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Nicolas Sarkozy s'inquiète du financement de l'économieLE MONDE | 01.10.08 | 13h48 • Mis à jour le 01.10.08 | 13h48
"A-t-on bien fait pour Dexia ?" Alors que s'achevait la réunion à l'Elysée avec les banquiers et les assureurs, mardi 30 septembre vers midi, Nicolas Sarkozy a cherché l'approbation des professionnels du secteur sur le sauvetage de la banque franco-belge négocié pendant la nuit, jusqu'au petit matin, par les pouvoirs publics.
Les traits tirés par ces négociations, le président de la République avait ouvert la séance une heure et demi auparavant avec deux ambitions : restaurer la confiance envers un système bancaire ébranlé par le rejet du plan de sortie de crise américain, et assurer le financement de l'économie. "Il s'est montré assez prudent sur les moyens d'actions, ayant bien compris que la crise était un problème systémique", souligne un participant. Son idée était de recueillir le plus d'avis possibles, de tester les idées et d'inviter les financiers à renforcer le dispositif de crise mis en place depuis un mois avec des échanges permanents avec les pouvoirs publics.
A ce titre, Nicolas Sarkozy avait convié le gouverneur de la Banque de France, les patrons de sept banques (BNP Paribas, Société Générale, Banque Postale, Crédit mutuel, Crédit Agricole, Caisse d'épargne et Banque Populaire) et les représentants de deux assureurs (AXA, Groupama) ainsi que président de l'autorité de contrôle des assurances et des mutuelles (Acam). A ses côtés, étaient assis le premier ministre François Fillon et la ministre de l'économie Christine Lagarde.
D'entrée de jeu, Nicolas Sarkozy a pointé les responsabilités des banquiers dans la crise financière planétaire, dénonçant pêle-mêle leurs imprudences et leurs rémunérations excessives. "Ce fut un niveau d'engueulade normal", témoigne un participant, familier des "coups de gueules" présidentiels envers la communauté financière. Puis le chef de l'Etat a félicité Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, pour s'être employé, le matin même sur RTL, à rassurer l'opinion, affirmant que le système financier français "est un des plus sûrs du monde", et que les déposants français ne couraient pas de risque. Durant la rencontre, il a exhorté les participants à rassurer leurs clients et leurs collaborateurs.
"Nous avons passé les trois quarts du temps à parler du très court terme, alors que nous devions également évoquer le moyen terme et l'après 2011", raconte un dirigeant pour souligner la gravité du moment. "Le président a posé beaucoup de questions, évoquant des solutions".
Aucun nom d'établissement pouvant avoir des difficultés n'a été évoqué. La question centrale fut celle de l'accès des banques aux liquidités, indispensable pour permettre la poursuite de l'activité économique. Le patron des caisses d'épargne Charles Milhaud a proposé d'utiliser les ressources disponibles du livret A pour le financement des entreprises. Cela représenterait 120 milliards d'euros sur les 200 milliards de dépôts. Une proposition reprise par le premier ministre François Fillon dans un entretien aux Echos mercredi 1er octobre.
La question d'une chute des placements financiers a aussi été abordée. Les banquiers ont alors rappelé les limites de leur influence, les gérants étant indépendants dans leur gestion financière.
Les questions de solvabilité et de normes comptables sont finalement passées au second plan. Mais tous les participants se sont rangés à l'idée qu'il était devenu indispensable de relever le niveau de fonds propres des banques, de manière progressive.
Dominique Gallois et Anne Michel