En fait, je dois être un peu maso mais bon... sur les 15 000 emplois supprimés, une part non négligeable sera constituée de départ à la retraite non remplacés (1/5, il me semble).que vont faire les 15000 jeunes qui auraient pu avoir un emploi?
J'ai peur de mal comprendre là: tu considères la fonction publique comme le dernier pont sous lequel on crèche quand on n'a pas de boulot? Sympa pour les fonctionnaires... Je ne pense pas qu'ils se considèrent comme un asile...^^
Heu... Je suis fonctionnaire, et je peux te dire qu'on voit tout de même dans la boutique certains cas qui ne feraient pas long feu dans le privé. Ceci dit, je n'ai pas de honte à être fonctionnaire. Ce que je voulais dire, c'est que si une entreprise annonçait qu'elle supprimait 15000 emplois l'année prochaine, ça serait le tollé, avec des élus prêts à sortir leurs larmes de crocodile et leur mouchoir. Ça semble indolore car c'est des départs en retraite non remplacés, mais au final, ça veut bien dire autant d'emplois qui ne seront pas disponibles pour les jeunes... Alors que je rappelle que les besoins existent. 15000 emplois en moins, ça a un impact direct sur le chomage... et même si on considère que chaque emploi direct ne crée que 0,5 emplois induit, ça veut dire aussi 7500 postes de moins dans le privé, mécaniquement... Soit au final en moyenne environ 225 emplois de moins dans chaque département tout de même en un an... et on remet le couvert l'année prochaine.
On laisse le service public se déteriorer (coute trop cher, il parraît),
Non, il se détériore parce qu'il est mal optimisé. Le service public est essentiel à notre vie de tous les jours, mais il doit être réformé. Mais pour cela, il faudrait que les corporatismes tombent.
Vas donc expliquer dans un hopital que le service public est mal optimisé, quand les malades des urgences n'arrivent pas à avoir de lit dans les services normaux, quand les infirmières malades ne sont pas remplacés, etc, etc. Je rappelle au passage qu'en ce qui concerne les équipements de pointe (scanner, IRM...) notre niveau d'équipement est le même que celui de la Turquie, loin derrière l'Allemagne, la Belgique ou même le Royaume-uni. La poste ne recrute plus de fonctionnaires, mais tourne avec des contractuels, des CDD et que voit-on? Quand on n'a pas le courrier du voisin dans sa boite, c'est les queux qui s'allongent aux guichets, les bureaux de campagne qui ferment (dans certains départements, on est en train de voir apparaître des déserts postaux... Et comme dans un certain nombre d'endroit, c'est le seul service public qui restait, ça devient un désert tout court)
Moi, ça me fait rigoler quand les gens disent que les services publics marchent mal, c'est la faute des fonctionnaires et de leur corporatisme. Le nombre de fonctionnaires diminue depuis 20ans, avec une nette tendence à l'accélération du fait de la pyramide des âges. Et quand le nombre de fonctionnaires ne baisse pas à un endroit, on coupe les crédits de fonctionnement, comme ça, ne pouvant plus faire leur boulot, on dit qu'ils servent à rien. Que constate-t-on? C'est que depuis 20 ans le service public ne cesse de se dégrader. Si avec ça on peut pas faire le parallellisme avec la diminution des moyens en hommes et en matériel, je ne sais pas ce qu'il faut.
D'ici 20 ans, les fonctionnaires d'État seront une espèce rare. On verra si il y aura encore des services publics, ou si ça sera "chacun en fonction de son porte-monnaie." Que le prix d'une lettre postée à Paris ou à Peyresq (Alpes de Haute Provence) soit le même, ça fait parti du service public, car dans les deux cas, les coûts d'acheminement sont loin d'être équivalents.
Et ça, c'est pas gagné. Il y a des gens dans la fonction publique qui veulent que ça bouge, qui veulent que les choses évoluent. Malheureusement, ils ont un peu trop souvent au dessus des gens qui trop heureux dans leur fauteuil entendent bien y rester. Il ne s'agit pas de supprimer le service public et s'il y en a encore pour le croire, c'est la preuve que le lobbying gaucho syndicaliste a malheureusement encore de beaux jours devant lui, mais de le redéployer de façon efficace. Je ne nierai pas qu'il y a beaucoup de basse démagogie, notamment par rapport à la sécurité. Mais même dans ce domaine là, il y a un redéploiement judicieux à faire.
Ce que les gens n'ont pas envie d'entendre, c'est qu'un service public efficace (au service de la population, donc) a besoin de moyens aussi bien matériels que humains. Les grands chefs se sont attaqués au budget du matériel depuis longtemps pour prouver que les employés ne servaient plus à rien et tout refiler au privé. On ne peut pas espérer avoir un service public efficace sans y mettre le prix. Ceux qui tiennent ce discours de réduction des moyens pour améliorer le service sont des démagos. Par exemple le déneigement des routes des Alpes en hiver 7j/7 a un coût, qu'il soit assuré par des fonctionnaires ou par des entreprises privées. Il y a quelques années, le travail était fait pour la plus grande part par les personnels de l'Équipement avec un système d'astreintes. Ce fonctionnement assurant une réactivité maximale. Maintenant, avec la départementalisation des routes, un certain nombre de conseils généraux envisagent de confier ce genre de travaux au privé. Au final, ça ne fera pas faire une économie (éventuellement ça coûtera même plus cher, car l'entreprise, il faudra bien lui payer la possibiliter de la faire intervenir en h24), mais les CG qui feront ça pourront dire "on a réduit le nombre de fonctionnaires, on fait des économies de personnel"... Oui, mais les dépenses globales, elles seront restées stables voir auront augmenté.
Les routes, tout comme les hopitaux, la poste, les pompiers, la justice... Tout cela a un coût si on veut une certaine qualité de service... Quel homme politique acceptera enfin d'assumer cette réalité incontournable. Après, on peut crier autant qu'on veut haro! sur les fonctionnaires, mais il faut pas pleurer de la dégradation, des erreures dans la gestion administrative et tout le reste.
:lac: