrax a la nature.

L'interet vient de la partition : si vous connaissez un peu Ravel et que vous aimez son Daphnis et Chloe, jetez-vous sur le CD, c'est le meme en mieux. Tout ce qui fait le charme des grands moments comme la Danse Finale ou le Lever du Jour sont presents. Et cela commence des l'ouverture, avec une musique douce, romantique et mysterieuse a la fois, grace a un choeur a bouche fermee "a la Daphnis". L'oeuvre est facile d'acces car chaque personnage est personnifie par un instrument, a la "Pierre et le Loup" de Prokoviev. Ainsi, le vieux faune est represente par un basson, Styrax (le heros) par le piccolo, Cydalise aux cordes... Le "ballet contenu" - La Sultane des Indes - est une delicieuse parodie du style galant. On retrouve bien cette fascination du XIXeme siecle tardif pour le XVIIIeme reve, ses fetes, ses jardins, ses fontaines au clair de lune, qui ont aussi inspire les plus grands (Debussy et sa Suite Bergamasque, Faure et son Clair de Lune...), mais en plus grand, plus somptueux et plus "doux" a la fois.

A l'ecoute repetee de ce CD, je ne peux que soupirer une fois de plus en pensant que l'on enregistre les memes oeuvres encore et encore, au detriment du reste qui meriterait tellement d'etre mieux connu. Il n'existe qu'une version complete de Cydalise, chez Timpani. Les deux suites sont disponibles chez EMI, mais dans un CD qui a disparu des rayonnages il y a des siecles. Erato a aussi enregistre l'une des deux suites dans les annees 50. Et c'est apparemment tout. Sigh.
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Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #110, le 29 Février 2008 à 12:20 »
Citation de Kamen le 4 Février 2008 à 12:48
Des siecles plus tard...
Oui je veux bien tes conseils!!! Je suis completement inculte en matiere de musique pour guitare, puisque je ne connais que le concerto d'Aranjuez et jeux interdits! ^^

J'avoue etre plutot branche musique light et jazzy en ce moment, je m'etonne moi-meme! Leroy Anderson, avec tant de morceaux si mignons.

The Typewriter ,

Sleigh Ride,

Bugler's Holiday ou The Phantom Regiment! Les musiques pour saxo, j'ecoute du Milhaud (ah, La Creation du Monde!!!), ou du Shostakovitch, nommement la

Jazz Suite no2. Si si, vous connaissez tous, du moins sa valse no2. ;)

Au passage, si Seto passe dans le coin et qu'il avait des recommandations a faire pour le repertoire qu'il maitrise, il serait le bienvenu! (j'ai decouvert avec stupeur que L'Arlesienne faisait appel au saxophone! Je pensais que l'usage de l'instrument etait bien plus tardif dans le classique).
Putaing, j'ai des années en retard moi  :peur: Bon en gros, ayant surtout fait de l'orchestre d'harmonie, je suis dix fois plus à l'aise en classique qu'en Jazz. Là dessus j'ai fait un peu de tout: Mozart, Beethov', Dvorak, et ce que je déteste par dessus tout: Verdi. Mais j'ai pas tout suivi, tu veux quoi comme conseil exactement?  :sweatdrop:
Généralement, le saxo prend la place des clarinettes, elles mêmes prenant la place des violons dans un orchestre d'harmonie (il n'y généralement aucun instrument à corde dans ce type d'orchestre). C'est un instrument qui s'accomode avec tout, ayant un son relativement faible et assez neutre, à mi chemin entre un bois et un cuivre. Ce qui explique qu'il soit régulièrement sollicité dans tout type de morceaux en étant rarement soliste  :sweatdrop:
Vous n'avez jamais raison ou tort parce que les autres sont d'accord avec vous. Vous avez raison parce que vos données sont exactes et votre raisonnement juste (W. Buffet)

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Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #111, le 4 Mars 2008 à 12:56 »
Un orchestre d'harmonie (que des vents?) ? Tu joues du Mozart au saxophone?  :oh:
Je pensais a realite a des morceaux que tu connaitrais ou le saxophone intervient et qui soient memorables. Comme je le citais, je ne connais que Shostakovitch, Milhaud (un REGAL!!!!), et Bizet.

La question subsidiaire : pourquoi detester a ce point Verdi? On t'inflige quoi? J'avoue ne pas raffoler non plus des Italiens, mais quand meme.
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Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #112, le 4 Mars 2008 à 13:08 »Modifié le 4 Mars 2008 à 13:46 par Seto
Citation de Kamen le 4 Mars 2008 à 12:56
Un orchestre d'harmonie (que des vents?) ? Tu joues du Mozart au saxophone?  :oh:
Je pensais a realite a des morceaux que tu connaitrais ou le saxophone intervient et qui soient memorables. Comme je le citais, je ne connais que Shostakovitch, Milhaud (un REGAL!!!!), et Bizet.

La question subsidiaire : pourquoi detester a ce point Verdi? On t'inflige quoi? J'avoue ne pas raffoler non plus des Italiens, mais quand meme.
Tu citais la valse n°2, c'est un bon exemple. Le saxophone a le chant pendant la moitié du morceau. Après, il s'agit d'arrangements mais comme je l'expliquais plus tôt le saxophone a rarement la part belle dans les morceaux classiques (plutot dans le classico contemporain). Faut que je fouille dans mes partitions car je n'ai pas de titres en tête. Le saxophone peut prendre indifférement la place du violon ou de la clarinette et c'est généralement ce qui se passe (regarde le jazz manouche, le violon prend la place du saxo).
Et oui j'ai joué plus d'une fois du Mozart  :mario:

Pourquoi je déteste Verdi? Parce que ses morceaux sont injouables pour le commun des mortels, avec la forza del destino en tête de liste  :peur:
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Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #113, le 4 Mars 2008 à 13:58 »
Ah ouais, mais La Forza Del Destino, c'est moche tout simplement!

Essaye ca, c'est le seul extrait de

La Creation du Monde que j'ai pu trouver. Comme des taches, ils ont enleve l'intro au saxo, et la qualite musicale est... discutable. Mais comme tu aimes le saxo, je pense que tu devrais jeter un coup d'oeil a cette partition, le solo est un regal!
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Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #114, le 22 Mars 2008 à 14:06 »
Pour les gens passant sur Paris:
Citation
Lundi 24 mars, le concert de Cecilia Bartoli dédié à Maria Malibran (donné le 4 novembre 2007 à Barcelone) sera retransmis à trois reprises (à 14 h, 16 h et 18 h) sur écran géant, sur le parvis de l’Hôtel de Ville. L’occasion pour la Mairie de Paris, après les hommages à Maria Callas et Luciano Pavarotti, de mettre la musique au cœur de la ville.


Le même jour, Cecilia Bartoli donnera trois concerts exceptionnels Salle Pleyel.
http://www.paris.fr/portail/accueil/Portal.lut?page_id=1&document_type_id=2&document_id=51296&portlet_id=815

Sinon, pour l'article cité par Kamen, je l'avais lu dans l'obs mais je suis mitigé... qu'une certaine forme de faire passer le classique décline, c'est vrai, de là à dire que le classique décline tout court, c'est moins sûr. Il n'y a plus beaucoup de gens qui vont au concert certes, mais les gens l'apprécient différemment, en vacances par exemple... Il y a toujours certains événements (folles journées de Nantes, etc...) qui savent attirer un public moins guindé que celui des salles de concert, toujours certaines opérations pour les jeunes...
Enfin oui, c'est le discours classique d'un vieux ( :harhar:) qui voudrait qu'on en soit resté à cette vision sacro-sainte de la culture d'il y a dix ans... mais en un certain sens elle a aussi gagnée à être plus proche des gens.

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Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #115, le 20 Mai 2008 à 11:28 »
Bon il est temps que j’investisse ces lieux. Depuis maintenant un moi j’alterne entre certains compositeurs qui ont réussi à me charmer. Donc je ne vais pas faire l’apologie de Host qui a été ici maintes fois débattus.

