Ness

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Re : Histoire des Civilisations
« Réponse #15, le 6 Août 2005 à 16:58 »
Les Scythes : Peuple oublié

« Quand la peau est détachée du crâne, on la courroie à la main avec une côte de bœuf ; elle devient souple et le guerrier [scythe] s’en sert comme d’une nappe d’étoffe ; il la porte devant lui, suspendue à la bride de son cheval ; il s’en glorifie. Celui qui possède le plus de ces petites nappes de peau est réputé le plus vaillant. Plusieurs font de ces peaux des vêtements qu’ils cousent à la manière des casaques de cuir. (…) Tels sont, à ce sujet, leurs usages. »

Hérodote, Histoires


« Quel étrange peuple est-ce là ? » C’est la question qu’a dû se poser Darius, le roi des Perses, après avoir vu ses ennemis scythes délaisser les affaires sérieuses de la guerre pour disparaître brusquement à la poursuite d’un lièvre qu’ils avaient aperçus.

La même interrogation persiste dans l’esprit des hommes modernes civilisés alors que la recherche nous en fait savoir davantage sur cette étrange coutume des cavaliers nomades eurasiens.

De nouvelles études et l’examen de milliers de sites funéraires depuis vingt ans, dans la Russie du Sud et dans l’Altaï, nous ont permis de nous former une image bien plus complète de ce vigoureux peuple nomade amateur de chevaux et inventeur d’un style d’art animalier unique, cette race hors du commun qui a transmis au monde civilisé l’usage du pantalon et l’art de l’équitation.



Le pays du mythe et de l’or

Le trait le plus frappant chez les Scythes est peut-être l’énorme quantité d’or qu’ils portaient sur eux et qu’ils utilisaient. La tradition antique nous raconte l’histoire des Arimaspes de Scythie, le peuple des hommes à un seul œil menant une guerre perpétuelle avec les griffons gardiens de l’or. Cet or provient sans nul doute des riches gisements de la région de l’Altaï. Les Scythes portaient couramment des parures et des ceintures dorées. Des plaques d’or étaient cousues à leurs vêtements et leurs armes scintillaient d’or. Les quantités d’offrandes d’or recelées par les grands tertres funéraires des rois scythes font toujours l’étonnement des archéologues.

D’où venaient-ils ? La tradition scythe les décrit comme descendant des trois fils d’un certain Targitas, un homme à la naissance surnaturelle habitant la région de la mer Noire. Ces trois frères gouvernaient ensemble le pays lorsque quatre ustensiles d’or, une charrue, un joug, une hache de bataille et une coupe, tombèrent du ciel et commencèrent à s’embraser. Colaxaïs, le plus jeune des trois frères, fut le seul d’entre eux à pouvoir à ramasser ces objets brûlants, ce qui fit de lui le seul maître du royaume des Scythes.

Une autre légende fondatrice nous est racontée par Diodore de Sicile au premier siècle avant notre ère. Les Scythes vivaient d’après lui « en très petit nombre près de l’Araxe…[et] s’établirent dans un pays comprenant les montagnes allant jusqu’au Caucase, les plaines côtières près de l’Océan (la mer Caspienne) et du lac Mœtis (la mer d’Azov), et d’autres territoires s’étendant jusqu’au Tanaïs (le Don). Scythès naquit de l’union de Zeus et d’une déesse mi-femme mi-serpent et donna le nom de Scythes à son peuple. » Ses descendants, nommés Pal et Naps, furent les ancêtres de deux peuples apparentés, les pals et les naps. « Ils se conquirent un pays derrière le Tanaïs et s’étendant jusqu’au Nil égyptien. » (Diodore II, 43).

     

Histoire

Il est problématique de dater l’évolution des premiers Scythes dans la mesure où ils n’ont créé leur style d’art distinctif qu’au VIe siècle avant Jésus-Christ. A. I. Melioukova a suggéré qu’ils descendaient de tribus de culture srubnaya qui, entre le milieu du second millénaire et la fin du VIIe siècle avant notre ère, se sont déplacées en plusieurs vagues des steppes situées entre la Volga et l’Oural vers le nord de la mer Noire, où ils assimilèrent les Cimmériens installés dans la région. Les Scythes apparaissent pour la première fois dans l’histoire au VIIe siècle comme les alliés des Assyriens contre les Cimmériens, qu’ils avaient eux-mêmes refoulés vers le Sud en s’installant sur leur territoire. Le roi scythe Bartatoua épousa une princesse assyrienne en 674 avant Jésus-Christ et les deux peuples demeurèrent alliés. Les Scythes et les Assyriens vainquirent ensemble les Mèdes de la mer Caspienne. Mais ces derniers parvinrent à les chasser d’Asie occidentale et à les faire revenir dans les steppes pontiques à la fin du siècle.

Un événement très important, dont Hérodote nous fait un compte rendu détaillé, se produisit dans la steppe en 514 avant Jésus-Christ. Le troisième grand roi des Perses, Darius, décida d’envahir la Scythie. Commandée par Darius lui-même, une armée perse de 700 000 hommes traversa le Danube en direction des steppes russes. Les Scythes prirent le parti de battre en retraite devant leurs poursuivants perses et Darius ne parvint pas à les forcer à affronter son armée en bataille rangée. Les Scythes persévérèrent dans leur tactique de repli et, lorsque Darius demanda à leur roi de combattre, celui-ci lui répliqua :
« Je n’agis pas aujourd’hui autrement que selon ma coutume, même pendant la paix ; je vais, au reste, t’apprendre pourquoi je ne te livre pas bataille incontinent. Nous ne possédons ni villes, ni campagnes cultivées pour lesquelles, de peur que tu ne les prennes et ne les ravages, nous soyons pressés d’en venir aux mains. Si toutefois tu veux absolument tenter le sort des armes, nous avons les sépultures de nos ancêtres ; allez, cherchez-les, et si vous les trouvez, essayez de les outrager : vous saurez alors si nous combattrons pour ces sépultures ou si nous ne combattrons pas. »

Darius dut mener une guerre étrange. Il ne pouvait rien capturer ni conquérir, ni ville, ni bâtiment, ni butin, rien que la steppe infinie. Il se battait contre du vent. Il n’eut d’autre alternative que de repartir. Les Scythes harcelèrent constamment son armée jusqu’au Danube. Il n’entreprit plus jamais d’autre campagne au nord en passant par l’Europe et les Scythes dominèrent la steppe russe méridionale et continuèrent au siècle suivant leur expansion vers l’ouest.

De la fin du VIIe siècle au IIIe siècle avant Jésus-Christ, les Scythes occupèrent les steppes du nord de la mer Noire, entre le Don à l’est et le Danube à l’ouest. Une tribu particulière, celle des Scythes royaux, se distingue de toutes les tribus scythes par son rôle dominant, les Scythes nomades, les Callipides, les Alazons, les Scythes cultivateurs et les Scythes laboureurs lui étant soumis. Les Scythes royaux et les Scythes nomades menaient une vie véritablement nomade et les Callipides et les Alazons une existence semi-sédentaire. Les Scythes laboureurs étaient de toute évidence des agriculteurs sédentaires. Hérodote nous dit que les Callipides ou Gréco-scythes vivaient non loin d’Olbia, à l’embouchure du Boug. Au nord, on trouvait les Alazons, puis les Scythes laboureurs, entre le Dniepr et le Boug. Les Scythes nomades avaient pour territoire les steppes de la région de la mer d’Azov et les deux rives du Dniepr. Les historiens pensent pour la plupart qu’ils occupaient les deux rives du Boug inférieur jusqu’à la Konka tandis que les Scythes royaux parcouraient les territoires situés plus à l’est et au sud jusqu’au Don. Enfin, les Scythes nomades de l’Altaï sibérien sont appelés Scythes apparentés ou Scythes orientaux.

