Blague à part, on sent une colère très ancrée dans le pays avec des manifs nombreuses y compris dans des coins reculés (il y a une quinzaine, 400 manifestants selon la police dans mon patelin de la Drôme, 500 selon les manifestants. Connaissant le coin et sa sociologie, on arrive dans le très hautement improbable comme évènement).
La suite s'annonce compliquée pour le conseil constitutionnel: soit il valide la loi et sa méthode d'adoption (même moyennant l'élimination de quelques cavaliers législatifs) et il ruine sa crédibilité, soit il rejette le texte sur sa méthode d'adoption (procédures, accélérées, débats écourtés, votes bloqués...) et il démolit le gouvernement. Sa décision ne sera dans tous les cas pas une décision de droit, mais totalement politique.
Après, il y aura peut-être le RIP. Dans le cas improbable où la procédure arriverait à son terme avec la convocation d'un référendum, c'est la légitimité électorale même du président qui pourrait être atteinte…
Dans tous les cas, il semble désormais hautement improbable qu'il n'y ait pas de dissolution de l'assemblée avant la fin du mandat. Le gouvernement est dans un tel état de discrédit que plus l'échéance de l'élection législative se rapprochera, plus les députés qui veulent se représenter voudront s'en dissocier.
Et la fragilité de la majorité relative est en train de condamner le gouvernement à une sorte d'immobilisme: seuls les textes avec lesquels une partie de l’opposition est d'accord peuvent être votés. Or la logique de la Ve république radicalise les oppositions puisqu'elle est conçue pour des majorités unicolores… Sans même parler des profils particulièrement raides de Macron et Borne qui sont dans une logique de provocation permanente.