Une envie soudaine vient de me prendre les tripes, en pleine nuit, sans crier gare (sauf peut-être avec des discussions généalogiques :P). Vous raconter une histoire. Pas d'une sur un chevalier errant de province en province avant d'atteindre la Jérusalem céleste ou bien d'un marquis qui perd sa fortune dans les jeux de hasard de Marie-Antoinette.
L'histoire du Musée du Louvre.
Nous allons la découper par grandes périodes pour que la clarté prédomine dans ce récit qui couvre près d'un millénaire.
MOYEN-AGE
PHILIPPE-AUGUSTE
Tout commence au XIIème siècle. Phillipe-Auguste décide de partir guerroyer en terre sainte. Avant de quitter la capitale royale, il érige entre 1190 et 1202 une enceinte défensive pour se prémunir d'une éventuelle attaque de ses ennemis, les Plantagenêts. D'une hauteur de neuf mètres, l'enceinte formait un trapèze de 2,8 kms avec des tourelles et quatre portes fortifiées. A l'intérieur de cette limite se trouve une tour massive pour se protéger et formant une possibilité de fuite vers le sud par la Seine. Des fouilles établies lors des Grands Travaux entre 1984 et 1985 ont permis de mettre à jour au niveau de la Cour Carré les fondations de cette architecture. Elle mesurait sans doute 31 mètres de haut et servait d'entrepôt d'armes, de vivres, d'archives, de trésor monétaire et de prison. Sa destruction remonte à 1528 lorsque François 1er décide re réaménager le lieu.
On compte une dizaine de tours réparties aux alentours de l'île de la Cité. Elles servaient d'arsenal, de forteresses ou de prisons. Une première mention historique est faite par Henri Sauval en 1670 dans son "Histoire des Antiquités". Des cartes sur les vestiges restant de l'enceinte sont disponibles à cette adresse (rive droite) : http://www.philippe-auguste.com/mur/plans_photos/plan_actuel-rive-droite.html
La photo suivante présente la Rue du Louvre, face à la bourse de commerce, où ont été mis à jour au pied d'un pan de mur circulaire les fondements d'une tour de la muraille.En l'absence d'informations officielles, il nous est difficile d'identifier l'usage du tronçon circulaire intérieurement tangeant à la tour que l'on voit sur la photo ci-contre. Les travaux de déblaiement datent d'octobre 2003.
Au Second Empire, des fouilles on dégagé en partie le circuit médiéval (cf. carte rive droite et gauche).
SAINT LOUIS
La seule chose qui nous reste de son règne est la salle éponyme, construite entre 1230 et 1240. Elle se situe dans l'aile Ouest sous la salle des Cariatides. Formée de deux nefs à trois travées, elle servait de salle de garde sans réelle certitude. Unique témoignage médiéval encore intact, son plafond présente des voûtes d'arpetes tandis que les chapiteaux sont à décor de fruits et de fleurs. Tout ceci est remis à jour sous le Second Empire.
CHARLES V, l'"architecteur" - 1364-1380
Il demeure celui qui donna véritablement forme au primo-louvre. Second monarque de la dynastie des Valois (jean le Bon était son père), il projete une vision moins défensive pour faire du Louvre sa résidence et l'expression des qualités artistiques de son règne. Le pouvoir est alors centralisé sur Paris.
En 1360, Raymond du Temple, "sergent d'armes et maçon du Roy", devient le premier maître d'oeuvre connu concernant le Louvre ! Les travaux de réaménagement durent dix ans. En 1364, un prolongement au rempart de Philippe-Auguste est effectué.
La connaissance d'une seconde enceinte ne remonte qu'en 1991 lorsqu'elle est mise à jour lors des travaux de la Grande Pyramide et montre qu'elle englobait le donjon sans visée défensive : elle était consituée de résidences décorées de tourelles et de terrasses.
Un album photo est disponible ici : http://www.galerie.roi-president.com/album-35-louvre+medieval+photos+des+soubassements+de+l+ancienne+forteresse+du+louvre.html
En 1365, Raymond du Temple construit au Nord du donjon un château contenant les appartements royaux au premier et second étages de l'aile Nord (côté rue de Rivoli) et désservis par un grand escalier à vis hélicoïdal, nommé la "Grande Vis".
Voici Le Louvre au XVe siècle dans les miniatures des Très Riches heures du duc de Berry :
Le Louvre efface peu à peu son caractère défensif et une ouverture du château se fait au sud et à l'est de la ville. Les toits étaient en ardoise à double pente et percés de lucarnes. Au revers des créneaux se trouvait un promenoir dominé par de hautes et multiples cheminées. Un Historien, Louis Hautecoeur, parlait de "joyeux et pittoresques hérissements". La Tour de la Fauconnerie servait de chambre à la reine.
La résidence était somptueuse avec des cheminées de cinq mètres de large, des murs lambrissés peints en rouge et piqués de rosettes en étain ou tendus de draps d'or, de cuir, de velours ou de tapisseries.
L'entrée Est présentait les effigies sculptées de Charles V et Jeanne de Bourbon accueillant les visiteurs. Elles sont aujourd'hui conservées dans une salle du musée :
D'autres oeuvres de l'époque montre le Louvre de Charles V :
- Pieta de Saint-Germain des Prés (1410-Louvre) : la palais est vu du côté de la rive gauche avec la Tour du Coin
- Grand retable du Parlement de Paris (1475) où l'on voit les façades Sud et est accolées à des hôtels particuliers.
Cette période est marquée par un essor artistique exceptionnel. Légitimer son pouvoir et pérenisser son règne sont devenus des mots d'ordre pour les commandes royales aux artisants parisiens. c'est le cas des statues vues plus haut mais aussi d'un sceptre dit de Charles V qui fut comme offert comme regalia à Saint Denis en 1380 :
(superbe, non ?)
Il y a aussi le Parement dit de Narbonne conçu par Jean Pucelle, enlumineur de Charles V. On voit justement sur les côtés le roi et la reine dans une position de prière :
Charles V se constitue donc une collection de curiosités, en amateur d'ouvrages et d'enluminures qu'il était. En 1367, il transfère ses livres au Palais de la Cité au Louvre et importe une bibliothèque sur trois étages de 917 volumes à la Tour de la fauconnerie (actule Pavillon de l'Horloge au niveau de la Cour Carré). Son cabinet comptait en outre près de 3106 objets d'art ! Un inventaire de ses biens est effectué entre 1380 et 1411 et porte les signes avant-coureur de la vocation muséale du Louvre...
XVème SIECLE
Nous sommes en pleine guerre de Cent Ans (1337-1453) marqué par la mort de Charles V, remplacé au pied levé par Charles VI qui reste au Louvre. On ne sait pas grand-chose de cette période hormi le fait que Manuel Paléologue, empereur byzantin d'Orient, est reçu au palais en 1400. En 1420 est signé le traité de Troyes qui livre le royaume à l'anglais et marque la déchéance de la merveilleuse demeure gothique. En 1435, elle devient une prison.
Un an plus tard, Charles VII délivre Paris mais la cour décide peu après de fuir la capitale et une méfiance croissante de la royauté à l'égard de cette cité s'installe...
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FRANCOIS 1ER : 1515-1547
François Ier en déité [vers 1545]. Département des Estampes et de la Photographie. Parchemin collé sur un panneau de chêne :
En 1526, le roi sort de six mois de détention au Château de Madrid (jadis à Neuilly-sur-Seine) par Charles Quint. Il décide alors de concilier la fidélité des parisiens et leur concours financier pour traverser d'importantes crises.
Puis une lettre est adressé aux Echevins de Paris le 15 mars 1528 dans laquelle est marqué le choix de réinvestir le Louvre comme résidence royale. Des réparations et une remise au goût du jour est donc à prévoir. En outre, le roi ambulant du val de Loire souhaite faire du palais "un lieu commode".
La même année, il fallu quatre mois pour détruire le donjon féodal pour l'équipe de Jean-aux-Boeufs, couvreur ordinaire du Roy. Cette grosse tour, encombrante et inesthétique, évoquait de mauvais souvenirs pour l'ancien prisonnier de Madrid. Une telle masse oppressive d'une époque révolue devait disparaître du paysage...
Afin de donner une unité et une cohésion à l'administration du royaume, une décision politique fait de la capitale le centre du pouvoir. Mais le roi, éternel lunatique, se détourne du Louvre et ne perd pas de temps à jeter son dévolû sur un long projet : celui d'installer sa résidence à Chambord. Quel blagueur ce François ! Les ouvriers devaient être contents d'apprendre une telle nouvelle... Mais le chantier du Louvre n'avorte pas pour autant.
En 1530 est construit un quai de 40 mètres de long et partant de la Tour du Coin jusqu'à l'actuel pont du Carroussel et les Tuileries. Parlons un peu des Tuileries. En 1519, fut édifiée une maison sur le lieu-dit les Tuileries (une fabrique de tuiles établie au XIIIème siècle) pour la mère de françois, Louise de Savoie.
En 1531, a lieu le second mariage de François avec Eléonore d'Autriche, fille de ... Charles-Quint ! Quel taquin ce François !
Le 20 janvier 1540, Charles Quint effectue une viisite à Paris. Mais où loger ce monarque puissant ? On décide alors de la placer dans le Louvre de Charles V, qui est en piteux état. Pour masquer la misère des lieux, ce farceur de François décide d'embellir les murs avec des décors éphémères en trompe l'oeil pour l'occasion : vitres peintes, moulures, frises, faux piliers, bref tout ce qui pourrait camoufler les structures gothiques. Un parcours est même préparé pour décorer le parcours de Charles-Quint avec des tentures également en trompe-l'oeil...
Le 2 août 1546, on décide pour de bon d'édifier le château au Louvre. L'architecte Lescot en est le mâitre-d'oeuvre. Mais un an plus tard, le roi meurt, laissant un projet en suspend concernant un corps d'hostel sur l'aile ouest de l'actuelle Cour Carré.
FONTAINEBLEAU : 1530's-1540's
Vous allez me dire : "mais quel rapport avec le Louvre ?" ... Eh bien tout simplement parce que ce lieu abrita le noyau des collections du Louvre, plus particulièrement concernant les peintures.
François 1er fit du château de cette région boisée sa "Nouvelle Rome" et installa des galeries de collections d'oeuvres d'art. Il s'inscrit ainsi dans la tradition du souverain mécène à l'italienne (Médicis) ou à l'autrichienne (Habsbourg).
Le lieu le plus notoire de ce lieu est la Galerie François 1er située au premier étage :
Celle-ci fut décorée par des artistes italiens spécialement venus pour ce travail en France. Rosso, Le Primatice et Fiorentino ont réalisé un ensemble de dédicaces à la gloire du roià travers un cycle mythologique.
