J'ai fini de lire le tome 1 des Rois-Dragons de Stephen Deas et c'était pas foufou. Me reste les deux autres (vu que j'ai l'intégrale) mais je ne déborde pas d'enthousiasme à l'idée de me plonger dans la suite. Il y a quelques bonnes choses, c'est globalement bien écrit, la narration est cependant trop bancale et approximative et les personnages sont insipides (à part 1 ou 2).
J'ai aussi terminé Happycratie de Cabanes et Illouz. Si on met de côté la sensibilité des auteurs un peu trop gauchiste pour moi (sensibilité très légère tout au long du livre mais lourdement martelée dans la conclusion), l'opus est très intéressant notamment en ce qui concerne la perméation entre la doctrine de la psychologie positive et les politiques/l'économie et ses effets pervers. Bien que naturellement, je penche vers le concept du "aide-toi, le ciel t'aidera", il est toujours bon de lire quelques recadrages argumentés sur le fait que rien n'est évidemment aussi simple mais aussi et surtout de quelle manière la responsabilité individuelle a pris le pas sur la responsabilité collective depuis quelques décennies. Pour ma part, je suis plutôt en phase avec un mélange des deux, l'un n'allant pas sans l'autre et inversement de mon point de vue, mais je ne m'étais pas rendue compte du niveau de déséquilibre auquel on est rendu. Le plus édifiant toutefois, c'est vraiment de découvrir à quel point la PP a été financée / subventionnée par les politiques publiques qui ont vite compris tout l'intérêt qu'elles pourraient en retirer à terme. Au final, des concepts qui peuvent aider certaines personnes sont dévoyés pour atomiser la société (en gros).
Un autre thème majeur abordé dans le bouquin est le fait que la PP se réclame de la science et d'une démarche scientifique au point de réifier le concept de "bonheur" et d'en avoir fait une marchandise. Bien entendu, ce sont des choses qu'on sait - le délire autour de coachs de vie, du marché du développement personnel, etc - mais décortiquer le processus qui a mené à ce résultat est une démarche fascinante.
D'une certaine façon, ce livre rejoint effectivement la dernière partie du "Développement (im)personnel" de Julia De Funès, avec la démonstration que le "bonheur" est aussi relatif qu'il y a de gens sur cette planète et que philosophiquement parlant, un "idéal" ne peut jamais être atteint, d'où le fait que les promesses du DD ne peuvent être honorées mais aussi et surtout que cela contribue à asservir encore plus l'individu à ce qui est devenu un modèle, lequel ne repose sur rien.
Une lecture que je ne regretterai pas.