Locataires, propriétaires... tout le monde de l'immobilier en rut !

MCL80

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Incroyable, même un journal plutôt à droite soutient l'action de la préfète du Rhône qui retire aux maires des communes les plus carencées en logements sociaux le droit de délivrer les autorisations d'urbanisme:
https://www.lyonmag.com/article/133792/quand-l-extreme-droite-pense-que-les-pauvres-et-les-classes-moyennes-sont-tous-des-migrants-islamises

Les communes sanctionnées sont celles qui veulent rester des ghettos pour riches et je ne vais pas les pleurer. Ceci dit, ça a le mérite de faire tomber le masque de l'extrême droite qui prétend défendre les pauvres.
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Alaiya

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Ma foi, sur le principe qui relève de la loi, ça ne me choque pas du tout que l'Etat, via les préfets, se substitue aux maires lorsque ceux-ci refusent d'appliquer la loi en question. C'est normal, sain et logique.

Quant à l'article lui-même... le ton, le style et la sémantique desservent le sujet. 


EDIT: sinon, le monde de l'immobilier en ce moment n'est pas précisément en rut mais en PLS...

MCL80

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Le marché de l'immobilier est surtout totalement dysfonctionnel: un besoin (objectif) de logements croissant (augmentation de la population, baisse de la taille moyenne des ménages…), mais une production totalement insuffisante avec une sélection par l'argent de plus en plus forte. À cela s'ajoute la hausse des taux d'intérêt qui rend insolvable une partie des acheteurs et qui va conduire à faire baisser les prix de vente, sans faire diminuer (au contraire) le nombre de personnes en recherche de logement.

Beaucoup de gens ont cru que les prix des logements ne baisseraient jamais car depuis quarante ans, les taux d'intérêt n'ont cessé de baisser… et donc pour une même durée, les acheteurs pouvaient s'endetter plus et au final payer plus cher. Cette période est finie et ceux qui ont acheté au plus haut et qui veulent vendre vont devoir encaisser une décote… car même si l'immobilier est devenu un marché spéculatif, le logement est aussi un besoin essentiel et l'évolution de la vie fait qu'à certains moments on doit vendre rapidement et/ou trouver très vite un logement. Or on se rend compte que les régulations mises en place ne sont pas réellement fonctionnelles: production de logements insuffisante, à des prix ne permettant pas d'assurer à tous un logement adapté à ses besoins (voir un logement tout court). Idéalement, il faudrait que l'État rebascule l'argent des APL (qui sont en fait non des aides aux locataires mais des subventions aux propriétaires car en solvabilisant les locataires elles tirent les loyers vers le haut) sur les aides à la pierre notamment des bailleurs sociaux. C'est à dire mener une politique en faveur des occupants de logements et non en faveur de ceux qui les possèdent… pas facile de s'attaquer à ça.
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Alaiya

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Clairement, le coût du logement neuf dans le secteur privé (hors social donc) était déjà sidérant avant la crise, du fait de marges scandaleuses. J'ai assisté à des réunions de lancement de DCE et heureusement que j'étais assise quand le directeur technique du promoteur lance à tout le monde en mode OKLM avec petit sourire en coin : "bon, on est bien d'accord ? On ne dépasse pas les 1500 €/ m²", sachant qu'ils allaient vendre les logements en question entre 3000 et 4000 € / m². Et pour la part de social de l'opération à rétrocéder en VEFA aux bailleurs sociaux, tu te doutes bien que le "niveau de prestations" n'était pas le même, donc ils sortaient en dessous de 1500 € / m² ("ah non, hein, pas de parquet ! du carrelage ou mieux, tiens, du PVC" - "Des volets électriques ? Mais vous êtes fous !").

Donc ils se sont joyeusement goinfrés sur la bête depuis quasi 20 ans et là, ils sont en train de se faire rattraper par la patrouille, comprendre : les prix de construction ont augmenté et le pouvoir d'achat des gens a baissé. En un mot comme en cent, on est simplement en train de revenir à un marché rai-son-na-ble. Sauf qu'ils ont eu le temps de perdre l'habitude. Et pas qu'eux : les agents immobiliers, les notaires, les propriétaires de foncier, etc.

Bref, il va y avoir du ménage et forcément de la casse. Bouygues Immo et Nexity ont mis en place des plans de départs volontaires par exemple, et d'autres vont suivre.