Au-dessus se trouve la bibliothèque et le cabinet de curiosités. Le pape Léon X offra ainsi des toiles de Raphaël (qu'il lui avait commandé en 1518) à François. Sacré veinard que ce François ! Voici les tableaux en question :
- Saint Michel terrassant le dragon :
- Sainte Marguerite :
- La sainte Famille avec Elisabeth, le petit jean-Baptiste et deux anges :
- Portrait de Dona Isabel de Requesens, vice-reine de Naples (1500-1577) :
- La Vierge à l'Enfant avec Jean-Baptiste, dite "La Belle Jardinière" :
D'autres toiles s'ajouteront à ce festin chromatique :
- La Charité d'Andrea del Sarto (1518) :
- La Vierge aux anges du même artiste (1516) :
Puis arrivent les "trésors" : Léonard de Vinci fait un séjour à Fontainebleau de 1516 à 1519. Louis XII, monarque ayant précédé François, possédait des toiles de cet artiste.
- La Vierges aux rochers :
- La Dame de Milan ou la "Belle Ferronière" (je plussoie :P) :
- La Joconde : bon là, pas besoin d'image je pense :P
François acquiert à son retour d'un voyage en Italie le "Bacchus" :
Puis, gourmand qu'il est, François réclame des oeuvres de Michel-Ange. En 1546, il reçoit un don des Strozzi de deux sculptures qui arriveront en France en 1550. Les deux esclaves (copies au Château d'Ecouen) ont servi de modèles préparatoires pour le tombeau de Jules II à Rome.
- Esclave rebelle :
- Esclave mourrant :
(ne salivez pas trop sur votre clavier mesdames :P)
Il reçoit également des copies et des moulages d'oeuvres originales :
- Nymphe de Fontainebleau de Benvenuto Cellini :
Ou bien des reprises du thème du nu à l'antique :
- Vénus Génitrix, Ier siècle, copie d'original du IIème siècle avant notre ère :
- Le tireur d'épine du Primatice, copie du Vème siècle de Callimaque (?) : (pas d'image :oo:)
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HENRI II (1547-1559) ET PIERRE LESCOT
Nous restons dans la branche des Valois avec ce monarque qui épouse Marie de Médicis. Il reprend le projet de reconstruction du Louvre conçu sous François 1er, un sacré glandeur au passage :P ... Le roi choisit pour l'aider dans cette tâche Pierre Lescot, fils d'un procureur du roi et ami de Ronsard. C'est aussi un homme de sciences et d'art. Les travaux se déroulent entre 1546 et 1556. Un autre personnage important intègre l'équipe : Jean Goujon, sculpteur, qui prend en charge la décoration de la façade dite de Lescot entre 1553 et 1555.
Voici le projet dessiné par Lescot suivi du plan de l'aile :
De décembre 1546 à mars 1549 a lieu la démolition de l'aile ouest de Philippe-Auguste pour y mettre une aile avec une élévation du rez-de-chaussée séparée en deux par un escalier et qui correspond à la Salle Basse au Nord et la Chambre au Sud. Son plan en U permet d'obtenir un grand corps ouvert à l'est avec deux ailes en retour.
Le 10 juillet 1549, le projet initial est modifié sur ordre du roi qui souhaite que la Salle Basse occupe tout le rez-de-chaussée et que l'escalier soit rejeté au Nord de l'aile tandis que la chambre doit se trouver à l'extrêmité sud. Enfin, la Salle de Bal dite Basse était trop longue pour sa largeur et il a fallu la réduire d'un cinquième, devenant ains la fameuse salle des Cariatides :
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Voici une plan de Paris datant de 1538 afin de vous mettre dans l?ambiance de l?époque ;)
Alors, où en étions-nous ? Ah oui, Henri II?
En 1553 est ordonné la démolition de l'aile méridionale et la tour d?angle sud-ouest pour y mettre le pavillon du roi
De son côté, l?aile ouest est surélevée d?un second étage ou attique avec des toits à combles. Trois ordres (dorique, ionique, corinthien) et trois avant-corps évitent toute monotonie. Par ailleurs, sont adjoints des pilastres à chapiteaux corinthien tandis que le premier étage reçoit une alternance de frontons triangulaires et demi-circulaires. Le plan général était vu à l?époque comme étant « le parangon de l?architecture française ». Cette aile influencera en effet les transformations et les extensions du palais pendant trois siècles notamment avec les ouvrages de Mercier et le vau. Mais ne brûlons pas les étapes, nous reparlerons d?eux très prochainement.
Revenons maintenant à un autre acteur majeur de l?époque : Jean Goujon, dont voici un portrait présumé du sculpteur sur la façade de l?Hôtel de Ville à Paris.
La façade Lescot
Qu?a t-il donc conçu ? Tout d?abord la décoration de la façade Lescot côté Cour Carré :
C?est une abondance mesurée à laquelle nous avons affaire avec des bas-reliefs à l?antique taillées à fleur de pierre. Des figures féminines sont voilées de tuniques arachnéennes et adoptant des attitudes maniérées (concept normal pour une époque dite maniériste). Les fenêtres dites en ?il-de-b?uf occupent le dessus des portes des avants-corps tandis qu?un entablement présente une frise de putti et de guirlandes. Les femmes situées au rez-de-chaussées représentent des symboles : Histoire, Science, Renommée royale, Gloire. Enfin, une note de prestige militaire est ajoutée avec le fronton central de l?attique des avants-corps qui est marqué du chiffre d?Henri II soutenu par deux génies ailés. Inutile de vous dire que tout ce décor est une volonté manifeste d?exalter la majesté du souverain.
L?Escalier Henri II
Entrons à présent dans cette aile. La première pièce-d??uvre majeure est le Grand Escalier Henri II. A défaut d?une photo, voici une peinture d?Ingres exécutée en 1814 et présentant Don Pedro de Tolède, ambassadeur d?Espagne auprès de Philippe II, en train de baiser l?épée d?Henri IV :
Sachez qu?il s?agit du plus vieil escalier du Louvre encore debout. Réalisé en 1551, il sera prolongé quatre ans plus tard au second étage. Les voûtes rampantes des volées droites sont ornées de caissons avec des thèmes liées à la chasse en hommage à la maîtresse du roi (on devine donc que Catherine ne devait pas être un coup au lit :P), la sulfureuse Diane de Poitiers.
Elle est accompagnée de chiens, cerfs, biches, faunes et faunesses. Le plafond des paliers présente quant à lui des médaillons cantonnés de rosaces, des bambins, des tritons et Eros.
La Salle Basse
Dirigeons nous maintenant vers la Salle Basse dite du Bal (actuelle salle des cariatides) qui présente au-dessus de son entrée un écusson royal entouré de guirlandes de fleurs et de groupes d?enfants.
Aménagée en 1546, son atout est les quatre femmes qui font office de colonnes, les cariatides. Elles soutiennent la tribune des musiciens et servait de salle de réception lors des bals. Le modèle des figures a été fait d?après un moulage à l?antique choisi par Lescot. Endommagée au XVIIème siècle, les cariatides seront dissimulées par un théâtre sous Louis XIV avant qu?une hâtive restauration se penche sur leur cas en 1796. La renommée ce ces femmes est si grande qu?elle servit de modèles à des ?uvres diverses dont le tribune de Percier et Fontaine sous Napoléon (le premier qui me sort bataille se mange une torgniole), mais aussi la toile « Paris et Hélène » de David en 1788 :
Appelée également « Salle de Diane Chasseresse » (on voit qu?Henri était aux petits soins pour elle :P), elle sera inaugurée le 19 avril 1558 lors des noces du dauphin François avec Marie Stuart d?Ecosse.
Enfin, elle servira de réserves pour les collections royales antiques entre 1692 et 1793.
Face aux Cariatides se dresse le tribunal qui est un véritable petit monument d?architecture, moitié baldaquin, moitié arc de triomphe.
Une grande partie de la décoration de cette salle a disparue. Les comptes des Bâtiments du roi nous mentionne néanmoins qu?il y avait des poutres apparentes soutenues par des corbeaux ornés de masques de faunes et le tout doré. Deux bandes peintes sous le plafond ceinturaient la salle, l?une simulant la poutre, l?autre blanche et or. Des bandes festonnées de guirlandes de lierres étaient nouées de liens d?or avec le chiffre d?Henri II uni aux « croissants couronnez » de Catherine.
Au-dessus du tribunal se trouvait l?Antichambre du Roi et servant actuellement à exposer le trésor de Boscoréale. On y faisait patienter les solliciteurs et servait aussi de lieu pour les fêtes.
Il y a aussi la Salle des Gardes, la salle de parade mais comme je n?ai pas d?images, je ne vais pas m?y attarder.
Au final, cette période marque le début de la destruction progressive du Louvre médiéval?
HENRI III 1559-1589
Dernier roi de la branche des Valois, il aura fait peu de choses pour le palais.
A la fin de son règne, le Louvre est intégré au coeur de la capitale, permettant ainsi d?intensifier une activité commerciale des quartiers avoisinants.
De 1569 à 1574 est construit la Petite Galerie qui abrite la plafond d?Apollon dont nous reparlerons plus loin. C?est une aile ayant émergée perpendiculairement à la Seine (pas loin du pont des arts) depuis l?aile Lescot et buttant sur l?enceinte de Charles V. Un mariage y sera célébré en 1570, à savoir celui d?Elisabeth d?Autriche avec Charles IX, frère d?Henri III et fils de Catherine de Médicis. Deux ans plus tard, l?attique de cette galerie accueillera Henri de Navarre et le reine Margot.
Les Tuileries
S?il y a bien une chose qui a pu évoluer, ce sont bien les jardins du palais. Situé en dehors de l?enceinte médiévale, les Tuileries plaisent à Catherine de Médicis qui demande l?agrandissement du terrain en 1543 afin de construire une demeure de plaisance plus importante que le Louvre. Elle souhaite en outre s?inspirée de palais florentins comme le Palais Pitti ou Vecchio. En 1559, elle nomme Philibert de l?Orme Surintendant des Bâtiments Royaux et lui soumet en 1564 son projet.
Voici une vue dudit projet sur gravure et réalisé par Jacques 1er Androuet du Cerceau en 1576. D?abord un portrait présumé situé au même endroit que celle de jean Goujon :
(Ensuite, un excellent site qui répertorie tous les écrits de ce théoricien : http://www.cesr.univ-tours.fr/architectura/Traite/Notice/ENSBA_LES1592.asp)
On voit un vaste quadrilatère couvrant presque tout l?actuel jardin du Carroussel. Les façades sont peu élévées et scandées de 12 pavillons. Une grande cour centrale possède un portique au nord et au sud. Il y a aussi deux cours latérales et une salle elliptique au milieu. Mais la description ne correspond pas avec une réalité sans doute plus modeste?
Mais voilà que de L?Orme crache sa valda en 1570 et n?a pu réaliser qu?une partie de l?aile occidentale, à savoir le rez-de-chaussée du pavillon central décoré de colonnes ioniques à bracelets qui encadrent une porte en plein cintre. Il a presque entièrement terminé les ailes adjacentes munies sur le jardin d?une galerie surmontée d?une terrasse en arrière de laquelle se développait un attique.
C?est donc Jean Bullant, architecte du château d?Ecouen en 1555, qui prend la relève en achevant le pavillon central et les ailes. Il flanque l?aile sud d?un pavillon rectangulaire (sur l?actuelle aile Flore) à étage et attique avec un double tit aigus et fonde le pavillon Nord (Marsan).
