Je reviens de mon concert Fantasia. Je rappelle le principe : les 50 films Disney ont ete remasterises et projetes tout au long de 2011 au BFI, le clou de cette retrospective etant le tres attendu double Fantasia/Fantasia 2000, avec orchestre live dans la salle. Le tout, rien moins qu'au tres luxueux Royal Albert Hall.
Je reviens litteralement transporte. C'etait MAGNIFIQUE. GRANDIOSE.
Mais, chaque chose en son temps.
Les moins, car il y en a eu : une armada de parents qui se sont dit que Disney, c'etait pour les enfants, donc ils sont venus avec leurs hordes hurlantes de mioches morveux, c'etait infect. Et ca pleurait, et ca criait, et ca mouchait... C'etait un concert, bon sang de bois ! Est-ce qu'on emmene son gosse de 4 ans a un concert ? :sleeping:
J'espere au moins que ca aura sensibilise les gamins a la musique...
Seconde deception : je pensais qu'il s'agissait de l'integralite des deux films, ce ne furent que des morceaux choisis. Exit les sequences suivantes : la toccata et fugue en re mineur (bah), le Sacre du printemps (bah bis : sequence des dinos, avec un remontage-massacre de la musique de Stravinsky), la Ronde des heures (ARGH !!! La sequence des hippos en tutu !!! Je voulais tellement la revoir !), la Nuit sur le mont Chauve et l'Ave Maria (le demon sur le volcan et la procession nocturne) ; le concerto pour piano no2 (Shosta, sequence du petit soldat de plomb), le Carnaval des animaux (la ridicule sequence du flamant qui joue au yo-yo).
En effet, pour offrir une duree de concert, nous avons eu droit a un remontage melant les deux films : 5e de Beethoven (papillons), 6e par le meme (Bacchus), Casse-Noisettes (les fees et les fleurs), l'Oiseau de Feu (le plagiat de Mononoke), la Rhapsody in Blue (sequence annees 20), l'Apprenti Sorcier (les balais), Pomp and Circumstance (Donald et l'Arche), les Pins de Rome (les baleines).
ET, deux bonus de folie !!! Dans la premiere partie du concert, nous avons eu droit au Clair de lune, sequence prevue pour Fantasia mais non presente au montage final (disponible dans les bonus DVD de certaines editions, toutefois) ; et le bis fut le Vol du bourdon, extrait du film d'animation Melody Time. Helas, ce ne fut pas le sensationnel Destino, ni meme l'une des sequences excisees listees plus haut (ah, que n'aurai-je donne par Ponchielli ou Moussorgsky !).
La qualite de l'image etait AHURISSANTE. Les couleurs, specialement dans le Casse-Noisettes, m'ont completement decolle la retine. Pour le Dukas, a part deux images de Yen Sid bien laides avec son sortilege initial, rien ne trahissait les 70 ans du film. En fait, il n'y a eu que le Clair de lune (qualite visuelle nettement inferieure de la restauration, due aux conditions materielles, j'imagine ?) et quelques plans dans la Pastorale qui devoilaient que le film appartenait a un glorieux passe.
Musicalement, le chef etait bien. Quelques tres legers problemes de synchro dans les deux Beethoven (car oui, l'exercice est difficile : il faut faire coincider parfaitement le son et l'image en temps reel !), mais rien de redhibitoire. L'orage a permis de tout remettre en place et de se regaler sur le Tchaikovsky.
Le direct a ceci de magique que des morceaux qui ne m'ont jamais specialement parle, notamment la sequence des baleines, prennent tout a coup une autre dimension car le son nous prend aux tripes. Ah, ce crescendo final des pins, j'en ai eu des frissons ! Pour l'Oiseau, visuellement a tomber, la prestation etait bonne, mais j'avais helas dans l'oreille des versions historiques qui m'ont empeche de pleinement profiter du moment present. Surtout, la sequence de la berceuse etait helas jouee trop vite... mais ce minutage etait contraint par l'image ! Balance tres difficile a trouver, donc. Je tire mon chapeau au chef, qui m'a malgre tout transporte dans les moments les plus physiques (danse infernale) ou magiques (le celesta de la danse de la fee Dragee ; l'atmosphere ensorcelante de la danse arabe).
J'ai redecouvert une sequence comme celle d'Elgar. Si musicalement, c'est toujours aussi... anglais, pour rester poli, visuellement, c'est eblouissant. Et les gags entre Donald et les animaux rappellent vraiment un court-metrage de Donald. C'est drole (toute la salle a ri a plusieurs reprises, moi compris), c'est attendrissant, bref, ce fut un grand moment. Meme chose avec les Respighi, qui a le probleme inverse : superbe musique mais visuel sans interet (des baleines dans le ciel). Si l'orchestre vous embarque, par contre, changement complet d'atmosphere et frissons garantis. Enfin, la Rhapsody est toujours aussi delicieuse, un vrai Silly Symphonies moderne.
En un mot comme en cent : GENIAL. :yaisse: