Je voudrait juste remarquer plusieurs trucs.
Le premier, c'est que côté politique on est dans un délire total. Un givré qui fonce dans le tas au volant d'un véhicule, c'est pas la première fois que ça se produit (et c'est probablement pas la dernière, vu la publicité donnée à ce qui s'est passé. Ça va donner un paquet d'idée aux psychopathes) OK, il a fait un carnage. Après, sérieusement, on fait quoi? Si par exemple tous les marchés de France doivent être cernées par des glissières en béton pour être "sécurisés", ça va être ingérable. Ce que je remarque aussi, c'est que c'est arrivé à Nice, ville qui dépense un pognon dingue en police municipale et vidéosurveillance. Ça en est tout juste s'ils ne peuvent pas zoomer pour lire le tatouage du chien qui viens de déposer sa crotte sur le trottoir. Résultat de tout ce pognon dépensé: zéro utilité. Moi, je serai l'ancien maire de cette commune, je m'écraserai, car demander plus de fric et de moyens alors qu'après Monaco, Nice doit être une des villes les plus fliquée, vu le rapport qualité/prix, il n'y a pas de quoi pavoiser.
La deuxième, c'est que je ne vois pas le sens de maintenir l'état d'urgence. En gros, on a un gouvernement qui explique qu'il n'y avait aucun moyen d'identifier le risque que ce type perde les pédales, mais dans le même temps, il explique qu'il faut maintenir l'état d'urgence. Lorsqu'il a été mis en place, certains avait dit que le gouvernement le maintiendrait (au moins) jusqu'aux élection présidentielles et c'est bien ce qui se prépare. Dans quel but? De toutes façons, les militaires et les policiers, il va bien à un moment les laisser un peu souffler donc maintenir ad-vitae l'état d'urgence revient à le vider de son sens, tout comme l'est vigipirate permanent depuis des années et qui est plus un logo triangulaire collé partout qu'autre chose.
La troisième, c'est que la réaction de la presse n'est pas nouvelle. Il y a toujours eu une presse sensationnaliste (dite populaire mais de qualité) au début du XXe siècle, il n'y avait pas de photos, ni de vidéos, mais certains journaux populaires mettaient des gravures "selon réel" des crimes ou faits divers en couverture. Cela se vendait très bien. À côté de ça, il y avait la presse "sérieuse": Pas de photos, pas de dessins, pas de faits divers (les "chiens écrasés"), mais des articles d'analyse avec un fond politique (dans la tonalité éditoriale du journal)
Il est vrai que la presse sensationnaliste avait été quasiment liquidée suite à sa collaboration active la seconde guerre mondiale. Même certains titres "sérieux" trop ouvertement collabos ont aussi été interdits. La presse papier populaire a progressivement (à partir des années 1970) été remplacée par la télévision. Celle-ci a eu l'évolution qu'on connaît: course à la rentabilité par l'audience avec réduction des coûts de production associée.
À mon sens, ce qui se joue plutôt en ce moment c'est, que par la suite de l'affaiblissement économique de la presse "sérieuse", cette dernière, après être tombée aux mains de quelques grands capitalistes, se lance dans la même course que la télévision: réduction des coût->baisse de la qualité. Cela a deux conséquences. La première la baisse du nombre de lecteurs, car pourquoi payer 2€ un journal pour avoir le même contenu que LCI ou BFM? La seconde est une perte de repères totale sur ce qu'est un journal de qualité. Le lecteur n'attend pas d'un journal de qualité qu'il démente les intox diffusées sur Facebook, il attend une mise en perspective des évènements, avec des analyses à froid (les analyses à chaud, il y a BFN)
Et ce qui se passe est finalement très inquiétant: il y a 15 ou 20 ans, la presse papier nationale essayait de tirer les connaissances du lecteur vers le haut (tout en faisant passer son message politique) Le lecteur était à la fois informé et instruit. Maintenant, elle essaye de se mettre au niveau du lecteur (tout en faisant toujours passer son message politique) le lecteur/auditeur/téléspectateur est informé, mais il n'est plus instruit. S'il n'a pas les clefs de lecture d'un évènement, il ne saura pas en saisir l'importance. Il n'en saisira que l'émotion. C'est ça qui est grave: Comment le citoyen peut avoir un avis éclairé si on le l'aide pas en contextualisant l'information? Jouer la carte de l'émotion pure, c'est faire le jeu du populisme.