Donc, un petit récapitulatif de mes sorties ciné sur les 6 derniers mois.
The Witch (
! No longer available)
En Nouvelle Angleterre, au XVIe siècle, une famille expulsée de sa communauté tente de réaliser son rêve de retour à la nature, sans escompter que celle-ci se montrerait hostile au-delà de leurs plus folles terreurs.
Un formidable film d'horreur, qui redéfinit le genre. Il cherche en effet à horrifier le spectateur, pas à le dégoûter (ou le faire rire, cf. Saw) ou à le prendre bêtement par surprise pour le faire sursauter (tous les films récents). En suggérant des choses innommables, on en vient à détourner les yeux non pas pour échapper à l'insoutenable de ce qui est montré, mais pour vainement se protéger de ce qui est suggéré (cf. la scène de la potion). Qui plus est, le film utilise tous les registres du malaise, à commencer par le moral lorsqu'un garçonnet dévisage sa sœur avec concupiscence, jusqu'au franchement physique, avec quelques séquences évoquant une effroyable douleur.
Toute la famille est franchement inquiétante dès le départ et nous assistons à sa descente dans la folie, qu'il s'agisse des jumeaux braillards discutant messe noire avec le bouc jusqu'à la mère câlinant son fils jusque dans la tombe. Le père est un clin d'œil à The Shining (la hache !) et sa crise de foi après une bonne dose de mortification ne fait que renforcer le tableau.
En parlant de tableau, justement... c'est un tour de force visuel ! Les couleurs sont sombres, passées, cadavéreuses même, avec souvent une unique source lumineuse (bougie, fenêtre) qui renforce le côté pictural de la scène ; le dîner rappelle même franchement Vermeer ! Les seules tâches de couleur vive sont liés au drame qui se déroule, lorsque le surnaturel (?) frappe : le sang, la capuche, la pomme, la peau laiteuse du jeune Caleb.
Je suis plus réservé sur la fin, mais elle est sûrement sujette à interprétations. Bref, un grand, très grand film d'horreur, et on attend avec impatience que le réalisateur revisite le mythe du vampire.
10 Cloverfield Lane (
! No longer available)
Une jeune fille plaque son petit ami. Dans sa fuite éperdue, elle est victime d'accident de la route et se réveille, attachée, dans un bunker souterrain (?)... En dire plus déflorerait le sujet.
Un excellent thriller qui joue sur l'ambiguité de ses registres (Simple huis-clos ? Horreur ? Survivalisme ? Science-fiction ?) au suspense palpable. L'oppression est, une fois encore, physiquement ressentie par le spectateur (claustrophobes s'abstenir !) et le tout fort divertissant.
ZootropolisDéjà évoqué ailleurs, drôle, magnifique, ça ne chante pas et les personnages sont à croquer (Le lapin ! Le renard ! Le fennec ! Les musaraignes ! Les paresseux !!!). Bref, vivement le Blu-Ray.
Florence Foster Jenkins (
! No longer available)
La biographie de Florence Foster Jenkins, la soprane au timbre de chat-huant avalé par un aspirateur
! No longer available qui enregistra un disque pour Melotone et fit salle comble à Carnegie Hall.
Un bijou de drôlerie et d'émotion, avec un casting prestigieux. Meryl Streep, Hugh Grant et Simon Helberg, sous la houlette de Stephen Frears. On rit à gorge déployée, les costumes et la photo sont léchés et féeriques en diable, les acteurs sont attachants comme jamais, et les situations les plus rocambolesques sont toutes historiques. L'insupportable M. Grant trouve un rôle idéal et campe un mari amoureux mais volage tout en nuances, qu'on ne saurait blâmer (?). Cela constitue en soi la force du film et sa faiblesse. En rendant les protagonistes attachants, on s'éloigne de la véracité historique, et la folle ambition de Florence, les menteries de son entourage et leur parasitisme passent au second plan pour narrer une trop "belle histoire"... mais un formidable divertissement.
High Rise (
! No longer available)
Les années 70. Un médecin légiste emménage dans une tour ultra-moderne, dont le découpage par étages s'avère une métaphore sans nuance des hiérarchies d'argent et de pouvoir. On le somme rapidement de trouver ses marques... et de prendre parti, littéralement, alors que la guerre "civile" (ou "immobilière") gronde.
C'est sale, c'est gore, une sorte de Trasnperce-Neige dans un HLM grand luxe, mais que c'est beau ! L'idée de tout ramener au building sans pouvoir s'échapper semble bizarre mais fonctionne parfaitement. Ce n'est pas que les gens ne peuvent pas s'échapper, c'est qu'ils ne veulent pas partir. Ils ne sont eux-mêmes que sur leur territoire, qu'ils comptent défendre coûte que coûte, et le reste file... et devient un rêve. L'histoire d'une obsession étouffante, parfois longuette, mais si léchée visuellement qu'on lui pardonne.