Je lirai cet ouvrage, il a l'air passionnant.
Néanmoins, et bien sûr que je vais écrire cela : il y a un biais gigantesque qui tient au fait de prendre tel quel le travail de Faury pour en faire une lecture de l'ensemble du vote RN sur l'ensemble du territoire quand son enquête, ethnographique et clinique, est faite dans un territoire ultra spécifique comme le sud est de la France.
Je suis à peu près convaincu que l'auteur ne monte pas à ce point en généralité et s'il le fait, je suppose que c'est avec des pincettes. Mais la lecture seule permettra d'en faire une idée. Et la présentation que tu nous proposes montre bien que le rapport à la racialité est bien plus subtil que ça et recoupe, j'en suis navré, un peu de ce que je disais: les bascules racialisées sont, à lire le texte que tu nous proposes, une conséquence plutôt qu'une cause:
"Les ressorts du vote Rassemblement National sont ainsi expliqués à partir de l’environnement social au sein duquel il s’inscrit."
"Par « ressorts racistes », il faut entendre non des comportements ou représentations individuelles, mais bien un processus d’assignation conduisant des membres du groupe majoritaire, notamment des membres appartenant aux classes populaires ou aux classes moyennes fragilisées, se sentant menacés dans leur intégration à ce groupe, à instaurer une relation sociale asymétrique permettant de minoriser les « autres » (« musulmans », « arabes », « turcs » principalement)."
Ce passage, que je rajoute après coup, revient à ce que je dis :
"Si l’on se restreint à l’espace national, ce n’est pas tant l’opposition entre RN du Sud et RN du Nord, dont le vote serait plus enraciné dans des enjeux sociaux (Faury souligne les limites de ce qui pourrait apparaître comme une objection à sa thèse), mais les différentes modalités d’imbrication des motifs sociaux et xénophobes du vote RN selon les lieux et les groupes sociaux dont la prise en compte inviterait à prolonger son approche".
Enfin bref, c'est un sujet qui mérite débat et discussion, en effet.
Je voulais demander au site lectures d'en faire la recension, mais elle est déjà en cours. Du coup, j'ai demandé de faire celle du dernier Lizet (aucun rapport).
Je le récupérerai autrement pour m'en faire une idée plus élaborée que de me baser sur le compte rendu de la vie des idées (pourtant déjà assez précis).
PS: une des erreurs commise par la gauche depuis bien longtemps est, à mon avis, de ne pas prendre la question de l'immigration au sérieux. Ce faisant, elle laisse le champ libre à la droite et l'extrême droite qui peuvent dire et faire ce qu'ils entendent, sans jamais avoir de politique adverse pour leur répondre.