Je ne voulais pas croire les critiques, j'ai donc essayer de trouver une version "recommandable" et pas chere du huitieme mouvement du chef d'oeuvre de Holst, Les Planetes. En realite, ledit mouvement est un ajout posthume de commande realise des decennies plus tard par un certain Colin Matthews. Pluto The Renewer, ca s'annonce plutot bien rien qu'au titre. Et en fait, non. Ce chancre "musical" (j'aurais volontiers choisi le terme de bruitage) est au poeme symphonique ce que le Meikai-hen est a Saint Seiya. EFFROYABLE! Et je pese mes mots. Rien de melodique, des "explosions" orchestrales ici et la sans queue ni tete, c'est a se flinguer. Bref, si quelqu'un vous conseille d'ecouter Holst, dites "banco". S'il s'agit de la version incluant la tumeur Matthews, fuyez!
Le plus du Cd est qu'il propose une oeuvre rare de Holst (tout ce qui n'est pas Les Planetes est rare de toute facon, Holst est devenu celebre pour une seule oeuvre), The Mystic Trumpeter, et c'est deja d'un autre calibre. Mais bon.
:peur:Posted on: Friday 15 February 2008, 09:05:34
Allez hop, un article un peu provoc'. Des reactions?
La musique classique se meurt
par Jacques Drillon
Le Nouvel Observateur, n°2258, 14 février 2008
Malgré quelques miroirs aux alouettes comme la Fête de la Musique, l’audience de Radio Classique, les émissions de Jean-François Zygel ou Frédéric Lodéon, le classique est à l’agonie en France. Jacques Drillon a mené l’enquête.
Tous les directeurs de salles, d’orchestres, d’opéras, le savent : malgré leurs actions, leurs opérations, leurs promotions en faveur des jeunes, leur public vieillit. Encore une génération à ce régime, et les salles seront vides. Déjà, l’élite est coupée de la musique. On peut être PDG, ministre, universitaire, directeur de journal, et ne pas savoir ce qu’est un allegro de sonate. « Autrefois, dit Daniel Barenboïm, les gens qui connaissaient la peinture de Picasso connaissaient aussi la musique de Stravinsky. Ce temps est révolu. » Déjà, on est obligé de préciser : musique classique, jusque et y compris sur les ondes de Radio Classique, comme si c’était un genre à part, et que musique tout court évoquerait plutôt la Star Ac.
Déjà France Musique est obligée de découper les concerts qu’elle diffuse pour intercaler des œuvres qui détendent l’atmosphère : une heure et demie de quatuor à cordes, quelle horreur, passons un air d’opéra ! Déjà, les émissions de musique ont disparu des grandes chaînes de télévision, et France-Inter se contente de la petite heure de Frédéric Lodéon, qui ne diffuse que des bouts d’œuvres, parfois des fragments de mouvements, parfois des fins de finales, pour que cela ait l’air gai, et dont le commentaire se résume à quelques anecdotes rebattues. Bientôt les amateurs de musique auront leurs sites internet, leurs salles, leurs programmes, leurs journaux, comme les latinistes ou les amateurs de jazz. Et cela malgré le vœu du chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus, qui veut rendre la musique à ceux qui disent « ce n’est pas pour moi », parce que le tissu français n’en est plus imbibé. Il est complètement sec. On a tout fait pour « amener les gens à aimer les grandes œuvres », pour leur « ouvrir des portes ». Ils ont passé la porte, et sont ressortis. Bien entendu, les amateurs ne disparaîtront pas ; mais ils vivront dans les catacombes de l’art, entre eux, bien cachés, et sûrs de leur dérisoire supériorité. Car la vie musicale française commence à ressembler à ces paysages siciliens entièrement pourris d’immondices, d’immeubles crasseux, de publicités, de béton sale : prenez la troisième à droite, roulez dix minutes, vous verrez le temple grec de Sélinonte, dans sa bulle de verdure. Ou là-haut le théâtre de Taormine, que vous atteindrez en vous bouchant le nez, à cause de la pollution. Il n’y a plus personne pour habiter vraiment les palais baroques de Syracuse, personne pour les admirer, si ce n’est la masse des touristes qui lèvent la patte dessus. En France, la musique était attaquée par les bords, le centre, le dessous, elle commence à l’être par le dessus : dis-moi avec qui ton président fricote, je te dirai qui tu es.
Elle a déserté ses deux terrains de prédilection : l’église et l’école. La liturgie s’est appauvrie jusqu’au grotesque : guitare, flûte à bec et cantiques atroces ; les rares curés s’en fichent, et la masse des « fidèles » n’est plus une masse, mais un petit groupe clairsemé, qui fond à chaque décès. Quant à l’école, la dégringolade de l’enseignement musical est à pleurer. Les cours, s’ils n’ont pas totalement disparu, sont devenus de véritables caricatures. S’il reste ici et là un professeur compétent, fort et dynamique, un saint, la majorité des enseignants tente de sauver les meubles. On « enseigne » donc la chanson et le rap.
