We need to talk about Kevin
Eva Khatchadourian (Tilda Swinton), dont la vie n'a pas l'air d'être drôle tous les jours (maison vandalisée, ménage optionnel, alcool de rigueur), passe un entretien d'embauche pour un nouveau poste, entrecoupé de flashbacks embrumés sur comment elle en est arrivée là. Le comment, c'est son histoire personnelle, de journaliste aventurière à femme seule au fond du gouffre, en commençant par sa lune de miel jusqu'aux plus récents développements avec sa progéniture.
Car Kevin a décidé, on le comprend très vite, de faire son massacre de Columbine à lui. Pourquoi ? Le doute est instillé, la réponse jamais donnée. Elle n'aime pas son fils, cette grossesse n'était pas désirée, et l'enfant le sent, le sait, et le lui rend bien. Mais, est-ce simplement une vengeance, ou Kevin est-il un monstre, tout simplement ? Auquel cas, comment faire face à l'énormité d'être la mère de l'ennemi public numéro 1, et donc tenue pour responsable de tout ?
Les vignettes de la vie de Tilda se mélangent, le spectateur est happé par cette déconstruction temporelle, semblable au brouillard émotionnel et intellectuel parfumé d'alcool mais toujours teinté de rouge (éclairages, peinture, reflets, tomates, blessures) dont est enveloppée la protagoniste, et sa coupe de cheveux devient le fil d'Ariane auquel se raccrocher dans ce labyrinthe de souvenirs.
En face d'elle, Kevin, interprété avec brio par Jasper Newell et Ezra Miller, est cet enfant puis adolescent au sourire carnassier, toujours enthousiaste devant son père, toujours exaspérant avec sa mère. Exaspérant ? N'est-il pas manipulateur, voire franchement malveillant à plusieurs reprises ? N'est-ce pas Tilda qui ne supporte pas les contraintes de la maternité et qui s'imagine tout cela ? Il faudrait qu'elle parle de Kevin, mais le sujet n'est jamais abordé. La seule fois où une discussion s'engage avec son mari (au détour du thème imposé : le divorce), Kevin écoute aux portes. "Ne va pas t'imaginer des choses, surtout si tu n'as pas le contexte." "Je SUIS le contexte", répond-il, sardonique. C'est glaçant.
Bref, un excellent film à tout point de vue (esthétique, construction, performances d'acteurs !!!), à ne pas voir dans le cadre d'une sortie familiale, mais qui fait fortement réfléchir à la parentalité, surtout point trop heureuse. J'adore, et je recommande chaudement.
Eva Khatchadourian (Tilda Swinton), dont la vie n'a pas l'air d'être drôle tous les jours (maison vandalisée, ménage optionnel, alcool de rigueur), passe un entretien d'embauche pour un nouveau poste, entrecoupé de flashbacks embrumés sur comment elle en est arrivée là. Le comment, c'est son histoire personnelle, de journaliste aventurière à femme seule au fond du gouffre, en commençant par sa lune de miel jusqu'aux plus récents développements avec sa progéniture.
Car Kevin a décidé, on le comprend très vite, de faire son massacre de Columbine à lui. Pourquoi ? Le doute est instillé, la réponse jamais donnée. Elle n'aime pas son fils, cette grossesse n'était pas désirée, et l'enfant le sent, le sait, et le lui rend bien. Mais, est-ce simplement une vengeance, ou Kevin est-il un monstre, tout simplement ? Auquel cas, comment faire face à l'énormité d'être la mère de l'ennemi public numéro 1, et donc tenue pour responsable de tout ?
Les vignettes de la vie de Tilda se mélangent, le spectateur est happé par cette déconstruction temporelle, semblable au brouillard émotionnel et intellectuel parfumé d'alcool mais toujours teinté de rouge (éclairages, peinture, reflets, tomates, blessures) dont est enveloppée la protagoniste, et sa coupe de cheveux devient le fil d'Ariane auquel se raccrocher dans ce labyrinthe de souvenirs.
En face d'elle, Kevin, interprété avec brio par Jasper Newell et Ezra Miller, est cet enfant puis adolescent au sourire carnassier, toujours enthousiaste devant son père, toujours exaspérant avec sa mère. Exaspérant ? N'est-il pas manipulateur, voire franchement malveillant à plusieurs reprises ? N'est-ce pas Tilda qui ne supporte pas les contraintes de la maternité et qui s'imagine tout cela ? Il faudrait qu'elle parle de Kevin, mais le sujet n'est jamais abordé. La seule fois où une discussion s'engage avec son mari (au détour du thème imposé : le divorce), Kevin écoute aux portes. "Ne va pas t'imaginer des choses, surtout si tu n'as pas le contexte." "Je SUIS le contexte", répond-il, sardonique. C'est glaçant.
Bref, un excellent film à tout point de vue (esthétique, construction, performances d'acteurs !!!), à ne pas voir dans le cadre d'une sortie familiale, mais qui fait fortement réfléchir à la parentalité, surtout point trop heureuse. J'adore, et je recommande chaudement.