Attention mes chers, je me lance dans un petit post-fleuve.
Alabama Monroe (dont le titre original est The Broken Circle Breakdown) : J'ai beaucoup aimé. Faut dire que la bande-annonce m'avait
furieusement donné envie. Je m'attendais à un film capable de me faire danser sur mon siège, de me filer des frissons de plaisir et de me procurer une belle joie de vivre arrivé au générique de fin. C'était presque ça. Pour ce qui est de me faire danser sur mon siège, c'était on ne peut plus vrai. J'ai presque dû me retenir de ne pas chanter en chœur avec les personnages à certains moments. Bon, faut dire qu'avant d'aller le voir le film, j'étais allé m'écouter certaines musiques de la bande-originale et donc quand
la musique entendue dans la bande-annonce commence à être interprétée par les deux protagonistes, je connaissais plutôt bien le "dossier". En parlant des deux protagonistes, leurs interprètes sont absolument fabuleux. Ces deux jeunes gens ne peuvent qu'être ensemble dans la vraie vie tellement ils sont crédibles à l'écran, je n'arrive même pas à me dire que ce n'est qu'une fiction. D'ailleurs, en plus de jouer les deux rôles-principaux, il faut savoir que les deux acteurs interprètent eux-mêmes leurs chansons. Toute la bande-originale est réellement interprétée par les deux acteurs et les musiciens qui apparaissent dans le film. D'ailleurs, avant que le film se fasse, le groupe qu'on voit à l'écran existait déjà (ils se nomment The Broken Circle Breakdown, d'où le titre du film). Non, la seule chose que je trouverais à redire par rapport au film est quelque chose qui n’apparaît pas du tout dans la bande-annonce. Une grande part de l'intrigue repose sur le thème de la maladie.
On apprend très vite dans le film que leur fille est atteinte d'un cancer.
Etant assez hypocondriaque de nature, j'ai toujours du mal à suivre des films traitant de la maladie (je sais, c'est très bête). Du coup, moi qui pensait découvrir les hauts et les bas de la vie d'un couple d'american dreamers du fin fond de la Belgique flamande et bien, ce n'était pas exactement ça. Certains moments sont si pesants que ce sont finalement les scènes musicales avec les lives du groupe qui permettent de souffler un peu. Bref, vraiment un très joli film à la BO phénoménale (si tant est qu'on est un tant soit peu réceptif au country bien sûr). D'ailleurs, le distributeur m'a dit qu'ils planifiaient de réaliser une tournée française du groupe pour la sortie du film. J'ai hâte !
Jeune et jolie : Malgré le sujet du film, c'était ma foi très décomplexé. On ne s'accable pas sur le sort de l'héroïne, tout simplement parce qu'elle même ne s'accable pas sur son sort. En fait, l'actrice donne au personnage un caractère si détaché, brumeux qu'on oublie de s’inquiéter de ce qui lui arrive. Les dialogues sont sinon savoureux, très drôles à certains moments (pourtant censés être obscènes dans d'autres circonstances). Et sinon, je suis définitivement fan du Frédéric Pierrot, depuis Les Revenants.
:mrgreen:The Congress : Waw ! Magnifique ! Difficile de dire quelque chose sur ce film tellement il y a de choses à en dire. C'était juste une explosion de bonnes idées de seconde en seconde. Robin Wright est sublime sous toutes ses formes. C'est engagé sur tous les fronts. C'est poétique. Bref, une sacrée claque. C'était sûrement mon Holy Motors 2013 dans le sens où les deux films m'ont laissé sur le carreau sur énormément de points, ce que j'adore bien sûr. Mention spéciale au monologue de Harvey Keitel au milieu du film qui m'a presque tiré les larmes.
:wub:Soshite chichi ni naru (Like father, like son) : En lisant le synopsis, on s'imagine de suite la réaction que l'on pourrait avoir en apprenant une telle nouvelle. Les pours et les contres qu'on pèserait. Et le film est exactement ça, c'est exactement ce qu'on pensait voir. C'est sans surprise et finalement assez banal. Tout est bien fait mais rien n'est vraiment surprenant. Dommage, j'ai pas été emballé plus que ça.
