Comme vous le savez, ça a chauffé (et ça chauffe encore) à Lyon. On nous a donc envoyé le ministre des auvergnats… Le préfet, pour
sauver sa tête préparer la chose avait organisé le blocus du centre-ville dès 9h du matin. Mais visiblement ça n'a pas suffit. Lorsqu'un ministre prêche la haine, ils est innocent, lorsque des manifestants lui rappellent ce qu'il est réellement, ils sont coffrés.
Visite chahutée de Brice Hortefeux à Lyon après les incidents
LEMONDE.FR | 20.10.10 | 16h52 • Mis à jour le 20.10.10 | 18h00
Le ministre de l'intérieur Brice Hortefeux s'est rendu à Lyon mercredi après-midi, après que de nouveaux incidents ont éclaté dans la matinée entre jeunes et policiers en marge du mouvement contre la réforme de retraites, pour la troisième journée consécutive. Une réunion de travail sur les violences urbaines s'est tenue en début d'après-midi à l'hôtel de police de Lyon comme le raconte le site du mensuel Lyon Capitale, en l'absence du sénateur-maire PS de Lyon Gérard Collomb qui, devant l'afflux de journalistes, a refusé de participer à une "opération de communication".
"Le ministre de l'intérieur a décidé de venir à Lyon, pour ce que je croyais être une réunion de crise. Je regrette que le ministre ait souhaité en faire une opération de communication. Ce n'est pas ma conception des rapports qui doivent exister entre le maire d'une grande ville et le ministre qui a à gérer l'ordre public, surtout quand celui-ci est gravement troublé […]. Nos concitoyens viennent de vivre des moments difficiles. Cela mérite mieux que de petites opérations politiciennes", écrit Gérard Collomb mercredi après-midi dans un communiqué.
"T'ES PAS LE BIENVENU ICI"
"C'est grâce au centre de supervision urbaine de Lyon, service municipal, qu'en temps réel des images ont été transmises à la police nationale. Ce sont ces images qu'a visionnées le ministre de l'intérieur à l'hôtel de police" s'emporte le maire, qui rappelle que ces derniers jours, à sa demande, ses services ont travaillé en bonne intelligence avec la police nationale et les autorités judiciaires.
Au bout d'une heure de réunion, raconte Lyon Capitale, "le ministre de l'intérieur a quitté l'hôtel de police de Lyon avec deux minibus de journalistes dans son sillage, direction la rue Victor-Hugo. Michel Mercier, ministre de l'espace rural et de l'aménagement du territoire, Philippe Cochet, député-maire de Caluire, président de la fédération UMP du Rhône et le préfet du Rhône, Jacques Gérault" l'accompagnant. Il a passé dix minutes avec les commerçants de la rue, victimes lundi d'importants pillages et de saccages dans leurs commerces.
Alors que le ministre inspectait les dégâts commis dans les magasins, il s'est fait huer par une dizaine de jeunes, qui ont crié sur son passage "fasciste", "raciste" ou encore "T'es pas le bienvenu ici". Trois d'entre eux ont été interpellés sur-le-champ par les forces de police qui entouraient le ministre. "La France n'appartient pas aux casseurs, aux pilleurs et aux caillasseurs. Elle appartient aux honnêtes gens qui veulent travailler paisiblement", a dit Brice Hortefeux. Du côté de la place Beauvau, on minimise l'incident : "La visite de Brice Hortefeux ne saurait se résumer à cela. Trois personnes interpellées, c'est assez classique pour un déplacement ministériel."
1 300 CASSEURS
Mercredi matin le maire avait lancé un "appel au calme et à la responsabilité de chacun et notamment aux parents de ces jeunes " alors que la tension était à nouveau palpable dans le centre de Lyon, malgré un important dispositif policier. La police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser quelque 300 jeunes se déplaçant par petits groupes dans les environs de la place Bellecour dans le quartier de la Presqu'île. Les pompiers ont dû intervenir pour un début d'incendie sur un camion. Deux personnes ont été interpellées. Près de 800 hommes ont été déployés sur le terrain, principalement en centre-ville. Les stations de métro, de tramway et des lignes de bus ont été fermées afin d'éviter le transport dans le centre de jeunes "casseurs" venus des banlieues. La police avait procédé mardi à 74 interpellations.
Toutes les poubelles et autres objets pouvant être utilisés comme projectiles par les casseurs ont par ailleurs été retirés des rues commerçantes à la demande du maire. La police a dénombré quelque "1 300 casseurs" dans l'agglomération en marge de la manifestation contre la réforme des retraites. Six voitures ont été incendiées, 21 retournées, neuf commerces ont été pillés, huit autres dégradés et six abribus détruits, selon la préfecture.
