Musique classique bien que peu commune

Kamen

  • Waffou
  • What lies behind the mask...
  • Messages: 8 012
Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #45, le 24 Mai 2007 à 15:42 »Modifié le 24 Mai 2007 à 16:22 par Kamen
Bien, derniere analyse sur La Valse, et je vous fiche la paix avec ce morceau.

Appreciez la riche palette de couleurs et comment les themes principaux sont peu a peu corrompus. On entend quelques eclats d'une fete au lointain, on se rapproche petit a petit... La harpe indique que l'on arrive a la fete, et tout s'eclaire (comme si on ouvrait la porte de la salle de bal) avec l'arrivee des cuivres. Hommage evident aux grands moment straussiens (la scene est censee se derouler en 1855). On egrenne plusieurs passages, et lorsqu'on croit atteindre l'apogee, on retombe dans l'espece de brume musicale de l'ouverture. L'orchestre reprend les memes passages (a partir de 8mn environ), mais... tout parait etrange. Les themes sont singes, les instruments changent de place (des cors a la place des flutes par exemple), on a l'impression de voir une impressionante mecanique se detraquer petit a petit. La tension remonte a nouveau, et tout s'ecroule encore une fois. Mais la machine reprend de plus belle, chauffe de plus en plus, les cuivres se dechainent, et l'orchestre se met a regurgiter le meme theme frenetiquement, fortissimo, de plus en plus vite, de maniere de plus en plus insistante. La coda (vers 11mn) est proprement effrayante, et tout finit (ENFIN!) par s'ecrouler dans un fracas de notes assourdissants. Voila comment Ravel decrit la chute d'une civilisation, apres avoir vecu la Premiere Guerre Mondiale...

J'ai des frissons a chaque fois que j'ecoute ce morceau. Votre avis?

Et pour la suite, y a des compositeurs en particulier qui vous tentent? Ou je continue en faisant comme bon me semble? (le but etant de ne pas parler que de Mozart et Bach, dont j'ai laisse les volumineuses integrales en France. Je note au passage que l'integrale Bach de chez Brilliant est decevante dans l'ensemble, mais que la Mozart est un regal. Certes les operas sont faiblards, mais les concertos et la musique de chambre sont treeees biens. Quant au Requiem, il est pas mal, sans plus.)
Posted on: Saturday 19 May, 08:00:38
OMG OMG OMG OMG...
Je suis retourne faire un saut a la boutique de classique d'Akiba pour quelques menus achats (en vrai, j'ai lache un pognon monstre)... Comme ils ont absolument TOUS les disques de classique qui existent ou presque (y compris la rarissime et onereusissime integrale Mozart par Philipps) et que tous ces disques sont references dans leur base d'ecoute, je me suis laisse aller a un comparatif des differents requiem suite a ce que j'avais glane comme info ici et la. J'essaye le Harnoncourt deuxieme version, TRES BIEN (on retrouve des tempi normaux, une agressivite certaine mais dans un gant de velours), contrairement a sa honteuse premiere version qui est un concours de vitesse. J'ai craque pour Marriner, qui reste (restait, voir ci-apres) ma version preferee, ce qu'il faut de force et d'emotion au bon moment. Un petit coup de Karajan, histoire de verifier qu'effectivement ce n'est pas une reussite, un coup de Giulini qui est surprenant, avec des sonorites jamais entendues, mais tres tres bon. Et puis, j'essaye Bernstein, qu'on m'avait conseille il y a 6 mois, mais dont les tempi etaient proches - Enfer!- de Bohm. Je lance l'introitus... Et je pleure dans le magasin!!!! Vite, je passe au Dies Irae histoire d'essuyer mes larmes, la cadence est effrayante, on est tres loin de Bohm decidemment. Le dernier morceau que je verifie toujours est le Lacrymosa (je passe sur le Rex Tremendae vite fait, il me convient parfaitement)... Et je fonds en larme a nouveau. Ni une ni deux, j'arrete l'ecoute et passe en caisse avec le disque a la main.