Jodorowsky's Dune : POUAH ! C'te claque de malade ! Pour ceux qui ignorent le sujet du film, il revient en fait sur le développement avorté de l'adaptation cinématographique du roman Dune par Alejandro Jodorowsky (dont héritera finalement David Lynch) au début des années 70. Gros fan de Jodo, fallait vraiment que je vois ce docu. Et dès le début du documentaire, God Jodorowky annonce la couleur : Il voulait faire de Dune un film qui procurerait aux gens prenant du LSD à cette époque les effets de cette drogue sans hallucination. A partir de cette phrase, on embarque dans l'élaboration d'un projet absolument jamais vu où interviendront Orson Wells, Pink Floyd, Salvador Dali, Möebius, Mick Jaegger ou bien sûr David Lynch. On a même des interviews de Nicolas Winding Refn (nouvel élève approuvé de Jodo). Bref, ce film a un peu LE casting de rêve. Outre le fait que le film aurait pu devenir "le plus grand film de tous les temps" dixit NWR, il est aussi hallucinant de constater à quel point les autres films de science-fiction d'aujourd'hui ne sont que des pâles copies du Dune de Jodo. Car Jodo, lorsqu'il avait terminé la planification de son projet avait envoyé une énorme encyclopédie/bible des storyboards faits avec Möebius à chacun des grands studios hollywoodiens qui ont tous eu très peur du projet (ainsi le combat au sabre laser entre Obi-Wan et Dark Vador dans le premier Star Wars est une copie d'une scène de ce Dune, Alien, Blade Runner, même Prometheus qui est tout récent ont puisé dans la bible de Jodo, comparaison à l'appui dans le film).
Et puis, au-delà de tout ça, ce qui est rafraîchissant dans ce film/documentaire, c'est qu'il est extrêmement drôle. Je n'ai jamais autant ri au cinéma en y étant pourtant seul. La salle était en grande partie composée de journalistes et tout le monde était plié par la multitude d'anecdotes croustillantes dans le film. C'est tellement ahurissant de voir à quel point Jodo s'est fait plagier son travail par la suite que lorsqu'on constate que l'homme parle de cela avec un immense sourire, cela crée un espèce de décalage.
Enfin, bon, tout ça pour dire que c'est clairement l'un des meilleurs films que j'ai vu cette année !
(bon, par contre, à cause de ce docu, j'ai pas pu voir La Danza de la Realidad qui passait juste après, je compte les jours maintenant avant la date de sortie officielle du coup !)
Le démantèlement : Un fermier qui décide de revendre sa ferme pour aider sa fille financièrement. Un drame. C'était beau. C'était très bien interprété. Mais je n'ai pas été transcendé non plus.
We are what we are : L'histoire d'une famille de mormons amateurs de chair humaine qui essaye d'outrepasser le décès de la matriarche. C'était une sacrée ambiance et la fin était on ne peut plus cynique. J'ai beaucoup aimé !
A strange course of events : Un film israëlien sur la vie d'un jeune père à qui il n'arrive que des histoire saugrenues à base de manque de bol. Très oubliable.
Les garçons et Guillaume, à table ! : La vraie-fausse vie de Guillaume Galienne qui a toujours été pris par une fille par sa famille et qui va finir par faire son coming-out hétéro. C'est frais, c'est drôle, vraiment fort bon !
Only God Forgives : On prend Drive et on le monte à l'envers. On rajoute les néons de Bronson et les longs plans silencieux de El Topo, et on a Only God Forgives. Je sais toujours pas quoi pensé du film. Je pense que j'ai aimé mais il faut vraiment que je le revois. Le problème de OGF est que malgré qu'on ait Gosling, on n'a pas du tout de jolis musiques envoûtantes (la bande-son est entièrement thaïlandaise, ce qui n'est pas du tout à mon goût), ni de véritables scènes-chocs qui nous prend aux tripes tel l’ascenseur par exemple. Pourtant, il y a tout le reste + d'autres choses. Et puis, le film est dédié à Jodo (qui était dans la salle lors de ma projection
:wub:), et ça, bah c'est cool.
D'ailleurs, toujours pour comparer Drive de OGF, les applaudissements à la fin d'OGF était beaucoup moins soutenu qu'à la montée des marches de Drive il y a deux ans.
:sweatdrop:Magic Magic : Dément ! Un film qui mélange les genres ! Le film commence comme un film d'horreur (une fille qui part en vacances sur une île chilienne avec les amis de sa cousine avant que les embrouilles commencent), mais on est jamais dans le film d'horreur. On a des moments de pur comédie mais on est jamais très longtemps dans la comédie. Certains moments virent au drame psychologique, mais ce n'est jamais très longtemps le cas. Bref, Magic Magic, c'est un peu tout (même le titre laisse délibérément penser que le film sera fantastique alors que ce n'est pas du tout le cas, dixit le réalisateur). Et puis, merde, commencer le film par Michael Cera chantant à tue-tête Pass This On de The Knife, on se dit que le film commence TRÈS bien. En parlant de Michael Cera, il tient le second rôle au côté de Juno Temple. Les deux sont absolument géniaux. Le premier est d'une drôlerie sans borne dans le film, la deuxième (qui joue donc le rôle principal) est comme toujours sublimissime.