Pavillon de Marsan :
Pavillon Flore :
Et le jardin dans tout ça ? Il était innovant et proposait une grande abondance de différentes plantations. Voici un plan du jardin conçu aussi par Jacques 1er Androuet du Cerceau :
Il formait un quadrilatère irrégulier de 500 mètres de long pour 300 mètres de large. Sa composition en damiers était coupée par des allées d?ormes, de sapins et de sycomores. De grands tapis de verdures s?alliaient à une quinconce de tilleuls, de pins et de cyprès. Un labyrinthe ornait le centre tandis que bassins et fontaines agrémentaient l?ensemble.
Mais la plus grande réussite était sans nul doute la merveille grotte qu?avait conçu le céramiste Bernard Palissy. Elle formait un cabinet de curiosité en forme de roches avec des lézards, des grenouilles, des fruits, des fleurs, des tortues et des coquillages, le tout émaillé avec une fosse remplie d?eau. Ce lieu original pour les spectacles n?existe plus. Cependant, des fragments nous sont parvenus :
Là s'arrête l'oeuvre des Valois aux Tuileries. En 1572 démarre une période sombre avec la Saint-Barthélémy...
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Avant de poursuivre, je voudrais corriger un passage dans la partie liée à Henri II : en effet, le nom de la salle de « la Diane chasseresse » n’est pas lié à Diane de Poitiers mais à une célèbre sculpture que vous verrez dans cette partie.
En outre, l‘ouvrage suivant, Vitruve, Architecture ou Art de bien bastir, de Marc Vitruve Pollion Autheur romain antique : mis de Latin en Francoys, par Jan Martin Secretaire de Monseigneur le Cardinal de Lenoncourt, Paris, Jacques Gazeau, 1547, « Jean Goujon au lecteur », présente des gravures d’époque des cariatides :
Revenons-en à nos moutons.
HENRI IV (1594-1610) ET LE GRAND DESSEIN
En tant que premier monarque de la dynastie des Bourbons, Henri a plus que besoin de légitimer son pouvoir et décide d’inscrire le Louvre dans un grand projet architectural et urbain, incluant les places (Dauphine, des Vosges) et le Pont-Neuf. Maintenant que la paix religieuse est établie, il s’agit de relancer l’économie, de redresser les finances publiques et donc de rénover le Paris médiéval.
Voici une vue générale des projets d’Henri avec des numéros :
Numéros 1 et 2: Le Pont-Neuf
Numéro 5 : Place Dauphine :
Numéros 6 à 8 : Louvre
Numéro 3 : Statue équestre du roi
Numéro 4: Collège des Quatre Nations
Une autre place réalisée sous Henri IV : La place des Vosges :
La dernière est un projet qui n’a pas abouti : Place de France :
Trois objectifs :
- Agrandir le palais de Lescot en quadruplant le nombre d’ailes après la démolitions des deux ailes médiévales subsistantes.
- Réunir le Louvre et les Tuileries pour former un grand ensemble palatial. Une question se pose dès lors : doit-on conserver l’enceinte de Charles V ?
- Les quartiers autour du Louvre sont très denses et empêchent tout agrandissement. Il faut donc lancer des projets d’expropriations et démolitions, qui ne sera pas exécuté avant le règne de Napoléon III.
Pour cela, que nous montrent les plans de l’époque ?
- Le premier, en image et réalisé en 1594-1595, montre une aile Lescot reportée et doublée au nord. La petite Galerie donne naissance à un grand corps de bâtiments qui prendra le nom de Grande Galerie. On y voit aussi la Cour Carré. C’est le projet du roi.
- Un autre plan (1603) montre la Grande Galerie longeant la Seine.
- Un troisième plan, une fresque de la Galerie des Cerfs à Fontainebleau (1603) représente la Cour Carré avec une reprise du modèle Lescot. La petite Galerie devient un véritable bâtiment à un étage et il n’y a plus aucune traces des quartiers aux alentours.
- Un dernier plan de 1610 met en avant la Petite et Grande Galerie ainsi qu’une jonction aux Tuileries, le tout formant un grand L. Le Petite Galerie est une sorte de « rotule » entre la Cour Carré et le Grande Galerie.
Voilà pour la théorie des projets royaux. L’architecte nommé pour mener ces travaux est Louis Métezeau. Malheureusement, suite à des problèmes budgétaires mis en avant par Sully, le vieux château ne sera pas quadruplé.
Le Petite Galerie : une galerie des rois et reines de France
Henri IV développe un programme d’aménagement d’un type de galerie à la française. Son projet consiste en l’accueil des portraits des rois et reines de France dont lui et son épouse, Marie de Médicis, constitueront l’aboutissement. Ces effigies seraient placées entre les fenêtres.
Les travaux, placés sous l’égide de l’architecte Pierre II de Chambiche, débutent entre 1566 et 1567 qui closent à l’ouest le jardin entre l’aile sud et le rempart longeant le quai. Les dessins servant au chantier sont ceux de Lescot et de l’Orme. Le portique proposé est une sorte de promontoire ouvert sur le jardin par douze arcades. Au final, cette galerie est reliée au Pavillon du Roy.
Durant l’hiver 1594-1595, elle est surélevée d’un étage avec une comble. Le rez-de-chaussée reste vierge de tout décor, contrairement au premier étage. Celui-ci s’avère être un lieu de passage et doit donc proposer des sujets empruntés à l’histoire de France entourés d’allégories, de devises et d’emblèmes. Des tapisseries sont en outre placées à l’entrée de cet étage.
Cette galerie de peintures de 60 mètres de long pour 9 mètres de large présente des peintures des rois depuis Pharamond (Saint Louis ?) à Henri IV. Les monarques sont placés à droite et les reines à gauche. Les voûtes compartimentées du plafond sont réalisées par Toussaint Dubreuil et sont illustrées de thèmes liés à Ovide, la Gigantomachie et l’Ancien Testament.
En 1661, un incendie ravage le galerie. Il ne nous reste que deux témoignages de cette espace.
Portrait de Marie de Médicis par Pourbus :
Portrait d’Henri IV par Jacob Bunel (1608) :
L’objectif de cette galerie a été de s’inscrire dans une continuité dynastique et instaurer un noyau de collection au rez-de-chaussée avec des statues antiques rapatriées de Fontainebleau. On veut y mettre les pièces dans un décor somptueux de marbres polychromes dans des niches. Un inventaire de cette collection a été conçue en 1602 dans lequel figure la « Diane chasseresse » :
La Grande Galerie : Janvier 1595- 1609
A l’origine, c’est à Catherine de Médicis que l’on doit cette conception. Une première mention de la galerie est faite dans une lettre datée du 9 mars 1565 où elle parle d’une réminiscence au long corridor qui unit les Offices de Florence au Palais Pitti. Le projet eu l’approbation de Charles IX. Mais rien ne fut réalisé.
Le souvenirs de la Journée des Barricades terminées par la fuite d’Henri III chassé par l’émeute qui déferlait aux portes du Louvre le 13 mai 1588 incita sans doute Henri IV à faire exécuter cette galerie de sécurité…
Ses dimensions sont imposantes : 442 mètres de long pour 9 mètres de large, 21 fenêtres. On utilise les fondations de l’ancien mur d’enceintre de Charles V. Le rez-de-chaussée acceuille des portraits tandis que le premier étage est réservé aux collections d’antiques. Les logements sont situés à l’entresol.
Voici une peinture d’Hubert Robert (1801) pour vous donner une idée de l’espace. Ne prêtez pas attention au reste, nous retrouverons cette peinture plus tard pour d’autres raisons ;)
Sa construction se fait en deux temps :
D’abord avec Louis Métezeau : Il conçoit la partie orientale depuis le vieux Louvre jusqu’au guichets, donc la motié de la Grande Galerie. Il s’agit d’un groupe de 5 travées en deux niveaux depuis la Petite Galerie jusqu’à un autre groupe à l’actuelle porte Lesdiguières. Au milieu est placé le guichet Saint-Thomas, actuelle porte Barbet de Jouy, qui ouvre au public en 1663.
Les groupes de 5 sont constitués de 5 fenêtres au rez-de-chaussée, d’une premier étage avec une alternance de trois niches et deux fenêtres encadrées de couples de pilastres cannelés coiffés de frontons droits. La façade du rez-de-chaussée est décorée de couples de piplatres cannelés à bossage verniculés (c’est-à-dire au sud de la partie centrale donnant sur le quai). L’entresol présente quant à lui des fenêtres rectangulaires.
A défaut d’une gravure d’époque, voici la partie de la Galerie en question (attention, toutefois, car elle a subit des modifications ultérieures donc ne prenez pas tout en compte sur l’image) :
Par contre, il existe des peintures du XVIIIème siècle qui montre à quoi ressemblait tout cela :
(en face du Louvre, l’Académie Française et au fond le Pont Neuf)
La seconde partie est réalisée par Jacques II Androuet du Cerceau, fils du précédent que nous avons vu pour les Tuileries. Il prit en charge la partie occidentale depuis le pavillon Lesdiguières jusqu’au gros pavillon de la rivière (Pavillon Flore) entre 1607 et 1610. Il place un ordre colossal, 28 travées, 14 avants-corps encadrés de pilatres jumelés, des frontons triangulaires et demi-circulaires reliés par une blasutrade et un second étage de fenêtres rectangulaires. L’aile Flore sera reconstruite sous Napoléon avec l’architecte Lefuel qui posera des combles très élevés hérissés de hautes cheminées.
En bref, deux architectes pour deux parties différentes qui évitent la monotonie et rend harmonieux la jonction avec les Tuileries.
Une fois achevé, Henri IV décide le 22 décembre 1608 de loger dans les entresols de sa galerie les meilleurs maîtres et ouvriers du projet comme Louis Métezeau. En outre, il leur confère des privilèges qui seront maintenus jusqu’à la Révolution.
Le 2 mars 1609, la Galerie est dallée.
Pour finir sur cette Galerie, quelques anecdotes amusantes : En 1606, l’étage supérieur sert de préau au jeune Louis XIII. Il s’y promène, les jours de pluie, dans un petit carosse tirés par des dogues. Le « Journal et registre particuliers » de jean Héroard, médecin du Dauphin, nous tiens quotidiennement au courant de l’emploi du temps de l’enfant. Ainsi, le vendredi 17 avril 1606, il nous dit que le dauphin « va en galerie où il court un renart avec les chiens du roi ». Il y voit même « courir un chameau que lui a donné Monsieur de Nevers ». En gros, il faut imaginer tout ça dans la partie qui reçoit les peintures italiennes et espagnoles, c’est drôle :P
Puis vient le drame du 14 mai 1610. Henri IV sera d’ailleurs le seul roi à rendre l’âme au Louvre. A partir de là, plusieurs opérations pré-inhumatoires s’enchaînent :
Ses entrailles sont placées à Saint-Denis et son c½ur au Collège des jésuites de la Flèche. 18 jours de messes basses et 6 grandes messes eurent lieu en mémoire du monarque. Le 10 juin de la même année, il est mis en bière dans la salle des Cariatides. Un lit d’honneur est placé sur le tribunal avec l’effigie du roi, un mannequin en osier avec des mains moulées à la cire. La bière est retirée le 21 juin avant que ne débute les funérailles officiels à Notre-Dame le 29 juin. Enfin (il serait temps !), le corps est inhumé à Saint-Denis le 1er juillet.