Le royaume des Scythes atteignit son apogée économique, politique, sociale et culturelle au IVe siècle avant notre ère. De nombreux nomades se sédentarisèrent au nord de la mer Noire et, les Scythes eurent pour capitale économique, politique et commerciale Kamenskoe Gorodisce durant le IVe siècle et jusqu’à la première moitié du IIIe siècle. Le grand roi Atéas unifia toutes les tribus scythes et étendit son territoire jusqu’à la frontière thrace sur la rive droite du Danube. Atéas fut tué en 339 avant Jésus-Christ, à l’âge de quatre-vingt-dix ans, au cours d’une bataille contre Philippe de Macédoine. Le royaume des Scythes n’en resta pas moins solide et prospère. Aucune menace extérieure ne put le déstabiliser jusqu’à ce que les Celtes et les Thraces l’envahissent à l’ouest, et les Sarmates à l’est, à partir de la deuxième moitié du IIIe siècle avant notre ère. Le royaume scythe fut alors absorbé par d’autres puissances nomades et disparut de l’histoire.

 


La langue

Les Scythes étaient illettrés et n’ont pas laissé de trace écrite. Hérodote nous a toutefois transmis quelques rares mots scythes. D’après lui, « pata » signifie tuer, « spou » œil, « arima » un, et « oior » homme. Ces quelque mots ont permis aux philologues de définir le dialecte scythe comme une langue indo-européenne préhistorique.

     
 
La domestication des chevaux

Les Scythes ont été les premiers cavaliers nomades à attirer l’attention des historiens. S’ils n’ont pas été les premiers à domestiquer le cheval, ils ont été parmi les premiers, sinon le premier peuple d’Asie centrale à apprendre à monter à cheval. Leur succès guerrier était dû au fait que leurs soldats étaient des cavaliers. Leur incursion en Asie eut pour conséquence de faire rapidement adopter et maîtriser la technique de l’équitation aux populations de l’ensemble du Moyen-Orient.

Bien qu’utilisant des mors sophistiqués, les Scythes ne connaissaient pas l’usage de l’étrier et chevauchaient sur des tapis de selle, se fiant à leur prise et à leur équilibre. Ils se révélaient néanmoins de redoutables cavaliers lors des combats.



Le mode de vie dans les steppes

Les Scythes étaient célèbres pour leurs coutumes tribales sanglantes. Les guerriers ne se contentaient pas de couper la tête de leurs ennemis morts mais faisaient des coupes recouvertes de cuir du crâne de leurs ennemis. Ils bordaient d’or ces trophées macabres et les exhibaient fièrement pour impressionner leurs hôtes. Les Grecs antiques prêtaient à la société scythe un caractère matriarcal que démentent toutefois les découvertes archéologiques. Dominée par les hommes, la société scythe était traditionnellement polygame. Un Scythe riche pouvait prendre plusieurs femmes qui pouvaient à sa mort revenir à son fils ou à son frère. Les femmes scythes voyageaient dans des chariots accompagnées de leurs enfants et n’avaient que peu de pouvoir en dehors de leur foyer, à la différence de leurs voisines Sarmates, qui chevauchaient et combattaient à l’égal des hommes. Certains spécialistes suggèrent cependant qu’elles ont pu mener une vie plus active et plus influente à une certaine époque.

L’abondance du poisson et du gibier empêchait toute pénurie de nourriture. Le régime de base des Scythes consistait en koumis, une sorte de lait de jument fermenté resté populaire en Asie centrale, en de grandes quantités de fromages, et en légumes comme l’oignon, l’ail et les haricots. Ils préparaient la viande en ragoûts. En matière d’hygiène, Hérodote nous apprend qu’ils ne se lavaient pas avec de l’eau, mais que les femmes utilisaient une pâte de cyprès, de cèdre et d’arbre à encens broyés qu’elles s’appliquaient sur le visage et sur le corps : « Ce cataplasme leur donne une bonne odeur ; de plus, lorsque le lendemain elles l’ôtent, elles sont propres et fraîches. » Les Scythes passent pour avoir été passionnés. C’étaient des hommes barbus, aux yeux noirs enfoncés dans les orbites et à la longue chevelure emmêlée par le vent. Ils furent parmi les premiers peuples à porter des pantalons, ce qui s’accordait avec leur style de vie de cavaliers. Ils portaient des bottes souples avec des talons. La dépouille gelée vieille de deux mille ans retrouvée en 1947 en Sibérie nous révèle qu’ils aimaient se recouvrir le corps de tatouages élaborés.


 
La religion

Les Scythes n’avaient ni temple, ni autels ou images religieuses, ni évidemment de prêtres. On sait qu’ils recouraient au chamanisme pour leur pratique religieuse, à l’instar des autres nomades du nord. Les chamans avaient pour rôle de commercer avec le monde des esprits et de conseiller les rois et les chefs. En gens superstitieux, les Scythes croyaient en la sorcellerie, en la magie et dans le pouvoir des amulettes. Les chamans scythes les plus honorés venaient de familles particulières. C’étaient des hommes efféminées appelés Enarées, ce qui signifie « homme-femme » ou demi-homme », qui parlaient d’une voix de fausset et portaient des vêtements de femmes.


 
Les rites mortuaires

Chaque décès chez les Scythes donnait lieu à un deuil prolongé et démonstratif. A la mort d’un roi, toutes les tribus observaient un deuil extrême de quarante jours. Les hommes de la tribu dominante, les Scythes royaux, se rasaient les cheveux et se lacéraient les oreilles, le front, le nez et les bras. Après avoir enterré le roi avec ses armes les meilleures et ses biens les plus précieux, on étranglait une de ses concubines, son échanson, son cuisinier, son valet, son messager et ses plus beaux chevaux pour mettre tous ces corps à côté du sien. On recouvrait ensuite la tombe d’un tumulus de vingt mètres.

Les funérailles n’en étaient pas finies pour autant. Un an plus tard, on pouvait choisir jusqu’à cinquante jeunes ayant directement servi le roi pour les étrangler et les enterrer en cercle autour de la tombe royale.


 
L’art animalier

Le compte rendu d’Hérodote sur les guerriers scythes comporte une lacune en ne mentionnant pas leur forme d’art, qui témoigne d’une force et d’une vitalité étonnantes.

Les Scythes inventèrent vers le VIe siècle avant Jésus-Christ un style artistique fait de dessins et d’ornements à base de motifs naturalistes animaliers.

Leurs animaux favoris étaient le cerf, le cheval, le bouquetin, le sanglier, l’ours, le loup, les félins, l’aigle et le poisson. Le style animalier des Scythes se répandit chez tous les nomades cavaliers jusqu’aux confins de la Chine à la fin du premier millénaire avant notre ère.

Les sépultures et les tombes scythes nous ont livré une abondance d’objets exceptionnels et d’une grande richesse, notamment dans les sites de Pazyryk, dans les montagnes de l’Altaï en Sibérie du centre-sud, et de Kul Oba, dans le bassin du Kouban au nord de la mer Noire.




