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Les Huang Shan
C'est en partance de la gare de Shanghai, que le train pour Huang Shan s'immobilise. On prend un train de nuit, car il y en a pour au moins 11 heures de voyages. Les Huang Shan sont situées dans la province de l'Anhui, une des plus pauvres provinces de l'est du pays, car montagneux et au temps capricieux, l'agriculture n'a pas pu trouver un essor comparable a d'autres provinces. Les pics mystiques des Huang Shan ont toujours été sources d'inspiration pour les poètes et les peintres. Une attraction vieille de 1200 ans pour les touristes, et sans conteste le parc naturel le mieux entretenu de Chine. On a tourné toutes les scènes dans la forêt de bambous de Tigre et Dragons sur ce site.
Un train de nuit en Chine, c'est vachement mieux qu'un train de nuit en France: les lits sont plus grands et pas en cuir, ce qui nous permet de ne pas transpirer. Certes il n'y a pas de compartiments, mais les Chinois sont disciplinés et à 23 h, après avoir écouté les "hits planétaires chinois" que sont les chansons "I believe I can fly" et le générique d'hélène et les garçons, en français, devenu au fil des ans un véritable hymne a la mièvrerie de la variété chinoise. "Hélène, je m'appelle Hélène"... Oui dans un train au fin fond de la Chine à 23h00, ça fait mal. Sacrés Chinois!
Bref, on arrive au milieu des champs de colza, et les montagnes ne sont qu'a 70 km. On trouve rapidement un minibus, et pour 10 kwai (1 euro), on arrive une heure plus tard au pied des Marches de l'Est. En gros, le site est un énorma Sanctuaire à la Saint Seiya dans les montagnes: des dizaines de milliers de marches balisent plusieurs sentiers dont le point central est le Pic du Lion et la Mer de Nuage (Beihai). Alors évidemment il y a des téléphériques, mais c'est bien plus fun de faire tout cela a pied. Les Marches de l'Ouest grimpent pendant une dizaine d'heure jusqu'à l'hôtel Beihai, celles de l'Est ne prennent que trois heures environ (avec beaucoup beaucoup de pauses). Comme la journée est déjà bien avancée, on choisis de faire les marches de l'Est.
Le chemin est parcouru par les touristes, dans le sens de la descente, et par des porteurs qui ravitaillent les hotels des sommets dans le sens de la montée. Personnellement cela m'a fait du bien de constater cette espèce de lutte des classes qui se trame ici, chaque porteurs ne pouvant se permettre évidemment le coup exhorbitant du téléphérique, et devant sans doute faire trois ou quatre allers-retours dans la journée pour rentabiliser. Donc en gros ces porteurs portent de la nourriture et du Coca Cola pour tous les lawai (étrangers) du sommet. Il y a aussi des gens qui te proposent de porter ton sac pour 1.4 kwai au kilomètres, ou de te porter toi dans un espèce de trone fixés de bambous, pour faire un peu colonial.
Une fois au sommet, le spectacle est grandiose: les décors sont rocheux et abrupts, et me font penser irrémédiablement à ceux d'un jeu vidéo de la bonne époque, Riven. Le clou de ce décor, c'est néanmoins le lever du soleil, dont vous pouvez voir une photo en dessous, et la mer de nuage. Ce sont en fait des nuages bas qui restent emprisonés dans le spics et tourbillonnent aux extrémités du jour. La météo n'était hélas pas propice ce jour là pour observer ce phénomène. Personnellement je trouve le site superbe, mais sans plus. Oui je suis difficile. Mais c'est un peu comme quand on connaît le philosophe Zhuang Zi. On ne devrait pas lire Zhuang Zi avant trente ans, car dans la vie, il faut avoir lu certains livres et c'est un ouvrage si merveilleux que tous les autres ensuite paraissent bien déçevants. Pour moi c'est pareil avec la Laponie: à côté du paysage irréel de la toundra arctique, cet énième paysage de Chine est certes superbe, mais avec un petit quelque chose qui empêche de crier au miracle. Enfin, le lieu est célèbre pour les amoureux qui viennent attacher un cadenas au sommet des pics, sur les chaînes sensées contenir les touristes, et symbole d'éternité... "Hélène, je m'appelle Hélène..." Sur la photo, un cadenas d'un couple de coréen, ou bien quelqu'un qui souhaite la réunification des deux Corées?
Après une nuit au sommet et un lever de soleil magnifique, qui égale en intensité un lever de soleil au sommet du Fuji-san au Japon, on décide de redescendre. Mais avant cela, il y a beaucoup de chemins a parcourir au sein même des montagnes, monter, descendre, toujours suivant des escaliers. On croise nombre de pins tortueux, de rochers superbes, d'écureuils et de touristes évidemment (c'est dimanche). Ce qui est bien, c'est que tous ces touristes prennent les téléphériques pour descendre, donc une fois sur la descente, on a pu savourer combien ces montagnes sont exquises et combien elles offrent d'environnement formidables. Les photos peuvent en témoigner au mieux je pense.
On a passé le lundi a faire les feignasses en bas du site. Il y a quelques années un onsen, une source chaude, attirait les touristes, mais elle a été pompée par un hôtel peu scrupuleux pour en faire une piscine. Pas bien. On croise des animaux très sympa, comme des macaques. "Nous planter arbres, humains détruire forêt, nous manger humains"... Ca me rappelle les macaques japonais de l'île-sanctuaire de Miya-Jima, non loin de Hiroshima au Japon.