On retiendra donc de ce roi qu’il est le premier véritable inventeur du Grand Louvre.
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LE XVIIème siècle
LOUIS XIII (1610- 1643), LEMERCIER ET RICHELIEU
Le Roy :
Richelieu :
L’époque de ce monarque marque les débuts des premiers ralentissements du chantier avant qu’il ne soit abandonné sous le règne de son fils Louis XIV. La Cour carré est la seule partie conçue à cette période.
Le 27 avril 1624, Richelieu est promu « Chef du Conseil » et suggère le roi de poursuivre la réalisation du Grand Dessein d’Henri IV en commençant par quadrupler la cour du Louvre.
Le 5 janvier 1624 est déclarer officiellement les travaux à effectuer, rejoignant sensiblement l’acte du 15 mars 1528 de François 1er :
Tout d’abord, démolir la tour d’angle nord-ouest (Tour de la Librairie) et une partie de l’aile nord médiévale, puis prolonger vers le Nord l’aile Lescot en élevant un pavillon contre l’extrémité de celle-ci et en répétant au delà, dans le même alignement, l’aile Lescot.
Un concours est mis en place qui sera remporté par l’architecte Jacques Lemercier (v. 1585-1654), descendant d’une lignée de maître-maçon de Pontoise. Cet homme a déjà à son actif le Val-de-Grâce et la Sorbonne.
En 1630 débute la restauration de la Salle des Cariatides où l’on remplace le plafond en bois par une voûte surbaissée en pierre.
Le plus gros ½uvre de Lemercier est sans conteste l’aile et le pavillon Occidental : On y trouve un soucis d’intégrer le pavillon de l’Horloge à l’½uvre de Lescot avec des pleins cintres, des colonnes encadrant les ouvertures, des ½il-de-b½uf au niveau des impostes, des sculptures à l’attique, des arcades du Rez-de-Chaussée et des baies rectangulaires.
Voici une image d’ensemble dudit pavillon, pris en photo au XIXème siècle :
Ce pavillon est une ½uvre très originale avec ses grandes baies cintrées au dernier étage. Le vestibule du rez-de-chaussée est divisé par des colonnes accouplées en nefs inégales imposant une arcade médiane un peu plus large tandis qu’à l’étage se trouve une baie disproportionnée à cette arcade et cintrée. La partie supérieure est d’ordre baroque avec trois baies flanquées de couples de cariatides par Jacques Sarrazin. Au-dessus est placé un immense fronton où se superposent trois tracés dont un demi-circulaire et ornées de deux renommées couchées sur les rampants du petit fronton droit.
Ce « dôme français » à plan carré qui, surchargées d’ornements en plomb au Second Empire, accentue avec ses hautes cheminées une impression grandiose. On le nomme à l’époque Pavillon du Milieu ou Gros Pavillon avant de devenir Pavillon de l’Horloge en 1806. Ce morceau d’architecture aura un impact dans les travaux de Le Vau pour les Tuileries ainsi que chez Lefuel et Visconti pour le pavillon de la cour de Napoléon ainsi que la restauration des Pavillon Marsan et Flore…
La décoration de la Grande Galerie :
En 1638, Lemercier s’engage dans ce travail en effectuant une voûte avec des compartiments en stuc rectangulaires ou circulaires.
La même année, Richelieu demande à Sublet des Noyers, surintendant des bâtiments royaux, d’effectuer une commande de fresque à un grand artiste pour décorer ce gigantesque intérieur.
Selon Sublet, il faudrait plutôt une équipe. Richelieu accepte et incite vivement Poussin à venir.
En mars 1641, Poussin est chargé par Sublet de la direction des programmes mais refuse de faire des effigies de rois et de reines et souhaite s’inspirer pour le décor et la retombée des voûtes de reliefs antiques et de la colonne Trajan, le tout sur un fond thématique lié à Hercule. Il ne nous reste strictement rien de ces décors… Entretemps, Louis XIII le surchargea de travaux divers empêchant l’artiste de mener à bien sa grande entreprise.
Dégoûté, Poussin jette l’éponge dans une lettre du 20 septembre 1641 : « J’ai fait commencer sur mes dessins les stucs et les peintures de la Grande Galerie, mais avec peu de satisfaction pour moi, parce que je ne trouve personne qui seconde un peu ma pensée, bien que je fasse les dessins en grand et en petit ». Il en profite pour critiquer violemment Lermercier : « l’abaissement de la voûte qui semblait tomber, l’extrême froideur de la composition, l’aspect mélancolique, pauvre et sec de l’ensemble »… Visiblement, le cadre ne l’inspirait guère.
Et comme ça ne suffisait pas, voilà que l’artiste eut maille à partie avec le peintre paysagiste Boron Fouquières, jaloux de sa notoriété et vexé de n’avoir obtenu que la commande des trumeaux de la Galerie. Lassé par ces cabales de ses rivaux, Poussin cherche le premier prétexte pour regagner Rome en novembre 1642. Il laissait quelques ébauches de l’histoire d’hercule peintes en grisailles.
Les malheurs n’arrivant jamais seuls, voilà que Richelieu décède l’année du départ de Poussin. Cette fois, le projet de la Grande Galerie est bel et bien abandonnée.
Un an plus tard, c’est au tour du Roi de rendre l’âme, laissant derrière lui une grosse impression d’inachèvement.
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REGENCE D’ANNE D’AUTRICHE (1643-1661) ET MAZARIN
C’est une période de troubles où les finances suivent difficilement pour poursuivre le Grand Dessein.
De 1648 à 1652, la cour quitte paris pour se mettre à l’abri de la Fronde. De retour sur la capitale, le Louvre présente l’image d’un ensemble ayant mal vieilli et inachevé, encore en partie médiévale et flanqué d’un chantier à l’abandon. La régente décide donc de s’installer au Palais Cardinal, futur Palais Royal légué à la Couronne par Richelieu et qui, avec ses appartements, se galerie et son théâtre était d’un séjour plus agréable que le Louvre qu’il faut reconsidérer…
Mazarin succède à Richelieu. Grand collectionneur et amateur d’art, il souhaite réaffirmer la puissance royale au sein de Paris.
Entre 1653 et 1655, la régente fait aménager les appartements de Marie de Médicis dans l’aile méridionale dite de la Rivière en suivant les dessins de Lemercier. Il n’en subsiste aujourd’hui plus rien. Elle leur trouva l’inconvénient d’être mal protéger des ardeurs caniculaires et souhaite donc un autre pour l’été au Louvre. Entre-temps, Lemercier décède en 1654.
De 1655 à 1658 est mise en place la politique de réaménagement du rez-de-chaussée de la petite Galerie pour y installer les appartements d’été de la Régente. Louis le Vau s’occupe de la tâche et tranche avec les bâtiments de la Renaissance. L’ensemble se compose d’une enfilade de six pièces avec une rotonde au nord qui les articule avec la cour carré (salle des antiquités romaines). De vastes programmes décoratifs sont mis en ½uvre sur les plafonds peints par Francesco Romanelli. Les stucs blancs et or sont de Michel Anguier. Quant aux hauts-reliefs monumentaux, ils figurent des atlantes encadrant les ½uvres de Romanelli. Chaque pièce reçoit un décor différent. Ainsi, nous avons, du nord au sud :
Louis Le Vau :
Salle 27 des antiquités romaines, ancienne pièce d’été des appartements de la régente :
La rotonde de Mars qui forme un lien avec les appartements d’hiver. Elle sera re-décorée au XIXème siècle :
Salon ou Salle du Mécène re-décorée au XIXème siècle.
Antichambre de la Reine (Salle des Saisons) avec sa voûte décorées de l’histoire d’Apollon et Diane.
Vestibule ou Salon de la Paix : Cette pièce est située entre le côté jardin et le côté cour de la reine. On y signa entre autres le Traité des Pyrénées en 1659 dans lequel l’Espagne cède à la France le Roussillon, l’Artois, les Gravelines et Thionville. Le salon servit également de lieu où fut décidé le mariage entre Louis XIV et l’infante Marie-Thérèse.
Cabinet de la reine dites Salle des Sévères : Les décores tournent autour de thèmes vertueux comme l’enlèvement des Sabines et la continence de Scipion.
Chambre à Coucher dites Salle des Antonins.
Petit cabinet sur l’eau : Cette salle s’ouvre sur la seine et se réunie à la précédente pour former un tout. Elle disparue sous le Consulat mais le Louvre et Compiègne conserve quelques scènes du décor narrant l’histoire de Moïse qui était encastrées dans les lambris.
Au final, on découvre en germe dans ces décors les futurs grands thèmes de l’art sous Louis XIV (armes, état, guerre) glorifiant le roi et exprimant son pouvoir autoritaire. Celui-ci prend le pouvoir, un an avant la mort de Mazarin.
Une partie du Louvre en 1660 :
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LOUIS XIV (1643-1715), COLBERT, LE VAU ET LE BRUN
Cette fois, on commence à rétablir les finances royales, et il était temps car on la cour se sent à l’étroit dans le palais… et Mazarin qui n’hésite pas à conseiller Louis XIV de reprendre le Grand Dessein d’Henri IV.
Le Vau entre dans le ballet et lance un projet d’envergure :
L’architecte prévoit l’achèvement de la cour carré avec une ouverture de l’aile sud reliant les deux rives de la Seine par le pont de la Paix au Collège des 4 Nations (voire premier plan) et futur Institut de France. Un projet urbain de grande ampleur mais hélas réalisé qu’au… XIXème siècle
En 1664, Colbert est nommé Surintendant des Bâtiments du Roi et reprend le projet de Mazarin : il stoppe les travaux de Le Vau et souhaite achever l’aile des Tuileries avec le grand pavillon central et les jardins de Le Nôtre. L’objectif est simple : il faut aménager le palais afin que la cour ne quitte pas le Louvre !
Colbert peint par Champaigne :
On reprend aussi une idée des Bourbons à savoir l’entrée à l’est avec une grande place royale (projet jamais réalisé). Une consultation d’architectes français est entreprise mais personne n’est retenu.
Puis, on pense à l’italien Le Bernin :
Colbert entre en contact avec lui après avoir vu ses impressionnants travaux comme la Colonnade de Saint-Pierre du Vatican dont voici une image :
Trois projets sont présentés mais inégaux par rapport aux parties construites car s’intégrant mal au Louvre qui se fait de plus en plus hétérogène.
En voici un :
En 1665, le roi fait venir Le Bernin. Ce dernier voulait séparer le Louvre au plan en croix grecque des Tuileries mais sera sévèrement jugé par Colbert :
La Colonnade (1667/1670 – 1821)
Projet du Bernin (refusé) :
Projet d’Orbay en 1667 :
Vue d’ensemble la même année :
En 1666, Colbert réunit Le Vau, Perrault et Le Brun autour d’un projet dessiné par François d’Orbay pour installer les appartements du roi au premier étage et ouvrant sur le péristyle de la Colonnade. Mais cette opération s’avère extrêmement onéreuse pour l’usage qui en sera fait. Il est alors décidé de doubler l’aile sud de la Rivière. En outre est achevé la jonction de l’aile des Tuileries avec le Pavillon Flore.
