Très très intéressant, je regarderai avec plaisir :)
D's©
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Ces médecins français au chevet de Kim Jong-Il
le 12/12/2008 à 16h29 par Georges Malbrunot (Le Figaro)
Pour la première fois, des chirurgiens français témoignent sur leurs consultations secrètes auprès des dirigeants nord-coréens depuis plus de quinze ans. Une enquête étonnante du Figaro qui fait la Une de la presse Coréenne.
Au printemps 2004, le professeur Yves Boin (1) reçut un étrange appel téléphonique. «Les services de renseignement français pensaient que j'étais en possession d'un tube de sang du leader Kim Jong-il, qui aurait eu le sida» , raconte ce neurochirurgien, qui fut l'un des premiers membres de la filière médicale française à soigner des dignitaires de la nomenklatura nord-coréenne. C'était au début des années 1990. Il s'agissait de la femme de Kim Jong-il, sa favorite, Ko Young-hee, atteinte alors d'un cancer. Sécurité oblige, son entourage allait exiger qu'un étage entier de l'hôpital fût vidé ! «Ils étaient prêts à payer, mais je m'y suis opposé» , se souvient ce chirurgien, aujourd'hui à la retraite, qui opéra, de nouveau, quelques années plus tard cette ancienne actrice, avant qu'elle ne succombe à la maladie à l'Institut Curie, à Paris, où elle avait été transférée dans le plus grand secret en 2004.
Le régime communiste récompensa le Dr Bouin, en l'invitant régulièrement à Pyongyang pour du «conseil médical». Le spécialiste y séjourna à quatre reprises, en famille, hébergé dans un hôtel qui disposait d'un système de couloirs souterrains, permettant d'accéder directement aux appartements du dictateur. Ensuite, «dès qu'il y avait un problème, poursuit le médecin, les Nord-Coréens m'appelaient pour récupérer des valves cardiaques, ou pour que je leur procure de l'héparine». Les contacts étaient initiés par Tchoë-il, leur représentant auprès des Nations unies à Genève, la très secrète cité suisse, qui sert au régime à la fois de porte ouverte sur le monde et de coffre-fort. De là, Tchoë-il, parfaitement francophone, va tisser des liens avec une poignée de praticiens français, qui parviendront à percer l'un des secrets les mieux gardés au monde, celui entourant la santé du dirigeant de la dernière citadelle communiste sur la planète, celle-là même que George Bush a placée sur l'«axe du mal», pour avoir fabriqué l'arme nucléaire.
Une valise remplie de won
Dernier d'entre eux à s'être rendu, fin octobre, au chevet de Kim Jong-il, François-Xavier Roux, chef du service de neurochirurgie de l'hôpital Sainte-Anne, à Paris, a accepté, pour la première fois, de lever un coin du voile sur sa mission à Pyongyang. «Kim Jong-il a été victime d'un accident vasculaire cérébral, mais il n'a pas été opéré. Aujourd'hui, il va mieux. Les photos qui viennent d'être publiées me paraissent actuelles et authentiques. Il me semble que Kim Jong-il est aux commandes de la Corée du Nord. Je ne peux pas en dire plus, je suis tenu au secret médical et au secret d'État», affirme cet ami du ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, un ancien comme lui de l'ONG, Médecins du monde.
À chaque gros pépin de santé du leader ou d'un de ses proches, un médecin français accourt à Pyongyang. En novembre 1991, Kim Il-sung, le fondateur du pays et père de l'actuel dictateur, souffrait d'une déficience cardiaque. Après avoir essuyé un refus de la Suisse, Tchoë-il se tourna vers des cardiologues lyonnais. «Il est arrivé un jour en nous présentant un électrocardiogramme d'un patient qui nécessitait l'implantation d'un pacemaker», se rappelle un anesthésiste. De qui s'agit-il ? «D'une personnalité nord-coréenne, c'est tout ce qu'on nous répondit.» Dix jours plus tard, l'anesthésiste, un chirurgien, sa femme, et une infirmière embarquèrent pour Pyongyang, dûment accompagnés par l'inévitable Tchoë-il. Première surprise : à l'aéroport de Genève, dix énormes sacs, enregistrés au titre de la valise diplomatique, donc dispensés de contrôle, jouxtent leurs bagages. L'équipe médicale découvrira leur contenu à son arrivée à Pyongyang : 350 stimulateurs cardiaques, d'une valeur totale d'environ un million de francs de l'époque (650 000 euros). «C'est ainsi que le régime contourne les sanctions qui le frappent pour s'approvisionner en matériels ou en médicaments rares» , constate le Dr Bouin.
Après avoir posé une quinzaine de pacemakers à de jeunes militaires, un soir, on les avertit que le patient du lendemain serait une personne âgée. Mais sur la table d'opération, pour qu'on ne le reconnaisse pas, l'homme portait des lunettes aux verres brisés. Ce n'est qu'à leur retour en France que l'équipe médicale aura la certitude qu'elle avait bel et bien soigné Kim Il-sung. Le Quai d'Orsay lui demanda, en effet, de confirmer une requête de la Corée du Sud, qui avait été mise au courant de la présence de chirurgiens étrangers auprès de leur voisin… Pour les remercier, les Nord-Coréens leur offrirent, à chacun, une valise remplie de won, la monnaie locale. Modeste solde, en fait ! «Tous les soirs, on nous emmenait dans des magasins où l'on a dû dépenser l'équivalent de 700 euros d'aujourd'hui», se souvient l'anesthésiste, qui ramena du parfum local à son épouse.
«On ignore qui on opère»
Quelques années plus tard, c'est Kim Jong-il, qui se blessera en faisant une mauvaise chute à cheval. Traumatisme crânien avec hémorragie cérébrale, pronostiquèrent des médecins locaux. «Faut-il l'opérer ?», s'interrogea la famille. Dans le doute, on sollicita un neurochirurgien parisien, qui se souvient encore avoir vu «débarquer» dans son bureau deux diplomates nord-coréens, le priant de partir immédiatement. «Un grand scientifique était malade, me jura l'un d'eux, tandis que l'autre ajoutait “ah, c'est idiot, j'ai oublié son dossier médical à Pyongyang”, en me dessinant le résultat du scanner qu'il avait volontairement laissé en Corée du Nord pour préserver l'anonymat du patient.»
Le neurochirurgien se rendit sur place, mais à Pyongyang, il ne vit jamais le malade. Seulement des images de scanners que lui présentèrent des médecins. Finalement, le Français estima qu'une opération n'était pas indispensable. Mais la famille de Kim Jong-il ne se satisfit point de cet arbitrage. Elle en réclama un second, et fit venir de Lyon deux autres neurochirurgiens, qui rendirent le même avis, sans savoir, bien sûr, que d'autres les avaient précédés. Quelques années plus tard, l'un des Lyonnais, appelé de nouveau à Pyongyang, constata que le goût du secret y était toujours aussi fort : «J'ai opéré une douzaine de patients du rachis lombaire, sans savoir qui c'était», avoue ce chirurgien, qui allait connaître quelques sueurs froides. Les Nord-Coréens autorisèrent sa femme à rentrer en France, sitôt ses interventions terminées, mais lui dut patienter une semaine supplémentaire… Un souvenir aigre-doux quand on se rappelle que des Japonais ont mystérieusement disparu en Corée du Nord dans les années 1970.
Entre le milieu médical français et la Corée du Nord, la relation n'est pas à sens unique. Paris est une capitale très prisée du régime communiste. «Régulièrement, raconte un chirurgien parisien, je suis contacté par des diplomates nord-coréens qui me demandent de rédiger une invitation afin qu'un de leurs responsables obtienne un visa pour se faire soigner à Paris.» Le document est délivré, en général, par le consulat de France à Pékin, étape obligée sur la route de Pyongyang. Informé de ces allées et venues, le ministère de l'Intérieur place discrètement une équipe de la DST sur les traces de ces «patients nord-coréens à haute valeur ajoutée».