Je viens donc de me passer le Requiem dans l'intimite de ma chambre. J'en ai deja entendu des versions... Mais je suis immediatement contraint d'arreter ce que je fais, d'eteindre la lumiere et d'ecouter religieusement la musique. Non, c'est plus que simplement ecouter, c'est se fondre dans la musique. J'ai mal a en crever, et j'ai bien du mal a ecrire ces lignes avec mes yeux embues de larmes. Le Lacrymosa termine, j'arrete le lecteur CD, je n'en peux plus, ce Requiem me tuerait si je continuais... Je mets bien 10mn a m'en remettre avant de vous ecrire ce message, mais je suis encore hante par cette interpretation. Je savais que Bernstein venait de perdre sa femme quand il a dirige le Requiem, et quelle douleur, quelle peine. Jamais je n'avais connu telle empathie avec de la musique. Je pense honnetement pouvoir mourir l'esprit serein apres avoir vecu une chose pareille. Je suis absolument bouleverse... Pas la force de me relire... Je ne peux que vous encourager a decouvrir cette version, a vos risques et perils si vous avez le moindre souci personnel.
Posted on: Thursday 24 May, 15:22:30
Pffff, ca va mieux. Je commencais meme une crise spasmo tant l'emotion fut puissante. Je reviendrai certainement demain sur ce que j'ai entendu ce soir, il m'est physiquement impossible de repasser le CD maintenant.
永遠に、あなたのモノ・・・

RoiLion.Thom

  • Dilettante
  • Waffou
  • Raw! Raw! Fight the power!
  • Messages: 10 042
Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #46, le 26 Mai 2007 à 19:48 »
Ce que tu racontes m'intéresse particulièrement, je vais essayer de trouver ça. Tu as les références de l'album ?


Moi, je viens de me faire une cure des 4 saisons, histoire de, de temps en temps ça ne fait pas de mal, et cette pièce est toujours aussi merveilleuse. Je suis très fan de Vivaldi, en fait. Dans le morceau, mon préféré est tout de mêm le Presto de l'été, et le final de l'hiver a toutes mes faveurs aussi. C'est merveilleux, une pièce comme ça !
"Je suis un intoxiqué.
- Intoxiqué de quoi ?
- De la vie. Je m'y suis adonné tout petit et je ne peux plus m'en passer."

T. Pratchett, Sourcellerie, Les Annales du Disque-Monde, livre V.

Kamen

  • Waffou
  • What lies behind the mask...
  • Messages: 8 012
Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #47, le 26 Mai 2007 à 19:55 »
Tutaffe, mes deux preferees egalement. L'automne est la saison que je trouve la moins "reussie" (facon de parler pour un chef d'oeuvre de bout en bout).

Alors, pour ce post que je n'ai pas relu et dont je ne sais pas trop si je dois le laisser tel quel (et je garantis que je n'ai rien exagere, j'ai du avoir ma famille sur MSN pour aller mieux... Jamais la musique ne m'avait fait souffrir comme ca)... Je parle du Requiem K626 de Wolfgang Amadeus Mozart, par Leonard Bernstein, chez Deutsche Grammophon. Il existe dans leur collection "entree", soit aux alentours de 10 Euros. A ce prix-la, difficile de resister... En sachant que... La voix du soliste est... speciale (cf. les vocalises de "staaar" sur le Tuba Mirum). L'autre defaut de cette version, c'est qu'elle arrache les tripes, au sens propre, donc attention a ne pas l'ecouter si vous etes deprimes, je vous jure que vous aurez envie de vous suicider. :peur:
永遠に、あなたのモノ・・・

Battou

  • Papaya Mango
  • Waffou
  • Respectable Housewives.
  • Messages: 8 782
Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #48, le 26 Mai 2007 à 19:58 »
Sur Amazon des extraits sont dispos et en effet... c'est pas du tout ce que j'avais l'habitude d'entendre. Je suis passé direct au Lacrimosa trèèès "pesant".
 :sweatdrop:
Stupid snake ! You won't be having Jesus Christ Lizard today, will you ? Shame on you ! :o

Kamen

  • Waffou
  • What lies behind the mask...
  • Messages: 8 012
Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #49, le 26 Mai 2007 à 20:00 »
Je n'ose pas le reecouter...  :peur:
Mais qu'en penses-tu? C'est effectivement une version tres personnelle, mais je pense, au final, une des meilleures.
永遠に、あなたのモノ・・・

Battou

  • Papaya Mango
  • Waffou
  • Respectable Housewives.
  • Messages: 8 782
Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #50, le 26 Mai 2007 à 20:03 »
L'extrait est très court (20 secondes) mais on y voit déja une atmosphère très pesante, limite asphyxiante... la première image qui m'est venue à l'esprit en écoutant ces premières notes... c'est la Passion.  :peur:
Stupid snake ! You won't be having Jesus Christ Lizard today, will you ? Shame on you ! :o

Kamen

  • Waffou
  • What lies behind the mask...
  • Messages: 8 012
Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #51, le 27 Mai 2007 à 10:25 »Modifié le 27 Mai 2007 à 10:44 par Kamen
J'suis vraiment trop con... J'ai essaye l'extrait de ton lien, et ca a recommence!!!!! :pleure: :pleure: :pleure:
Mon dieu, je ne peux pas ecouter cette version, elle est trop puissante. :pleure:
Posted on: Saturday 26 May, 20:22:50
     
Donc, me revoici pour vous pomper l'air avec un nouveau morceau! Au lieu de continuer sur Ravel (parce que je n'en ai pas encore fini avec lui, heureusement!), je me disais, pourquoi ne pas relever tout de suite un defi, un vrai? Pour moi, il s'agit de parler... de Liszt.


     Le XIXeme compte nombre de figures virtuoses, qu'il s'agisse de Paganini, Chopin ou Liszt. Mais ce dernier est une des figures romantiques avec laquelle j'ai enormement de mal. Son influence fut absolument considerable, puisqu'il est "l'inventeur" du format recital, ou le pianiste virtuose joue de memoire une serie de morceaux dans le cadre d'un concert. Desireux d'aller encore plus loin que Chopin, sa technique necessite non seulement une extreme agilite des doigts et des mains, mais aussi une grande vigueur des bras, des epaules et du dos, dans les passages les plus difficiles et les plus intenses (cf. Etudes d'execution transcendante, dont le nom est deja tout un programme). Je passerai rapidement sur sa vie scandaleuse, puisqu'il s'enfuyait avec la comtesse Marie d'Agoult, qui etait deja mariee!Il reproduira le meme genre d'esclandre plus tard, avec la princesse Caroline Sayne-Wittgenstein, (avec qui il essayera vainement de se marier, le Pape refusant d'annuler la precedente union de la princesse) mais fera amende honorable a la fin de sa vie en entrant dans les ordres et enseignant la musique benevolement.


     Pour beaucoup, le compositeur hongrois evoque le piano, encore et encore, plus flamboyant que Chopin. Mais ce serait une effroyable injustice que de passer sous silence ses oeuvres orchestrales, qui sont tout a fait remarquables, en particulier sa serie de poemes symphoniques dont il est plus ou moins l'inventeur (c'est a dire de la musique a programme ; morceau relativement court, joue d'une traite, evoquant un tableau, une atmosphere, un personnage...). Pour ce faire, j'ai choisi de parler d'une oeuvre concertante qui m'a faite tiquer a la premiere ecoute, a savoir sa tres impressionnante Totentanz (Danse macabre pour piano et orchestre). Inspiree du Dies Irae, et ecrite apres avoir vu des tableaux tels que Le Triomphe de la Mort du Camposanto de Pise, que l'on peut voir ici http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/84/Buonamico_Buffalmacco_001.jpg (Damien, youhou!!! :coucou: Des explications a nous donner?), le morceau est tout a fait phenomenal. Une ouverture inquietante et martiale, le piano etant si lourdement martele qu'on dirait presque des percussions. L'orchestre rentre, puis le piano va alors osciller entre poesie reveuse, avec toucher d'une incroyable velocite mais d'une somptueuse legerete (cf. vers 13mn), et passages appuyes (la reprise de l'ouverture, 9mn), tandis que autres les instruments rappellent au loin qu'il s'agit d'une piece religieuse, et que l'ombre de la mort plane sur tout ce morceau, quand ils ne reviennent pas au premier plan, en particulier lors de l'apocalyptique final ou l'orchestre et le piano rivalisent de puissance.