La colonnade aujourd’hui sur des plans de 1668 :
ARF, J'AI ATTEINT L'ULTIME FRONTIERE DU POST :mdr: ... la suite de Louis XIV en page 2 ;)
L'histoire du Musée du Louvre.
Nous allons la découper par grandes périodes pour que la clarté prédomine dans ce récit qui couvre près d'un millénaire.
MOYEN-AGE
PHILIPPE-AUGUSTE
Tout commence au XIIème siècle. Phillipe-Auguste décide de partir guerroyer en terre sainte. Avant de quitter la capitale royale, il érige entre 1190 et 1202 une enceinte défensive pour se prémunir d'une éventuelle attaque de ses ennemis, les Plantagenêts. D'une hauteur de neuf mètres, l'enceinte formait un trapèze de 2,8 kms avec des tourelles et quatre portes fortifiées. A l'intérieur de cette limite se trouve une tour massive pour se protéger et formant une possibilité de fuite vers le sud par la Seine. Des fouilles établies lors des Grands Travaux entre 1984 et 1985 ont permis de mettre à jour au niveau de la Cour Carré les fondations de cette architecture. Elle mesurait sans doute 31 mètres de haut et servait d'entrepôt d'armes, de vivres, d'archives, de trésor monétaire et de prison. Sa destruction remonte à 1528 lorsque François 1er décide re réaménager le lieu.
On compte une dizaine de tours réparties aux alentours de l'île de la Cité. Elles servaient d'arsenal, de forteresses ou de prisons. Une première mention historique est faite par Henri Sauval en 1670 dans son "Histoire des Antiquités". Des cartes sur les vestiges restant de l'enceinte sont disponibles à cette adresse (rive droite) : http://www.philippe-auguste.com/mur/plans_photos/plan_actuel-rive-droite.html
La photo suivante présente la Rue du Louvre, face à la bourse de commerce, où ont été mis à jour au pied d'un pan de mur circulaire les fondements d'une tour de la muraille.En l'absence d'informations officielles, il nous est difficile d'identifier l'usage du tronçon circulaire intérieurement tangeant à la tour que l'on voit sur la photo ci-contre. Les travaux de déblaiement datent d'octobre 2003.
Au Second Empire, des fouilles on dégagé en partie le circuit médiéval (cf. carte rive droite et gauche).
SAINT LOUIS
La seule chose qui nous reste de son règne est la salle éponyme, construite entre 1230 et 1240. Elle se situe dans l'aile Ouest sous la salle des Cariatides. Formée de deux nefs à trois travées, elle servait de salle de garde sans réelle certitude. Unique témoignage médiéval encore intact, son plafond présente des voûtes d'arpetes tandis que les chapiteaux sont à décor de fruits et de fleurs. Tout ceci est remis à jour sous le Second Empire.
CHARLES V, l'"architecteur" - 1364-1380
Il demeure celui qui donna véritablement forme au primo-louvre. Second monarque de la dynastie des Valois (jean le Bon était son père), il projete une vision moins défensive pour faire du Louvre sa résidence et l'expression des qualités artistiques de son règne. Le pouvoir est alors centralisé sur Paris.
En 1360, Raymond du Temple, "sergent d'armes et maçon du Roy", devient le premier maître d'oeuvre connu concernant le Louvre ! Les travaux de réaménagement durent dix ans. En 1364, un prolongement au rempart de Philippe-Auguste est effectué.
La connaissance d'une seconde enceinte ne remonte qu'en 1991 lorsqu'elle est mise à jour lors des travaux de la Grande Pyramide et montre qu'elle englobait le donjon sans visée défensive : elle était consituée de résidences décorées de tourelles et de terrasses.
Un album photo est disponible ici : http://www.galerie.roi-president.com/album-35-louvre+medieval+photos+des+soubassements+de+l+ancienne+forteresse+du+louvre.html
En 1365, Raymond du Temple construit au Nord du donjon un château contenant les appartements royaux au premier et second étages de l'aile Nord (côté rue de Rivoli) et désservis par un grand escalier à vis hélicoïdal, nommé la "Grande Vis".
Voici Le Louvre au XVe siècle dans les miniatures des Très Riches heures du duc de Berry :
Le Louvre efface peu à peu son caractère défensif et une ouverture du château se fait au sud et à l'est de la ville. Les toits étaient en ardoise à double pente et percés de lucarnes. Au revers des créneaux se trouvait un promenoir dominé par de hautes et multiples cheminées. Un Historien, Louis Hautecoeur, parlait de "joyeux et pittoresques hérissements". La Tour de la Fauconnerie servait de chambre à la reine.
La résidence était somptueuse avec des cheminées de cinq mètres de large, des murs lambrissés peints en rouge et piqués de rosettes en étain ou tendus de draps d'or, de cuir, de velours ou de tapisseries.
L'entrée Est présentait les effigies sculptées de Charles V et Jeanne de Bourbon accueillant les visiteurs. Elles sont aujourd'hui conservées dans une salle du musée :
D'autres oeuvres de l'époque montre le Louvre de Charles V :
- Pieta de Saint-Germain des Prés (1410-Louvre) : la palais est vu du côté de la rive gauche avec la Tour du Coin
- Grand retable du Parlement de Paris (1475) où l'on voit les façades Sud et est accolées à des hôtels particuliers.
Cette période est marquée par un essor artistique exceptionnel. Légitimer son pouvoir et pérenisser son règne sont devenus des mots d'ordre pour les commandes royales aux artisants parisiens. c'est le cas des statues vues plus haut mais aussi d'un sceptre dit de Charles V qui fut comme offert comme regalia à Saint Denis en 1380 :
(superbe, non ?)
Il y a aussi le Parement dit de Narbonne conçu par Jean Pucelle, enlumineur de Charles V. On voit justement sur les côtés le roi et la reine dans une position de prière :
Charles V se constitue donc une collection de curiosités, en amateur d'ouvrages et d'enluminures qu'il était. En 1367, il transfère ses livres au Palais de la Cité au Louvre et importe une bibliothèque sur trois étages de 917 volumes à la Tour de la fauconnerie (actule Pavillon de l'Horloge au niveau de la Cour Carré). Son cabinet comptait en outre près de 3106 objets d'art ! Un inventaire de ses biens est effectué entre 1380 et 1411 et porte les signes avant-coureur de la vocation muséale du Louvre...
XVème SIECLE
Nous sommes en pleine guerre de Cent Ans (1337-1453) marqué par la mort de Charles V, remplacé au pied levé par Charles VI qui reste au Louvre. On ne sait pas grand-chose de cette période hormi le fait que Manuel Paléologue, empereur byzantin d'Orient, est reçu au palais en 1400. En 1420 est signé le traité de Troyes qui livre le royaume à l'anglais et marque la déchéance de la merveilleuse demeure gothique. En 1435, elle devient une prison.
Un an plus tard, Charles VII délivre Paris mais la cour décide peu après de fuir la capitale et une méfiance croissante de la royauté à l'égard de cette cité s'installe...
***
FRANCOIS 1ER : 1515-1547
François Ier en déité [vers 1545]. Département des Estampes et de la Photographie. Parchemin collé sur un panneau de chêne :
En 1526, le roi sort de six mois de détention au Château de Madrid (jadis à Neuilly-sur-Seine) par Charles Quint. Il décide alors de concilier la fidélité des parisiens et leur concours financier pour traverser d'importantes crises.
Puis une lettre est adressé aux Echevins de Paris le 15 mars 1528 dans laquelle est marqué le choix de réinvestir le Louvre comme résidence royale. Des réparations et une remise au goût du jour est donc à prévoir. En outre, le roi ambulant du val de Loire souhaite faire du palais "un lieu commode".
La même année, il fallu quatre mois pour détruire le donjon féodal pour l'équipe de Jean-aux-Boeufs, couvreur ordinaire du Roy. Cette grosse tour, encombrante et inesthétique, évoquait de mauvais souvenirs pour l'ancien prisonnier de Madrid. Une telle masse oppressive d'une époque révolue devait disparaître du paysage...
Afin de donner une unité et une cohésion à l'administration du royaume, une décision politique fait de la capitale le centre du pouvoir. Mais le roi, éternel lunatique, se détourne du Louvre et ne perd pas de temps à jeter son dévolû sur un long projet : celui d'installer sa résidence à Chambord. Quel blagueur ce François ! Les ouvriers devaient être contents d'apprendre une telle nouvelle... Mais le chantier du Louvre n'avorte pas pour autant.
En 1530 est construit un quai de 40 mètres de long et partant de la Tour du Coin jusqu'à l'actuel pont du Carroussel et les Tuileries. Parlons un peu des Tuileries. En 1519, fut édifiée une maison sur le lieu-dit les Tuileries (une fabrique de tuiles établie au XIIIème siècle) pour la mère de françois, Louise de Savoie.
En 1531, a lieu le second mariage de François avec Eléonore d'Autriche, fille de ... Charles-Quint ! Quel taquin ce François !
Le 20 janvier 1540, Charles Quint effectue une viisite à Paris. Mais où loger ce monarque puissant ? On décide alors de la placer dans le Louvre de Charles V, qui est en piteux état. Pour masquer la misère des lieux, ce farceur de François décide d'embellir les murs avec des décors éphémères en trompe l'oeil pour l'occasion : vitres peintes, moulures, frises, faux piliers, bref tout ce qui pourrait camoufler les structures gothiques. Un parcours est même préparé pour décorer le parcours de Charles-Quint avec des tentures également en trompe-l'oeil...
Le 2 août 1546, on décide pour de bon d'édifier le château au Louvre. L'architecte Lescot en est le mâitre-d'oeuvre. Mais un an plus tard, le roi meurt, laissant un projet en suspend concernant un corps d'hostel sur l'aile ouest de l'actuelle Cour Carré.
FONTAINEBLEAU : 1530's-1540's
Vous allez me dire : "mais quel rapport avec le Louvre ?" ... Eh bien tout simplement parce que ce lieu abrita le noyau des collections du Louvre, plus particulièrement concernant les peintures.
François 1er fit du château de cette région boisée sa "Nouvelle Rome" et installa des galeries de collections d'oeuvres d'art. Il s'inscrit ainsi dans la tradition du souverain mécène à l'italienne (Médicis) ou à l'autrichienne (Habsbourg).
Le lieu le plus notoire de ce lieu est la Galerie François 1er située au premier étage :
Celle-ci fut décorée par des artistes italiens spécialement venus pour ce travail en France. Rosso, Le Primatice et Fiorentino ont réalisé un ensemble de dédicaces à la gloire du roià travers un cycle mythologique.
Au-dessus se trouve la bibliothèque et le cabinet de curiosités. Le pape Léon X offra ainsi des toiles de Raphaël (qu'il lui avait commandé en 1518) à François. Sacré veinard que ce François ! Voici les tableaux en question :
- Saint Michel terrassant le dragon :
- Sainte Marguerite :
- La sainte Famille avec Elisabeth, le petit jean-Baptiste et deux anges :
- Portrait de Dona Isabel de Requesens, vice-reine de Naples (1500-1577) :
- La Vierge à l'Enfant avec Jean-Baptiste, dite "La Belle Jardinière" :
D'autres toiles s'ajouteront à ce festin chromatique :
- La Charité d'Andrea del Sarto (1518) :
- La Vierge aux anges du même artiste (1516) :
Puis arrivent les "trésors" : Léonard de Vinci fait un séjour à Fontainebleau de 1516 à 1519. Louis XII, monarque ayant précédé François, possédait des toiles de cet artiste.
