Comme d'habitude, tu bâtis ton argumentation sur le non-dit.
Tout d'abord, je déteste le très politique, avec un petit p, "les Français ont cette vision de l'Europe gnagnagna". Ca c'est la tienne et seulement la tienne. Tu ne sais rien des 45 et plus millions de Français qui votent, dont les 57% d'abstentionnistes... Et parmi les votants, tu ne sais pas pourquoi et comment les Français ont voté un tel.
Par contre, la connaissance l'Europe, des buts de l'Europe, des fonctionnements de l'Europe... Peu de Français et d'Européens le savent vraiment. Toi tu penses que c'est parce que l'Europe est un monstre technocrate et libéral, moi je pense que c'est parce que nos pouvoirs nationaux diluent et filtrent le message pour qu'il soit en permanence à leur avantage. Sans doute as-tu raison sur ces tares, mais il ne m'est pas difficile d'opposer la négation des pouvoirs nationaux -particulièrement en France- sur les buts de l'Europe.
En 2005 comme en 2014, on a voté n'importe quoi et n'importe comment. A mon sens, les politiques et les journalistes ont cédé aux sirènes extrémistes et aux abrutis dont l'extrème gauche a fait parti en posant cette question "veut-on de l'Europe ?" au lieu de "Quelle Europe veut-on ?" En 2005, et encore plus aujourd'hui, le vote permettait d'exprimer et de répondre à cette question.
Vous voulez d'une Europe libérale et sur la continuité de celle d'aujourd'hui ? Votez UMP.
Vous voulez d'une Europe plus sociale, certes libérale mais avec des garanties sociétales marquées ? Votez PS.
Vous voulez d'une Europe libérale qui garantit les libertés individuelles, la liberté d'entreprendre tout en étant protectrice de grands principes sociaux ? Votez Modem.
(vous pouvez contester mais c'est un exemple caricatural)
Etc etc etc.
Que le vote des députés soient associés à la nomination du président de la commission est une étape majeure dans la démocratisation et du renforcement du pouvoir du Parlement. Parlement qui a besoin, quels que soient ses membres, de légitimité démocratique... Donc de la participation du peuple pour peser de tout son poids face à la Commission mais surtout face au conseil Européen.
Le vrai problème de l'Europe n'est pas son caractère technocrate ou libéral. Le vrai problème, c'est d'être une sorte de synthèse entre une structure fédérale/Supranationale et une structure intergouvernementale.
Qui donne l'orientation ultralibéral ? le Conseil Européen et la Commission ! Qui composent ces institutions ? Des pions des pouvoirs nationaux qui écoutent les lobbys et les intérêts locaux.
Qui, notamment pour la neutralité du Net, ou ACTA, ou même face à la Hadopi nationale a adopté un point de vue d'intérêt général et salvateur ? Le Parlement européen.
Y'a de la démocratie en Europe et il existe une structure pour la légitimer. Le soutien populaire est nécessaire pour fracasser ce déséquilibre des pouvoirs entre les instances intergouvernementales.
Mais voilà, on ne vote pas parce qu'on en parle pas. On laisse faire...
On laisse Coppé récupérer la claque (subie aussi par l'UMP) pour évoquer un désaveu de François Hollande.
Ou Valls qui parle de la situation intérieure.
Au lieu de parler des enjeux, ou des conséquences EUROPEENNES d'un tel vote. A quoi cela correspond, pourquoi c'est bien ou pas bien.
Et les journalistes qui embrayent, privilégient les conneries de Bygmalion sur l'Europe.
Voilà pourquoi les citoyens s'en foutent ou ne savent pas. On ne saisit pas les enjeux car la communication sur ces enjeux, avant comme après est réduite au minimum et si on ne s'y intéresse pas, on ne peut pas savoir ce qu'on peut choisir.
Et ce constat se poursuit pour d'autres élections : régionales, locales où on superpose des enjeux nationaux alors qu'on devrait nécessairement privilégier ce pour quoi on vote vraiment.
Bref. Je suis un opposant des eurosceptiques car ils n'ont pas d'argument.
Et si tu es "eurosceptique" parce que tu veux d'une autre Europe, alors je suis désolé, mais l'inflexion est (était ? est ce trop tard ?) possible par le vote, le choix, et la légitimation par le vote populaire massif. Les relations entre institutions sont une histoire de rapport de force. Si on détruit l'Europe démocratique, on revient à une stricte Europe des "nations" et surtout de la négociation pardessous.
Donc les Français, comme toi, avaient la possibilité de choisir une autre voie que la voie libérale. Du moins l'infléchir sérieusement.
Ben non.
Super.
Je reprends puisque je peux de nouveau poster :
L'Europe est née du libéralisme et de la paix. Dire qu'elle est libérale est vain. Sa construction s'est basée sur le libéralisme. Et de toutes manières, le libéralisme, doctrine sociétale ou seulement économique, n'est pas un problème en soi. Le problème en soi, c'est lorsque les intérêts généraux des peuples sont soumis à des intérêts sectoriels ou financiers. Et ça, ce n'est pas le libéralisme, c'est une déviance qu'il faut combattre.
Quand bien même on veut changer de paradigme et infléchir le libéralisme pour donner une teinte rosée à l'Europe, il ne faut pas se tromper d'ennemi. Cela passe par le vote, ce que j'ai développé plus haut. Et cela passe par le combat contre les politiques nationaux, partis de gouvernements et autres partis, qui caricaturent l'Europe ou qui l'utilisent en utilisant les institutions comme la Commission ou le Conseil européen. Il me semble qu'il est possible, démocratiquement et au sein de la même Union européenne, de faire entendre tes convictions sociales et sociétales.