« Je pars de ce qu’ils connaissent, dit une jeune agrégée. Leur tomber dessus avec une symphonie de Brahms ? Ils décrocheraient tout de suite. Donc on étudie une chanson qu’ils ont entendue, et de là je peux m’écarter un peu, leur faire entendre un lied de Schubert, leur expliquer ce qu’est un rythme binaire ou ternaire, et petit à petit on avance. » On se demande ce qui se passerait en mathématiques si le professeur partait « de ce qu’ils connaissent ». Il n’irait pas loin. Pour le professeur de musique, l’élève doit être apprivoisé (comme une bête sauvage), ménagé (comme un malfaiteur), courtisé (comme un client). Ce n’est plus de la pédagogie : c’est de la trouille. En sorte qu’au bout de quatre malheureuses années de collège, à raison d’une heure de cours par semaine, l’élève est rendu à son ignorance originelle, vierge de tout viol intellectuel. Les 37 heures annuelles qu’il aurait pu consacrer à la musique sont dilapidées. La seule chance de survivre, pour le professeur lambda, c’est le plaisir facile. Or la musique procure un grand plaisir, mais difficile, dans l’écoute comme dans la pratique, et qui ne se gagne qu’à force d’attention, d’exigence et de travail. En les abandonnant à « ce qu’ils connaissent », nous laissons les enfants en proie à l’ennui, au ricanement, au désespoir.
Après trente ans de travail dans la région de Lille, Jean-Claude Casadesus constate que la musique fait cesser la violence dans les écoles où elle est pratiquée, et insiste : « Nous n’en avons pas encore épuisé toutes les vertus thérapeutiques. Nous touchons quinze mille enfants par an ; lorsque nous en plaçons à côté des musiciens en répétition, ils comprennent que nous recommençons jusqu’à ce que cela soit bien. C’est d’abord un hommage que nous rendons à leur dignité, et ils le sentent, et ensuite ils comprennent que l’accomplissement d’un désir passe par la discipline et la rigueur. Il y en a que la musique a sauvés. » Autrement dit, avec le plaisir facile, on ne les sauve pas, on les condamne.
Les ventes de disques sont un bon indice. Si la part du classique a fait un petit bondelet de 0,8% en 2006 par rapport à 2005, grâce aux intégrales à 99 euros, il se traîne tout de même à 6,5% du total, ce qui n’est pas grand-chose, surtout si l’on tient compte du téléchargement massif de variétés pratiqué par 2,3 millions de foyers français, lequel dope l’écoute mais ralentit les ventes, qui ont baissé globalement de 18%.
Pour une grosse compagnie comme Harmonia Mundi, dont le chiffre d’affaires a augmenté de 72% en dix ans, mais qui le réalise surtout dans la distribution de labels extérieurs (la production maison ne représente plus que 30% de son activité), la mise en place d’un nouveau CD, c’est-à-dire le nombre d’exemplaires achetés par les disquaires, a baissé de 30% en dix ans ; pour une petite maison, comme il en a fleuri beaucoup, et d’excellentes, dans les années 1990, on tombe à une mise en place de 300 ou 500 exemplaires. Jean-Paul Combet, patron d’Alpha, explique dans Diapason qu’il n’a mis en place que 1500 exemplaires d’un CD Bach, qui n’est pas le dernier des ploucs, dirigé par Gustav Leonhardt, qui n’est pas le dernier des manchots. A présent, un CD a du succès lorsqu’il s’en vend 1500 exemplaires hier c’était 3 000. Sylvie Brély, qui dirige Zig-Zag, avoue à sa suite : « Pour prendre un minimum de risques, les disquaires nous demandent des investissements promotionnels dans les magazines, à la radio. Au prix du papier dans la presse française, c’est une arithmétique périlleuse. » Pour survivre, ces petits labels ont dû « s’adosser à une nouvelle structure financière » (Alpha), ou « s’ouvrir à des associés supplémentaires » (Zig-Zag).
Bien sûr, les écoles de musique et les conservatoires sont pleins. Bien sûr, il faut faire la queue toute la nuit pour inscrire un enfant dans un conservatoire parisien ; et s’il n’y a plus de place en piano ou en flûte, on le mettra en tuba ou en basson. Mais c’est qu’ils sont très petits, ces conservatoires, et qu’il y a très peu de classes. Ils sont très pauvres - quoique rares et chers. Il est d’ailleurs aussi difficile d’y enseigner que d’y apprendre : la voie est bouchée des deux côtés. Et la résignation gagne du terrain ; à la question « êtes-vous plus heureux de vos élèves qu’il y a vingt ans ? », un professeur du Conservatoire de Paris répond : « Je suis plus heureux parce que je suis moins exigeant. Quant à eux, ils ont pris conscience de ce qui les attend ; ils seront profs... » Les professeurs de conservatoires municipaux (« à rayonnement municipal », doit-on dire aujourd’hui), qui commencent à 15 euros l’heure (15 euros !), acceptent des cours particuliers, payés le double, et passent leur temps dans leur voiture ou dans le métro : « Ce n’est pas le pire, dit l’une. Le pire, c’est qu’après sept heures de cours on n’a plus d’énergie pour rien, pour travailler son instrument ou pour aller au concert. Dans certaines boîtes, il faut faire des concerts de professeurs, de la paperasse, jouer avec les élèves aux examens, parfois à l’autre bout du département, on est bon pour tout, on est des esclaves. Je ne vois plus mon fils, j’aime encore la musique, mais c’est un miracle. »
La relève viendra d’Asie. Les musiciens coréens, japonais, chinois raflent tous les prix internationaux. Leur formation est féroce, ils ont un niveau technique ahurissant, ne serait-ce qu’en Chine, où il y a 50 millions de pianistes... Une musicienne française qui revient de Taiwan : « Ils vous accueillent à bras ouverts, là-bas, les élèves se précipitent à vos cours, mais les messieurs qui vous signent des contrats vous font des petits sourires entendus. La musique est un marché comme les autres, et ils comptent bien l’emporter. » Actuellement, un étudiant sur quatre en classe de violon au Conservatoire de Paris est asiatique, un sur trois en piano.
Bien sûr, des manifestations comme la Folle Journée de Nantes ou certains festivals ont du succès. Mais ce sont des feux de paille : les onze mois suivants sont à peu près vides. A Nantes, on achète les billets au poids. Vous n’avez plus de Truite de Schubert ? Donnez-moi ce que vous avez, une Belle Meunière, ha ! ha ! « Tout ce marketing qu’on fait autour de la musique, dit Daniel Barenboïm, repose sur une idée : vous n’avez pas besoin de la connaître, vous n’avez qu’à venir et prendre votre pied. Comme si l’auditeur n’avait rien à faire, ni à être concentré, ni à être préparé. Comme s’il lui suffisait de s’asseoir et de laisser agir la magie de la musique. C’est faux, c’est faux ! »
Bien sûr, Jean-François Zygel remplit ses théâtres, investit la radio, la télévision et fait la une de Télérama. Mais n’est-il pas la preuve que nous vivons dans un état de pauvreté musicale qui touche à l’indigence ?
Si l’école faisait son mener, tout le monde saurait par cœur ce qu’il raconte.
Bien sûr, l’audience de Radio Classique monte lentement mais régulièrement (1,7% contre 1,6% à France Musique, pour les derniers mois de 2007). Mais Radio Classique ne diffuse que des petits bouts d’œuvres, et seulement des tubes, présentés par des personnalités aussi proches de la musique que Johnny Hallyday l’est de Blaise Pascal, ainsi Nelson Monfort ou Carole Bouquet...
Bien sûr, il est difficile d’avoir des places à l’Opéra. Mais pour y voir quoi ? Et dans quel but ? Les maisons d’art lyrique, dont Boulez disait qu’il fallait « les brûler », ont toujours fasciné les classes moyennes : les costumes (sur scène et dans la salle), les stars, les balcons, d’où l’on se zieute... La satisfaction de pouvoir dire : j’y étais... Et de pouvoir se dire : j’en suis. Cela dit, les opéras de province sont menacés de baisses de subventions.
Restent les stars, qui remorquaient le grand public. Mais les vedettes n’existent plus dans le classique : il y a bien une Hélène Grimaud, qui va jusqu’à poser pour des pubs de bijoux parce qu’elle est elle- même une parure, mais il n’y a plus de Menuhin, de Karajan, de Horowitz, qui réunissent sur leur nom à la fois le succès public et l’estime des connaisseurs. Bien sûr, les chanteurs d’opéra ont un nom qui dit quelque chose au grand public, Cecilia Bartoli, Roberto Alagna, mais à côté de Callas ou de Fischer-Dieskau... Non, le monde du classique n’est plus capable de produire ses vedettes. Un Kissin, un Sokolov remplissent les salles, mais combien de Français seraient capables de dire s’ils jouent du piano, du violon ou du cornet à pistons ? D’ailleurs, Alagna est-il ténor, baryton ou basse ?