Dernier exemple en date : à Bordeaux, la Caisse des Dépôts a racheté 30 000 (si, si !) logements aux promoteurs qui n'arrivent pas à les vendre, et va les rétrocéder à Action Logement pour en faire du logement social. C'est toujours ça de gagné. Mais ça m'étonnerait que la CDC les ait achetés au prix fort...

Donc certains promoteurs se diversifient, certains le faisaient déjà d'ailleurs et s'en sortent mieux que leurs collègues : résidences services étudiants et séniors, programmes mixtes, bref on sort du tout logement parce que financièrement, ils n'équilibrent pas (enfin, tout dépend bien entendu de leur objectif de marge :shifty:)


MCL80

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Mine de rien, il y a aussi les collectivités locales qui vont en prendre plein la figure avec la baisse des droits de mutation et les premières touchées seront les départements: les routes, les collèges, l'aide sociale à l'enfance, l'aide personnalisée à l'autonomie etc, etc.

Mais clairement on n'en serait pas là où on en est si l'État avait financé du logement social en quantité. Clairement, ça aurait empêché la création des rentes de situation qui n'existent que du fait que le marché est régulé par la pénurie.

En outre, les résidences services et autres vont probablement rapidement toucher leurs limites, car il faut trouver une clientèle solvable pour que ce modèle fonctionne. Même si la population vieillit, les personnes âgées connaissent actuellement des pertes de revenus plus fortes que les actifs, donc c'est pas bon pour les résidences seniors.
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Flavien

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Et pendant ce temps, Olivier Babeau nous explique tranquillement que la crise du logement est uniquement du fait du ZAN.

J'avais envie de rebondir là dessus car ce type me sort par les yeux, est un idiot fini mais passe son temps à la télé et au figaro.

A Panazol (banlieue de Limoges), il y a 5 ans, projet immo en plein centre d'un immeuble avec du neuf "pinel" avec des apparts jusqu'à 260 000 euros, à 3000 euros le m2. Ca parait pas énorme pour vous mais ici, à 260 000 tu as une maison refaite... Et les prix ont enflé en justement 5 ans (1500 à 2000 en moyenne).
Bref. Deja ça se touchait.
Les matériaux, j'ai refait tout le bas de la maison en 2021, à deux mois près, on prenait 30% de plus niveau bois.

Là, le contexte est horrible pour l'investissement immo. De plus, et je sais que MCL en parlait deja il y a longtemps, on arrive à la limite de l'extension urbaine. La crise des gilets jaune a montré le déséquilibre socio-eco-spatial engendré par l'étalement urbain et le paradoxe de la réduction des services et emplois là où la population (modeste souvent de surcroit) migre.
Si le ZAN a le bon sens de se poser la question sur l'occupation et l'équilibre des aménagements...
Tant que le système demeure autour de la métropole et des activités concentrées dans la ville centre  on a pas le cul sorti des ronces (je sais, j'ai dérivé de l'immo à l'amenagement, mais c lié pour moi).

(je ne sais pas pourquoi mais je n'arrivais pas à poster via le tel, on dirait que PNR ne supporte pas les smileys du tel ?)
" En France, les peines d'argent durent plus longtemps que les peines
de coeur et se transmettent de génération en génération. "

( Silhouette du scandale )
Aymé, Marcel

Alaiya

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Citation
Mine de rien, il y a aussi les collectivités locales qui vont en prendre plein la figure avec la baisse des droits de mutation et les premières touchées seront les départements: les routes, les collèges, l'aide sociale à l'enfance, l'aide personnalisée à l'autonomie etc, etc.
Comme le dit la sagesse populaire : "quand l'immobilier va, tout va". Mais quand l'immobilier s'enrhume, cela entraîne en effet une réaction en chaîne. Quand on a signé l'achat de notre maison au dernier trimestre, notre notaire nous a pointé du doigt la part du Département dans les droits de mutation qui représente le % le plus élevé et a eu la même remarque que toi : moins de transactions = moins d'argent pour les CD.
Citation
En outre, les résidences services et autres vont probablement rapidement toucher leurs limites, car il faut trouver une clientèle solvable pour que ce modèle fonctionne. Même si la population vieillit, les personnes âgées connaissent actuellement des pertes de revenus plus fortes que les actifs, donc c'est pas bon pour les résidences seniors.
D'où l'importance d'être propriétaire de son logement une fois arrivé à la retraite. La vente du logement permet de financer une résidence sénior.  Pour ce qui me concerne, c'est ainsi que je vois les choses pour mes vieux jours en fonction de mon état de santé mais j'ai conscience de faire partie des privilégiés. Je ne sais vraiment pas comment les retraités en location peuvent s'en sortir financièrement...
Citation
A Panazol (banlieue de Limoges), il y a 5 ans, projet immo en plein centre d'un immeuble avec du neuf "pinel" avec des apparts jusqu'à 260 000 euros, à 3000 euros le m2.
Ah oué quand même ! :sweatdrop: Y en a qui ne doutent de rien, dis donc. 3000 €/m² à Panazol, c'est... :roule:

Concernant l'aménagement du territoire, autant j'entends objectivement les arguments visant à "concentrer" les services et donc la population pour maîtriser les coûts, autant subjectivement, l'incitation à s'entasser les uns sur les autres m'insupporte au plus haut point.

Vivre "en grappes" à la façon d'une population de fourmis dans un terrier me fait horreur. Je suis partie à la campagne pour ne pas avoir de voisins. Pour ne pas avoir à supporter les nuisances générées par autrui, et notamment le bruit.  J'ai un vrai problème avec le bruit, surtout le bruit généré par l'être humain. Entendre tout ce que disent les voisins, les enfants qui crient pendant des heures (et les parents qui laissent faire), l'ouverture/fermeture de leurs poubelles, la musique d'à-côté, etc... Il y a des gens qui sont soucieux et respectueux de leur voisinage, et puis il y a les autres. Ceux qui n'en ont absolument rien à foutre, qui considèrent qu'à partir du moment où ils sont dans les limites de leur terrain, ils peuvent tout se permettre parce qu'ils sont chez eux. Avec les années, mon niveau de tolérance en est arrivé à tutoyer le zéro absolu sur cet aspect. Et comme ce sont toujours les plus gênés qui s'en vont...

Alors, oui, c'est vrai, il faut prendre la voiture pour tout, les temps de trajet son rallongés, l'organisation est différente. Mais rentrer chez soi avec la garantie de la tranquillité, ça n'a pas de prix.

MCL80

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Citation de Alaiya le 5 Janvier à 10:43
D'où l'importance d'être propriétaire de son logement une fois arrivé à la retraite. La vente du logement permet de financer une résidence sénior.  Pour ce qui me concerne, c'est ainsi que je vois les choses pour mes vieux jours en fonction de mon état de santé mais j'ai conscience de faire partie des privilégiés. Je ne sais vraiment pas comment les retraités en location peuvent s'en sortir financièrement...
Les résidences services, même si tu as de l'argent, ne sont pas forcément la solution adaptée. Je vois mes parents, ils sont passé d'une vie en autonomie totale à une situation de dépendance (principalement mon père). Pour l'instant, ils sont dans leur maison, mais si la situation se dégrade, ça sera probablement l'EHPAD, mais je ne leur souhaite pas (franchement, qui voudrait aller chez Korian? :peur:). En résidence service, il faut encore avoir une autonomie.
Citation
Concernant l'aménagement du territoire, autant j'entends objectivement les arguments visant à "concentrer" les services et donc la population pour maîtriser les coûts, autant subjectivement, l'incitation à s'entasser les uns sur les autres m'insupporte au plus haut point.
Pour moi, la métropolisation (concentration de la population et des services dans les grandes villes) est une connerie car cela revient à nier la vie dans les territoires moins denses (je ne dis pas ruraux car ce n'est pas la campagne dont je parle, mais les villes de quelques milliers d'habitants qui parsèment le territoire et qui sont en elles-même des centralités). La logique d'aménagement du territoire équilibrée a été abandonnée dans les années 1970/1980. On voit de plus en plus de petites villes désertées par les services publics et c'est un vrai problème pour la vie des habitants.

Après, la métropolisation et l'urbanisation telles que nous les connaissons sont liées à la disponibilité d'une énergie pas cher. Franchement, le jour où le pétrole deviendra plus rare, je ne sais pas ce qu'il risque de se passer, mais les gilets jaunes ressembleront probablement à une partie de plaisir à côté. J'écoutais France Culture ce matin, et je n'ai pas été rassuré:
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/france-culture-va-plus-loin-l-invite-e-des-matins/transition-energetique-aux-sources-d-une-fausse-promesse-8969233
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