Mystérieux suicide à Paris
C'est le cas notamment du fils aîné du leader, Kim Jong-nam, 37 ans, qui était encore à Paris en octobre. Ce noceur défraye régulièrement la chronique, pour ses virées à Macao et Pékin. «Un peu grassouillet», d'après l'un de ses médecins parisiens avec qui il communique par courriel, Jong-nam souffrirait de problèmes cardiaques, comme son père et son grand-père… Après des études en Suisse, cet héritier potentiel est parfaitement francophone. Comme sa cousine germaine, Jan Kung Song, qui étudiait à Paris, avant d'y être retrouvée morte en août 2006. Un suicide, selon certains. À 29 ans, la nièce du dictateur aurait refusé de rentrer au pays… Une mystérieuse disparition sur laquelle les médecins français et la DST affichent le plus grand silence.
Pourquoi la Corée du Nord choisit-elle des spécialistes français ? «Notre médecine est l'une des meilleures au monde» , répond un des chirurgiens. «Et puis, ils doivent apprécier une certaine indépendance de la politique française» , ajoute-t-il. Quant aux praticiens, «c'est le genre de voyage qui pimente notre vie», résume l'un d'eux.
(1) Pour préserver le secret médical, les médecins ont accepté de répondre à nos questions sous le couvert de l'anonymat ou sous un pseudonyme.
"Pas d'accès, pas de nourriture", répétait le PAM.
"Pas de nourriture... pas d'accès", ont répondu les Nord-Coréens le jour où le PAM a eu des soucis d'approvisionnement.
En conséquence... non-renouvellement de visa pour les petits humanitaires. Et retour à la case Séoul.
ll semble que les problèmes qui ont conduit au non-renouvellement de mon visa ne sont pas résolus. A lire, ce très intéressant article du Washington Post à propos du PAM en Corée du Nord.
U.S. officials noted that food aid delivered via nongovernmental organizations continues but acknowledged that the main effort -- through the World Food Program -- has stalled. They said they are trying to resolve the problems, which concern disputes over the number of U.S. personnel in Pyongyang and Korean-speaking U.N. employees around the country.
Les Etats-Unis ont cessé de livrer l’aide alimentaire au PAM (d’après l’article, depuis aout !), privilégiant le consortium d’ONG américaines. Le PAM, n’ayant plus de nourriture à distribuer, perd ses accès terrain. Et ses visas. Accessoirement, 8 provinces se retrouvent privées d’aide.
Il est surprenant de constater que les ONG américaines gardent la confiance d’USAID. Même si elles disposent en effet de plus d’expats parlant coréens (à l’époque, environ un tiers de leur staff), en terme d’accès sur le terrain de contrôle de la distribution, le PAM était largement plus efficace et intrusif. Sans doute trop.
Pourquoi la Corée du Nord choisit-elle des spécialistes français ? «Notre médecine est l'une des meilleures au monde» , répond un des chirurgiens. «Et puis, ils doivent apprécier une certaine indépendance de la politique française» , ajoute-t-il. Quant aux praticiens, «c'est le genre de voyage qui pimente notre vie», résume l'un d'eux.
le ministère de l'Intérieur place discrètement une équipe de la DST sur les traces de ces «patients nord-coréens à haute valeur ajoutée».
Quelqu'un pour m'expliquer pourquoi la France est choisie par la Coree du Nord et les dictateurs en general? Entre Khomeiny, Khadaffy, Pinochet... et la famille Kim. J'avoue que :ne me permet guere convaincant.Citation Pourquoi la Corée du Nord choisit-elle des spécialistes français ? «Notre médecine est l'une des meilleures au monde» , répond un des chirurgiens. «Et puis, ils doivent apprécier une certaine indépendance de la politique française» , ajoute-t-il. Quant aux praticiens, «c'est le genre de voyage qui pimente notre vie», résume l'un d'eux.
me parait deja plus pertinent, mais que veulent-ils savoir?Citation le ministère de l'Intérieur place discrètement une équipe de la DST sur les traces de ces «patients nord-coréens à haute valeur ajoutée».