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tinou

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Re : Histoire des Civilisations
« Réponse #16, le 9 Août 2005 à 16:53 »
Citation
Les Scythes étaient célèbres pour leurs coutumes tribales sanglantes. Les guerriers ne se contentaient pas de couper la tête de leurs ennemis morts mais faisaient des coupes recouvertes de cuir du crâne de leurs ennemis. Ils bordaient d’or ces trophées macabres et les exhibaient fièrement pour impressionner leurs hôtes. Les Grecs antiques prêtaient à la société scythe un caractère matriarcal que démentent toutefois les découvertes archéologiques. Dominée par les hommes, la société scythe était traditionnellement polygame. Un Scythe riche pouvait prendre plusieurs femmes qui pouvaient à sa mort revenir à son fils ou à son frère. Les femmes scythes voyageaient dans des chariots accompagnées de leurs enfants et n’avaient que peu de pouvoir en dehors de leur foyer, à la différence de leurs voisines Sarmates, qui chevauchaient et combattaient à l’égal des hommes. Certains spécialistes suggèrent cependant qu’elles ont pu mener une vie plus active et plus influente à une certaine époque.
Voila ce que j'appelle vivre sainement! Une bonne vie de baroudeur bien comme il faut, avec des femmes, des reussites critiques et du sang...
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Amir

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Re : Histoire des Civilisations
« Réponse #18, le 9 Août 2005 à 18:02 »
Et des têtes coupées, des raids meurtiers et pillages en tout genre.
Ouais, non merci ^^

tinou

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Re : Histoire des Civilisations
« Réponse #19, le 11 Août 2005 à 06:59 »
Ca vous interesse une petite contribution sur les Ainous? Je regle le probleme de l'hergement des images et je m'y attele.
J'ai aussi envie de vous parlez des iles Kouriles... Peut etre meme que c'est ce que je ferais etant donne que le dossier sur les Ainous est en ligne sur mon site... Ouais, je crois que je vais faire comme ca. Bien sur cela n'entre peut etre pas vraiment dans le cadre de Civilisations au sens  Egyptien, Incas, Grecs, Parisiens... Qu'en pensez-vous? Peut etre cree-je un nouveau topic pour parler des "Terres Inconnues", un sujet qui s'interesserait aux differentes regions du monde au sens geographique et historique plus que civilization ...?

 
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Amnounet

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Re : Histoire des Civilisations
« Réponse #20, le 11 Août 2005 à 07:46 »Modifié le 11 Août 2005 à 07:47 par Amnounet
C'est une bonne idée que tu as là tinou et effectivement ça ne serait pas mal de créer un sujet sur les régions du monde d'un point de vue plus culturel et imagé qu'historique .... ;)

Pour l'hébergement gratuit d'images, tu as imageshack où tu uploades tes images de manière anonyme, image-dream qui fonctionne sur le même principe que imageshack, sauf que tu peux créer un espace membre qui se souvient de tes uploads en vrac, ou encore photobucket sur lequel tu as un vrai espace membre dans lequel tu peux ranger tes images comme tu l'entends dans des dossiers, point faible : il n'y a pas de système d'affichage de miniature, la taille des images est limitée à 250 ko.

Ness

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iDam

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Re : Histoire des Civilisations
« Réponse #22, le 11 Août 2005 à 10:05 »
Je ne pense pas qu'il faille créer un topic en plus. Il a tout à fait sa place ici.

(le dossier de tinou, il roxe!)

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Amnounet

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Re : Histoire des Civilisations
« Réponse #23, le 11 Août 2005 à 10:10 »Modifié le 11 Août 2005 à 10:13 par Amnounet
Je ne suis pas d'accord avec toi Damien. Je pense qu'un topic sur les cultures locales à travers le monde mérite un topic à part entière .... et je pourrais avoir envie d'y participer ... contrairement à celui-ci qui est très difficile à lire et dont la consistance est bien supérieure à ce que pourrait fournir le commun des mortels ...  :mrgreen:

Edit : De plus ce topic est très axé archéologie et histoire antique ... alors que tinou présenterait un dossier plutôt axé coutumes et traditions ainsi qu'aspects liés à la géographie ... ce qui est fondamentalement différent à mon sens ...  :)

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Re : Histoire des Civilisations
« Réponse #24, le 11 Août 2005 à 10:14 »
Sache que le dossier de tinou est trèèèèèès long(4 pleines pages html)... donc ici ou ailleurs, tu auras toujours ce sentiment de difficulté à tout lire...

D's©


tinou

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Re : Histoire des Civilisations
« Réponse #25, le 11 Août 2005 à 10:17 »Modifié le 11 Août 2005 à 10:21 par tinou
J'apporte des eclaircissements par rapport a ce que je pensais:

- L'idee que je me fais de civilization est une idee qui est vraiment "human oriented", plus que geographique, qui n'est pas le centre vraiment d'un sujet: l'empire Romain est romain, il s'entendait un peu partout sur le monde mediteraneen, comme les Grecs en leur temps, mais pas seulement. Pareil pour les Egyptiens, les Mayas, les Mongols... Comment vivaient les gens, quelles coutumes, traditions, artisanat sont des questions qui sont mis en avant quand on parle de civilisation, peut etre moins que les specificites geographiques.

- Je proposais de recreer un topic qui aurait vraiment pour centre une region du monde plus que les humains qui y ont habites. Justement pour montrer que si les civilisations naissent et disparaissent, la terre, elle, reste.

Maintenant c'est vrai que c'est du chipotage de camembert ostrogoth que je propose... on pourrait effectivement tout mettre dans un macro topic, au sens elargi.

Mais par exemple si on voulait faire un dossier sur l'Antarctique, ses mythes et legendes, l'histoire de sa decouverte etc. Je trouve que ca colle pas trop a Civilization (a part les Pingoo?!)

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Re : Histoire des Civilisations
« Réponse #26, le 11 Août 2005 à 10:18 »
C'est toi qui voit mon bon, j'espère juste avoir ensuite de quoi le remplir.

D's©

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Re : Histoire des Civilisations
« Réponse #27, le 11 Août 2005 à 14:00 »
Les Ainous : voici la premiere partie pour aujourd'hui


Introduction

Avant de rentrer dans le vif du sujet, un petit mot d’explication, car le sujet, vous vous en apercevrez, est relativement large. Le but ici est de donner une introduction très générale sur une des composantes fondamentales de la culture japonaise mais hélas encore beaucoup trop méconnue : la culture des Aïnous. Pour rendre tout cela intéressant, ou tout du moins digeste, nous allons développer plusieurs thématiques différentes, gravitant autour de ce sujet passionnant. Ainsi, nous allons d’abord essayer de présenter quelques notions au niveau des origines des Aïnous, de leur langue et de leur culture. Ensuite viendra une partie dédiée à l’histoire et la situation actuelle de ce peuple, puis la présentation d’un « village » aïnou que votre serviteur a eu la chance de visiter. Enfin un élargissement aux différentes Cultures et Peuplades du Nord dans le monde conclura cet exposé qui je l’espère vous intéressera.

