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Sujet: Travailler dans la Fonction Publique : Est-ce le good ou le bad ? (Lu 15192 fois) sujet précédent - sujet suivant

Re : Travailler dans la Fonction Publique : Est-ce le good ou le bad ?

Répondre #90
Yep
sylvainlaurenssocio.free.fr/Sylvain Laurens-1974decision-Politix.pdf

J'aime bien et ça m'intéresse car, après tout, quand je faisais mes études, je m'étais spécialisé sur l'immigration. Pas sur cette période mais bon, j'ai toujours estimé que c'était une erreur de fermer les frontières. Une erreur dans le sens qu'elle ne répondait pas à la conjoncture mais à une vision politique particulière et qu'elle posait plus de problèmes qu'elle n'en résolvait.
Laurens abonde dans mon sens et ajoute que c'est une décision murie d'une certaine catégorie de nouveaux hauts fonctionnaires, différents de la génération post WWII.
" En France, les peines d'argent durent plus longtemps que les peines
de coeur et se transmettent de génération en génération. "

 ( Silhouette du scandale )
Aymé, Marcel

Re : Travailler dans la Fonction Publique : Est-ce le good ou le bad ?

Répondre #91
Ça a l'air pas mal, au vu du résumé.
J'ignorais totalement que la fermeture des frontières était aussi récente.
On est tous le con de quelqu'un d'autre

Un appendice ne sert pas forcément à rien. Chez moi, TOUS les appendices servent  :classe:


Mise a jour du blog le 27/12/06

Re : Travailler dans la Fonction Publique : Est-ce le good ou le bad ?

Répondre #92
En France (et globalement en Europe) on a inversé les paradigmes.

En gros, jusque dans les années 70/80/90, le commerce international était très contrôlé par une politique de tarifs douaniers. A l'inverse, la circulation des hommes étaient plutôt libre (toute proportion et exception conjoncturelle gardées).
Au fur et à mesure qu'on se rapproche de l'an 2000, on a dérégulé le commerce jusqu'à remettre en cause toute la division du travail classique et les systèmes de production et d'échanges.... Mais par contre, les Etats ont augmenté sensiblement le contrôle aux frontières.

On peut affirmer sans crainte qu'en 2015, les frontières de l'Europe n'ont jamais été aussi fermées aux non-Européens (surtout s'ils viennent du Sud et de l'Est).

Pour moi, je trouve que la fermeture des frontières est une énorme erreur en terme de politiques publiques. Elle coûte plus cher en fonctionnaires, en traitement administratif, en actions sur le terrain... Qu'elle ne rapporte. Et si on lie politiques publiques et société, je ne suis pas sûr que le bénéfice coût/avantage s'inverse car il reste encore à prouver que l'élargissement du statut de l'immigration illégale ait été un succès social ou sociétal ou judiciaire. Il reste également à prouver que la limitation théorique (on en sait rien après tout, qui viendrait ici si les frontières étaient ouvertes) protège la France  et les Français du chômage... Et je ne parle même pas de notre natalité ou d'autres choses.

Alors voir la théorie de Laurens, ça m'intéresse et cela me conforte sur l'opinion que j'ai des hauts fonctionnaires et de leur collusion avec les politiques.
" En France, les peines d'argent durent plus longtemps que les peines
de coeur et se transmettent de génération en génération. "

 ( Silhouette du scandale )
Aymé, Marcel

 

Re : Travailler dans la Fonction Publique : Est-ce le good ou le bad ?

Répondre #93
Pour ma part, je considère que ce sont les hauts fonctionnaires qui ont réellement le pouvoir. Les hommes politiques peuvent bien sûr influencer un certain nombre de choix, mais il ne faut pas se leurrer, une politique globale se définit dans une durée qui n'a rien à voir avec un mandat de président (5 ans) ou de ministre (quelques jours à 2-3 ans, rarement plus).

Prenons un exemple simple. Le nombre de fonctionnaires d'État en France est d'un peu moins de 2 millions, avec un statut qui les protègent des pressions politiques, notamment en rendant leur licenciement quasiment impossible, sauf faute grave. De plus, une structure de cette taille ne peut être réorganisée d'un claquement de doigts, car qui dit réorganisation dit souvent déménagement, donc locaux à trouver avec quasi-systématiquement des surfaces conséquentes. Donc clairement, ce n'est pas sur un quinquennat qu'une baisse importante des effectifs ou une grande réorganisation de l'administration peut être décidée et exécutée.

Entre 2006 et 2011, la fonction publique d'État a perdu plus de 10% de ses effectifs (réduction de quasiment 2,2 millions à un peu plus de 1,9 millions d'employés), et cette tendance se poursuit. Cette baisse a été anticipée et planifiée à partir des années 1990. Si on prend le ministère de l'écologie (ex équipement) dès les années 1990, alors que le ministère avait entre 70 et 80000 agents, un rapport a envisagé de réduire les effectifs à 20000 personnes. À l'époque les gens n'y croyaient pas. Pourtant, l'objectif de ce rapport sert de boussole: transfert des routes aux conseil généraux, abandons de missions, couplés à des départs en retraite massifs. En 2013 il restait dans le ministère 49 258 agents, avec une pyramide des âges qui dit que d'ici 15 ans les 2/3 seront partis en retraite… En un an, de 2012 à 2013, le solde entre les embauches et les départs a été de -7000 personnes environ. On voit donc qu'à court terme, un ministère de l'écologie à 20000 agents, voir moins, n'est pas absurde. Or cela n'aurait pas pu arriver aussi brutalement sans une planification allant bien au-delà des mandats électoraux.

Finalement, le fonctionnement n'est guère différent de la IVe république à laquelle on reprochait son immobilisme: À l'époque l'instabilité gouvernementale extrême faisait que c'était la haute administration qui gouvernait (lancement du programme de la bombe A, reconstruction, développement des industries stratégiques…), en laissant juste au politique l'illusion du pouvoir (validation des dossiers en conseil des ministres, inaugurations…) Sauf que la politique générale de la haute administration en matière économique a changé en même temps que celle des milieux économiques et de la haute finance auxquels elle est très perméables. Elle est passé d'une vision plutôt étatiste (IIIe et IVe république, ainsi que début de la Ve), à une vision libérale de plus en plus débridée (à partir des années 1970).