Bataille pour le pouvoir à Pyongyang
Kim jong-Il malade, sa succession semble l'objet d'intenses tractations dans les palais de la capitale nord-coréenne. Les trois fils du dictateur se déchireraient et les proches de la famille tentent de choisir le bon cheval.
Dans cette Monarchie communiste qu'est la Corée du Nord, la dernière succession avait été beaucoup plus calme. Fils de Kim Il-Sung, Kim Jong-Il avait été associé très tôt au pouvoir, et avait commencé à diriger le pays avant même la mort de son père, écartant ses demi-frères du pouvoir.
Mais la prochaine transition s'annonce plus compliquée. Kim Jong-Il a eu de sérieux problèmes de santé cet été, visiblement une attaque cérébrale qui a réduit certaines de ses capacités, même si il semble toujours aux commandes. Le dictateur avait toujours jusque là refusé de désigner un successeur parmi sa progéniture. A Pyongyang, nommer un successeur, c'est déjà abandonner un peu de son pouvoir. Pas question pour Kim Jong-Il, qui aura 67 ans selon sa biographie officielle le 16 février prochain.
Mais si on en croit une dépêche de l'agence sud-coréenne Yonhap, Kim aurait compris la nécessité de prévoir le pire, et aurait nommé le 8 janvier son plus jeune fils Kim Jong Un (ou Kim Jong Woon) comme successeur officiel. Une nouvelle qui a fait le tour du monde depuis jeudi, reprise sans conditionnel en France par Libération, Le Monde, le JDD... Car l'agence AFP a repris l'agence Yonhap, et toute une série de médias ont ainsi, comme c'est l'habitude, repris la même dépêche en se citant les uns les autres. Ce qui finit par ressembler à une information. Kim Jong un prochain empereur de Corée du Nord ? la réalité semble un peu plus complexe.
Il est évidemment possible que Kim Jong Un prenne la succession. Il est le fils de Ko Yong Hui, la troisième épouse de Kim, une ancienne danseuse née au Japon d'une famille d'origine coréenne. Une très jolie femme réputée l'épouse préférée du dictateur, et qui a été depuis quelques années présentée comme une "mère de la patrie" dans la propagande officielle, une manière de préparer la légitimité de l'un de ses deux fils à prendre le pouvoir. Ko Yong Hui est morte à Paris en août 2004 d'un cancer du sein.
Autre atout de Kim Jong Un, sa proximité avec son père. Selon Kenji Fujimoto, l'ancien chef japonais du leader coréen, que j'ai rencontré à Tokyo, Jong Un est le fils préféré. Le plus jeune, celui aussi qui ressemble le plus à son père. Il a le même embonpoint, pesant 90 kilos pour 1,75 mètres. il souffrirait par ailleurs de diabète.
Kim Jong Un a passé une bonne partie de son enfance à Berne, étudiant à l'école internationale. Il avait la réputation d'être peu sociable, préférant être raccompagné par l'ambassadeur Nord Coréen en Suisse (Ri Chol, le gestionnaire de la fortune des Kim...) que se lier avec ses camarades de classe. De son séjour en suisse, il aurait acquis plusieurs langues étrangères, dont le français, et une passion pour la NBA... Après le bac, il a été renvoyé à Pyongyang pour intégrer le Kim Il Sung National War College de 2002 à 2007. Il n'a pas de poste important depuis.
Bref, un candidat solide à la succession. Mais, avant ces derniers jours, personne ne misait sur cette possibilité. Cela semblait se jouer entre ses deux frères aînés, Kim Jong Chol et Kim Jong Nam, son demi-frère.
Kim Jong-Chol est lui aussi le fils de Ko Yong Hui. Il est le deuxième fils du "cher leader". Il est né en 1981 et a lui aussi intégré l'école internationale de Berne (sous le nom de Chol Pak), où il a sensiblement mieux digéré la culture occidentale. Contrairement à son frère, on dispose de nombreuses photos de son passage là-bas. Et même une vidéo lorsqu'il suivait un concert de Eric Clapton avec une amie. Eric Clapton qui a été par la suite invité à se produire à Pyongyang...
