La suite : du concret cette fois, pour nous reveiller des discussions parfois bien futiles de ces dernieres heures
Reportage : Visite d’un village aïnou : Porotokotan.
Comme la partie précédente à essayer de le montrer, les Aïnous et leur culture sont en voie de disparition depuis trop longtemps. Le gouvernement japonais, depuis notamment les lois de 1984 et de 1997, a versé des fonds pour promouvoir cette culture, et un des résultats de cette action, nous pouvons le voir notamment à travers ce village de Porotokan, et de son musée, renommé comme le plus intéressant du pays sur la question. A quoi cela ressemble t-il concrètement ?
Localisation : Shiraoi, Hokkaidô (voir carte).
Site Web : http://www.ainu-museum.or.jp
Figure 1 - Shiraoi sur la carte
Ce petit groupe de maisons qui fut apparemment un des plus grands village aïnous de Hokkaidô, est construit au bord d’un lac, le tout à quelques encâblures de la côte (2 kilomètres environ), ce qui n’est guère étonnant lorsqu’on sait à quel point la rivière, et plus généralement les ressources produites par l’élément aqueux sont importantes pour les Aïnous. Porotokotan est en fait assez petit finalement, une dizaine d’habitations traditionnelles, un musée et quelques attractions annexes comme un petit espace zoologique présentant des chiens originaires de la région, ou les fameux ours, animaux-divinités fétiches des Aïnous.
Photo 1 - L’entrée du village
L’atmosphère qui règne dans le village est assez étrange, nous sommes en fin de matinée, le temps est éblouissant, mais tout est étrangement calme. Les haut-parleurs émettent un son assez particulier, tribal, comme j’allais m’en rendre compte par la suite. Le vent glacial balaie la grande allée principale, pressant les quelques personnes au dehors à l’intérieur des bâtisses. Je commence ma visite par le musée.
Première impression : il est grand ce musée, en particulier si l’on compare avec tout ce que l’on peut voir à Sapporo sur le sujet par exemple. La visite commence par de grands panneaux présentant le mode de vie des Aïnous, la pêche, la chasse, la vie de tous les jours au village. Mais la chose qui attire vraiment mon attention, ce sont plutôt tous les objets, réels, exposés au public : bijoux, vêtements traditionnels, arcs, instruments de musiques… C’est très surprenant car cela “choque ” culturellement avec ce que l’on est en droit de s’attendre dans un pays comme le Japon. Cette découverte du concret est vraiment une expérience intéressante : on apprend par exemple qu’une coutume voulait que les femmes portent une “ moustache ”, plutôt ocre (genre ériné), peinte au dessus des lèvres.
Photo 2 - Bijoux aïnous
Sont également présentés divers outils utiles à l’agriculture, à la pêche, à l’artisanat etc. On apprend par exemple que pour pêcher le saumon, on pouvait disposer une petite installation de bois jouant le rôle d’“ enclos ” dans la rivière remontée par le poisson. Il ne reste alors plus qu’à “ récolter ” les prises. Il arrivait aussi parfois que les aigles se servent allègrement dans ce garde-manger ! En mer, on pêchait par exemple les espadons à l’aide de grandes lances munies d’une imposante pièce métallique en forme d’hameçon au bout.
Photos 3 et 4 - Outils de chasse, armes
Tout au long de la visite sont exposés de gigantesques dioramas grandeur natures reconstituant des scènes clés de la vie chez les Aïnous. Tout ceci est extrêmement bien fait, avec par exemple des petits artifices, animations, jeux de lumières pour présenter les scènes de vie du village, entre le lac et la profonde forêt… On s’y croirait vraiment, et nul doute que l’on prend conscience de la spécificité de cette culture, ou tout du moins celle d’un endroit comme Hokkaidô à travers ces scénettes. Les photos rendent évidemment moins qu’en vrai, mais voici quand même un petit aperçu :
Photo 5 - Chasse à l’ours
Photo 6 - La vie au village
Une autre chose qui marque dans cet endroit, c’est le nombre de types de vêtements différents présentés. Les Aïnous portent des sortes de kimonos faits à partir de peaux d’animaux (ce qui se voit beaucoup plus par exemple dans le cas des Aïnous de Sakhaline), ou de tissus qu’ils fabriquaient eux-mêmes (ou qu’ils ont plus tard “ importé ” des japonais), avec des manches sans doutes moins larges que son homologue japonais, le tout étant plus près du corps, vraisemblablement pour des raisons climatiques. Sur le dos sont représentés des dessins et figures géométriques variées et vraiment jolies. Le genre de motifs que l’on retrouve parfois dans d’autres cultures comme celles des Indiens d’Amérique ou même en Polynésie… Les pieds sont quant à eux protégés par des sortes d’espadrilles en fibres végétales assez épaisses… Ça doit faire un bruit sympa quand on marche dans la neige avec !