- La Vierges aux rochers :
- La Dame de Milan ou la "Belle Ferronière" (je plussoie :P) :
- La Joconde : bon là, pas besoin d'image je pense :P
François acquiert à son retour d'un voyage en Italie le "Bacchus" :
Puis, gourmand qu'il est, François réclame des oeuvres de Michel-Ange. En 1546, il reçoit un don des Strozzi de deux sculptures qui arriveront en France en 1550. Les deux esclaves (copies au Château d'Ecouen) ont servi de modèles préparatoires pour le tombeau de Jules II à Rome.
- Esclave rebelle :
- Esclave mourrant :
(ne salivez pas trop sur votre clavier mesdames :P)
Il reçoit également des copies et des moulages d'oeuvres originales :
- Nymphe de Fontainebleau de Benvenuto Cellini :
Ou bien des reprises du thème du nu à l'antique :
- Vénus Génitrix, Ier siècle, copie d'original du IIème siècle avant notre ère :
- Le tireur d'épine du Primatice, copie du Vème siècle de Callimaque (?) : (pas d'image :oo:)
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HENRI II (1547-1559) ET PIERRE LESCOT
Nous restons dans la branche des Valois avec ce monarque qui épouse Marie de Médicis. Il reprend le projet de reconstruction du Louvre conçu sous François 1er, un sacré glandeur au passage :P ... Le roi choisit pour l'aider dans cette tâche Pierre Lescot, fils d'un procureur du roi et ami de Ronsard. C'est aussi un homme de sciences et d'art. Les travaux se déroulent entre 1546 et 1556. Un autre personnage important intègre l'équipe : Jean Goujon, sculpteur, qui prend en charge la décoration de la façade dite de Lescot entre 1553 et 1555.
Voici le projet dessiné par Lescot suivi du plan de l'aile :
De décembre 1546 à mars 1549 a lieu la démolition de l'aile ouest de Philippe-Auguste pour y mettre une aile avec une élévation du rez-de-chaussée séparée en deux par un escalier et qui correspond à la Salle Basse au Nord et la Chambre au Sud. Son plan en U permet d'obtenir un grand corps ouvert à l'est avec deux ailes en retour.
Le 10 juillet 1549, le projet initial est modifié sur ordre du roi qui souhaite que la Salle Basse occupe tout le rez-de-chaussée et que l'escalier soit rejeté au Nord de l'aile tandis que la chambre doit se trouver à l'extrêmité sud. Enfin, la Salle de Bal dite Basse était trop longue pour sa largeur et il a fallu la réduire d'un cinquième, devenant ains la fameuse salle des Cariatides :
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Voici une plan de Paris datant de 1538 afin de vous mettre dans l?ambiance de l?époque ;)
Alors, où en étions-nous ? Ah oui, Henri II?
En 1553 est ordonné la démolition de l'aile méridionale et la tour d?angle sud-ouest pour y mettre le pavillon du roi
De son côté, l?aile ouest est surélevée d?un second étage ou attique avec des toits à combles. Trois ordres (dorique, ionique, corinthien) et trois avant-corps évitent toute monotonie. Par ailleurs, sont adjoints des pilastres à chapiteaux corinthien tandis que le premier étage reçoit une alternance de frontons triangulaires et demi-circulaires. Le plan général était vu à l?époque comme étant « le parangon de l?architecture française ». Cette aile influencera en effet les transformations et les extensions du palais pendant trois siècles notamment avec les ouvrages de Mercier et le vau. Mais ne brûlons pas les étapes, nous reparlerons d?eux très prochainement.
Revenons maintenant à un autre acteur majeur de l?époque : Jean Goujon, dont voici un portrait présumé du sculpteur sur la façade de l?Hôtel de Ville à Paris.
La façade Lescot
Qu?a t-il donc conçu ? Tout d?abord la décoration de la façade Lescot côté Cour Carré :
C?est une abondance mesurée à laquelle nous avons affaire avec des bas-reliefs à l?antique taillées à fleur de pierre. Des figures féminines sont voilées de tuniques arachnéennes et adoptant des attitudes maniérées (concept normal pour une époque dite maniériste). Les fenêtres dites en ?il-de-b?uf occupent le dessus des portes des avants-corps tandis qu?un entablement présente une frise de putti et de guirlandes. Les femmes situées au rez-de-chaussées représentent des symboles : Histoire, Science, Renommée royale, Gloire. Enfin, une note de prestige militaire est ajoutée avec le fronton central de l?attique des avants-corps qui est marqué du chiffre d?Henri II soutenu par deux génies ailés. Inutile de vous dire que tout ce décor est une volonté manifeste d?exalter la majesté du souverain.
L?Escalier Henri II
Entrons à présent dans cette aile. La première pièce-d??uvre majeure est le Grand Escalier Henri II. A défaut d?une photo, voici une peinture d?Ingres exécutée en 1814 et présentant Don Pedro de Tolède, ambassadeur d?Espagne auprès de Philippe II, en train de baiser l?épée d?Henri IV :
Sachez qu?il s?agit du plus vieil escalier du Louvre encore debout. Réalisé en 1551, il sera prolongé quatre ans plus tard au second étage. Les voûtes rampantes des volées droites sont ornées de caissons avec des thèmes liées à la chasse en hommage à la maîtresse du roi (on devine donc que Catherine ne devait pas être un coup au lit :P), la sulfureuse Diane de Poitiers.
Elle est accompagnée de chiens, cerfs, biches, faunes et faunesses. Le plafond des paliers présente quant à lui des médaillons cantonnés de rosaces, des bambins, des tritons et Eros.
La Salle Basse
Dirigeons nous maintenant vers la Salle Basse dite du Bal (actuelle salle des cariatides) qui présente au-dessus de son entrée un écusson royal entouré de guirlandes de fleurs et de groupes d?enfants.
Aménagée en 1546, son atout est les quatre femmes qui font office de colonnes, les cariatides. Elles soutiennent la tribune des musiciens et servait de salle de réception lors des bals. Le modèle des figures a été fait d?après un moulage à l?antique choisi par Lescot. Endommagée au XVIIème siècle, les cariatides seront dissimulées par un théâtre sous Louis XIV avant qu?une hâtive restauration se penche sur leur cas en 1796. La renommée ce ces femmes est si grande qu?elle servit de modèles à des ?uvres diverses dont le tribune de Percier et Fontaine sous Napoléon (le premier qui me sort bataille se mange une torgniole), mais aussi la toile « Paris et Hélène » de David en 1788 :
Appelée également « Salle de Diane Chasseresse » (on voit qu?Henri était aux petits soins pour elle :P), elle sera inaugurée le 19 avril 1558 lors des noces du dauphin François avec Marie Stuart d?Ecosse.
Enfin, elle servira de réserves pour les collections royales antiques entre 1692 et 1793.
Face aux Cariatides se dresse le tribunal qui est un véritable petit monument d?architecture, moitié baldaquin, moitié arc de triomphe.
Une grande partie de la décoration de cette salle a disparue. Les comptes des Bâtiments du roi nous mentionne néanmoins qu?il y avait des poutres apparentes soutenues par des corbeaux ornés de masques de faunes et le tout doré. Deux bandes peintes sous le plafond ceinturaient la salle, l?une simulant la poutre, l?autre blanche et or. Des bandes festonnées de guirlandes de lierres étaient nouées de liens d?or avec le chiffre d?Henri II uni aux « croissants couronnez » de Catherine.
Au-dessus du tribunal se trouvait l?Antichambre du Roi et servant actuellement à exposer le trésor de Boscoréale. On y faisait patienter les solliciteurs et servait aussi de lieu pour les fêtes.
Il y a aussi la Salle des Gardes, la salle de parade mais comme je n?ai pas d?images, je ne vais pas m?y attarder.
Au final, cette période marque le début de la destruction progressive du Louvre médiéval?
HENRI III 1559-1589
Dernier roi de la branche des Valois, il aura fait peu de choses pour le palais.
A la fin de son règne, le Louvre est intégré au coeur de la capitale, permettant ainsi d?intensifier une activité commerciale des quartiers avoisinants.
De 1569 à 1574 est construit la Petite Galerie qui abrite la plafond d?Apollon dont nous reparlerons plus loin. C?est une aile ayant émergée perpendiculairement à la Seine (pas loin du pont des arts) depuis l?aile Lescot et buttant sur l?enceinte de Charles V. Un mariage y sera célébré en 1570, à savoir celui d?Elisabeth d?Autriche avec Charles IX, frère d?Henri III et fils de Catherine de Médicis. Deux ans plus tard, l?attique de cette galerie accueillera Henri de Navarre et le reine Margot.
Les Tuileries
S?il y a bien une chose qui a pu évoluer, ce sont bien les jardins du palais. Situé en dehors de l?enceinte médiévale, les Tuileries plaisent à Catherine de Médicis qui demande l?agrandissement du terrain en 1543 afin de construire une demeure de plaisance plus importante que le Louvre. Elle souhaite en outre s?inspirée de palais florentins comme le Palais Pitti ou Vecchio. En 1559, elle nomme Philibert de l?Orme Surintendant des Bâtiments Royaux et lui soumet en 1564 son projet.
Voici une vue dudit projet sur gravure et réalisé par Jacques 1er Androuet du Cerceau en 1576. D?abord un portrait présumé situé au même endroit que celle de jean Goujon :
(Ensuite, un excellent site qui répertorie tous les écrits de ce théoricien : http://www.cesr.univ-tours.fr/architectura/Traite/Notice/ENSBA_LES1592.asp)
On voit un vaste quadrilatère couvrant presque tout l?actuel jardin du Carroussel. Les façades sont peu élévées et scandées de 12 pavillons. Une grande cour centrale possède un portique au nord et au sud. Il y a aussi deux cours latérales et une salle elliptique au milieu. Mais la description ne correspond pas avec une réalité sans doute plus modeste?
Mais voilà que de L?Orme crache sa valda en 1570 et n?a pu réaliser qu?une partie de l?aile occidentale, à savoir le rez-de-chaussée du pavillon central décoré de colonnes ioniques à bracelets qui encadrent une porte en plein cintre. Il a presque entièrement terminé les ailes adjacentes munies sur le jardin d?une galerie surmontée d?une terrasse en arrière de laquelle se développait un attique.
C?est donc Jean Bullant, architecte du château d?Ecouen en 1555, qui prend la relève en achevant le pavillon central et les ailes. Il flanque l?aile sud d?un pavillon rectangulaire (sur l?actuelle aile Flore) à étage et attique avec un double tit aigus et fonde le pavillon Nord (Marsan).
Pavillon de Marsan :
Pavillon Flore :
Et le jardin dans tout ça ? Il était innovant et proposait une grande abondance de différentes plantations. Voici un plan du jardin conçu aussi par Jacques 1er Androuet du Cerceau :
Il formait un quadrilatère irrégulier de 500 mètres de long pour 300 mètres de large. Sa composition en damiers était coupée par des allées d?ormes, de sapins et de sycomores. De grands tapis de verdures s?alliaient à une quinconce de tilleuls, de pins et de cyprès. Un labyrinthe ornait le centre tandis que bassins et fontaines agrémentaient l?ensemble.
