Accessoirement, Manu n'en a rien à faire de la séparation des pouvoirs : ce n'est pas à l'exécutif de former une majorité, mais à l'AN. Mais bon, on n'est plus à ça près. Et après, ça va pleurnicher sur le danger démocratique Mélenchon/LFI. Euh... sérieux ?
Bon, Manu vient d'annoncer qu'il refuse un gouvernement NFP.
"Au nom de la stabilité institutionnelle". Oui oui, ne riez pas. Le mec dissout l'AN à l'arrache, quelques semaines avant les JO et alors que l'extrême droite n'a jamais été aussi forte... et tout à coup c'est la stabilité institutionnelle qui importe. Une sorte d'épiphanie sauvage.
(ou alors, c'est la stabilité du portefeuille des élites économiques qui importe...)
Il me semble que c'est unique au sein des pays d'Europe de l'Ouest, ce refus de demander à l'alliance arrivée en tête de former un gouvernement.
(au passage, qui peut jurer qu'il n'y a pas un peu de Son Forget qui coule dans les veines de Manu ? Moi, j'y mettrais pas ma main à couper )
Mélenchon fait de la politique, et il fait plutôt bien. Là, en laissant entendre qu'un gouvernement NFP sans LFI serait possible, il renvoie Macron à sa duplicité : en vérité, son problème, c'est pas LFI, son problème, c'est le fait qu'une gauche (aussi modérée soit-elle) puisse gouverner. Et à écouter les macronistes, c'est clair : pas de gouvernement NFP si abrogation de la contre-réforme des retraites ou augmentation du SMIC.
Autrement dit, Macron ne veut pas de gauche du tout, LFI ou pas.
(bon, on s'en doutait un peu).
On est un peu sur une forme de violence démocratique. Peut-être pas la même que celle de Trump qui refuse le résultat et prend d'assaut le Capitole. Pour l'instant...
On notera qu'il y avait urgence à ne pas laisser de temps à la campagne des législatives, mais qu'il y en a pour nommer un 1er ministre.
Une sinistre bouffonnerie.
A votre avis, tout ce bazard, ça va redonner envie aux français de voter ? A quoi bon...
Dommage que les autres n'aient pas été plus malins.
Faut pas non plus prendre LFI pour des perdreaux de l'année.
Niveau stratégie politique, je ne suis pas sûr que Mélenchon ait grand chose à envier à Le Pen.
Un exemple frappant, c'est Thomas Portes et sa dernière sortie sur les sportifs israéliens. Je trouve ça presque navrant de voir qu'il suffit d'appuyer sur un bouton pour que tous les médias mainstream plongent tête baissée dans le Panot (oui, facile).
De même, je ne vais pas pleurer avec toi concernant le RN à l'AN. Mais pas forcément pour la raison à laquelle tu penses. Tout simplement parce que, manifestement, ça ne déplaît pas tant que ça à Le Pen de passer pour la candidate anti-système en 2027. On la connue plus virulente.
T'es à 2 doigts de lancer un "on ne peut plus rien dire"
Genre, moi j'ai l'impression qu'on parle d'immigration depuis que je suis né, et alors depuis 5 ans c'est juste le mega-festival ! Comme quoi, la "bulle des réseaux sociaux" ne fonctionne pas assez chez moi Et alors oui, excuse-moi de ne pas vouloir débattre du "grand remplacement" ou de la réalité ou non du dérèglement climatique.
J'ai bien précisé, il me semble, que je ne parlais pas de personne ou de parti. Macron ne m'intéresse pas. C'est quelqu'un d'assez médiocre et détestable dans sa pratique politique, et lui taper dessus fait toujours du bien. Mais comme la masturbation, ça ne créé pas grand chose (éventuellement des cartes de France si on a le sens artistique et la maîtrise du truc). Somme toute, il y a plein de petits pois néolibéraux comme lui qui attendent derrière.
Je parlais plutôt de l'air qui nous environne, on baigne au quotidien dans "de l'extrême droite". Oui on aurait un "saut qualitatif" avec Le Pen au pouvoir, mais même si elle n'arrive pas au pouvoir, nos structures ne sont-elles pas déjà en train de se transformer sous nos yeux ? Et de façonner, transformer notre personnel politique ? Nos perceptions ?
De rendre acceptable de débattre du "grand remplacement" ? Par exemple ?
Je ne suis pas historien, et donc je cherche un exemple... mais Pierre Laval n'était-il pas un politique de droite somme toute tout ce qu'il y a de plus honorable avant la WW2 ?
Ne peut-on pas imaginer que Macron (ou un de ses clones) puisse être transformé par les évènements en quelque chose de pas joli joli ?