     Plus concretement, la piece est divisee en 7 parties : Andante initial, tres lourd, au rythme de marche, suivi de repetitions en allegro sempre marcatissimo. Puis, premiere variation Allegro moderato, avec interventions du basson (vers 2mn), beaucoup plus calme. Seconde variation, etourdissante, avec series de triples croches (marcato). La troisieme variation est un court molto-vivace auquel succede le lento de la quatrieme variation, d'une infinie douceur, l'orchestre s'etant enfin tu (4mn30, puis surtout vers 6mn). La cinquieme variation est un retour du piano virtuose et impetueux qui enchaine note sur note (7mn20), comme si la fievre le reprenait, tandis que l'orchestre au loin nous rappelle que la mort rode (8mn10). Le bras de fer et la course entre orchestre et piano vers 9mn20, jusqu'a 10mn, est tout a fait savoureuse. Arrive enfin l'incroyable final, la fievre a consume le pianiste (10mn30) qui joue de plus en plus en vite pour retomber sur le theme initial, rejoue de plus en plus lourd (comme dans l'ouverture). Enfin, retour de l'orchestre, moins menacant (vers 12mn), piano virtuose (13mn20), arpeges qui me rappellent les singeries de pianistes du Carnaval des Animaux de Saint Saens :sweatdrop:, avant l'explosif final (14mn40, annonce par un piano dechaine), image de fin du monde.


     Alors... quelques remarques pour conclure : les termes italiens cites ci-dessus indiquent des cadences. J'epargne les details d'interpretation auxquels je suis d'ailleurs peu forme, comme le parait-il exceptionnel col-legno des cordes et les doubles glissandos du piano... :rougit: Je suis encore incapable de comprendre ce que c'est excatement, meme si je pense savoir reconnaitre a l'oreille le fameux double-glissando).
     Les timings indiques se referent a la version en ma possession de la Totentanz, interpretee par Michel Beroff et dirigee par Kurt Masur (donc, pas des inconnus a priori, mais pas l'enregistrement du siecle non plus). Il s'agit de ce que je comprends du decoupage de l'oeuvre grace a mes lectures, et pas d'un dechiffrement d'une partition en ma possession (soupir, un jour je saurai jouer d'un instrument, peut-etre).


     Derniere chose... L'ouverture de cette Totentanz est mondialement connue, par jeu de "repompes successives" (hein Yoko Kanno, vous vous y connaissez la-dedans ma chere? Au passage, il n'y a pas un extrait de sa BO d'Escaflowne qui ne soit repris d'un morceau de classique plus ou moins celebre, c'est proprement scandaleux. Mais c'est une autre histoire). Liszt a toujours ete un chaud partisan de Berlioz et de sa Symphonie Fantastique (qui est une espece d'enorme poeme symphonique subdivise en plusieurs petits poemes, en tous les cas l'exemple meme de la musique a programme), et dans ladite Symphonie Fantastique, juste apres le passage des cloches du cinquieme mouvement (Songe d'une nuit de Sabbat), on entend le Dies Irae qui inspira Liszt pour sa Totentanz. Cette ouverture de Liszt (et cet extrait de Dies Irae, donc) a ete reprise a la note pres dans un film treeeees connu, d'un realisateur treeeees celebre, avec un acteur treeeeees connu pour qui ce fut un de ses roles les plus marquants... Vous trouvez de qui je veux parler?

     Pour Berlioz, voir ici la symphonie complete.
http://www.classicistranieri.com/dblog/articolo.asp?articolo=6119
     Pour l'ouverture de Liszt, si un gentil modo pouvait m'expliquer comment splitter un MP3, pour que je ne poste que les premieres notes ici (ben vi, Liszt est dans le domaine public, mais pas la version en ma possession).
永遠に、あなたのモノ・・・

Battou

  • Papaya Mango
  • Waffou
  • Respectable Housewives.
  • Messages: 8 782
Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #52, le 31 Mai 2007 à 00:41 »
Pour répondre à ta question : http://www.forum-mp3.com/c2_p1_n269_-Couper-ses-MP3-avec-mp3DirectCut.html

Je vais revenir brièvement sur Mozart et son Requiem.
J'ai eu l'occasion lundi de tester la version "Grossman". Que les fanboys titi999jp me pardonnent mais la première réaction qui me soit venue à l'esprit en écoutant c'est "C'est quoi ce truc ? On dirait Mozart par Yamauchi". Eh oui, du Mozart au ralenti, vous en rêviez (ou pas), il l'a fait. Le tout avec option mou bien sur, à l'image du Dies Irae qui fait BIEN pitié.