Le Monde.fr
Sinon, dans le gens cul-faux, je vous offre le Collomb:
Gérard Collomb : "Je croyais que Hortefeux était venu pour une réunion de crise, pas pour un happening"
LEMONDE.FR | 20.10.10 | 18h35 • Mis à jour le 20.10.10 | 19h00
Le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, s'est rendu à Lyon mercredi 20 octobre après que de nouveaux incidents ont éclaté dans la matinée entre jeunes et policiers. Rentré à 4 heures du matin, mercredi, du Japon où il était en visite officielle, le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb dénonce une "opération de communication".
Que s'est-il passé cet après-midi lors de la visite du ministre de l'intérieur à Lyon ? On dit que vous n'avez pas participé à la réunion...
J'ai appris dans la matinée, par le préfet, que Brice Hortefeux venait ce mercredi après-midi. Je croyais que c'était pour une réunion de crise, pour que l'on discute par exemple du nombre de représentants des forces de l'ordre et de leur répartition dans la ville, que l'on échange sérieusement sur un problème grave. Mais lorsque je suis arrivé à l'hôtel de police, en début d'après-midi, il y avait là soixante-dix journalistes. Moi, j'étais venu à une réunion de travail, pas à un happening...
D'autant qu'il était prévu, pendant cette réunion, de diffuser les images enregistrées par les services municipaux de vidéoprotection, auxquels j'ai demandé de collaborer étroitement avec la police nationale. J'ai expliqué au directeur de la sécurité urbaine qu'il n'était pas question que ces images soient montrées aux journalistes : ce sont des images protégées, la Ville a signé une charte de déontologie encadrant strictement leur usage. Elles ne sont destinées qu'aux services de police ou de la justice, sûrement pas au 20 heures de TF1 !
Lorsque j'ai vu que les soixante-dix journalistes étaient conviés à assister à la réunion, j'ai compris qu'il n'était pas question de réunion de travail, et je suis parti. Ainsi, les images n'ont pas été diffusées à la presse. M. Hortefeux est ensuite allé rue Victor-Hugo voir les commerçants avec plusieurs cars de journalistes. Et comme souvent dans ce genre d'opération, au bout de dix minutes, il est reparti sous les huées. Je trouve le bilan de sa visite un peu décevant alors que la situation est grave.
Quelle est la situation que vous avez constatée ce matin, à votre retour du Japon ?
Les récits que j'ai entendus des incidents d'hier rendent compte de moments de tension importants. Ce n'était absolument pas des étudiants qui défilaient de l'autre côté de la ville, avec le cortège de syndicats, mais des bandes de gamins assez jeunes qui se sont livrés aux exactions. Les commerçants dont les vitrines ont été brisées évoquent des adolescents de 13-14 ans. Des voisins leur ont dit avoir vu, un peu avant les incidents, des personnes visiblement venues en repérage : ils n'ont pas cassé au hasard, ils savaient ce qu'ils voulaient voler. En tout, quinze vitrines ont été cassées, parfois à l'aide de pistolets à grenaille, ce sont des actes assez violents que la ville n'avait jamais connus dans ces proportions.
Craignez-vous de nouveaux incidents pour les jours à venir ?
Nous avons pris des dispositions pour les éviter. D'abord les services de la ville ont travaillé d'arrache-pied pour nettoyer les rues rapidement afin d'enlever toute trace du carnage. Nous avons aussi sollicité les entreprises privées comme Decaux, qui a remplacé en une journée tous les Abribus cassés. Ensuite nous avons retiré tout le mobilier urbain qui pourrait servir de projectile ou être facilement incendié : les poubelles, les bennes à ordures, des containers, etc. Et la présence des forces de l'ordre reste importante, tous nos effectifs sont mobilisés. Mais ce matin déjà, contrairement à ce que j'ai pu entendre, il y a eu très peu d'incidents : à 10 heures, j'étais moi-même en ville, en train de discuter avec les commerçants victimes de pillage, et la situation n'était pas tendue. Il y a seulement eu un incident important : deux individus ont mis le feu à une camionnette de livraison. Ils ont été arrêtés dans l'heure, grâce à la vidéoprotection.
C'est de cela aussi que j'espérais parler avec Brice Hortefeux, ainsi que de la tension que je sens croissante dans l'agglomération ces derniers mois, avec plusieurs attaques aux armes lourdes. Je regrette que, comme cet été à Grenoble, le gouvernement montre une nouvelle fois du mépris pour les élus locaux. Dans ce moment de crise grave, il n'est pas à la hauteur des événements.
Propos recueillis par Aline Leclerc
On se demande bien quel était l'intérêt supérieur de Monsieur le sénateur à se balader au Japon pendant que son assemblé débat des retraites… Bizarrement, il n'avait pas séché les sessions où il lui était possible de faire passer des amendements favorables à la construction du grand stade dit OL-Land de son pote Aulas…