La suite de ce récit sur l'Inde. Comme mentionné dans le post précédent, on aborde les choses sérieuses avec ce voyage en train...
31 décembre 2006 - En route pour Benares (partie 2): l'épreuve des nerfs
Il ne faut pas être claustrophobe pour voyager dans un train indien, et surtout pas assis aux places du couloir. Les deux options possibles sont de regarder le paysage par la fenêtre, en ne prêtant pas attention aux vibrations qui font crisser la vitre comme s’il y avait un tremblement de terre, soit s’absorber dans les motifs des rideaux fermant les cabines.
Le paysage n’est pas très différent vu du train et vu de la voiture. En train, on a juste l’avantage de passer en plein milieu des villages plus reculés des routes, et de surprendre des bribes de la vie quotidienne : gros porcinets barbotant dans un marécage, ménagère en sahri coloré en train d’étendre le linge, mari assis sur le pas de la porte et enfants jouant avec ce qu’ils peuvent (parfois très près des rails).
Moins amusant est le service de nettoyage du train ; en général des mendiants qui passent le balai à genoux et poussent les ordures jusqu’à la prochaine porte et les expédient sur la voie, par un interstice prévu à cet effet. Le plus navarnt, c’est que ces petits travailleurs sont pour la plupart des enfants, dont le corps porte vite les stigmates d’un travail où l’hygiène n’est qu’un vague concept.
Ne pas penser à la claustrophobie... Ne pas penser... Regarder dehors...
Notre train arrive finalement dans la gare de destination, mais avec trois heures de retard (dont une passée en rade à quelques centaines de mètres de la gare… Une vache sacrée qui ne veut pas se pousser de là ?). Sur le quai, le spectacle est encore plus effarant qu’à Agra. Dans une brume crasseuse éclairée par des lampadaires au jaune blafard, dorment ici des dizaines de sans-abris, dans l’indifférence totale de la foule des voyageurs qui se pressent soit pour entrer dans le train, soit pour en sortir. Sur une passerelle, un adolescent tremble de froid, à moitié couvert d’une couverture miteuse qui ne le protège de rien. Il nous jette un regard desespéré au passage, mais nous ne pouvons rien faire, à part passer notre chemin avec un énorme sentiment de culpabilité bourgeonnant dans notre esprit.
A l’intérieur de la gare elle-même, la situation change peu, et c’est une vraie cour des miracles qui s’apprête à passer la nuit ici. Et moi, je n’ai qu’une idée ; sortir de ce cloaque.
L’hôtel de ce soir est situé à une bonne heure de voiture de cette gare dont le nom m’échappe. Nous bénéficions pour cette occasion des sièges inconfortables d’une petite TATA, avec un chauffeur ayant pour mission de nous conduire à bon port. Nous voilà donc repartis pour une succession de slaloms entre tout ce qui peut avoir deux ou quatre pattes et/ou deux ou quatre roues. La route est totalement défoncée, trouée de nids de poule si énormes qu’ils semblent avoir été faits aux obus. Seul moyen de trop se concentrer sur l’idée que la voiture peut s’encastrer d’un moment à un autre contre un camion ; regarder les tracteurs nocturnes tirant leurs énormes bottes de foin, avec les ouvriers agricoles pelotonnés dans un hamac, suspendu dans le vide à l’arrière… Sur cette route, exite le sentiment de cupabilité, on se demande juste si on va voir l’année 2007 commencer ! D’ailleurs, nous rebondissons de plus belle sur les places arrières, en arrivant peu à peu à pousser des cris de lapins crétins lorsque le chauffeur – qui n’a pas les réflexes de Belmondo – frôle de trop près un tracteur, enlise la voiture dans un nid de poulette géante, ou se prend un tournant en cinquième…
Bref, toute raison nous quitte peu à peu...