Origines, Culture et Langue des Aïnous

Des origines encore mystérieuses

Commençons de manière classique : qu’est ce qu’un Aïnou ? Et bien c’est un homme, un humain, en langue aïnou. Mais plus généralement, ce nom est celui d’une peuplade qui vivait jadis dans la partie nord du Tôhoku (Nord Est du Japon), sur les îles de Hokkaidô, Sakhaline, les îles Kouriles, jusqu’au Kamtchatka (voir la figure 1). Il s’agit tout simplement de la population autochtone du Japon, à l’instar des Aborigènes en Australie, ou des Indiens d’Amérique.



Figure 1 – La Mer d’Okhotsk

Outre l’aspect culturel, les Aïnous font partie d’une ethnie différente de celle des Japonais dits « Wajin (和人)», qui s’est répandu dans l’archipel depuis un lieu et une époque encore mal cerné aujourd’hui . Il est difficile de parler d’ethnie et de culture ici tant il est vrai le peuple japonais est varié, malgré les apparences. Les Aïnous ont le teint plus sombre et un système pileux plus fourni que les Wajin. En fait, plusieurs théories ethnologiques s’affrontent, pour déterminer de quelle grande ethnie ou super-ethnie viennent les Aïnous : théories Mongoloïde, Caucasiennes ou Océanienne, les avis sont tous partagés. La linguistique fournit également d’intéressantes théories, en comparant la langue des Aïnous avec le groupe des langues Basques, ou celles des Indiens d’Amérique (Kindaichi), ou bien avec les groupes Indo-europeens (Lindquist et Naert). L’étude de la linguistique aïnou donne des indications très divergentes quand à l’origine de ce peuple : Kindaichi dans les années 50 soutenaient qu’ils venaient du continent américain, via les iles Aléoutiennes et le détroit de Béring, d’autres croient plutôt, en comparant le langage aïnou aux groupes des langues Altaïques (Turque, Arménien, Mongol, langues d’Asie Centrale et Septentrionale..), que les Aïnous auraient plus de familiarités avec la région nord asiatique (Patrie, 1982). Enfin, Vovin (1993), défend l’hypothèse selon laquelle le langage des Aïnous aurait des liens avec les langues d’Asie du sud-est et de l’Océanie. Les Aïnous et les Indonésiens auraient ainsi une origine commune, hypothèse renforcée par les nombreuses similitudes culturelles entre les deux ethnies (vêtements, artisanat...).
Les Aïnous sont un des nombreux peuples dits « du Nord », qui s’étalent depuis la Laponie jusqu’au Nord du Canada, en passant par la Sibérie Orientale. S’étendant depuis la Mer d’Okhotsk sur Sakhaline, Hokkaidô puis le Japon, les Aïnous ont un patrimoine culturel très différent d’une culture dite « asiatique », tout en en faisant quand même partie, de part le fait qu’« ils étaient là avant tout le monde »… A l’heure actuelle, les derniers Aïnous vivent tous sur Hokkaidô, au Nord du Japon.

Petite présentation de la langue aïnou et de sa culture

La langue est un des vecteurs de transmission d’une culture. Les Aïnous n’utilisant pas de système d’écriture, la transmission ne peut se faire qu’oralement. Aujourd’hui, peu de personnes sont capables de parler aïnou, et encore moins de personnes sont capables de l’enseigner. Ceci est bien triste, car toute cette culture, cet héritage est en train de disparaître. Nous allons essayer de vous présenter ici quelques caractéristiques de cette langue, ainsi que quelques notions culturelles inhérentes à la façon de penser des Aïnous.

Où peut-on lire de l’aïnou ?
Pour ceux qui s’intéressent à la géographie du Japon, vous aurez sans doute remarqué une différence assez particulière entre les toponymes des régions de Hokkaidô, et ceux du reste du Japon. Les sonorités de certains noms de lieux sont en effets relativement différentes des sonorités usitées dans le reste du pays. En fait, beaucoup de ces noms de lieux ont une origine aïnou. En poussant nos investigations un peu plus loin, on peut aussi retrouver ces traces d’aïnou dans quelques toponymes du reste du Japon, et notamment du Tôhoku, la région du nord-est du Japon. Mais intéressons nous à Hokkaidô : la carte ci-dessous présente quelques uns de ces noms aïnous.


Figure 2–Hokkaidô

Ainsi, nous avons :
Sapporo <sat-poro-pet> : «grande rivière sèche »
Noboribetsu <nupul-pet> : « rivière trouble »
Muroran <mo-rueran> : « pente douce »
Et ainsi de suite…

Il est a noter que cette spécificité n’est pas uniquement japonaise : au Mexique, de nombreux noms d’endroits ont des racines Aztèques par exemple. De Même, aux Etats-Unis d’Amérique, des noms comme « Illinois », « Wyoming », « Chicago » ou « Dakota » sont dérivées de la langue des Indiens d’Amérique qui vivaient dans le secteur.

D’après les deux premiers exemples donnés ci-dessus, nous pouvons déduire aisément que le mot « pet », signifie rivière. Chiri Mashiho, un spécialiste du sujet, explique plus en détail tout cela, tout en insistant bien sur l’importance de la rivière au cœur de la société aïnou, c'est-à-dire du village : dans le sud-ouest de Hokkaidô, « pet » est employé pour dire « rivière », et « nay »(que l’on peut retrouver dans Makomanai par exemple) pour « ruisseau ». Mais dans le nord-est de l’île, on emploie uniquement « nay », et « pet » reste rare. Il est même inutilisé dans les îles Kouriles et Sakhaline. Dans le cadre de l’étude linguistique, Chiri remarque que « nay » pourrait très bien venir du mot coréen « nae », signifiant lui aussi rivière. D’autres coïncidences comme celles-ci sont très intéressantes à relever, et servent beaucoup aux ethnologues et aux archéologues pour comprendre l’origine de cette langue, et à fortiori de ce peuple. Notons aussi une diversité des dialectes et des variations régionales à l’intérieur de cette langue

Au niveau des sonorités : tout comme le coréen, l’aïnou voit souvent ses mots finir par une consonne, ce qui est presque impossible en japonais. Ainsi :

Aïnou : sap : « descendre sur le rivage », sat : « sécher », sak : « perdre, manquer »
Coréen : sap : « pelle, truelle », sat : « natte de paille, tatami », sak : « pincement »
Japonais : sapu : « froid glacial », satsu : « billet », saku : « clôture »

La construction des phrases, d’un point de vue grammaticale, présente d’importantes similitudes avec le japonais et le coréen. Comparez :
« Maman ne revient pas avant minuit » :

Aïnou : totto annoski pakno somo hosipi
Français : mère minuit avant pas revient
Japonais : okaasan wa yonaka made kaeranai
Coréen : onma-neun hanbamjung ggaji an doraonda

Les verbes quant à eux s’accordent en genre et en nombre avec le sujet, comme en français ou en arabe, ce qui n’est pas du tout le cas du japonais ou du coréen. De manière tout à fait générale, nous pouvons voir qu’il existe d’importantes similitudes entre l’aïnou, le japonais et le coréen, mais les linguistes ne s’accordent pas tous pour dire que ces trois langues ont bien une racine commune. Nous l’avons dit au début, beaucoup de linguistes comparent l’aïnou aux dialectes d’Asie du sud-est, et les exemples donnés dans cet exposé ne sont justement qu’un petit aperçu de ce qui peut découler d’études linguistiques de l’aïnou.