Photo 7 - Des habits aux motifs géométriques
Evidemment, tout un tas d’explications sont disponibles à l’accueil, et il ne faut vraiment pas hésiter à demander à ce niveau là, tout le monde est très gentil et compréhensif. On apprend ainsi que quelques objets exposés ne proviennent pas du folklore aïnou, mais ont été fabriqué par des Nivkh, une peuplade du nord-est de la Mandchourie (bassin de la rivière Amur) et qui avait eu des contacts avec les Aïnous (cf. partie précédente). Il y a aussi toute une librairie avec des livres sur le sujet, malheureusement tous en japonais, sauf un livre en anglais, mais plutôt destiné aux enfants. Dommage.
Au sortir du musée, je vais jeter un œil aux ours en cages, qui sont quand même rudement impressionnants au niveau carrure. Les voir en cage peut laisser perplexe : en restant très terre-à-terre, on pourrait voir ça comme un “ dieu emprisonné ”. Les Aïnous, tout comme beaucoup de gens je pense, préfèreraient sans doute les savoir en liberté plutôt qu’ici. Enfin, ma réflexion s’interrompt quand le haut-parleur annonce qu’une discussion avec des Aïnous va commencer sous peu dans une des huttes du village. Voilà qui promet !
Photo 8 - Le village
Je me dirige donc vers une de ces maisons traditionnelles. Il fait frais et bon à l’intérieur (il fait quand même plus chaud que dehors) ; l’endroit est large et composé d’une grande pièce principale. Au milieu de la pièce, une petite estrade, avec en son centre un foyer : une petite flambée réchauffe les lieux. Une personne vêtue avec le même genre de vêtements que l’on peut voir dans le musée accueille tout le monde, et les fait asseoir sur des bancs disposés devant l’estrade. Je m’assois à mon tour et lève les yeux au plafond : il est très haut, et des dizaines de poissons sont suspendus, en train de sécher, au dessus de nous. L’homme en habit traditionnel est donc un Aïnou, et il est censé nous raconter l’histoire de ce village, et à fortiori, du peuple aïnou. Le tout est évidemment très vulgarisé, et “ caressé dans le sens du poil ”, entendez par là que les japonais ne seront pas choqués…
On nous explique quelque choses que je m’étais gardé de vous dire jusque là : la construction des maisons. En fait, les maisons de Porotokotan sont plus grandes qu’à l’accoutumée et ce, pour pouvoir recevoir le plus de gens possibles. Rien ou presque n’est laissé au hasard quand on construit une maison chez les Aïnous. Les fenêtres sont ainsi toujours localisées au même endroit, presque toujours au nombre de trois : deux dans la direction est, et une dans la direction du sud, qui a une connotation divine. L’entrée étant toujours située à l’ouest. Jamais donc de fenêtres au nord. Regarder dans la maison par la fenêtre sud est un tabou : seuls les mauvais esprits le font. Notez que les Japonais ont aussi des “ tabous directionnels ” : la direction nord-est est par exemple source de mauvaise chance, on évite de construire des maisons dont l’entrée se situe face à cette direction. La construction de la maison est simple : on construit une charpente en bois en attachant des poteaux de bois par brelage. Ensuite on recouvre le tout par d’épaisses nattes constituées de branches et de fourrages. Je n’ai pas vu de maisons faites en chaume.
Schema 1 - Plan d'une maison aïnou
Les explications de notre hôte sont très intéressantes ; il n’hésite pas à revenir sur l’actualité des Aïnous, de leur lutte pour la préservation de leur culture. Le public pose d’ailleurs des questions pleines de bon sens, il y a une bonne interaction je trouve. Il nous raconte aussi une légende sur l’Ours, puis nous parle du rôle de la musique chez eux. Nous allons avoir droit à une petite démonstration : des femmes elles aussi vêtues en habit traditionnel rejoignent le centre de la pièce. Elles se présentent, nous disent qu’elles sont elles aussi des Aïnous, et nous montrent un instrument : une espèce de guimbarde assez grande. Accompagné au chant par son amie, la première femme nous fait montre de son talent. C’est vraiment très particulier comme son, à la frontière du didjéridoo des aborigènes d’Australie, et de la guimbarde, donc. S’ensuit des chants, des percussions, à chaque fois données par de nouvelles personnes arrivant au fur et à mesure. Une danse traditionnelle autour du feu vient conclure cette rencontre. Je vous renvoie aux photos, même si évidemment, sans le son, cela ne vous donne qu’une petite approche de l’ambiance réelle.