Mais la plus grande réussite était sans nul doute la merveille grotte qu?avait conçu le céramiste Bernard Palissy. Elle formait un cabinet de curiosité en forme de roches avec des lézards, des grenouilles, des fruits, des fleurs, des tortues et des coquillages, le tout émaillé avec une fosse remplie d?eau. Ce lieu original pour les spectacles n?existe plus. Cependant, des fragments nous sont parvenus :
Là s'arrête l'oeuvre des Valois aux Tuileries. En 1572 démarre une période sombre avec la Saint-Barthélémy...
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Avant de poursuivre, je voudrais corriger un passage dans la partie liée à Henri II : en effet, le nom de la salle de « la Diane chasseresse » n’est pas lié à Diane de Poitiers mais à une célèbre sculpture que vous verrez dans cette partie.
En outre, l‘ouvrage suivant, Vitruve, Architecture ou Art de bien bastir, de Marc Vitruve Pollion Autheur romain antique : mis de Latin en Francoys, par Jan Martin Secretaire de Monseigneur le Cardinal de Lenoncourt, Paris, Jacques Gazeau, 1547, « Jean Goujon au lecteur », présente des gravures d’époque des cariatides :
Revenons-en à nos moutons.
HENRI IV (1594-1610) ET LE GRAND DESSEIN
En tant que premier monarque de la dynastie des Bourbons, Henri a plus que besoin de légitimer son pouvoir et décide d’inscrire le Louvre dans un grand projet architectural et urbain, incluant les places (Dauphine, des Vosges) et le Pont-Neuf. Maintenant que la paix religieuse est établie, il s’agit de relancer l’économie, de redresser les finances publiques et donc de rénover le Paris médiéval.
Voici une vue générale des projets d’Henri avec des numéros :
Numéros 1 et 2: Le Pont-Neuf
Numéro 5 : Place Dauphine :
Numéros 6 à 8 : Louvre
Numéro 3 : Statue équestre du roi
Numéro 4: Collège des Quatre Nations
Une autre place réalisée sous Henri IV : La place des Vosges :
La dernière est un projet qui n’a pas abouti : Place de France :
Trois objectifs :
- Agrandir le palais de Lescot en quadruplant le nombre d’ailes après la démolitions des deux ailes médiévales subsistantes.
- Réunir le Louvre et les Tuileries pour former un grand ensemble palatial. Une question se pose dès lors : doit-on conserver l’enceinte de Charles V ?
- Les quartiers autour du Louvre sont très denses et empêchent tout agrandissement. Il faut donc lancer des projets d’expropriations et démolitions, qui ne sera pas exécuté avant le règne de Napoléon III.
Pour cela, que nous montrent les plans de l’époque ?
- Le premier, en image et réalisé en 1594-1595, montre une aile Lescot reportée et doublée au nord. La petite Galerie donne naissance à un grand corps de bâtiments qui prendra le nom de Grande Galerie. On y voit aussi la Cour Carré. C’est le projet du roi.
- Un autre plan (1603) montre la Grande Galerie longeant la Seine.
- Un troisième plan, une fresque de la Galerie des Cerfs à Fontainebleau (1603) représente la Cour Carré avec une reprise du modèle Lescot. La petite Galerie devient un véritable bâtiment à un étage et il n’y a plus aucune traces des quartiers aux alentours.
- Un dernier plan de 1610 met en avant la Petite et Grande Galerie ainsi qu’une jonction aux Tuileries, le tout formant un grand L. Le Petite Galerie est une sorte de « rotule » entre la Cour Carré et le Grande Galerie.
Voilà pour la théorie des projets royaux. L’architecte nommé pour mener ces travaux est Louis Métezeau. Malheureusement, suite à des problèmes budgétaires mis en avant par Sully, le vieux château ne sera pas quadruplé.
Le Petite Galerie : une galerie des rois et reines de France
Henri IV développe un programme d’aménagement d’un type de galerie à la française. Son projet consiste en l’accueil des portraits des rois et reines de France dont lui et son épouse, Marie de Médicis, constitueront l’aboutissement. Ces effigies seraient placées entre les fenêtres.
Les travaux, placés sous l’égide de l’architecte Pierre II de Chambiche, débutent entre 1566 et 1567 qui closent à l’ouest le jardin entre l’aile sud et le rempart longeant le quai. Les dessins servant au chantier sont ceux de Lescot et de l’Orme. Le portique proposé est une sorte de promontoire ouvert sur le jardin par douze arcades. Au final, cette galerie est reliée au Pavillon du Roy.
Durant l’hiver 1594-1595, elle est surélevée d’un étage avec une comble. Le rez-de-chaussée reste vierge de tout décor, contrairement au premier étage. Celui-ci s’avère être un lieu de passage et doit donc proposer des sujets empruntés à l’histoire de France entourés d’allégories, de devises et d’emblèmes. Des tapisseries sont en outre placées à l’entrée de cet étage.
Cette galerie de peintures de 60 mètres de long pour 9 mètres de large présente des peintures des rois depuis Pharamond (Saint Louis ?) à Henri IV. Les monarques sont placés à droite et les reines à gauche. Les voûtes compartimentées du plafond sont réalisées par Toussaint Dubreuil et sont illustrées de thèmes liés à Ovide, la Gigantomachie et l’Ancien Testament.
En 1661, un incendie ravage le galerie. Il ne nous reste que deux témoignages de cette espace.
Portrait de Marie de Médicis par Pourbus :
Portrait d’Henri IV par Jacob Bunel (1608) :
L’objectif de cette galerie a été de s’inscrire dans une continuité dynastique et instaurer un noyau de collection au rez-de-chaussée avec des statues antiques rapatriées de Fontainebleau. On veut y mettre les pièces dans un décor somptueux de marbres polychromes dans des niches. Un inventaire de cette collection a été conçue en 1602 dans lequel figure la « Diane chasseresse » :
La Grande Galerie : Janvier 1595- 1609
A l’origine, c’est à Catherine de Médicis que l’on doit cette conception. Une première mention de la galerie est faite dans une lettre datée du 9 mars 1565 où elle parle d’une réminiscence au long corridor qui unit les Offices de Florence au Palais Pitti. Le projet eu l’approbation de Charles IX. Mais rien ne fut réalisé.
Le souvenirs de la Journée des Barricades terminées par la fuite d’Henri III chassé par l’émeute qui déferlait aux portes du Louvre le 13 mai 1588 incita sans doute Henri IV à faire exécuter cette galerie de sécurité…
Ses dimensions sont imposantes : 442 mètres de long pour 9 mètres de large, 21 fenêtres. On utilise les fondations de l’ancien mur d’enceintre de Charles V. Le rez-de-chaussée acceuille des portraits tandis que le premier étage est réservé aux collections d’antiques. Les logements sont situés à l’entresol.
Voici une peinture d’Hubert Robert (1801) pour vous donner une idée de l’espace. Ne prêtez pas attention au reste, nous retrouverons cette peinture plus tard pour d’autres raisons ;)
Sa construction se fait en deux temps :
D’abord avec Louis Métezeau : Il conçoit la partie orientale depuis le vieux Louvre jusqu’au guichets, donc la motié de la Grande Galerie. Il s’agit d’un groupe de 5 travées en deux niveaux depuis la Petite Galerie jusqu’à un autre groupe à l’actuelle porte Lesdiguières. Au milieu est placé le guichet Saint-Thomas, actuelle porte Barbet de Jouy, qui ouvre au public en 1663.
Les groupes de 5 sont constitués de 5 fenêtres au rez-de-chaussée, d’une premier étage avec une alternance de trois niches et deux fenêtres encadrées de couples de pilastres cannelés coiffés de frontons droits. La façade du rez-de-chaussée est décorée de couples de piplatres cannelés à bossage verniculés (c’est-à-dire au sud de la partie centrale donnant sur le quai). L’entresol présente quant à lui des fenêtres rectangulaires.
A défaut d’une gravure d’époque, voici la partie de la Galerie en question (attention, toutefois, car elle a subit des modifications ultérieures donc ne prenez pas tout en compte sur l’image) :
Par contre, il existe des peintures du XVIIIème siècle qui montre à quoi ressemblait tout cela :
(en face du Louvre, l’Académie Française et au fond le Pont Neuf)
La seconde partie est réalisée par Jacques II Androuet du Cerceau, fils du précédent que nous avons vu pour les Tuileries. Il prit en charge la partie occidentale depuis le pavillon Lesdiguières jusqu’au gros pavillon de la rivière (Pavillon Flore) entre 1607 et 1610. Il place un ordre colossal, 28 travées, 14 avants-corps encadrés de pilatres jumelés, des frontons triangulaires et demi-circulaires reliés par une blasutrade et un second étage de fenêtres rectangulaires. L’aile Flore sera reconstruite sous Napoléon avec l’architecte Lefuel qui posera des combles très élevés hérissés de hautes cheminées.
En bref, deux architectes pour deux parties différentes qui évitent la monotonie et rend harmonieux la jonction avec les Tuileries.
Une fois achevé, Henri IV décide le 22 décembre 1608 de loger dans les entresols de sa galerie les meilleurs maîtres et ouvriers du projet comme Louis Métezeau. En outre, il leur confère des privilèges qui seront maintenus jusqu’à la Révolution.
Le 2 mars 1609, la Galerie est dallée.
Pour finir sur cette Galerie, quelques anecdotes amusantes : En 1606, l’étage supérieur sert de préau au jeune Louis XIII. Il s’y promène, les jours de pluie, dans un petit carosse tirés par des dogues. Le « Journal et registre particuliers » de jean Héroard, médecin du Dauphin, nous tiens quotidiennement au courant de l’emploi du temps de l’enfant. Ainsi, le vendredi 17 avril 1606, il nous dit que le dauphin « va en galerie où il court un renart avec les chiens du roi ». Il y voit même « courir un chameau que lui a donné Monsieur de Nevers ». En gros, il faut imaginer tout ça dans la partie qui reçoit les peintures italiennes et espagnoles, c’est drôle :P
Puis vient le drame du 14 mai 1610. Henri IV sera d’ailleurs le seul roi à rendre l’âme au Louvre. A partir de là, plusieurs opérations pré-inhumatoires s’enchaînent :
Ses entrailles sont placées à Saint-Denis et son c½ur au Collège des jésuites de la Flèche. 18 jours de messes basses et 6 grandes messes eurent lieu en mémoire du monarque. Le 10 juin de la même année, il est mis en bière dans la salle des Cariatides. Un lit d’honneur est placé sur le tribunal avec l’effigie du roi, un mannequin en osier avec des mains moulées à la cire. La bière est retirée le 21 juin avant que ne débute les funérailles officiels à Notre-Dame le 29 juin. Enfin (il serait temps !), le corps est inhumé à Saint-Denis le 1er juillet.
On retiendra donc de ce roi qu’il est le premier véritable inventeur du Grand Louvre.