Comme nous l’avons dit plus haut, la rivière est au cœur de la communauté des Aïnous ; ils en ont une conception assez unique, et tout est structuré dans la société autour de cette rivière, ou de ce ruisseau. Par exemple, les Aïnous n’emploient pas les points cardinaux, nord, sud, est, ouest, pour s’orienter, mais se réfèrent plutôt à l’amont et l’aval de la rivière, à contre courant ou dans le sens du courant. De même, les rivières naissent dans la mer, et meurent dans la montagne, comme si leur notion de courant était opposée à la notre. Le style de vie des Aïnous est celui de chasseurs pêcheurs cueilleurs, et donc leur vocabulaire s’est organisé en conséquence. Les nombreuses traces et autres sites archéologiques montrent qu’ils vivaient en communauté, non loin du rivage côtier, ou d’une rivière à l’intérieur des terres. Le poisson : la viande de poisson semble également être un des principaux aliments, en témoigne le vocabulaire précis pour décrire chaque espèce de baleines (environ 24), chaque étape du cycle du saumon (20 mots différents), ou bien encore les différents types de phoques (plus de 50 !).

Le mot Kamuy est un des mots-clés de cette culture : il signifie «un » dieu. Les Aïnous sont animistes, et croient donc aux esprits, ou âmes, qui insufflent la vie dans tout ce qui les entoure : animaux, arbres, plantes, et mêmes les objets. Cependant, tout n’est pas aussi simple, et une distinction est faite par exemple entre ce qui est « important » de ce qui ne l’est pas. Qu’entends-on par « important » ? C’est tout simple, sur Hokkaidô et dans toutes les régions où s’étendait jadis le peuple aïnou, l’hiver est extrêmement rigoureux, beaucoup plus difficile à vivre que l’été. On accordait donc une importance toute particulière aux animaux, à la nourriture, aux phénomènes naturels (le feu) qui les aideraient à passer l’hiver. Ainsi, la référence au Kamuy revient souvent lorsqu’on parle de saumon, d’ours, de cerfs ou du feu, beaucoup plus que pour les truites où l’eau, ce qui tombe sous le sens quand on connaît le climat de ces régions !


Figure 3 – Un animal respecté

L’ours occupe une place centrale dans la culture aïnou ; en fait le mot Kamuy désigne également l’ours en aïnou. Bien sûr, tout comme les cerfs ou les lièvres, on chassait cet animal très présent dans le secteur (le Kamchatka est à ce titre une des plus grosses réserves d’ours au monde), mais, peut-être à cause de sa stature imposante, l’on réservait un culte bien plus important à l’ours. En fait, on raconte que les ours seraient des dieux des montagnes venus apporter aux hommes de la viande. En mangeant sa chair, les Aïnous libèrent son esprit qui peut ainsi retourner dans le monde des dieux.
Le concept de Kamuy est également appliqué aux hommes, à toutes choses dans le monde, ou plutôt « sur » le monde. Quand au concept de l’âme quittant le corps, il était reconnu par les peuples de Sibérie comme par les premiers japonais. Nous avons par exemple dans l’ancien Japon une distinction entre l’âme iki, souffle de vie, et l’âme tamashii, qui se détache du corps, s’absente de ce dernier, notamment lors des maladies. La vision des Aïnous à ce sujet diffère sensiblement de ses voisins, puisque leur vision de l’âme ne fait pas de distinction entre le principe de vie et la psyché. Selon quelques croyances, l’homme devient Kamuy après la mort, tandis que son âme, Ramat, descend dans un royaume divin, Pokna-Moshir, distinct de celui où se rend l’homme, Kamuy-Moshir. L’âme pourra commencer une nouvelle vie dans ce « monde souterrain ».
Les Aïnous ont une vision dualistique du Monde : il est composé du monde des hommes et de celui des dieux, et une relation de complémentarité existe entre eux, et l’idée qu’ils forment un tout cohérent est essentielle. Les dieux de la Nature prennent la forme d’etres humains dans le Monde Divin (Kamuy-Moshir), et sont déguisés en plantes ou animaux dans le Monde des Hommes (Aïnous-Moshir). A l’opposé, les humains sont des humains dans le Monde des Hommes, mais deviennent des divinités dans le Monde Divin. Les Kamuy sont donc considérés (dans l’idée) « comme » des humains.
Une caractérisation des divinités par genre est également faite. Le Kamuy mâle est considéré comme ayant le pouvoir, la domination, ce qui est représenté par les animaux : ils symbolisent la chasse, et le rôle de l’homme (mâle) dans l’écologie (au sens grec du terme) aïnou. D’autre part, la productivité et la nutrition sont symbolisées par des Kamuy femelles, et exprimés à travers les plantes, qui sont liées à la cueillette, rôle de la femme (femelle) toujours dans l’écologie aïnou. De ce contraste entre divinités mâles et femelles découle celui existant entre l’extérieur (politique et social) et l’intérieur (domestique), ou bien le contraste existant entre prêtres (hommes uniquement) et shamans (médecine, prédictions au contact du surnaturel…) dans les activités religieuses. Mais si la domination est symbolisée par une divinité mâle, le rôle de médiateur entre le Monde des Hommes et le Monde Divin est lui symbolisé par le genre femelle d’une divinité. Les rituels religieux où les femmes ne sont pas supposées participer ne peuvent se faire correctement sans l’appel à la Divinité du Feu, une déesse. De même, les Aïnous doivent prier la Déesse de la Chasse et de la Pêche pour espérer ramener de quoi se nourrir. Ce rôle des déesses médiatrices montre que les échanges entre Monde Humain et Monde Divin ne peut se faire sans l’aide du genre féminin. Ces divinités femelles symbolisent la nécessité d’une coopération totale et du support des femmes pour maintenir la société. Au regard de tout ceci, on peut dire que la vision du genre chez les Aïnous est assez égalitaire, en tout cas basée sur la relation de complémentarité qui existe entre les deux sexes, plus que sur l’inégalité

La cosmologie, la spiritualité des Aïnous sont relativement complexes, et pour plus de détails, je vous renvoie à l’excellent « The World View of the Ainu », de Yamada Takako (voir bibliographie).

Voici pour finir cette partie un petit précis de vocabulaire (phonétique) aïnou, qui sait, si un jour vous venez sur Hokkaidô faire des randonnées dans la forêt, au détour d’un taillis, vous aurez peut être besoin de crier à l’aide…

Français -> Aïnou
Montagne -> Noupouli
Riviere -> Pet/Nay
Eau -> Wakka
Feu -> Apé
Route -> Lou
Grand -> Polo
Petit -> Polo
Village -> Kotan
Homme -> Hékachi
femme -> Makkachi
neige -> Upat
Maman -> Hapo
Papa -> Michi
Tête -> Sapa
Forêt -> Shikou
Main -> Tek
Bonjour -> Ilankala(p)té
Merci -> Iyailaikéshi
Aujourd’hui -> Tanto
Hier -> Nouman
Demain -> Nisatta



Voila donc une petite présentation de la culture et de la langue des Aïnous. Comme vous avez pu vous en rendre compte, le sujet est très vaste, et si il a pu susciter chez vous un intérêt quelconque, si votre curiosité a été titillée, nous ne saurions trop vous conseiller de prolonger et d’approfondir ce qui a été effleuré ici en vous aidant par exemple de la bibliographie donnée plus bas. Nous vous invitons maintenant à passer à la suite de l’exposé consacrée à l’histoire du peuple aïnou.