photo 9 - Une envoutante mélodie…
photo 10 - Danse avec les saumons
Une impression douce amère me traverse à la sortie de tout ça. Je suis content, car après tout, j’ai appris une foultitude de chose et enfin pu voir quelque chose de concret sur le sujet, même si évidemment, ce site est un site touristique avant tout. L’entrée du village (et donc la sortie) se fait ainsi par un immense corridor de magasins touristiques vendant tout et n’importe quoi aux touristes. Cet endroit ressemble quand même plus à un Disney-Aïnou qu’autre chose, les japonais eux-mêmes le reconnaissent. La possibilité de rencontrer des Aïnous, de parler avec eux (ce fut vraiment le cas, en raison peut-être du nombre réduit de visiteurs) est vraiment une perspective intéressante. Mais quand on lit le prospectus descriptif du musée, on préfère se référer “ au temps qui passe ” plutôt qu’à la violente politique assimilationniste japonaise à l’origine de la disparition de ce peuple. Ce village a bien pour but de présenter ce qu’est le folklore aïnou, et non d’expliquer l’histoire. Le musée est vraiment excellent, et vaut à lui seul le détour. Le site est touristique, certes, mais pas tellement non plus : j’y suis allé un jour de très beau temps au début de la Golden Week, et pourtant, il y avait peu de monde. Avant d’entrer dans ce village, on peut faire une petite promenade d’une heure et demie au tour du lac qui borde le village. Cela m’a personnellement aidé à me mettre dans l’ambiance, réalisé que j’avais quitté la ville, que les grands espaces de Hokkaidô sont là. Le vent balayant l’horizon, la lumière irréelle, les montagnes enneigées au loin, le silence, enfin, même au milieu du parc… Le cadre de vie des Aïnous n’a pas vraiment disparu, lui.
http://www.ainu-museum.or.jp : le site du musée aïnou de Shiraoi
Toutes les photos sont ©copyright jolan
Exposé rédigé par Jolan, Juin 2004
Reportage : Visite d’un village aïnou : Porotokotan.
Comme la partie précédente à essayer de le montrer, les Aïnous et leur culture sont en voie de disparition depuis trop longtemps. Le gouvernement japonais, depuis notamment les lois de 1984 et de 1997, a versé des fonds pour promouvoir cette culture, et un des résultats de cette action, nous pouvons le voir notamment à travers ce village de Porotokan, et de son musée, renommé comme le plus intéressant du pays sur la question. A quoi cela ressemble t-il concrètement ?
Localisation : Shiraoi, Hokkaidô (voir carte).
Site Web : http://www.ainu-museum.or.jp
Figure 1 - Shiraoi sur la carte
Ce petit groupe de maisons qui fut apparemment un des plus grands village aïnous de Hokkaidô, est construit au bord d’un lac, le tout à quelques encâblures de la côte (2 kilomètres environ), ce qui n’est guère étonnant lorsqu’on sait à quel point la rivière, et plus généralement les ressources produites par l’élément aqueux sont importantes pour les Aïnous. Porotokotan est en fait assez petit finalement, une dizaine d’habitations traditionnelles, un musée et quelques attractions annexes comme un petit espace zoologique présentant des chiens originaires de la région, ou les fameux ours, animaux-divinités fétiches des Aïnous.
Photo 1 - L’entrée du village
L’atmosphère qui règne dans le village est assez étrange, nous sommes en fin de matinée, le temps est éblouissant, mais tout est étrangement calme. Les haut-parleurs émettent un son assez particulier, tribal, comme j’allais m’en rendre compte par la suite. Le vent glacial balaie la grande allée principale, pressant les quelques personnes au dehors à l’intérieur des bâtisses. Je commence ma visite par le musée.
Première impression : il est grand ce musée, en particulier si l’on compare avec tout ce que l’on peut voir à Sapporo sur le sujet par exemple. La visite commence par de grands panneaux présentant le mode de vie des Aïnous, la pêche, la chasse, la vie de tous les jours au village. Mais la chose qui attire vraiment mon attention, ce sont plutôt tous les objets, réels, exposés au public : bijoux, vêtements traditionnels, arcs, instruments de musiques… C’est très surprenant car cela “choque ” culturellement avec ce que l’on est en droit de s’attendre dans un pays comme le Japon. Cette découverte du concret est vraiment une expérience intéressante : on apprend par exemple qu’une coutume voulait que les femmes portent une “ moustache ”, plutôt ocre (genre ériné), peinte au dessus des lèvres.