Donc je vais plutôt rester sur ce qui passe en ce moment sur ma playlist. Nooooooooon je ne vais pas parler de Rihanna, Shakira ou Incubus et Deftones. Mais de Hugo Wolf et son Penthesilea. Kampf, Leindenshaften Wahns.
Donc commençons par l’ambiance, oppresente sombre et satyrique à souhait, ce sont les impressions que me donne ce titre. Surtout avec l’envolé des violents tout juste après les percussions. Ce passage me fait fremir on se croirait au beau milieu d’un tempête en train d’affronter l’abominable Kraken. C’est épique mais tout aussi intimiste, on part dans des grandeurs pour retomber dans quelque chose de très simpliste. Et c’est ce contraste qui fait tilter mes tympans. On sent que le morceau est vivant, il essaye de nous échapper mais non, il s’éloigne pour revenir nous harceler. Et là on donne toute notre attention pour le voir repartir au loin tel un animal sauvage ( pffffffffffffffft ca en fait des comparaison).

Cependant le morceau garde son charme par cette composition qui peut perturber. Pour ma part j’aurais mis un peu plus de lourdeur et de percussions pour répondre aux envolées des violons. Mais cela aurait il était justifié, je ne sais point. Et c’est avec cette interrogation que j’ai continué à découvrir ce compositeur avec Aufbruch der Amazonen nach Tr. Une composition tres peplum propre au cinéma des années 60-70. Mais qui repond à mes attentes qui sont héroïque, courage et super héros. Oui oui avec ces redondance en introduction et ces notes claires on se revoit dans les vieux films.

Bon je vais m’arrêter là et continuer mon aventure dans un univers que je ne connaissais point à la différence du Jazz, Blues et le Rock dans son ensemble
You're pretty when i'm drunk.

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Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #116, le 6 Août 2008 à 12:37 »
Ah cool! Ca parle de musique classique! :D Et d'une piece "rarissime" en plus!

Hugo Wolf est un compositeur allemand de la fin du XIXeme (1860-1903). Contemporain de Mahler, il est surtout connu pour ses lieders (poemes mis en musique), et sa vie ponctuee de troubles mentaux, si bien qu'il finit ses jours dans un hopital psychiatrique. Si l'on excepte une Serenade Italienne, adaptation pour petit orchestre d'une piece pour quatuor a cordes, Wolf composa UNE piece symphonique, un poeme pour etre exact, intitule Penthesilea.

Les enregistrements de cette magnifique piece, du moins en format CD, ne sont pas legion. On ne trouve que Baremboim avec l'Orchestre de Paris chez Apex ou Suitner et la Staatskapelle Berlin chez Berlin Classics (version dont parle Squekky en l'occurence). Et c'est tout. :peur:
L'oeuvre connut un destin assez tragique. Sur proposition de Liszt, Wolf va chercher son sujet chez Heinrich von Kleist, dont la tragedie aux proportions epiques (24 scenes sans coupure par acte) n'est pas forcement d'une grande clarte et qui etait bannie depuis le debut du XIXeme pour cause d'immoralite. Wolf en tire un poeme orchestral en 3 parties, qui s'attarde sur la relation sado-masochiste entre Penthesilee et Achille. L'oeuvre fut conduite en 1886 pour la premiere fois par Hans Richter, ardent defenseur de Brahms, qui saborda completement la representation. Penthesilea fut repetee parmi les rires, et Richter declara a l'orchestre : "Messieurs, je vous demande pardon d'avoir laisse jouer le morceau jusqu'a la fin. Mais je voulais me donner le spectacle de l'homme qui a ose ecrire contre Brahms". S'ensuivit un massacre de la partition, dont les coupures autoritaires furent enfin effacees en 1937.

Musicalement, on pense plus a Berlioz, Strauss ou Liszt, qu'a Wagner (et je dirai : TANT MIEUX!). L'orchestration est somptueuse, pleine de pompe dans le premier mouvement, au theme martial, inquietant d'abord, mais qui redevient vite grandiose. C'est le depart des Amazones pour Troie. Le second mouvement est au contraire intimiste, tres doux ; Penthesilee reve de la fete des roses. Le troisieme mouvement embrasse quatre themes, a savoir Combat, Passions, Fureur et Aneantissement. Combat, qui reprend la marche du premier mouvement, est amene par un crescendo depuis la sequence du reve : Penthesilee est arrachee de ses pensees par un rappel asez sanglant a la realite. Elle tombe amoureuse d'Achille, mais vaincue par le heros, elle lache ses chiens sur lui (terrifiant deuxieme developpement avec des cuivres dechaines!). Sa resignation devant la mort signe le retour du theme de la reverie, intimiste et precieux, qui fait place a celui de l'aneantissement et conclut le poeme tout en douceur.

Le poeme ne reprend pas la legende de Penthesilee a la lettre, puisqu'Achille finit par succomber aux charmes de la belle Amazone une fois celle-ci morte. Selon les versions, cela implique parfois une alliance charnelle. :peur:

Ce qui est interessant, comme le note Squekky, c'est cette impression de peplum dans les moments puissants (on notera que la partition a presque 80 ans d'avance sur les films evoques), mais tisse par-dessus des envolees lyriques lorsque l'orchestre evoque Penthesilee, la femme amoureuse. C'est definitivement ce contraste entre grandeur et intimisme, legerete et violence, qui fait tout le charme d'une oeuvre helas completement delaissee.

: Mardi 20 Mai 2008, 13:33:55
Une news qui sort de l'ordinaire... Quand les tentations operatiques viennent aux comedies musicales ou autres, ca donne...
http://www.classicstodayfrance.com/edito/0805-starmania.asp
Je suis vraiment curieux d'entendre ce que ca donne. Par contre, le nouveau livret est vraiment dans l'air du temps. :peur:
: Lundi 09 Juin 2008, 06:48:06
Je vous conseille de cliquer sur le lien et d'ecouter (volume sonore a fond ou au casque, sinon certains passages risquent d'etre inaudibles, helas), avant de lire la notice explicative qui suit. J'aimerais en effet ne pas influencer votre perception des choses.

Alors, une impression de deja-entendu forte a du vous saisir? Pourtant, il y a quelque chose qui "cloche", surtout vers 1mn, non? :shifty:
(cliquez pour montrer/cacher)
Que dire, en peu de mots, pour replacer le morceau dans le contexte? Il s'agit d'un extrait de la Carmen-Suite, de Rodion Shchedrin. Compositeur russe qui fut l'un des grands noms musicaux sovietiques, il crea en 1967 une adaptation du celebrissime opera de Bizet, Carmen. Non content d'en changer la nature, a savoir en faire un ballet - qu'il dedie a son epouse, la danseuse-etoile Maïa Plissetskaïa - il revoit l'orchestration de fond en comble, ne conservant que les cordes accompagnees de pas moins de 47 percussions! La Suite inclut meme deux numeros extraits d'autres oeuvres, respectivement l'Arlesienne et la Jeune Fille de Perth, egalement oeuvres de Bizet (je ne sais pas toutefois dans quelle mesure la Carmen-Suite reprend le ballet de Shchedrin? Integralite ou non? Numeros pivotes?). L'essentiel est que le compositeur, utilisant des themes connus de tous (surement, le theme francais le plus celebre au monde apres le bolero) parvient a un veritable tour de force orchestral. Cela est patent dans cette version du Toreador, ou (vers 1mn), l'auditeur est victime d'hallucinations auditives : les cordes ne jouent que quelques notes eparses, mais elles sont suffisantes pour que l'on croit entendre la melodie! Tout le reste de la suite est de la meme eau : plein d'entrain, d'energie, et d'inventivite sonore.
Ce petit chef d'oeuvre existe en de nombreuses versions dans le catalogue, et ne devrait pas etre trop difficile a trouver pour les curieux. Je recommande notamment Arthur Fiedler. Pour ceux dont les bourses sont maigres, il existe aussi une tres bonne version chez Naxos, dirigee par l'excellent Theodor Kuchar. Egalement notables : la version Rachlevsky (Claves) et la version Pletnev (qui vaut surtout pour ses bonus, puisque Fiedler lui dame le pion en terme d'energie dans la Suite). Je passe sur le CD Melodiya que je n'ai jamais eu la chance d'entendre.

: Lundi 28 Juillet 2008, 18:55:56
Pour les amateurs de sensations fortes (et ceux qui pensent que la musique contemporaine est un truc de timbres) voila de quoi alimenter le debat.