Sources :

Internet :
http://linguistics.byu.edu/classes/ling450ch/reports/ainu.html : une synthèse des études linguistiques visant à déterminer l’origine de la langue aïnou.

Bibliographie :

 Yamada Takako : The World View of the Ainu,2001, Kegan Paul.
 Chiri Mashiho : Chimei Ainugo Shojiten, 1956, Hokkaidô Shuppan Kikaku Center.
 Shibatani Masayoshi : The languages of Japan, 1990, Cambridge University Press.
 Hattori Shiro : An Ainu Dialect Dictionary, 1964, Iwamami Shoten.
 James Patrie : The Genetic Relationship of the Ainu Language, 1982, University press of Hawaii.



J’adresse mes sincères remerciements à Katsunobu Izutsu (Faculté d’Education de l’Université de Hokkaidô) pour toutes ses explications, ainsi qu’à ToMach pour son aide et les lectures qu’il m’a conseillées.

Figure 1: © http://www.expedia.com/pub/agent.dll
Figure 2 : © http://www.members.aol.com/%20jinngroup/
Figure 3 : © tinou


Maintenant que nous sommes tous bilingues aïnou, intéressons-nous à l’histoire, le passé, le présent et l’avenir des Aïnous.
Re : Histoire des Civilisations
« Réponse #28, le 17 Août 2005 à 16:06 »
On va continuer dans la joie et la bonne humeur:

L’Histoire des Aïnous 


L’histoire du peuple aïnou n’est pas encore bien connue : beaucoup de pistes sont encore à explorer, de matériaux à étudier et à resituer dans une perspective historique, que ce soit au niveau de l’ethnologie, de l’archéologie ou de l’anthropologie. Nous l’avons déjà dit plus haut, le rôle des Aïnous dans l’histoire du Japon est encore flou, et il en va de même pour les origines du peuple japonais lui-même. Dans cette partie, nous allons essayer de restituer ce qui semble être à peu près sûr aujourd’hui : les faits historiques, mais aussi les réflexions, les analyses qui ont découlées de ces recherches. En remontant vers le présent, nous essaierons par la suite de présenter la vie des Aïnous aujourd’hui, au Japon. ?


Premières traces des Aïnous dans l’Histoire

Il faut remonter au début du 8ème siècle de notre ère et l’écriture du Kojiki, l’encyclopédie de tous les mythes et légendes racontant l’origine du Japon, et plus simplement le premier ouvrage de littérature japonaise, pour entendre parler des Aïnous, lesquels sont parfois considérés comme les descendants des Emishis. Si l’on creuse un peu plus, on s’aperçoit que plusieurs théories sont en présences quand à cette descendance. Les Emishis sont un peuple qui vivait dans le nord du Tôhoku et le sud-ouest de Hokkaidô. En fait plusieurs tribus, peuples et cultures différentes semblaient cohabiter à l’époque dans la région : Emishi (nord de Honshu, sud de Hokkaidô), Ashihase (nord de Hokkaidô) etc. Les Emishis ont sans doute été les premiers, de par leur position géographique, à avoir eu des contacts avec le Japon des Wajin, celui de l’Empereur etc. Repoussés, ils ont du s’étendre sur Hokkaidô où ils ont dû entrer en contact avec les autres cultures déjà sur place, comme les Ashihase, qui “seraient” eux descendus depuis Sakhaline, et devenir les Aïnous que nous “connaissons” (culture Satsumon)… D’autres traces suggéreraient que les quelques Emishis restés sur Honshu, auraient été absorbé culturellement par le Japon de l’époque Yayoi (plus spécifiquement entre les 5ème et 7ème siècle)…
D’autres hypothèses sont également envisagées, mais ce qu’il faut surtout retenir à ce stade (et dans l’optique du texte) concerne plus la pluralité des peuples et des cultures qui cohabitaient dans les régions du Tôhoku, de Hokkaidô, de Sakhaline et plus généralement de toute cette portion d’Asie du nord-est.
A partir du 8ème siècle, nous pouvons considérer que le peuple aïnou se répartissait de la façon explicitée sur le schéma 1. Une distinction est faite entre les Aïnous des îles Kouriles (Chishima), ceux de Hokkaidô, alors appelé Ezochi ou Ezogashima (terre des Aïnous), et ceux de Sakhaline (Kita Ezochi).


Schéma 1 - Aïnoumoshir, le monde des Aïnous

Au 12ème siècle de notre ère, par des contacts avec d’autres régions, comme la région de la rivière Amur, ou?bien évidemment le Japon, le métal est introduit et rend possible tout ce que la céramique de la culture Satsumon ne permettait pas : haches, armes, bijoux, outils en bois etc. Ces nouveautés entraînent une expansion économique et militaire ainsi qu’une intensification des échanges entre les trois principales régions alors habitées par les Aïnous. Au 13ème siècle, les Aïnous de Kita Ezochi se confrontent aux Nivkh, venus depuis la côte toute proche. Les Yuan venus aider les Nivkh entreront également en contact avec les Aïnous. De manière générale, les Aïnous de Kita Ezochi avait un mode de vie assez différent des Aïnous de Hokkaido : influencé par les cultures dominantes de la Mandchourie, du bassin de la rivière Amur, et par les Russes. Leur subsistance se rapprochait plus de celle des peuples de Sibérie, vivant des ressources des forêts boréales. Quant aux Aïnous des îles Kouriles, le manque de bois de leur milieu (notamment les îles du nord) les obligeait à échanger des ressources comme des peaux de phoques, des plumes de faucon ou d’autres produits maritimes contre des ressources logistiques venant de Ezochi et de Kita Ezochi.

Au 15ième siècle, les Wajin (nom donné aux Japonais non autochtones) établissent une petite base économique dans le sud-ouest de Ezochi : c’est à partir de là que les premiers vrais échanges entre Aïnous et Wajin ont lieu, échanges qui vont se transformer en conflits puisque les Wajin ne sont pas là que pour les richesses de la terre d’Ezochi, mais bien pour Ezochi elle-même.


Les Aïnous et le Japon de l’après-Sekigahara

1604 : le vainqueur de la bataille de Sekigahara, le Shogun Tokugawa Ieyasu, donne au clan Matsumae le monopôle du commerce avec les Aïnous de l’île d’Ezochi. S’ensuit une période d’accélération des échanges, mais aussi d’échauffements entre les deux peuples. Les Aïnous ne sont pas non plus d’accord entre eux, et des batailles ont lieux entre les clans Shibechari et Hae (1648). En 1669, Shakushain, leader des Shibechari, mènent tous les Aïnous de Ezochi contre les Wajin dans ce qui restera le plus effroyable conflit entre les deux peuples. Lors des négociations pour la paix, le clan Matsumae empoisonne Shakushain, ce qui met finalement un terme a la guerre. Les Wajin ont ainsi gagné une énorme mainmise sur les richesses des Aïnous.
1789: les Aïnous de Kunashiri Menashi (Iles Kouriles) se rebellent contre des marchands japonais qui les forçaient à travailler dans un port de pêche dans des conditions inacceptables. 37 chefs Aïnous sont exécutés par les soldats du clan Matsumae, qui vont par la suite contraindre par la force les Aïnous a céder leur terres au Japon. Le Shogounat des Tokugawa va par la suite (fin du 18ème siècle) prendre le contrôle de Ezochi, transférant les Matsumae dans le Tôhoku, avant de la leur rendre en 1821. Les Russes ont commencés à se montrer en effet très intéressés par les contrées reculées de leur empire, qui n’avait alors jusque là pas de frontières bien précises, et avaient commencé à envahir dès 1730 le nord des îles Kouriles et de Sakhaline (Kita Ezochi).