Photo 2 - Bijoux aïnous
Sont également présentés divers outils utiles à l’agriculture, à la pêche, à l’artisanat etc. On apprend par exemple que pour pêcher le saumon, on pouvait disposer une petite installation de bois jouant le rôle d’“ enclos ” dans la rivière remontée par le poisson. Il ne reste alors plus qu’à “ récolter ” les prises. Il arrivait aussi parfois que les aigles se servent allègrement dans ce garde-manger ! En mer, on pêchait par exemple les espadons à l’aide de grandes lances munies d’une imposante pièce métallique en forme d’hameçon au bout.
Photos 3 et 4 - Outils de chasse, armes
Tout au long de la visite sont exposés de gigantesques dioramas grandeur natures reconstituant des scènes clés de la vie chez les Aïnous. Tout ceci est extrêmement bien fait, avec par exemple des petits artifices, animations, jeux de lumières pour présenter les scènes de vie du village, entre le lac et la profonde forêt… On s’y croirait vraiment, et nul doute que l’on prend conscience de la spécificité de cette culture, ou tout du moins celle d’un endroit comme Hokkaidô à travers ces scénettes. Les photos rendent évidemment moins qu’en vrai, mais voici quand même un petit aperçu :
Photo 5 - Chasse à l’ours
Photo 6 - La vie au village
Une autre chose qui marque dans cet endroit, c’est le nombre de types de vêtements différents présentés. Les Aïnous portent des sortes de kimonos faits à partir de peaux d’animaux (ce qui se voit beaucoup plus par exemple dans le cas des Aïnous de Sakhaline), ou de tissus qu’ils fabriquaient eux-mêmes (ou qu’ils ont plus tard “ importé ” des japonais), avec des manches sans doutes moins larges que son homologue japonais, le tout étant plus près du corps, vraisemblablement pour des raisons climatiques. Sur le dos sont représentés des dessins et figures géométriques variées et vraiment jolies. Le genre de motifs que l’on retrouve parfois dans d’autres cultures comme celles des Indiens d’Amérique ou même en Polynésie… Les pieds sont quant à eux protégés par des sortes d’espadrilles en fibres végétales assez épaisses… Ça doit faire un bruit sympa quand on marche dans la neige avec !
Photo 7 - Des habits aux motifs géométriques
Evidemment, tout un tas d’explications sont disponibles à l’accueil, et il ne faut vraiment pas hésiter à demander à ce niveau là, tout le monde est très gentil et compréhensif. On apprend ainsi que quelques objets exposés ne proviennent pas du folklore aïnou, mais ont été fabriqué par des Nivkh, une peuplade du nord-est de la Mandchourie (bassin de la rivière Amur) et qui avait eu des contacts avec les Aïnous (cf. partie précédente). Il y a aussi toute une librairie avec des livres sur le sujet, malheureusement tous en japonais, sauf un livre en anglais, mais plutôt destiné aux enfants. Dommage.
Au sortir du musée, je vais jeter un œil aux ours en cages, qui sont quand même rudement impressionnants au niveau carrure. Les voir en cage peut laisser perplexe : en restant très terre-à-terre, on pourrait voir ça comme un “ dieu emprisonné ”. Les Aïnous, tout comme beaucoup de gens je pense, préfèreraient sans doute les savoir en liberté plutôt qu’ici. Enfin, ma réflexion s’interrompt quand le haut-parleur annonce qu’une discussion avec des Aïnous va commencer sous peu dans une des huttes du village. Voilà qui promet !
