Je l'ai très bien supporté. Je connais ce genre d'opposition, je la vis souvent dans ma salle de classe.
Un enfant, emplis de certitudes, de représentations, d'émotions négatives, de défi... Et cette difficulté pour l'autre de sortir par le haut, de trouver un moyen de faire emporter la raison, l'argument, le fait mais qui n'y arrive pas toujours car c'est incroyablement difficile, pénible.
Je ne suis pas étonné de ce manque de magnanimité vis à vis de la prestation de Macron, de ses moments où il n'a pas pu s'élever. Les quelques échanges ici ont montré que ce n'était pas l'envie de certains de passer de l'interprétation à la compréhension.
Et bien moi, le débat, j'en retire deux enseignements :
- Marine Le Pen est une extrémiste, elle représente un danger imminent pour la France. Elle n'a pas de projet, ça, je le savais. Je ne pensais pas que cela se traduirait par un quasi vide de proposition... Je savais qu'elle était dangereuse sur ce point. Mais surtout, elle n'a aucune dimension dialectique et intellectuelle. Certains usent l'hypothèse qu'elle a fait le deuil de sa "défaite" dimanche et qu'elle est déjà en chef d'opposition... J'en viens tout de même à me poser de véritables questions sur ses capacités cognitives. Elle a débité pendant deux heures trente (puis encore après dans les entrevues après débat) les mêmes mots clés, valises... Vides de sens et même d'argument puisqu'il n'y avait même pas d'argumentation. On aurait dit un robot formaté capable de n'utiliser que 250 mots utilisés par 20 phrases. Elle a montré une sordide image d'elle même, de son parti : elle n'a pas été fichue de bien préparer le débat, de bien utiliser ses fiches, de bien exploiter les moments où Macron flottait (Algérie notamment). Je le redis, j'avais l'impression de voir un adolescent en pleine crise d'autorité cherchant à se faire tarter par l'adulte en face pour obtenir enfin de l'attention.
- J'aurais mille fois préféré Benoît Hamon, François Fillon ou Jean-Luc Mélenchon. Le débat aurait été mille fois plus digne. Evidemment, avec Jean-Luc Mélenchon, j'aurais même espéré sincèrement de grandes joutes sur des modèles économiques et des conceptions philosophiques dont les deux jouteurs auraient été capable. Ce n'est pas parce que j'ai voté Macron que je suis satisfait, au contraire, de cette situation et probable victoire. Avant le résultat du premier tour, je ne voulais pas de Le Pen. Et depuis le débat, sa présence, sa prestation sont plus que sinistres. J'ai bien compris que l'expression des votes pour elle est lié en partie à une désillusion du politique et certains d'entre vous estiment que ce que représente Macron concourt à ce vote. Je ne suis pas du tout d'accord et ce n'est pas la peine d'y revenir, on ne se mettra jamais d'accord. Mais j'aurais mille fois préféré que cette désillusion se porte sur Mélenchon, Hamon ou/et Fillon. Quitte à éliminer Macron au premier tour d'ailleurs. J'ai déjà eu mon favori virer au premier tour plusieurs fois, je n'en suis jamais mort.