 
Figure 1 - Les Russes approchant les îles Kouriles (auteur et date inconnue)

Cette rapide prise en main du Shogun va se traduire par le début d’une violente politique assimilationniste des Aïnous au peuple japonais, et ce dans le but de démontrer aux Russes qu’Ezochi est bien japonaise.

Le dessin de la frontière sera chose faite en 1854, avec le traité de Shimoda, qui prévoit de partager le Japon et la Russie entre les îles d’Urup et d’Etorofu. Pour garder les îles Kouriles, le gouvernement Japonais a pour la première fois prétextée que les Aïnous qui vivaient là étaient des Japonais, et que donc ces terres étaient japonaises. Quand à l’île de Sakhaline, alors appelée Kita Ezochi, elle sera désignée comme un territoire commun où Japonais et Russes pourront vivre ensemble.
Voir le schéma 2 :

 
Schéma 2 - Les nouvelles frontières du Japon (1)

Sitôt le traité signé, le Japon a accéléré la japonisation du nord du pays. Ceci s’est traduit par des politiques d’éducation de la population aïnou à la langue et à la culture japonaise, ainsi que par le contrôle direct du gouvernement sur les terres des Aïnous. En 1869, Kita Ezochi est rebaptisée Karafuto, et Ezochi devient Hokkaidô. La Commission de Colonisation est établie et les japonais vont commencer à s’installer massivement sur l’île, si bien que les Aïnous deviendront rapidement minoritaires, renforçant du même coup l’assimilation forcée. De nombreuses traditions et coutumes aïnous sont interdites : le tatouage des femmes, les boucles d’oreilles des hommes, l’incinération de la maison et le déménagement de la famille à la mort d’un de ses membres…

Les Aïnous pendant l’ère Meiji

En 1875, un nouveau traité avec la Russie prévoit le rattachement de toutes les îles Kouriles au Japon, en échange de Karafuto, devenant Sakhaline (voir le schéma 2). Les Aïnous de Sakhaline sont, pour la plupart, expatriés sur Hokkaidô. On pense que des maladies telles la vérole, ont fait beaucoup de dégâts sur Sakhaline, et donc à la population aïnou de cette île. Les populations aïnous de Hokkaidô sont relogées dans des réserves ; on envoie les enfants dans des écoles différentes des écoles traditionnelles japonaises, et ce, afin de mieux contrôler le peuple aïnou. On interdit aux Aïnous de parler leur langue, et les pratiques traditionnelles ont donc disparues peu à peu, car l’héritage aïnou se transmet uniquement par voie orale (pas de système d’écriture), via des chants, des récits et des poèmes…
Cependant, en 1878, la Commission de Colonisation commence à employer le terme “anciens aborigènes” pour désigner les Aïnous. Plus tard, dans les années 1890, des tentatives pour faire passer une loi de protection des aborigènes de Hokkaidô au gouvernement échouent, puis réussissent en 1899, avec un pacte visant à apporter l’aide nécessaire au développement des gens les plus pauvres de Hokkaidô, et qui se trouvent être en majorité des Aïnous, en s’axant notamment sur l’agriculture. Mais les terres attribuées aux Aïnous se révèleront incultivables, les meilleures étant réservées ou déjà occupées par les Japonais. Ne pouvant plus chasser, ni pêcher par décret gouvernemental, les Aïnous se retrouvent sans ressources, ruinés. Ce pacte de 1899 est vu comme le coup de grâce porté aux autochtones du nord du Japon.
Assimilés par la force (et par la loi) à la population japonaise, beaucoup d’Aïnous se résignent, et s’intègrent dans la société japonaise, meurent même sous le drapeau japonais ; les multiples révisions (1919, 1937, 1946) du pacte de 1899 n’aident finalement pas beaucoup les premiers habitants de Hokkaidô à relever la tête, le mal était déjà fait.

Le réveil, au lendemain de la 2nde Guerre Mondiale

Les choses changent au lendemain de la seconde guerre mondiale : d’une part les frontières du pays (voir le schéma 3), et d’autre part, le système politique du pays, qui bascule, sous le contrôle américain, dans la démocratie.


 
Schéma 3 - Les nouvelles frontières du Japon (2)

Les îles Kouriles sont depuis 1945 et jusqu’à aujourd’hui toutes aux mains de la Russie, qui en a fait un rempart militaire stratégique contre les Américains pendant la Guerre Froide. Les Japonais revendiquent depuis cette date la possession de Etorofu, Shikotan, Kounashiri et les îlots Habomai, où des Aïnous, puis des Japonais ont vécus.

1946 : la démocratisation du pays et l’article 13 de la Constitution rendent illégales la discrimination et l’assimilation du peuple aïnou. Les Aïnous obtiennent les mêmes droits que les Japonais. Une prise de conscience de l’identité aïnou s’opère, et la même année, l’Association des Aïnous de Hokkaidô voit le jour (Hokkaidô Ainou Kyôka), rebaptisée Association Utari de Hokkaidô en 1960. Les Aïnous vont pouvoir maintenant faire pression sur le gouvernement pour faire revivre leur culture.

Le Japon signe en 1979 le Pacte International sur les Droits Civils et Politiques (ICCPR). Ce pacte prévoit que « s’il existe dans les pays signataires des minorités ethniques, religieuses ou linguistiques, les personnes appartenant a ces minorités ne peuvent être privé du droit d’avoir en commun avec les autres membres de leur groupe leur propre vie culturelle, de professer et de pratiquer leur propre religion, ou d’employer leur propre langue (Troisième partie - Article 27) ». En ratifiant ce pacte, le Japon a cependant déclaré qu’il n’existait pas de telles minorités dans le pays. Le pacte de 1899 prônant l’assimilation, bien qu’obsolète et illégitime, avait la vie dure.

En 1986, le Premier Ministre japonais Nakasone déclare que le Japon est une nation mono ethnique, ce qui provoque de vives critiques au sein de la communauté et des associations aïnous. L’année d’après voit la première participation des Aïnous à la Conférences des Nations Unies sur les Peuples Autochtones, ce qui les place pour la première fois sur la scène internationale. 2 ans plus tard, en 1989, le gouvernement japonais établit un comité qui devra examiner les différents points d’une future Loi Concernant le Peuple Aïnou.

Les choses vont s’accélérer en 1997. L’affaire du barrage Nibutani va opposer deux Aïnous à la construction d’un barrage sur un site sacré aïnou (la région de la rivière Saru). La Cour de Sapporo reconnaissant le caractère sacré du lieu insiste également sur le fait que malgré la signature de l’ICCPR en 1979, le gouvernement japonais n’avait pas encore véritablement cherché à protéger l’héritage culturel des Aïnous. S’ensuit donc le vote de la loi de 1997 dite “Nouvelle Loi Aïnou”, qui reconnaît pour la première fois l’existence d’une minorité ethnique au Japon, et prévoit notamment l’établissement d'un centre de recherche pour la culture aïnou, de mettre en place des infrastructures permettant d’étudier la langue des Aïnous, et enfin d’encourager la préservation des traditions et coutumes aïnous.