Photo 8 - Le village
Je me dirige donc vers une de ces maisons traditionnelles. Il fait frais et bon à l’intérieur (il fait quand même plus chaud que dehors) ; l’endroit est large et composé d’une grande pièce principale. Au milieu de la pièce, une petite estrade, avec en son centre un foyer : une petite flambée réchauffe les lieux. Une personne vêtue avec le même genre de vêtements que l’on peut voir dans le musée accueille tout le monde, et les fait asseoir sur des bancs disposés devant l’estrade. Je m’assois à mon tour et lève les yeux au plafond : il est très haut, et des dizaines de poissons sont suspendus, en train de sécher, au dessus de nous. L’homme en habit traditionnel est donc un Aïnou, et il est censé nous raconter l’histoire de ce village, et à fortiori, du peuple aïnou. Le tout est évidemment très vulgarisé, et “ caressé dans le sens du poil ”, entendez par là que les japonais ne seront pas choqués…
On nous explique quelque choses que je m’étais gardé de vous dire jusque là : la construction des maisons. En fait, les maisons de Porotokotan sont plus grandes qu’à l’accoutumée et ce, pour pouvoir recevoir le plus de gens possibles. Rien ou presque n’est laissé au hasard quand on construit une maison chez les Aïnous. Les fenêtres sont ainsi toujours localisées au même endroit, presque toujours au nombre de trois : deux dans la direction est, et une dans la direction du sud, qui a une connotation divine. L’entrée étant toujours située à l’ouest. Jamais donc de fenêtres au nord. Regarder dans la maison par la fenêtre sud est un tabou : seuls les mauvais esprits le font. Notez que les Japonais ont aussi des “ tabous directionnels ” : la direction nord-est est par exemple source de mauvaise chance, on évite de construire des maisons dont l’entrée se situe face à cette direction. La construction de la maison est simple : on construit une charpente en bois en attachant des poteaux de bois par brelage. Ensuite on recouvre le tout par d’épaisses nattes constituées de branches et de fourrages. Je n’ai pas vu de maisons faites en chaume.
Schema 1 - Plan d'une maison aïnou
Les explications de notre hôte sont très intéressantes ; il n’hésite pas à revenir sur l’actualité des Aïnous, de leur lutte pour la préservation de leur culture. Le public pose d’ailleurs des questions pleines de bon sens, il y a une bonne interaction je trouve. Il nous raconte aussi une légende sur l’Ours, puis nous parle du rôle de la musique chez eux. Nous allons avoir droit à une petite démonstration : des femmes elles aussi vêtues en habit traditionnel rejoignent le centre de la pièce. Elles se présentent, nous disent qu’elles sont elles aussi des Aïnous, et nous montrent un instrument : une espèce de guimbarde assez grande. Accompagné au chant par son amie, la première femme nous fait montre de son talent. C’est vraiment très particulier comme son, à la frontière du didjéridoo des aborigènes d’Australie, et de la guimbarde, donc. S’ensuit des chants, des percussions, à chaque fois données par de nouvelles personnes arrivant au fur et à mesure. Une danse traditionnelle autour du feu vient conclure cette rencontre. Je vous renvoie aux photos, même si évidemment, sans le son, cela ne vous donne qu’une petite approche de l’ambiance réelle.
photo 9 - Une envoutante mélodie…
photo 10 - Danse avec les saumons
Une impression douce amère me traverse à la sortie de tout ça. Je suis content, car après tout, j’ai appris une foultitude de chose et enfin pu voir quelque chose de concret sur le sujet, même si évidemment, ce site est un site touristique avant tout. L’entrée du village (et donc la sortie) se fait ainsi par un immense corridor de magasins touristiques vendant tout et n’importe quoi aux touristes. Cet endroit ressemble quand même plus à un Disney-Aïnou qu’autre chose, les japonais eux-mêmes le reconnaissent. La possibilité de rencontrer des Aïnous, de parler avec eux (ce fut vraiment le cas, en raison peut-être du nombre réduit de visiteurs) est vraiment une perspective intéressante. Mais quand on lit le prospectus descriptif du musée, on préfère se référer “ au temps qui passe ” plutôt qu’à la violente politique assimilationniste japonaise à l’origine de la disparition de ce peuple. Ce village a bien pour but de présenter ce qu’est le folklore aïnou, et non d’expliquer l’histoire. Le musée est vraiment excellent, et vaut à lui seul le détour. Le site est touristique, certes, mais pas tellement non plus : j’y suis allé un jour de très beau temps au début de la Golden Week, et pourtant, il y avait peu de monde. Avant d’entrer dans ce village, on peut faire une petite promenade d’une heure et demie au tour du lac qui borde le village. Cela m’a personnellement aidé à me mettre dans l’ambiance, réalisé que j’avais quitté la ville, que les grands espaces de Hokkaidô sont là. Le vent balayant l’horizon, la lumière irréelle, les montagnes enneigées au loin, le silence, enfin, même au milieu du parc… Le cadre de vie des Aïnous n’a pas vraiment disparu, lui.
http://www.ainu-museum.or.jp : le site du musée aïnou de Shiraoi
Toutes les photos sont ©copyright jolan
Exposé rédigé par Jolan, Juin 2004