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LE XVIIème siècle
LOUIS XIII (1610- 1643), LEMERCIER ET RICHELIEU
Le Roy :
Richelieu :
L’époque de ce monarque marque les débuts des premiers ralentissements du chantier avant qu’il ne soit abandonné sous le règne de son fils Louis XIV. La Cour carré est la seule partie conçue à cette période.
Le 27 avril 1624, Richelieu est promu « Chef du Conseil » et suggère le roi de poursuivre la réalisation du Grand Dessein d’Henri IV en commençant par quadrupler la cour du Louvre.
Le 5 janvier 1624 est déclarer officiellement les travaux à effectuer, rejoignant sensiblement l’acte du 15 mars 1528 de François 1er :
Tout d’abord, démolir la tour d’angle nord-ouest (Tour de la Librairie) et une partie de l’aile nord médiévale, puis prolonger vers le Nord l’aile Lescot en élevant un pavillon contre l’extrémité de celle-ci et en répétant au delà, dans le même alignement, l’aile Lescot.
Un concours est mis en place qui sera remporté par l’architecte Jacques Lemercier (v. 1585-1654), descendant d’une lignée de maître-maçon de Pontoise. Cet homme a déjà à son actif le Val-de-Grâce et la Sorbonne.
En 1630 débute la restauration de la Salle des Cariatides où l’on remplace le plafond en bois par une voûte surbaissée en pierre.
Le plus gros ½uvre de Lemercier est sans conteste l’aile et le pavillon Occidental : On y trouve un soucis d’intégrer le pavillon de l’Horloge à l’½uvre de Lescot avec des pleins cintres, des colonnes encadrant les ouvertures, des ½il-de-b½uf au niveau des impostes, des sculptures à l’attique, des arcades du Rez-de-Chaussée et des baies rectangulaires.
Voici une image d’ensemble dudit pavillon, pris en photo au XIXème siècle :
Ce pavillon est une ½uvre très originale avec ses grandes baies cintrées au dernier étage. Le vestibule du rez-de-chaussée est divisé par des colonnes accouplées en nefs inégales imposant une arcade médiane un peu plus large tandis qu’à l’étage se trouve une baie disproportionnée à cette arcade et cintrée. La partie supérieure est d’ordre baroque avec trois baies flanquées de couples de cariatides par Jacques Sarrazin. Au-dessus est placé un immense fronton où se superposent trois tracés dont un demi-circulaire et ornées de deux renommées couchées sur les rampants du petit fronton droit.
Ce « dôme français » à plan carré qui, surchargées d’ornements en plomb au Second Empire, accentue avec ses hautes cheminées une impression grandiose. On le nomme à l’époque Pavillon du Milieu ou Gros Pavillon avant de devenir Pavillon de l’Horloge en 1806. Ce morceau d’architecture aura un impact dans les travaux de Le Vau pour les Tuileries ainsi que chez Lefuel et Visconti pour le pavillon de la cour de Napoléon ainsi que la restauration des Pavillon Marsan et Flore…
La décoration de la Grande Galerie :
En 1638, Lemercier s’engage dans ce travail en effectuant une voûte avec des compartiments en stuc rectangulaires ou circulaires.
La même année, Richelieu demande à Sublet des Noyers, surintendant des bâtiments royaux, d’effectuer une commande de fresque à un grand artiste pour décorer ce gigantesque intérieur.
Selon Sublet, il faudrait plutôt une équipe. Richelieu accepte et incite vivement Poussin à venir.
En mars 1641, Poussin est chargé par Sublet de la direction des programmes mais refuse de faire des effigies de rois et de reines et souhaite s’inspirer pour le décor et la retombée des voûtes de reliefs antiques et de la colonne Trajan, le tout sur un fond thématique lié à Hercule. Il ne nous reste strictement rien de ces décors… Entretemps, Louis XIII le surchargea de travaux divers empêchant l’artiste de mener à bien sa grande entreprise.
Dégoûté, Poussin jette l’éponge dans une lettre du 20 septembre 1641 : « J’ai fait commencer sur mes dessins les stucs et les peintures de la Grande Galerie, mais avec peu de satisfaction pour moi, parce que je ne trouve personne qui seconde un peu ma pensée, bien que je fasse les dessins en grand et en petit ». Il en profite pour critiquer violemment Lermercier : « l’abaissement de la voûte qui semblait tomber, l’extrême froideur de la composition, l’aspect mélancolique, pauvre et sec de l’ensemble »… Visiblement, le cadre ne l’inspirait guère.
Et comme ça ne suffisait pas, voilà que l’artiste eut maille à partie avec le peintre paysagiste Boron Fouquières, jaloux de sa notoriété et vexé de n’avoir obtenu que la commande des trumeaux de la Galerie. Lassé par ces cabales de ses rivaux, Poussin cherche le premier prétexte pour regagner Rome en novembre 1642. Il laissait quelques ébauches de l’histoire d’hercule peintes en grisailles.
Les malheurs n’arrivant jamais seuls, voilà que Richelieu décède l’année du départ de Poussin. Cette fois, le projet de la Grande Galerie est bel et bien abandonnée.
Un an plus tard, c’est au tour du Roi de rendre l’âme, laissant derrière lui une grosse impression d’inachèvement.
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REGENCE D’ANNE D’AUTRICHE (1643-1661) ET MAZARIN
C’est une période de troubles où les finances suivent difficilement pour poursuivre le Grand Dessein.
De 1648 à 1652, la cour quitte paris pour se mettre à l’abri de la Fronde. De retour sur la capitale, le Louvre présente l’image d’un ensemble ayant mal vieilli et inachevé, encore en partie médiévale et flanqué d’un chantier à l’abandon. La régente décide donc de s’installer au Palais Cardinal, futur Palais Royal légué à la Couronne par Richelieu et qui, avec ses appartements, se galerie et son théâtre était d’un séjour plus agréable que le Louvre qu’il faut reconsidérer…
Mazarin succède à Richelieu. Grand collectionneur et amateur d’art, il souhaite réaffirmer la puissance royale au sein de Paris.
Entre 1653 et 1655, la régente fait aménager les appartements de Marie de Médicis dans l’aile méridionale dite de la Rivière en suivant les dessins de Lemercier. Il n’en subsiste aujourd’hui plus rien. Elle leur trouva l’inconvénient d’être mal protéger des ardeurs caniculaires et souhaite donc un autre pour l’été au Louvre. Entre-temps, Lemercier décède en 1654.
De 1655 à 1658 est mise en place la politique de réaménagement du rez-de-chaussée de la petite Galerie pour y installer les appartements d’été de la Régente. Louis le Vau s’occupe de la tâche et tranche avec les bâtiments de la Renaissance. L’ensemble se compose d’une enfilade de six pièces avec une rotonde au nord qui les articule avec la cour carré (salle des antiquités romaines). De vastes programmes décoratifs sont mis en ½uvre sur les plafonds peints par Francesco Romanelli. Les stucs blancs et or sont de Michel Anguier. Quant aux hauts-reliefs monumentaux, ils figurent des atlantes encadrant les ½uvres de Romanelli. Chaque pièce reçoit un décor différent. Ainsi, nous avons, du nord au sud :
Louis Le Vau :
Salle 27 des antiquités romaines, ancienne pièce d’été des appartements de la régente :
La rotonde de Mars qui forme un lien avec les appartements d’hiver. Elle sera re-décorée au XIXème siècle :
Salon ou Salle du Mécène re-décorée au XIXème siècle.
Antichambre de la Reine (Salle des Saisons) avec sa voûte décorées de l’histoire d’Apollon et Diane.
Vestibule ou Salon de la Paix : Cette pièce est située entre le côté jardin et le côté cour de la reine. On y signa entre autres le Traité des Pyrénées en 1659 dans lequel l’Espagne cède à la France le Roussillon, l’Artois, les Gravelines et Thionville. Le salon servit également de lieu où fut décidé le mariage entre Louis XIV et l’infante Marie-Thérèse.
Cabinet de la reine dites Salle des Sévères : Les décores tournent autour de thèmes vertueux comme l’enlèvement des Sabines et la continence de Scipion.
Chambre à Coucher dites Salle des Antonins.
Petit cabinet sur l’eau : Cette salle s’ouvre sur la seine et se réunie à la précédente pour former un tout. Elle disparue sous le Consulat mais le Louvre et Compiègne conserve quelques scènes du décor narrant l’histoire de Moïse qui était encastrées dans les lambris.
Au final, on découvre en germe dans ces décors les futurs grands thèmes de l’art sous Louis XIV (armes, état, guerre) glorifiant le roi et exprimant son pouvoir autoritaire. Celui-ci prend le pouvoir, un an avant la mort de Mazarin.
Une partie du Louvre en 1660 :
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LOUIS XIV (1643-1715), COLBERT, LE VAU ET LE BRUN
Cette fois, on commence à rétablir les finances royales, et il était temps car on la cour se sent à l’étroit dans le palais… et Mazarin qui n’hésite pas à conseiller Louis XIV de reprendre le Grand Dessein d’Henri IV.
Le Vau entre dans le ballet et lance un projet d’envergure :
L’architecte prévoit l’achèvement de la cour carré avec une ouverture de l’aile sud reliant les deux rives de la Seine par le pont de la Paix au Collège des 4 Nations (voire premier plan) et futur Institut de France. Un projet urbain de grande ampleur mais hélas réalisé qu’au… XIXème siècle
En 1664, Colbert est nommé Surintendant des Bâtiments du Roi et reprend le projet de Mazarin : il stoppe les travaux de Le Vau et souhaite achever l’aile des Tuileries avec le grand pavillon central et les jardins de Le Nôtre. L’objectif est simple : il faut aménager le palais afin que la cour ne quitte pas le Louvre !
Colbert peint par Champaigne :
On reprend aussi une idée des Bourbons à savoir l’entrée à l’est avec une grande place royale (projet jamais réalisé). Une consultation d’architectes français est entreprise mais personne n’est retenu.
Puis, on pense à l’italien Le Bernin :
Colbert entre en contact avec lui après avoir vu ses impressionnants travaux comme la Colonnade de Saint-Pierre du Vatican dont voici une image :
Trois projets sont présentés mais inégaux par rapport aux parties construites car s’intégrant mal au Louvre qui se fait de plus en plus hétérogène.
En voici un :
En 1665, le roi fait venir Le Bernin. Ce dernier voulait séparer le Louvre au plan en croix grecque des Tuileries mais sera sévèrement jugé par Colbert :
La Colonnade (1667/1670 – 1821)
Projet du Bernin (refusé) :
Projet d’Orbay en 1667 :
Vue d’ensemble la même année :
En 1666, Colbert réunit Le Vau, Perrault et Le Brun autour d’un projet dessiné par François d’Orbay pour installer les appartements du roi au premier étage et ouvrant sur le péristyle de la Colonnade. Mais cette opération s’avère extrêmement onéreuse pour l’usage qui en sera fait. Il est alors décidé de doubler l’aile sud de la Rivière. En outre est achevé la jonction de l’aile des Tuileries avec le Pavillon Flore.
La colonnade aujourd’hui sur des plans de 1668 :
ARF, J'AI ATTEINT L'ULTIME FRONTIERE DU POST :mdr: ... la suite de Louis XIV en page 2 ;)