Non.
Pour les cadres (pour faire simple, tous ceux qui ne pointent pas), les 35 heures ont généré un phénomène de compression, à savoir faire la même quantité de travail dans un laps de temps plus court. Il n'y a pas eu d'embauche supplémentaire suite aux 35 heures dans les sociétés de service. Le travail ce n'est pas une tarte aux pommes... Donc, non, ce n'est pas une amélioration.
Des jours de congés en plus? Chouette. Surtout quand dans le même temps, les salaires ont marqué comme qui dirait une... pause.
Et non aussi pour les ouvriers par exemple. Alors eux, ils pointent, OK. Mais pour nombre d'entreprises, les salaires ont été purement et simplement gelés pendant deux à trois ans. D'où le phénomène récent auquel on assiste où des ouvriers demandent à repasser à 39 heures. Parce que les jours de RTT ou finir une heure plus tôt, c'est bien beau, mais ça ne nourrit pas la famille, et ça ne paye pas les factures.
Je ne remettrais pas en cause le constat plus que médiocre des 35 heures sur l'emploi et les salaires. Mais on ne va pas réduire la "transformation sociale" simplement à des jours de congés supplémentaires!
Cette réforme a quand même permis de poser des questions clés dans d'autres domaines tel que le féminisme, l'écologie ou la démocratie sociale par exemples.
Concernant le premier, elle a favorisé la réduction des disparités de temps de travail rémunéré entre hommes et femmes en allongeant la durée de travail des femmes qui subissent le temps partiel. Du point de vue écologique, la RTT permet l'usage des gains de productivité de loin le plus favorable à la préservation des ressources naturelles et au développement soutenable (dommage que je n'ai pas les chiffres officiels sous les yeux).
Par ailleurs, elle permet aux citoyens de se dégager de l'emprise du travail pour se consacrer aux affaires de la cité: prendre le temps de s'informer, de débattre, de réfléchir et de décider du bien public, de s'organiser, consacrer un peu de temps à la vie associative au détriment de la poursuite de l'intérêt personnel.
Quant au pouvoir d'achat, entre 1997 et 2002, elle progressait de 3 %, contre 1,4 % par an depuis que les 35 heures ont été arrêtées par Fillon. Ca c'est un constat. Alors certes, elle a entraîné des obstacles quelquefois insurmontables sur le plan de l'organisation des services et a sûrement engendré des pertes de pouvoir d'achat. Mais peut-on laisser accréditer l'idée que la remise en question des 35 heures permettrait aux travailleurs pauvres de "joindre les 2 bouts"? Avant de rejetter les maux sur cette réforme, il faudrait peut-être repenser le partage entre capital et travail...vieux débat, qu'il ne faudrait peut-être pas escamotter.