Le vent semble tourner d'après Le Monde:
Bye, bye, Londres
LE MONDE | 18.12.08 | 15h56 • Mis à jour le 18.12.08 | 16h05
La dernière décennie a vu de nombreux Français, Italiens ou Allemands venir peupler les banques et les bars de Londres. Tous se souviendront du 15 décembre 2008 comme du jour où leur existence dorée, "so British", a pris fin.
En assistant à la dégringolade de la livre sterling - il faut maintenant donner 0,90 livre pour obtenir 1 euro -, plus d'un a dû se demander si l'heure de rentrer à la maison n'avait pas sonné. A la belle époque de son expansion, il faut dire que Londres présentait plus d'un charme.
Capitale mondiale de la finance, elle offrait ce qu'il y avait de mieux en matière de carrière et de rémunération. Des rémunérations exprimées de surcroît en livre sterling, une monnaie qui a valu jusqu'à 1,50 euro. Le pouvoir d'attraction de Londres s'est aussi nourri de lui-même : plus il y avait d'étrangers, plus la ville était attentive à leurs besoins et plus ils s'y sentaient chez eux.
Les Français eux-mêmes ont appris à aimer la capitale britannique. Mais aujourd'hui, la crise est en train de ronger la belle image de carrefour européen et dynamique que Londres s'était bâtie. Les suppressions de postes, le projet d'imposition à 45 % des plus hauts revenus et la chute de la livre enlèvent à la ville autant de moyens pour faire oublier ses défauts : des prix exorbitants, un réseau de métro totalement vétuste, un système public de santé et d'éducation peu fiable, ainsi qu'une météo fatalement abonnée au gris et à la pluie.
Il est vrai que Londres souffrait des effets de la surpopulation. Au sommet de sa prospérité, la ville comptait quelque 250 000 Français, au point qu'elle était devenue de fait la quatrième ville française. Le départ d'une partie d'entre eux soulagerait les tensions, tant sur le marché du travail que sur l'immobilier. Mais au final, Londres serait perdante. L'agence de développement ThinkLondon estime que les investissements directs étrangers pèsent 52 milliards de livres (55,8 milliards d'euros).
Londres avait réussi à créer un cercle vertueux en attirant les étrangers : la diversité favorisait la compétitivité, qui à son tour engendrait la réussite financière. Le problème, c'est que le cercle vertueux peut se transformer en cercle vicieux. Boris Johnson, le maire de Londres, va sûrement tenter d'enrayer le mouvement, avant que les Américains, les investisseurs les plus importants de la City, ne battent en retraite à leur tour.
(Traduction de Christine Lahuec)
Rachel Sanderson
Pour moi, "le modèle" libérale où chacun se débrouille seul est en train de s'effondrer (même s'il faudra du temps pour que tout le monde en soit conscient, et qu'il faudra certainement l'aider aussi à abréger son agonie). Un système de ce type ne peut marcher que quand les gens ont un espoir de s'enrichir à court ou moyen terme. Quand cet espoir s'évanouit, ce système ne peut durer, et la demande de solidarité revient.
Ceci dit, cette nouvelle du Monde implique aussi des conséquences par ici… En particulier dans les régions où de nombreux ressortissants du Royaume-uni vivent de leurs rentes. Car avec l'effondrement de la bourse et de l'immobilier au Royaume-Uni, couplé à la baisse de la valeur de la livre, ça va mal pour eux. Certaines contrées du sud-ouest vont être sinistrées…