Vous reprendrez bien un peu de Stockhausen?
: Mardi 05 Août 2008, 13:38:51
Musique classique et cliches cinematographiques.
C'est Battou qui ne va pas etre d'accord avec l'auteur de l'article. :peur:

PS : Gare a toi Tinou, je vais bientot te rejoindre au concours du plus long monologue du forum! :classe:
: Mercredi 06 Août 2008, 06:20:42
Bon, comme c'est mon topic ou presque, et que je commence a m'y sentir un peu seul, voici un sujet que j'ai lu ailleurs (un truc de musique classique, bien sur) et que je me permets de transplanter ici : quelle est la limite entre la musique et le bruit? Toute musique est-elle art? Quelles sont par extension les frontieres de l'art?

Si vous avez jete un coup d'oeil (et surtout d'oreille) a ma video de Stockhausen, je pense que cela devrait vous inspirer. Peut-on qualifier ceci de musique? L'enregistrement de sons du quotidien, pour peu qu'ils soient faits par un artiste, peuvent-ils pretendre au titre de musique? Ou resteront-ils des bruits organises? J'ai meme "mieux" si le coeur vous en dit :

John Cage, 4'33. (je garantis que sur CD, ca rend trop bien :ptdr:).

Pour ceux qui ont du mal avec la musique, il est aussi possible de transposer toute ces interrogations de maniere plus visuelle (Damien, reviens, ce sujet est pour toi!) :
La Fontaine de Duchamp.
Particulierement interessante est l'affaire Pinoncelli, resumee en ces termes :
Citation
La Cour d'appel de Paris doit rendre en janvier un arrêt se prononçant sur la qualité d'œuvre d'art de cet urinoir. En effet Pierre Pinoncelli a brisé cet objet, et un procès lui est fait par le propriétaire qui réclame des millions d'euros pour cette porcelaine qui dans le commerce vaut environ 300 euros.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, a vos claviers! :)
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Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #117, le 6 Août 2008 à 19:15 »
Tu veux mon avis sur Licht? (les hélicos, ça en est un extrait)

Je pense que c'est une fumisterie totale. Cet "opéra" est sensé durer... 7 jours. Naturellement personne ne l'a enduré (c'est le mot!) en totalité d'un seul coup. Ce truc n'est exploité que par extrait (et c'est déjà douloureux pour les oreilles parfois).

Je pense qu'avec cette œuvre, Stockausen a voulu voir jusqu'où ses groupies (fanboys?) le suivraient... Vu le remplissage de la salle où était retransmis le bruit des hélicos, je dirais très loin... Mais bon c'était à Salzbourg, un festival où il est "in" d'être si on a de (très) gros moyens financiers. Les hélicos n'étaient en fait qu'une partie du bling-bling local. :niark:
Attention à la marche en descendant du tram^^
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Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #118, le 7 Août 2008 à 05:02 »Modifié le 7 Août 2008 à 05:22 par Kamen
A titre personnel, Stockhausen et cie sont des escrocs. Il s'agit de voir jusqu'ou, au nom de l'art (parce que fondamentalement, c'est la que se situe l'idee : c'est de l'art a partir du moment ou on le labellise comme tel), il est possible d'aller. Le seul merite que je reconnais a Stockhausen, contrairement a ses petits camarades Cage ou Duchamps pour ne citer qu'eux, est d'avoir "mouille sa chemise" et produit quelque chose (en l'occurence, quelques pages de partition originale, mais vu comme cela sonne, il n'a pas du se faire trop mal), la ou les autres ne font qu'apposer leur nom sur quelque chose qui ne leur appartient pas/n'est pas de leur fait (respectivement le silence et un urinoir).

Dans la serie des delires absolus, outre le Ring dont on reconnait la valeur artistique mais qui dure quand meme treeeeeeees longtemps, il y a eu l'experience helas jamais tentee (quoi que, vu les evenements que cela est cense entrainer...) du Mystere de Scriabine. Il en existe une version CD (qui, heureusement, ne dure pas 7 jours). Dans un genre moins grandiloquent, il y a les Vexations pour piano de Satie, censees etre repetees 840 fois (pour un grand total de 24 heures sans coupure!), dont il existe desormais un enregistrement complet dans un luxueux coffret 24 CD. :mdr: (l'editeur, MDG, est VRAIMENT courageux. Il adjoint un livret de 450 pages en sus). Plus de details pour les curieux sur cette page.

