Un demarrage fort maitrise, avec fabuleux remix de Sweet Dreams, des couleurs tres sombres, le titre qui s'affiche en trainees liquides sur une vitre, avec nombreuses ellipses pour donner de la fluidite et le maximum d'impact a la scene, c'est excellent, je suis scotche. Puis, le delire arrive. L'hopital psychiatrique, et voila les scenes sans queue ni tete, truffees de cliches racistes (OMG, les zombies qui parlent allemand dans la sequence steam-punk) et sexistes (festival de filles -sexy- en tenues provocantes, Amber la sucette a la bouche qui enfourche son mecha, bien sur...), de scenes d'actions repompees des recents classiques du jeu video (Lair, Bayonetta, Ninja Gaiden, Vanquish-like, donc Halo j'imagine ?) auxquelles on ajoute une pincee de nawak pour dire qu'on invente (l'armure japonaise armee d'une sulfateuse, j'en ai colle ma main au front).
Les dialogues sont affligeants et feraient passer Vanquish pour un modele de serieux, entre fausses reflexions profondes sur le sens de la vie et slogans memorables du genre "vous pouvez ce que vous voulez avec votre bouche, mais c'est avec votre cul qu'il faudra payer".
Le raccord entre les 3 niveaux de conscience, a savoir l'hopital, le delire sur le claque clandestin, et enfin le jeu video sous coke que Baby Doll voit presque en permanence (parce qu'Inception et cie sont passes par la, donc il s'agit de donner de la "profondeur" a la chose) ne prend absolument pas, voir ces cruchasses se tenir debout raides comme la justice et nous demander d'imaginer dans la sequence qui suit une scene de danse qui va mettre en transe l'auditoire, non. Le jeu des actrices (qui, je le repete, sont vraiment craquantes) se limite a prendre les 3 memes poses ultra-cool (en general pratiquement couchees au sol avec une main tendue dynamiquement en arriere), aheum. Mais peut-etre qu'elles ne savaient pas faire autre chose, d'ou l'absence de sequences dans le monde "reel", et une concentration de l'action sur les poses putassieres du monde "cabaret" et les visages decides ou apeures du Bayo-like sous acide.
C'eut ete un jeu video, j'aurais trouve les scenes d'action prenantes, mais j'aurais finalement donne une mauvaise note, parce que le reste est rate. En tant que film, j'ai la frustration de n'avoir meme pas pu controler l'heroine. Pis que ca, le film HURLE que c'est une tentative de perfect-play, puisque les personnages n'ont strictement AUCUNE epaisseur. Elles crevent comme des mouches vers la fin, ca ne fait ni chaud ni froid. Comment sont-elles arrivees ici? Quelles sont leurs motivations personnelles? On s'en fout, elles sont la pour montrer du cuissot et decalquer du vilain virtuel. Meme les FPS actuels se targuent de plus de profondeur scenaristique.
Mais ne serais-je pas un esprit chagrin? Je suis alle voir ce film en esperant du grand spectacle et un decollement de retine. Mission reussie pour le cote visuel impressionnant (couleurs notamment). Mais le reste est tellement mauvais que ca ne prend pas. Definitivement, un jeu ou un film ne se juge pas que sur ses graphismes. Captain Sky and the World of Tomorrow etait magnifique mais son scenario etait irritant au possible. Ici, pourquoi s'embarasser d'un scenario? On enchaine les morceaux de bravoure en collant une vague explication, les fans se masturberont suffisamment pour donner du sens et de la profondeur a tout ca. Une seance d'onanisme collectif, il n'y a que ca de vrai.
Mon interrogation personnelle sera en fin de compte sur Casshern. J'ai adore ce film a l'epoque, qui, d'apres mes souvenirs, ne vole guere plus haut que celui-ci. Visuels epoustouflants, scenario risible et truffe de cliches, BO d'enfer. Il va falloir le regarder a nouveau pour voir s'il a (ou j'ai) mal vieilli, ou bien s'il a ce que Sucker Punch n'a certainement pas : une ame.