L’arrivée à l’hotel est tardive : 23h20. Notre guide négocie notre entrée à une partie privée. Mais l’administration d’un hotel en Inde étant aussi efficace que le reste, personne dans la soirée privée n’est au courant, et nous nous faisons refouler. Dépités et surtout affamés, nous retournons à l’accueil et sommes aiguillés sur le restaurant du 1er étage.
23h50 : confortablement installés dans les fauteuils du restaurant, nous devons abandonner nos bières, car le petit problème avec la partie privée est arrangé, nous dit-on. Retour au B1…
23h55 : personne à la partie ne reconnaît nos tickets, donc on nous refuse l’accès au buffet. A. , au bord de la crise de nerfs, attrape le chef de salle et le traîne jusqu’à l’un des cadres de l’hotel, et leur explique que cela commence à bien faire. Réflexe – enfin râlerie – salvatrice ; on nous ouvre l’accès au buffet. Reste le problème des bières, à cause de ces maudits tickets dont tout le monde ignore d’où ils viennent. Au bout de la 4ème explication à ce sujet, je me décide à laisser parler mon côté « Megatron », en tapant un bon coup de poing contre la table – faisant trembler les verres d’eau – et en intimant au serveur d’arrêter de nous casser les pieds et de nous ramener ce que nous demandons. Méthode efficace ; celui-ci vole chercher les boissons, non sans s’être télescopé à une table dans la foulée. :niark:
0 :10 : le curry est froid et immangeable. Mais on a nos bières… Bonne année quand même ! Bwaaa ! Naiarsal Mubarak Ho ! :joker:
0 :25 : en quittant la soirée, nous nous rendons compte que les tables sont posées sur une estrade de fortune, elle même posée sans plus de façon au-dessus du vide de la piscine. Hum, une chute de deux mètres de dénivelé, cela doit faire mal tout de même.
Vive l’Inde… ! Bwaaaa ! :wah:
1er janvier 2007 :
1 :00 : Note à moi-même, du fond de mon lit : ne plus taper du poing sur une table. Ca fait mal !
To be continued, avec la visite des rives du Gange...
31 décembre 2006 - En route pour Benares (partie 2): l'épreuve des nerfs
Il ne faut pas être claustrophobe pour voyager dans un train indien, et surtout pas assis aux places du couloir. Les deux options possibles sont de regarder le paysage par la fenêtre, en ne prêtant pas attention aux vibrations qui font crisser la vitre comme s’il y avait un tremblement de terre, soit s’absorber dans les motifs des rideaux fermant les cabines.
Le paysage n’est pas très différent vu du train et vu de la voiture. En train, on a juste l’avantage de passer en plein milieu des villages plus reculés des routes, et de surprendre des bribes de la vie quotidienne : gros porcinets barbotant dans un marécage, ménagère en sahri coloré en train d’étendre le linge, mari assis sur le pas de la porte et enfants jouant avec ce qu’ils peuvent (parfois très près des rails).
Moins amusant est le service de nettoyage du train ; en général des mendiants qui passent le balai à genoux et poussent les ordures jusqu’à la prochaine porte et les expédient sur la voie, par un interstice prévu à cet effet. Le plus navarnt, c’est que ces petits travailleurs sont pour la plupart des enfants, dont le corps porte vite les stigmates d’un travail où l’hygiène n’est qu’un vague concept.
Ne pas penser à la claustrophobie... Ne pas penser... Regarder dehors...
Notre train arrive finalement dans la gare de destination, mais avec trois heures de retard (dont une passée en rade à quelques centaines de mètres de la gare… Une vache sacrée qui ne veut pas se pousser de là ?). Sur le quai, le spectacle est encore plus effarant qu’à Agra. Dans une brume crasseuse éclairée par des lampadaires au jaune blafard, dorment ici des dizaines de sans-abris, dans l’indifférence totale de la foule des voyageurs qui se pressent soit pour entrer dans le train, soit pour en sortir. Sur une passerelle, un adolescent tremble de froid, à moitié couvert d’une couverture miteuse qui ne le protège de rien. Il nous jette un regard desespéré au passage, mais nous ne pouvons rien faire, à part passer notre chemin avec un énorme sentiment de culpabilité bourgeonnant dans notre esprit.