Plus jouissif la version Bernstein dont je confirme tout le bien qu'en a dit Kamen... à ceci près que moi je peux me l'écouter en boucle.  :classe:
En tout cas ce que je retiendrai de cette interprétation c'est que le très doux et mélancolique Introitus m'a fait un tel effet qu'il vole carrément la vedette au rageux Dies Irae et au très pesant Lacrimosa.

Bref, j'adore. Merci encore  :yaisse:
Stupid snake ! You won't be having Jesus Christ Lizard today, will you ? Shame on you ! :o

Kamen

  • Waffou
  • What lies behind the mask...
  • Messages: 8 012
Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #53, le 14 Juin 2007 à 13:25 »
     Bien, apres avoir longuement hesite sur le format de mes interventions, une eventuelle chronologie etc etc, j'ai decide de m'en remettre au caprice du jour. Un point c'est tout!

NOTA : work in progress. Comment faire pour avoir le texte sur le cote des photos? afin que ce soit plus zoli a regarder?

     Pour cette semaine, survolons le cas Tchaikovsky (1840-1893).
                                                           

     Le petit Piotr Ilitch nait dans une famille bourgeoise de province, etudie le droit et devient fonctionnaire. Mais il etudie la musique en prive, et se fait remarquer par Anton Rubinstein, le Liszt russe (a ne pas confondre avec Artur, le grand chopiniste).
                                              Admirez la ressemblance du pianiste avec Beethoven. ^^

     Ce dernier deviendra son mentor au conservatoire de Moscou (ou il lui offrit une place de professeur), mais aussi un critique difficile.

Le premier concerto pour piano fut declare injouable(tellement injouable que c'est devenu l'une des pieces au piano les plus connues au monde :sleeping:), et son concerto pour violon de "musique nauseabonde", rien que ca!

     Le plus interessant est certainement que Tchaikovsky est le seul veritable romantique russe. Il faisait notamment un usage important du folklore et des couleurs locales, a l'instar de Liszt, Grieg, Dvorak ou Mussorgsky. Nombre d'airs polonais ou ukrainiens ont ainsi ete cannibalises et reinjectes dans ses oeuvres, comme sa seconde symphonie surnomme "Petite Russie" qui utilise a trois reprises des airs populaires d'Ukraine, ou sa troisieme, surnommee Polonaise a cause de son dernier mouvement.

     Mais le romantisme du compositeur est surtout present dans sa musique comme reflet de sa sensibilite exacerbee et de ses problemes personnels. Dans son opera Eugene Oneguine, des passages de sa vie (comme l'amour de Tatiana declare a Oneguine par lettre, exacte transposition de la lettre d'Antonina - sa future epouse - a Tchaikosvky) ont ete repris. Mieux encore, si ses trois premieres symphonies sont relativement impersonnelles et dediees en filigrane a Rubinstein (bien que les dedicataires officiels soient differents), ses trois suivantes sont chargees d'un pathos excessif. La 4eme symphonie est deprimante a souhait, au moins dans son premier mouvement, ce qui s'explique par l'echec de son mariage au bout de deux mois. Ce qui s'explique fort bien, puisque Tchaikovsky etait homosexuel (OUI Popo, tu peux inserer tous les commentaires de ton choix).

     Une petite note croustillante a ce propos. Si les symphonies 4, 5 et 6 sont tourmentees, mais se terminent generalement sur une note optimiste, c'est que Peter avait subi de terribles revers mais avait fini par les surmonter (la vie est supportable apres tout). Ainsi, le mariage rate qui ne dure que deux mois (Antonina avait menace de se suicider si le compositeur ne l'avait pas epouse) debouche sur une fuite a l'etranger avec son frere Modest, egalement homosexuel :sweatdrop:, et une correspondance accrue avec Madame van Neck, une admiratrice fervente qui le financa pendant 14 ans sans qu'ils ne se soient jamais rencontres. On peut en effet imaginer l'embarras de Tchaikovsky pour dedommager cette genereuse donatrice si elle avait jamais eu la moindre attente envers l'homme plutot que le genie. :p (meme si elle admirait en realite une image, et avait peur d'etre decue par la realite).
                                                           

     Pour en finir sur cette courte biographie, rappelons rapidement le mystere qui entoure la mort du compositeur. Quelques jours a peine apres l'audition de sa 6eme symphonie, dite "Pathetique", il meurt soudainement. Certains ont parle d'un cholera foudroyant, ce qui est peu probable etant donne que la ceremonie fut donnee avec cercueil decouvert et les embrassades au defunt furent admises... D'autres ont pense a un suicide visant a empecher la diffusion d'un scandale relatif a sa vie personnelle, une sorte de tribunal de l'ombre visant a le punir pour une vie personnelle honteuse (n'est pas Oscar Wilde qui veut). La verite sur cette histoire n'est toujours pas faite.