Je pense qu'on aurait tort de focaliser seulement sur une seule personne, sorte de Boss Final à flinguer, et on serait tranquille.
A ce titre, si je voulais faire un trait d'esprit, je dirais que de Braun-Pivet à Brun-Pivet, le saut est aisé.
Perso, j'ai tendance à voir ce qu'on appelle "ext-droite" non pas comme un parti avec un visage qui va éclater comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu en 2027 (ou avant...), mais comme un courant qui traverse déjà toute la société.
Il suffit de prendre Cnews, qui dit des horreurs inimaginables il y a 20 ans. Il suffit de voir le comportement des journalistes. Il suffit de voir la pratique macronienne du pouvoir, il suffit de voir la manière dont les forces de l'ordre interviennent dans les manifs et les banlieues. C'est un processus, et il est déjà bien avancé.
Et donc, croire qu'on échappe pour l'instant à l'ext-droite, c'est être un peu optimiste puisqu'on y est déjà plongé. On ralentit le truc, guère plus.
Je ne crois pas plus au grand soir brun qu'au grand matin rouge.
"Le vote du 1er tour est annulé pour "bourrage d'urne" ! Les députés doivent revoter. "
Moi j'entends les critiques sur LFI bla bla. Et je salue la constance à vouloir ignorer toute une série de voyants qui virent au rouge. Ce bourrage d'urne en est un de plus. Mais tout va bien.
Ce naufrage démocratique a la beauté du champignon d'une bombe atomique.
Ce qui est dingue, c'est qu'on en vient à ne même plus être surpris ou choqué de ça.
On devrait pourtant. Mais non. On est blasé. Au point où on en est. Peut-être bien qu'on le mérite, je sais pas.
La victoire de Braun-Pivet est plutôt une bonne nouvelle sur un strict plan stratégique. Son parti a été battu 3 fois (européennes, et les deux tours des législatives), et la France se retrouve à nouveau avec une présidente de l'AN macroniste. Démocratiquement, en termes de légitimité, ça ne tient plus debout.
L'idéal serait que l'on ait à nouveau un gouvernement macroniste, pour montrer définitivement que notre système ne fonctionne plus, incapable de faire émerger une alternance (rappel : Macron ne doit son nombre de députés disproportionné qu'au front républicain). C'est probablement la situation la plus insupportable pour 2/3 des français, se retrouver à nouveau avec du Macron alors qu'ils n'en veulent pas. Je n'ose imaginer la rage que les milices du beau-gosse Jordy vont avoir.
Ce qui est amusant, c'est que Macron voulait "clarifier" en grand sage qu'il est. Et il va se retrouver aux commandes avec une assise encore plus faible qu'avant. Chapeau l'artiste. C'est le propre des génies incompris que de se planter et de recommencer la même chose pour à nouveau se planter.
Parce que bon, si on accepte le fait que le NFP/LFI, c'est "l'extrême gauche" (selon le lexique macroniste, hein), alors on avait avant Macron une alternance gauche/droite, et après Macron une alternance extrême gauche/extrême droite.
Un mozart, je vous dis. Macron, c'est le mec qui transforme l'or en plomb.
(bon après, ce qui se passe pour l'AN et le nouveau PM, au stade de pourrissement du système actuel, ça n'a plus grand intérêt si ce n'est amuser ceux en manque de feuilleton Netflix. L'issue passera par la rue.)
Mais à la limite, ce que tu dis est tout à fait entendable. Ce qui l'est moins, c'est à longueur de journée entendre que Mélenchon met en danger la démocratie, et en même temps fermer les yeux lorsque Macron se comporte en graine d'autocrate (ça ne date pas d'aujourd'hui, mais là ça commencer à puer un peu)..
C'est ça qui cloche dans cette affaire.
Même si en vérité, on le sait bien. La détestation de LFI et Méluche ne vient pas vraiment du danger qu'il représenterait pour la démocratie. Les élites en France n'ont jamais été très exemplaires en la matière, ça se saurait. Et on en a la démo.
Juste une question : à quel moment tu considèreras que Macron est un problème pour le bon fonctionnement de la démocratie française ? Il y a un seuil ou en fait... pas ? Non parce que là, on commence à avoir un sacré paquet de voyants qui ont viré au rouge.
Il a osé écrire ça après avoir imposé contre l'ensemble du pays la réforme des retraites. Macron, c'est un Trump français
"Notre pays doit pouvoir faire vivre, comme le font tant de nos voisins cet esprit de coalition et de dépassement que j’ai toujours appelé de mes vœux."
On serait dans un pays africain, on crierait au déni de démocratie (et on enverrait BHL)