A l’intérieur de la gare elle-même, la situation change peu, et c’est une vraie cour des miracles qui s’apprête à passer la nuit ici. Et moi, je n’ai qu’une idée ; sortir de ce cloaque.
L’hôtel de ce soir est situé à une bonne heure de voiture de cette gare dont le nom m’échappe. Nous bénéficions pour cette occasion des sièges inconfortables d’une petite TATA, avec un chauffeur ayant pour mission de nous conduire à bon port. Nous voilà donc repartis pour une succession de slaloms entre tout ce qui peut avoir deux ou quatre pattes et/ou deux ou quatre roues. La route est totalement défoncée, trouée de nids de poule si énormes qu’ils semblent avoir été faits aux obus. Seul moyen de trop se concentrer sur l’idée que la voiture peut s’encastrer d’un moment à un autre contre un camion ; regarder les tracteurs nocturnes tirant leurs énormes bottes de foin, avec les ouvriers agricoles pelotonnés dans un hamac, suspendu dans le vide à l’arrière… Sur cette route, exite le sentiment de cupabilité, on se demande juste si on va voir l’année 2007 commencer ! D’ailleurs, nous rebondissons de plus belle sur les places arrières, en arrivant peu à peu à pousser des cris de lapins crétins lorsque le chauffeur – qui n’a pas les réflexes de Belmondo – frôle de trop près un tracteur, enlise la voiture dans un nid de poulette géante, ou se prend un tournant en cinquième…
Bref, toute raison nous quitte peu à peu...
L’arrivée à l’hotel est tardive : 23h20. Notre guide négocie notre entrée à une partie privée. Mais l’administration d’un hotel en Inde étant aussi efficace que le reste, personne dans la soirée privée n’est au courant, et nous nous faisons refouler. Dépités et surtout affamés, nous retournons à l’accueil et sommes aiguillés sur le restaurant du 1er étage.
23h50 : confortablement installés dans les fauteuils du restaurant, nous devons abandonner nos bières, car le petit problème avec la partie privée est arrangé, nous dit-on. Retour au B1…
23h55 : personne à la partie ne reconnaît nos tickets, donc on nous refuse l’accès au buffet. A. , au bord de la crise de nerfs, attrape le chef de salle et le traîne jusqu’à l’un des cadres de l’hotel, et leur explique que cela commence à bien faire. Réflexe – enfin râlerie – salvatrice ; on nous ouvre l’accès au buffet. Reste le problème des bières, à cause de ces maudits tickets dont tout le monde ignore d’où ils viennent. Au bout de la 4ème explication à ce sujet, je me décide à laisser parler mon côté « Megatron », en tapant un bon coup de poing contre la table – faisant trembler les verres d’eau – et en intimant au serveur d’arrêter de nous casser les pieds et de nous ramener ce que nous demandons. Méthode efficace ; celui-ci vole chercher les boissons, non sans s’être télescopé à une table dans la foulée. :niark:
0 :10 : le curry est froid et immangeable. Mais on a nos bières… Bonne année quand même ! Bwaaa ! Naiarsal Mubarak Ho ! :joker:
0 :25 : en quittant la soirée, nous nous rendons compte que les tables sont posées sur une estrade de fortune, elle même posée sans plus de façon au-dessus du vide de la piscine. Hum, une chute de deux mètres de dénivelé, cela doit faire mal tout de même.
Vive l’Inde… ! Bwaaaa ! :wah:
1er janvier 2007 :
1 :00 : Note à moi-même, du fond de mon lit : ne plus taper du poing sur une table. Ca fait mal !
To be continued, avec la visite des rives du Gange...