     Cote oeuvres (159!), la posterite se souviendra particulierement des operas (La Dame de Pique et Eugene Oneguine), les symphonies, les deux premiers concertos, la fameuse ouverture 1812 qui est le theme phare du film V (cf. le passage diffuse dans les hauts-parleurs),

Romeo et Juliette repompe mille fois dans les films et publicites, meme dans les Schtroumpfs! Et bien sur le ballet symphonique dont Tchaikovsky est l'inventeur : La Belle au Bois Dormant, le Casse-Noisettes, et le Lac des Cygnes (donc oui, le ballet c'est un truc d'homosexuel a la base :mdr:).




      Je voudrais attirer l'attention sur la symphonie non numerotee de Tchaikosvky, injustement boudee par les chefs d'orchestre et les concerts, dite "Symphonie Manfred". Elle est basee sur le celebre poeme de Byron, et constitue de fait une sorte de super-poeme symphonique en 4 mouvements (un peu comme la Fantastique de Berlioz, cf. mes remarques sur la musique a programme dans le post sur Liszt). Certains la considerent comme l'une des meilleures oeuvres du compositeur (j'en fais ouvertement partie :sweatdrop:), d'autres comme etant sa plus mauvaise (a priori, Bernstein, si l'on en croit le wiki dedie a la symphonie : "According to music critic David Hurwitz, composer-conductor Leonard Bernstein referred to it as "trash" and never recorded it."). L'indication des tempi est tout un programme : le premier mouvement est Lento Lugubre, le dernier Allegro con fuoco. Recemment ces themes ont ete popularises par GankutsuOu, puisque cette symphonie constitue rien moins que la colonne vertebrale classique de la serie, ce qui se comprend aisement a la fois par l'intensite musicale que la proximite thematique des histoires (personnage au passe sombre, maitrisant les arcanes, et au destin tragique). Bref, a ecouter d'urgence, ne serait-ce que sur la BO de GankutsuOu qui beneficie d'une interpretation de grande qualite (meme s'il manque les mouvements 2 et 3).
Quelques extraits pour vous donner envie...

Premier mouvement made in GankutsuOu

Sources :
Posted on: Thursday 14 June, 10:09:36
A propos de Liszt, maintenant que mon petit cerveau s'est reveille... Voici donc la

Totentanz premiere partie .

Quant a la reponse a ma petite enigme, elle est toute simple. Il s'agit...
(cliquez pour montrer/cacher)
du theme principal de The Shining! CQFD!
永遠に、あなたのモノ・・・

harsiesis

  • Waffou
  • Thank you, and good night.
  • Messages: 527

Wingman

  • True Detective
  • Waffou
  • Nulla Salus Sine The Hives
  • Messages: 4 257
Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #55, le 1er Septembre 2007 à 00:11 »
Dites je cherche une musique classique que j'ai entendu assez souvent, et que je suis sur d'avoir entendu dans un film (voir plusieurs).
Elle est du même style que O'Fortuna de Carmina Burana, c'est à dire qu'elle est assez rapide et "violente" , seulement j'arrive pas du tout à me rapeller dans quel film c'est (ça n'est pas la 5ème symphonie de Mozart )

Quelqu'un peut m'aider malgré ces minces informations ?