Son père aurait parait-il du mal à accepter un dérèglement hormonal qui le rend "féminin"... Mais Jong-Chol était vu récemment comme un successeur crédible. Il a pris du galon dans le parti, contrairement à son jeune frère, et Hwang Jang-yop, le plus haut gradé des transfuges nord-coréens, le voit toujours comme le successeur attitré, car le frère aîné serait discrédité.
Le frère aîné, en effet, est un personnage haut en couleur. Obèse à l'air jovial, né en 1971, il est le fils de Song Hye Rim. Il a lui aussi été élevé en partie à l'étranger, notamment au lycée français de Moscou dans les années 80. Il est réputé très bon francophone, c'est lui qui par exemple vient à Paris trouver des spécialistes pour soigner son père... D'une manière générale, Kim Jong Nam est l'exécuteur des oeuvres extérieures de son père. Il voyage beaucoup, possède depuis une dizaine d'années une résidence à Macao où il fréquente assidûment les casinos de Stanley Ho. Stanley Ho qui a obtenu une licence pour opérer un improbable casino dans le sous sol d'un grand hôtel de Pyongyang. Un drôle d'endroit aux murs dorés et à la clientèle haute en couleurs.
Mais à Macao, on peut imaginer que que Jong Nam fréquentait aussi les établissements bancaires connus pour être les machines à sous de la Corée du Nord.
A Pyongyang, il a occupé plusieurs postes importants, notamment à la sécurité publique.
Selon la tradition confucéenne, Jong Nam a tout pour être le successeur. Il est le fils aîné, comme son père avant lui. Il lui revient de reprendre le flambeau. Et personne ne remettrait en doute ce pronostic sans "l'incident de Tokyo", une merveilleuse histoire digne d'un roman d'espionnage de seconde zone.
En mai 2001, un certain Pang Xiong débarque à l'aéroport de Narita, avec deux femmes et un jeune enfant de 4 ans. Il montre son passeport dominicain à l'officier d'immigration, et il explique qu'il vient avec sa famille visiter le parc Disneyland de la capitale japonaise. Hélas, Jong-Nam, c'était bien lui, n'a pas réussi à amener son fils chez Mickey, et après quelques jours de prison il fut expulsé vers la Chine, créant un certain embarras diplomatique, et selon la légende, une grosse colère paternelle. Depuis ce jour, Jong-Nam serait décrédibilisé.
Sauf que la bataille bat son plein. Et que d'autres acteurs entrent dans la danse. Jang Sung Taek, le beau-frère de Kim Jong-il, serait devenu depuis les problèmes de santé du dictateur le numéro 2 du régime. Et il aurait désigné la semaine dernière comme prochain leader Kim Jong-Nam. Jang Sung Taek avait perdu la confiance du leader en 2004, il avait même été arrêté pour "abus de pouvoir" (et oui, visiblement, la qualification existe en Corée du Nord...). Il avait également du s'expliquer lorsque sa jeune fille s'était suicidée, à Paris, refusant de rentrer à Pyongyang et d'abandonner son petit ami qui ne plaisait pas à la famille royale coréenne, à l'été 2006. Deux ans plus tard, il est revenu en grâce, il occupe le principal poste ministériel. Il est responsable de l'administration du régime, des services secrets, et a lancé une grande purge l'année dernière parmi les officiels qui ne lui était pas dévoués. Les ennuis de santé de Kim Jong-Il lui ont permis de renforcer son influence, sa soeur créant un barrage autour du dictateur pendant que lui prenait la direction des opérations. D'ici à imaginer que c'est lui qui tire désormais les ficelles à Pyongyang, encadrant (emprisonnant ?) un Kim Jong-Il affaibli avec l'aide de sa soeur... Et Jang Sung Taek jouerait donc la carte Kim Jong Nam, qu'il fait nommer désormais "général de l'étoile du matin". Jong-Nam qui reçoit également le soutien de principaux leaders du parti comme Lee Jeh Gang et Lee Yong Cheol. Et du gouvernement chinois qu'il courtise depuis de nombreuses années.