Je trouve que ce tres suffisant monsieur ferait mieux d'avoir un ton moins condescendant au lieu de proclamer tout de go "les gens n'ont plus de culture, la musique classique FRANCAISE est morte". Car c'est bien de cela qu'il s'agit, du chauvinisme national le plus bas.
Les gens n'aiment pas le classique? Ils ne connaissent pas? Faux et encore faux! La publicite utilise le genre a outrance (cf mes derniers extraits youtube, notamment les suites de jazz de Shosta), les films, n'en parlons pas! Meme la chanson "commerciale" sample volontiers des morceaux celebres. Alicia Keys utilise un extrait de Jupiter (Holst/Les Planetes) dans son dernier album. Britney ou Gwen utilisent toutes deux la meme phrase de L'Entree des Gladiateurs de Fucik. Ce qui n'est pas connu, c'est le NOM des compositeurs ou des morceaux, pas les melodies! Le reste, pour peu qu'on ait un minimum de curiosite, devrait suivre. Certes, la plupart de ces braves gens sont morts et ne risquent pas de faire la couverture de la presse a scandale, mais certains ont eu une vie suffisamment tumultueuse pour titiller la curiosite, ou bien leur modernisme musical est tel que que l'on peut s'enquerir des conditions de composition de l'oeuvre (comprendre pourquoi le Requiem de Mozart est si puissant, d'autant qu'il existe des tas d'anecdotes croustillantes autour de sa genese ; s'etonner de ce que meme John Williams s'inspire d'oeuvres composees il y a pres d'un siecle! etc etc).
Le probleme avec le public, c'est qu'on a habitue les gens a avoir une duree d'attention amoindrie. Le format pop impose un morceau calibre a environ 4mn. Dans ces 4 mn, il faut un theme accrocheur, et qui soit repete. Accrocheur implique souvent telephone, helas. Mais serieusement, QUI a encore le temps d'ecouter une symphonie en entier? Le soir, apres une journee de travail, on veut de la musique relaxante. En allant au boulot, on n'a pas le temps dans les transports en commun pour quelque chose d'un peu difficile, voire meme du classique!
Serieusement, a moins d'investir dans du materiel extra-onereux, le classique "doux" est inecoutable dans un train bonde a cause des frequences utilisees. OUI, le classique demande des efforts pour etre apprecie, ce qui explique qu'il soit en declin. Mais non, ca ne veut pas dire qu'il soit mort. La maniere d'approcher le public est mauvaise de toute facon. On conspue volontiers ces compilations des "100 meilleurs morceaux de classique". Maintenant, j'avoue, c'est herissant de voir que l'on a seulement des mouvements, voire surtout des extraits de mouvements d'une oeuvre. Mais une piece classique, c'est un peu comme un roman : cela constitue un tout, on a donc des passages moins interessants qui servent de liant, et des extraits qu'on adore. Les extraits devraient inciter a decouvrir l'oeuvre en entier! Et c'est par ces compilations que j'ai commence!
Pour les deplorations nauseabondes du monsieur, a savoir en filigrane "La France comme fer de lance du classique", je me gausse! Tant mieux si le classique devient international! On a des stars de tous les continents, et c'est tant mieux! Yo-Yo Ma au violoncelle, Lang Lang au piano pour citer deux Asiatiques a la renommee mondiale. Alors, c'est sur, des chefs comme Karajan, dont tout le monde connait le nom, semble une epoque revolue. Mais Karajan etait-il vraiment un grand chef? Il a surtout su marketer son nom correctement! Des chefs d'aujourd'hui qui sont vraiment impressionants, mais peu connus, je peux en citer une brouette. Christophe Deneve, Theodor Kuchar, la famille Jaarvi (quoique ces derniers soit plutot tres connus). Mais que faut-il pour dire que le classique se porte bien? Qu'on ait des chefs dont le nom soit connu? Ce n'est pas plutot les compositeurs qu'on devrait celebrer en premier lieu? Mais l'industrie du disque joue le jeu! Des stars kleenex qui enregistrent toujours les trois pauvres meme pieces du repertoire, alors que le patrimoine est enorme et qu'il suffit de se baisser pour ramasser de veritables diamants? D'ou l'importance d'une maison comme Naxos, ou des labels nationaux comme Ondine, BIS, Da Capo ou Harmonia Mundi (qui lui est cite, parce qu'il est "bien de chez nous"!).
Bref, le titre de l'article devrait se lire "la scene classique francaise" se meurt, au sens ou on continue de rever d'un age d'or, car c'etait toujours mieux avant. Mais si au lieu de se concentrer sur "comment etait le passe" pour essayer de le singer, on essayait de comprendre les realites actuelles pour s'adapter et au contraire redorer le blason depoli du classique?