Kamen

  • Waffou
  • What lies behind the mask...
  • Messages: 8 012
Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #56, le 1er Septembre 2007 à 03:46 »
Ouverture de Battle Royale par exemple, ou musique repompee dans Evangelion. c'est le Requiem de Verdi (Dies Irae). Tout le monde pense que c'est un morceau de Carmina Burana! :P

Extrait ici. Bon ok, qualite immonde, mais c'est Youtube. Si tu veux des conseils sur une bonne version, PM! :yes:

J'ai bien trouve?
Les symphonies de Mozart, surtout celles de jeunesse, sont... :sleeping: Quant a la 5eme de Beethoven, ce sont les fameux pom pom pom pom. Essaye plutot sa 7eme, voire sa 9eme.
Question bete, y a t'il des coeurs dans le morceau auquel tu penses? Si oui, fortes chances que ma reponse soit la bonne. Sinon, la 9eme de Dvorak je pense, qui est strictement musicale.
永遠に、あなたのモノ・・・

Wingman

  • True Detective
  • Waffou
  • Nulla Salus Sine The Hives
  • Messages: 4 257
Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #57, le 1er Septembre 2007 à 10:03 »
Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii c'est exactement ça !!
Au niveau de Carmina Burana, c'est que c'est relativement proche pour les non initiés de o'fortuna, ça doit venir de là.

En tout cas merci beaucoup :)

squekky

  • Adulescent inside
  • Waffou
  • what's my age again
  • Messages: 3 848
You're pretty when i'm drunk.

kfigaro

  • Potos
  • Messages: 5
Re: Musique classique bien que peu commune
« Réponse #59, le 24 Décembre 2007 à 14:49 »
J'ignore si Kamen est encore présent mais je me permet de lui répondre... ;)
Citation de Kamen le 15 Mai 2007 à 04:47
Alors, ben j'ai beau essayer le Debussy violemment, j'ai du mal (il y a Nuages que je trouve pas mal, mais je ne me leverai pas la nuit pour l'ecouter, quoi). Concernant les themes relatifs a l'element liquide, je choisis plutot Britten et Sibelius, pour le dyptique paisible/sauvage (Les Oceanides sont plutot douces, et c'est booooooooo, un deluge de harpes).
Debussy n'est pas un compositeur forcement "évident", je comprends sans peine que tu puisses avoir du mal... essaye tout de même une pièce comme "Sirènes" (difficile de faire plus "liquide"), le "Faune" (tout de même !! le passage lyrique et massenetien au milieu ;) tu ne peux pas louper ça si tu admires Ravel en même temps)

tente peut être aussi des oeuvres très peu connues comme la "Fantaisie pour piano et orchestre". En tout cas une chose est sure : tant Britten que Sibelius ont été marqués par son esthétique.
Citation de Kamen le 15 Mai 2007 à 04:47
J'avais oublie le concerto pour clarinette, l'instrument fetiche de Mozart. C'est beau, mais beau! Merci d'avoir corrige cet oubli.
Alors essaye aussi la "Rhapsodie pour clarinette" de Debussy, archi sensuelle et aquatique là encore...
Citation de Kamen le 15 Mai 2007 à 04:47
Mais bon, comme il a du composer 70 pieces dans toute sa vie, il n'est pas inhumain de tout connaitre.
si tu comptes ses mélodies et ses cantates de jeunesse, ça doit faire un peu plus non ? ;)
Citation de Kamen le 14 Mai 2007 à 07:34
Alors, apres des siecles et des siecles...

Pour Britten, je recommande Peter Grimes, son oeuvre la plus celebere avec le Tour d'Ecrou (et le War Requiem que je n'ai encore jamais essaye, mais je ne le trouve pas!!!). Notamment, les 4 "Sea Interlude", qui ouvrent les journees dans l'opera et donnent une indication sur l'etat d'esprit du personnage principal.
oui, cet opéra est absolument sublime, on ne le répétera jamais assez, personnellement je le préfère même aux pourtant excellents "War Requiem" et "Tour d'Ecrou".

Pour ceux qui ne le connaissent pas, ils peuvent entendre les "Sea Interlude" légalement et en version commentée ici :
http://www.bbc.co.uk/radio3/discoveringmusic/ram/cdm0139britten4.ram

ne loupez pas non plus son sublime recueil de mélodies "Serenade for tenor, horn and strings" (très impressionniste) :
http://www.bbc.co.uk/radio3/discoveringmusic/ram/cdmwk02.ram
Citation de Kamen le 14 Mai 2007 à 07:34
Schubert me laisse de glace pour le peu que je connais, et pourtant c'est vrai qu'il est tres bon. Sa musique me laisse toutefois indifferent. Idem avec la periode classique pure.
Je te rejoins là dessus... ;)