En face, les deux plus jeunes frères Kim ne semblerait pas s'apprécier suffisamment pour répliquer. Jong Chol est réputé réservé mais jouant sa carte pour accéder au pouvoir. Jong Un (dont il n'existe pas de photo, mais juste ce dessin), a lui la réputation d'être autoritaire et sur de lui. Jong Chol n'ayant pas réussi à s'imposer complètement (même si des badges à son effigie ont surgi ces derniers mois parmi les officiels...), Jong Un aurait comment à jouer sa carte perso en 2004.
En 2004, en effet, après la mort de sa mère à Paris, Kim Jong Un aurait tenté de faire assassiner son demi-frère Kim Jong-Nam, avec l'aide d'une unité spéciale du Parti... Projet intercepté par les services secrets autrichiens (Kim Jong aurait préparé son coup depuis la Suisse). Kim Jong Nam est-il rancunier ? En tout cas beaucoup de questions se sont posées l'été dernier, lorsque Kim Jong Un, cette fois, a eu un accident de circulation, au mois d'août dans les rues de Pyongyang, dont il est sorti légèrement blessé. Un accident de circulation à Pyongyang, sérieusement...
Cette guerre entre ses héritiers auraient poussé Kim Jong-Il à accélérer les choses. L'accident de son fils préféré aurait même pu, selon certaines sources sud-coréennes, être à l'origine de son accident cérébral à la même période. Et depuis il tenterait d'imposer Kim Jong Un comme successeur pour faire barrage à son beau-frère, allié à son fils aîné. La compagne actuelle de Kim Jong-Il, Kim Ok, de plus en plus influente à la tête du pouvoir depuis les ennuis de santé du dictateur, pousse elle aussi depuis l'été dernier le cadet des Kim. Avec en tête l'idée d'être régente de ce jeune homme de 24 ans. Avec Jong Nam, 37 ans, elle serait immédiatement éloignée du pouvoir.
Tout cela est un peu compliqué, mais on peut imaginer que l'ambiance des réunions de famille des Kim doit être intéressante. Et qu'à Séoul et Washington, on observe cela avec beaucoup d'attention. Que va décider l'Armée ? Va-t-elle suivre d'un seul homme un des fils ? Va-t-elle se déchirer ou jouer une carte issue de ses rangs ? Kim Jong-Il semble passer beaucoup de temps à inspecter ses généraux, ces temps-ci. Des généraux qui posséderaient, selon les dernières estimations, jusque 5 bombes nucléaires...
La Corée du Nord rompt toutes ses relations avec le Sud
La Corée du Nord a décidé mardi de rompre toutes ses relations avec la Corée du Sud ainsi que les communications entre les deux pays, a annoncé l'agence officielle KCNA reçue à Séoul.
Les Nord-Coréens ont en outre fait savoir qu'ils expulseraient tout le personnel sud-coréen travaillant dans le complexe industriel de Kaesong, situé au nord de la ligne de démarcation, mais financé par Séoul, selon la même source.
Tous les navires et avions sud-coréens se verront en outre interdire l'accès aux eaux maritimes et à l'espace aérien nord-coréen, a ajouté KCNA.
Le numéro un nord-coréen Kim Jong-Il a placé son armée en état d'alerte après que Séoul a menacé de "faire payer le prix" à la Corée du Nord du naufrage fin mars de sa corvette Cheonan, avaient auparavant annoncé des transfuges nord-coréens.
La Corée du Sud a déclaré lundi qu'elle allait demander de nouvelles sanctions à l'ONU et suspendre les échanges commerciaux avec son voisin du Nord.
La Corée du Nord a été rendue responsable la semaine dernière par des enquêteurs internationaux du torpillage de la corvette Cheonan, qui a fait 46 morts parmi les marins sud-coréens, des allégations que Pyongyang a fermement démenties.