A la fin de la projo, les deux acteurs sont venus sur scène procéder à des questions/réponses. Le grand fan de Kaboom et de Killer Joe n'a pas pu s’empêcher d'aller faire une photo avec ma Juno Temple que j'aime d'amour et d'eau fraîche, je le confesse... :exite: :wub: :w00t2:Un de mes gros coups de cœur !
La Vie d'Adèle : Waw ! Dès que la sélection avait été annoncée, ce film me faisait de l’œil, d'une part par sa durée ma foi fort intrigante (2h59 !) mais aussi par le fait qu'il soit l'adaptation d'un roman graphique tout récent (2010 !). J'y suis donc allé encore tout ébouriffé de mon matin Magic Magic. Déjà, une chose : très peu de lenteur dans le film. Pourtant, le sujet aurait pu être assez casse-gueule sur la longueur. En fait, le film est contrôlé de bout en bout par son actrice principale Adèle Exarchopoulos qui est simplement hallucinante/envoûtante/vraie/belle/parfaite dans ce rôle d'Adèle, ado qui va devenir adulte en se découvrant sexuellement. On découvre ses rapports compliqués avec les garçons, son attirance pour les femmes, tout ça sans esbroufe. Il n'est pas du tout question d'appuyer le sujet de l'homosexualité, on suit juste le parcours sentimental finalement anodin d'une jeune fille, lesbienne ou pas.
Autre chose qui frappe dans le film, qui dit film long dit scène longue, et donc scène de sexe longue. Je crois que je n'avais plus vu depuis longtemps de scènes de sexe aussi longues (une d'elle dure quand même 10 minutes !), et c'est fait sans aucune retenue (et vas-y que Léa Seydoux s'approche du sexe de la Adèle en très gros plan, et vas-y que la Adèle Exarchopoulos a littéralement le nez dans les fesses de sa collègue). C'était peut être du léger porn, mais c'est fait avec un tel naturel que ce genre de scène apparait tout à fait légitime dans le métrage. Les deux actrices se sont réellement données corps et âme au film.
Tout ça pour dire que si La Vie d'Adèle n'obtient pas la Palme d'Or cette année, j'espère au moins qu'Adèle Exarchopoulos obtienne le prix d'interprétation, c'est la moindre des choses !
:notworthy:(et j'oubliais, dans le casting, on retrouve une certaine petite-fille, Alma... Jodorowsky !)
L'inconnu du lac : Voir ce film le lendemain de La Vie d'Adèle, on peut dire que j'étais en pleine continuité. Ici, on est donc dans un film exclusivement homosexuel (pas une seule fille présente à l'écran tout du long), et on y baise non stop, entre deux manigances ma foi fort inquiétantes de l'amant moustachu. Ici, encore les scènes de sexe sont très crues (éjaculation de l'acteur face caméra quand même
:oo:), mais c'est surtout une ambiance particulière. On est happé par quelque chose qui ne laisse personne indifférent. Jusqu'à la fin qui nous laisse proprement sur le carreau.
Sarah préfère la course : Un film qui respire la fraîcheur. Tout est dans le titre, le reste n'est que secondaire pour Sarah. Son interprète est parfaite, elle est Sarah (à tel point que je ne l'avais même pas reconnu, alors que je l'avais déjà vu quelques jours plus tôt dans Le Démantèlement). Seul bémol pour moi étant le fait qu'une partie de l'intrigue traite de la maladie (mais c'est vraiment moi qui ait un problème
:D).
Cette année, les thèmes qui ont été en vogue ont été LGBT (joli timing avec la mariage gay, en plus) entre La Vie d'Adèle, L'inconnu du lac ou bien le dernier Soderberg et puis... Jodorowsky ! Le type avait disparu du cinéma pendant 20 ans et là, en plus d'avoir son nouveau film en compét à la Quinzaine, il a eu un documentaire lui étant dédié et qui fut aussi en sélection à la Quinzaine, un film en compétition officielle qui lui ait dédié et sa fille au casting d'un des meilleurs films de l'années.
Enfin, voilà, je pense qu'au vu de la taille de certains de mes paragraphes, vous aurez donc compris quels films sont dans mon peloton. Je ne peux que vous recommandez d'aller voir
Jodoranowsky's Dune,
Magic Magic et
La Vie d'Adèle en priorité !