Les Aïnous aujourd’hui

Les Aïnous ne sont aujourd’hui plus que 24000 sur tout Hokkaidô, vivant principalement dans les sous-préfectures de Iburi et de Hidaka. Notez que ce chiffre est loin d’être précis, car beaucoup d’Aïnous sont maintenant complètement assimilés à la population japonaise, ne voulant plus revendiquer leur patrimoine, ou même ignorant complètement leurs origines aïnou. En effet, bien qu’illégale, la discrimination existe toujours au Japon. D’après des enquêtes de l’association Utari, les Aïnous souffrent de discrimination essentiellement à l’école, au regard du mariage, et au travail. Si les jeunes Aïnous ou ayant un patrimoine aïnou réussissent presque aussi bien que les japonais les concours d’entrée au lycée, ils sont en revanche moitié moins nombreux à entrer à l’université. Même si le niveau de vie de la population aïnou s’est un petit peu relevé, il y a encore du chemin à faire pour rattraper celui de la moyenne générale des habitants de Hokkaidô ; les Aïnous restent beaucoup plus dépendant des aides sociales que la majorité des gens.

Les associations se battent pour que cela cesse, et surtout pour faire en sorte que le gouvernement reconnaisse le caractère «autochtone » du peuple aïnou. Par cette revendication, les Aïnous espèrent obtenir des droits spécifiques, comme celui d’avoir un endroit pour développer la culture et faire revivre la tradition aïnou. Il ne s’agit pas de faire une réserve comme c’est le cas aux Etats-Unis, mais plutôt un endroit distinct d’un parc d’attraction, où l’on ferait vivre et poursuivre la vie selon la tradition aïnou et donc basé sur la préservation de l’environnement. Ce projet a un nom : IWOR. Prévu par la Nouvelle Loi Aïnou de 1997, ce parc ne s’est pas encore construit pour des raisons de restrictions budgétaires liées au contexte économique international. Mais les Aïnous, depuis leur participation à la Conférences des Nations Unies sur les Peuples Autochtones, ont appris des autres minorités de ce monde : des échanges ont eu lieu avec les Inuits du Canada par exemple. Petit à petit, en se servant du pouvoir des médias et en apparaissant sur la scène internationale, les Aïnous ont pu faire bouger un gouvernement souvent jugé trop immobiliste, et peuvent encore influer de la sorte.

Réalistes, les Aïnous écartent toute idée de revendication territoriales : l’histoire a fait son oeuvre, et les Wajin sont maintenant bien implantés sur Hokkaidô. Il n’est de toute façon pas question de séparation violente, de refoulement, ni même de guerre ouverte, la tradition aïnou favorisant plutôt le dialogue. L’essentiel reste quand même de faire admettre au gens que l’idée d’un peuple japonais mono ethnique, mono culturel est erronée (elle est même illégale depuis 1997). Agir en conséquence au coeur de la société, par exemple en revenant sur les manuels scolaires, qui parle des Aïnous, mais les considère comme complètement assimilés à la population, peut favoriser une prise de conscience, en tout cas le débat d’idée. Notons qu’il en va exactement de même pour le peuple d’Okinawa, qui sont eux plus d’un million à s’identifier comme descendants du peuple des Ryûkyû, et qui ont des représentants spéciaux au sein de la Diète.
Les associations Aïnous sont nombreuses à l’heure actuelle sur Hokkaido. Des débats ont lieu entre elles, revenants sur les lois, faisant du lobbying auprès des gens. Beaucoup d’opinions sont exprimées, par exemple concernant la loi de 1997 : certains y voient un progrès immense, d’autres pensent que cela ne va pas assez loin. Il en va de même pour les musées ou les villages reconstitués : cela aide à montrer en priorité aux japonais qu’ils existent, mais on peut voir ça aussi comme la disneylandisation d’un peuple, d’une culture. Le projet de parc IWOR est attendu au tournant à ce sujet.

Conclusion

Voilà donc en condensé les faits marquants de l’histoire des Aïnous. Pour plus de précisions, nous vous renvoyons aux sources bibliographiques à partir desquelles a été rédigé ce texte. Nous avons pu voir que les Aïnous, regroupés en association, ont entrepris un important travail de fond pour faire revivre leur culture. Nous l’avons dit plus haut : les origines de ce peuple sont mal connues, et les recherches en ce sens peuvent avoir une influence capitale sur l’opinion : en 1997, trois intellectuels japonais, l'ethnologue Nakazawa Shin'ichi, l'historien Umehara Takeshi et le philosophe Yoshimoto Takaaki, ont affirmé que les Aïnous : “ sont des proto-nippons, (...). Avec les habitants d'Okinawa, ils [sont] les ultimes représentants des Japonais d'avant le Japon”. Nul doute que ce genre d’affirmation n’aide en rien à la revendication par les Aïnous (comme) d’un statut de peuple autochtone, bien distincts des colons Wajin. Nul doute aussi que les Aïnous doivent prendre un chemin parfois différent du recours systématique a la loi (le cas du barrage de Nibutani reste exceptionnel) dont usent beaucoup les minorités autochtones du continent américain par exemple. En effet, dans un pays comme le Japon, recourir à la justice n’est pas vraiment encouragé, voire mal vu : les arrangements à l’amiable sont préférables, pour éviter de briser l’harmonie, et de perdre la face en société. Mais il faut aussi tenir comte des mutations et des changements qui s’opèrent constamment au sein de cette société japonaise, qui iront sans doute dans le sens de la lutte des Aïnous.

Sources :

Internet :

http://www.monde-diplomatique.fr/ : un intéressant article sur les conflits territoriaux entre le Japon et la Russie.
http://www.isn.ne.jp/~suzutayu/MHJapan/WhosEmishi.html : un exposé sur les Emishis.
http://doc-iep.univ-lyon2.fr/Ressources/Documents/Etudiants/Memoires/MFE2002/chesneaue/these_body.html : une étude incontournable sur les Aïnous et leur combat en tant que peuple autochtone.
http://www.admin.ch/ch/f/rs/0_103_1/ : pour tout savoir sur le Pacte International sur les Droits Civils et Politiques (ICCPR).
http://www.ainu-assn.or.jp : le site de l’Association des Aïnous de Hokkaido.
http://members.jcom.home.ne.jp/yosha/minorities/nationalityinjapan.html : une histoire de la nationalité japonaise.
http://www.artsci.wustl.edu/~copeland/ainu.html : les Aïnous et le racisme au Japon.


Bibliographie :

- William W.Fitzhugh et Chisato O.Dubreuil : Ainu : Spirit of a Northern People, 1999, University of Washington Press.
- Fred Peng et Peter Geiser : The Ainu, The Past in the Present, 1997, Bunka Hyoron Publishing Company.
- Hokkaidô Ainu Kyôkai, Brochure on the Ainu People, 2003.

Je tiens à adresser mes vifs remerciements au personnel de l’Association des Aïnous de Hokkaido pour leur aide précieuse et le temps qu’ils m’ont accordé, ainsi qu’à ToMach, pour les précisions et les conseils qu’il m’a donné.

Schéma 1 : © Hokkaido Ainu Kyôkai , Brochure on the Ainu People, 2003
Schéma 2 et 3: © http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/kouriles
Figure 1 : © William W.Fitzhugh et Chisato O.Dubreuil : Ainu : Spirit of a Northern People, 1999, University of Washington Press.
Exposé rédigé par Jolan, Juin 2004
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