Pour en revenir a Stockhausen et consorts, non, je n'au aucune espece d'attirance pour leurs fumisteries. Pas plus que la Boulez and co, dont les experiences, si elles sont peut-etre intellectuellement stimulantes (j'imagine qu'analyser leurs partitions doit etre un defi, comme un bon exercice de maths), ne meritent d'etre conservees dans les annales que pour les barrieres de bon sens qu'elles ont faites tomber (notamment dans les glapissements emerveilles de la gentry qui les suivent et sponsorisent).

Mais pour en revenir a ce qui fait la difference entre le bruit et la musique. Il y a plus d'un siecle, les critiques crachaient sur Mahler, Chopin, Stravinsky, Debussy. De Mahler, certainement le compositeur le plus enregistre a l'heure actuelle derriere les 3 grands (Bach, Mozart, Beethoven), un critique aurait dit  : "Si c'est de la musique, alors je ne sais plus ce qu'est la musique". De Rellstab, critique berlinois en vogue a l'epoque, qui a systematiquement descendu en flammes tout ce que Chopin ecrivait, on retiendra (a propos des etudes)  : " Celui qui a les doigts démis pourra les redresser en jouant ces Études, mais celui qui a des doigts sains devrait s'en garder et ne point y toucher s'il n'a pas un chirurgien à proximité." Il a egalement ecrit des amabilites du genre de celle-ci : "in search of ear-rending dissonances, torturous transitions, sharp modulations, repugnant contortions of melody and rhythm, Chopin is altogether indefatigable." :sweatdrop:

On critiquait l'abandon des formes anciennes, la recherche de la virtuosite, le primat de la couleur sur la melodie (notamment Debussy), ou de la rythmique (Stravinsky). Aujourd'hui, assiste-t-on au meme phenomene? Est-ce que c'est le public est en retard et l'on consacrera Licht et cie au pantheon des grandes oeuvres du XXeme siecle (comme ce fut le cas avec Chopin et les autres compositeurs cites ci-dessus), ou bien les compositeurs ont-ils decide de s'aliener le public (en oubliant tout ce qui est melodique), et ils resteront dans les memoires uniquement pour leurs idees farfelues?
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Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #119, le 7 Août 2008 à 18:53 »
Je partage assez ton avis. Pour moi, bon nombre de compositeurs modernes, comme de nombreux artistes contemporains, se laisse glisser vers une sorte de facilité en choisissant des éléments simples mais choquants, et se retranchant derrière un discours pédant mais aussi assez prétentieux("si vous ne voyez pas l'intérêt de mon œuvre, alors vous êtes hermétiques à l'art.")

Je suis toujours sidéré de la manière dont une partie du public adhère à une œuvre parcequ'elle est de "untel" (mettre le nom du compositeur contemporain de votre choix) qui est passé à la télé/dans le Figaro Madame/dans Télérama/ Dans les Inrock' (rayer les mentions inutiles). Alors que si elle était d'un anonyme, personne ne serait là à baver.

Ceci dit, je pense que l'histoire va être très cruelle avec une bonne partie de ces artistes escrocs mondains. Dans 50 ou 100 ans qui se souviendra de Stockausen, à part comme d'un symbole de décadence? On peut bien sûr dire qu'ils sont incompris, mais je dirais qu'à la différence des compositeurs novateurs du début du XXe siècle, ils ne se sont pas appuyé sur le corpus de la musique classique antérieure pour composer leurs œuvres. Stravinsky ou Debussy, avec le recul, ont une vraie filiation avec ce qui précède, car pour composer, ils ont dû se former sur les formes existantes avant de les transgresser. Ils en ont donc conservé les éléments nécessaires pour structurer la musique. Les compositeurs comme Stockausen ont aussi rompu avec cette structuration, ce qui réduit la cohérence d'une œuvre à une vue de l'esprit qui n'existe que dans la tête du compositeur.
Attention à la marche en descendant du tram^^
La gare demeure et ne se rend pas…