Alors, apres des siecles et des siecles...
Pour Britten, je recommande Peter Grimes, son oeuvre la plus celebere avec le Tour d'Ecrou (et le War Requiem que je n'ai encore jamais essaye, mais je ne le trouve pas!!!). Notamment, les 4 "Sea Interlude", qui ouvrent les journees dans l'opera et donnent une indication sur l'etat d'esprit du personnage principal. Contrairement a la tres soporifique Mer de Debussy (j'assume, a part le Prelude a l'Apres-Midi d'un Faune, ce compositeur me fait
:yawn:), on a une vision tres Sibelienne des elements... Notamment, le premier interlude qui presente une mer calme, avec des nappes de cors en fond, comme un fauve tapi dans l'ombre qui pourrait bondir a tout instant. C'est tres moderne, tres bon... Et cette puissance inquietante contenue explose dans le quatrieme interlude dit "tempete" (comme c'est original), c'est tout simplement... JOUISSIF!!!!
Schubert me laisse de glace pour le peu que je connais, et pourtant c'est vrai qu'il est tres bon. Sa musique me laisse toutefois indifferent. Idem avec la periode classique pure, Hayn ou Mozart symphonistes sont peu excitants. C'est le Mozart concertiste (ah, ses concertos pour piano, surtout les 20, 21 et 22!), l'auteur d'opera (les 3 Da Ponte : Figaro, Don Giovanni et Cosi van Tutte, sans oublier la Zauberflote), le musicien religieux (Messe en si, messe en ut, le REQUIEM!!!!!
:exite:) qui retiennent mon attention (plus les quartets pour cordes. OMG, l'ouverture des Dissonances, c'est beau a
:pleure:)
Dans les anecdotes amusantes, et puisque RoiLion citait Gainsbourg au debut, il faut savoir que Lemon Incest est la reprise de l'etude no3, opus 10 de Chopin. Les gens ont souvent du mal a y croire! J'en profite pour recommander la diabolique etude 12 du meme opus, dite revolutionnaire, chere aux joueurs de DDR pour son remix Kakumei, qui est un ouragan de passion (et de crampes a la main gauche) a mettre entre toutes les oreilles (mais deconseille avant d'aller au lit, ca booste un peu quand meme).
Mon coup de coeur de ces derniers temps (je reviendrai peut-etre sur d'autres pieces qui m'ont donne envie de me mettre au classique a fond, notamment les symphonistes romantiques, Tchaikovsky ou Bruckner, et puis l'innenarable Beethoven, et ses symphonies 3, 5, 6, 7 et 9) est sans conteste Ravel. Connu pour son entetant Bolero, il ne s'est heureusement pas contente de cela, et les veritables perles sont effectivement ailleurs. Il a compose toute une serie de poemes symphoniques de tres haute tenue. J'en veux pour preuve La Valse, diabolique parodie des valses viennoises, qui s'ouvre sur une salle illuminee, avant d'emporter l'auditeur dans un tourbillon insense aux accents inquietants, et ou l'on sent poindre la mort et la folie comme seuls denouement possibles a cette fete quasi-orgiaque. Ou comment passer des salons brillants a la demence d'un Vienne decadent en a peine 17mn. Brillantissime.
Ses pieces hispanisantes, comme Abado del Gracioso, aux couleurs violentes et aux contrastes intenses, ou sa Rhapsodie Espagnole, et son inquietant motif initial repercute sur les 4 mouvements (pensez au Bolero dans l'idee, en moins repetitif). Le dernier theme, Feria, est eblouissant de force et d'evocation.
Son ballet, Les Contes de Ma Mere l'Oye, est aussi un veritable regal, et Ravel sait capter l'attention de l'auditeur par une introduction tout en mystere et pleine de promesses. Chaque conte developpe par la suite a son atmosphere propre, delicieuse, mention speciale pour Laideronnette Imperatrice des Pagodes et ses couleurs sinisantes.
Passons sur la Pavane, les Valses Nobles et Sentimentales, attardons-nous un instant sur le Tombeau de Couperin version orchestre qui est un hommage aux genres anciens tout simplement monumental (c'est beau, mais beau!) et surtout, le Concerto pour Piano "Pour Main Gauche" en re majeur. Ecrit pour un certain Wittgenstein, pianiste ayant perdu son bras droit pendant la premiere guerre mondiale, il s'agit de faire croire a l'auditeur que le pianiste joue avec ses deux mains... Une reussite epoustouflante, que j'ecoute en boucle depuis 3 jours. Le demarrage, plein de subtilites, ou l'on n'entend presque pas le piano, alors qu'il est bien present. Puis brusquement, il interrompt l'orchestre et reprend ses prerogatives, brodant sur la premiere serie de themes sans que l'on ne s'en rende compte tout de suite. La seconde partie, en particulier, est memorable, et rappelle les accents de La Valse, avec cette evocation de folie et de mort, d'instruments qui simule une course effrenee a l'issue immanquablement fatale. Les derniers accords, tres violents, frenetiques, retombent d'un coup sur le silence... qui doit ceder sa place a un tonnerre d'applaudissements bien merites.
Jetez donc un coup d'oeil aux videos youtube (j'avoue preferer la version de Fleiscer, plus "ronflante" et grandiose que celle de Francois)
(premiere partie)
(deuxieme partie)
Regalez-vous!
Nota : Je decouvre petit a petit l'importance des interpretes. Des personnes qui massacrent le Requiem de Mozart, j'en ai trop eu pour ne pas avoir de pleurer. Meme chez les bons, on trouve de tout. Il y a Bohm, mais c'est LEEEEEENNNNNTTTTT a mourir (Le Dies Irae au ralenti, j'peux pas), ou bien Harnoncourt qui au contraire vous brade le truc en 48mn... (je defie quiconque d'apprecier le Lacrymosa en version acceleree. Idem avec le Rex Tremendae, on dirait qu'ils ont le hoquet quand ils disent Rex!) J'avoue prefere Marriner ou Davis, qui sont puissants sur les passages puissants, et plus lents sur les passages plein d'emotion.
Donc, si vous aviez des versions particulieres a recommander des morceaux classiques que vous aimez, allez-y, et dites pourquoi tel ou tel interprete vous a emu ou touche!