Le seul qui me paraisse sincère c'est Lassale, et je ne blague pas.
Oh mais tout dépend ce que tu entends par sincérité. Si c'est croire en ce qu'ils disent, croire en leurs projets, ils sont sans doute quasiment tous sincères.
Lassalle est habité, ça joue beaucoup sur la perception qu'on a de lui.
L'élection présidentielle française est le stade ultime de la quête vers la mégalomanie. A part Poutou et sans doute aussi un peu Arthaud qui sont mandatés par leurs mouvements, les 9 autres rivalisent dans la quête du plus gros boulard. Et c'est ainsi depuis que De Gaulle a décidé que le président devait être élu au suffrage universel direct.
Je reviens sur FB qui va finir par nous faire une crise de démence à force de s'inventer des complots ourdis par les illuminatis de chez Rothschild.
Premier point, malgré le "et alors" et le maintien des deux infâmes, il n'empêche qu'on s'aperçoit d'une réelle fracture -qui me semble à la fois désespérante et pleine d'espoir- sur la probité. De plus en plus de Français s'attachent à une exemplarité de leurs candidats. Les soutiens de Fillon demeurent ceux qui s'arc-boutent sur la théorie du complot ou ceux qui ne sont pas gênés par la malhonnêteté... Et même chose chez Le Pen.
C'est désespérant car cela devrait faire l'unanimité, c'est désespérant car on ne devrait pas avoir une supposée grande journaliste politique (Elkrief) se lamenter des affaires pour "enfin parler campagne". Mais c'est plein d'espoir car on oublie trop souvent que cette hostilité est bien une nouveauté qui touche de plus en plus de personnes dans presque tous les bords de l'échiquier politique. On est loin d'être exemplaire mais ça vient.
Second point, et c'est navrant pour quelqu'un qui regrette le manque d'intellectualisation en politique, il est à la fois ridicule de faire l'axiome Lepeniste UMPS et ridicule de présenter Macron en parangon du dogme "neolibéral" C'est d'ailleurs assez rigolo de voir cette confusion des termes puisque, de ce que je sais et ce que j'entends à sa gauche, Macron serait plutôt le compagnon des ultralibéraux ce qui est une logique bien différente des neolibéraux qui ont une naissance bien plus ancienne... Et quelques éléments d'analyses plutôt différents. Enfin bon, hein, quand on cherche de la densité intellectuelle, le libéralisme de 1776 et celui de 2017 en passant par celui de 1950, c'est bien la même chose quand on veut supprimer la propriété individuelle et l'économie de marché.
D'ailleurs en parlant de libéralisme, Keynes était aussi un libéral, avec une dose de social... Un social-libéral quoi. Ouille. Ca fait pas très Mélenchon ça. Mais je vais p'tre apprendre que finalement, Mélenchon est proche non pas de Oskar Lafontaine comme je le prétends depuis dix ans mais de Schulz.
Enfin, je reprends. Le vote Macron est un vote "bourgeois", 169 ans après, Karl Marx hante encore. Cela m'intéresse en tous cas car, maintenant que j'ai ma petite famille, mon emploi stable et ma maison, je me demande si je suis devenu le "Bourgeois" de chez Brel, de chez Marx ou de chez FB. Et je me demande d'ailleurs quel est le problème si c'est le cas, moi, fils d'un feu père chauffeur livreur au chômage un jour sur deux et d'une mère au foyer. Car j'ai du mal à percevoir le sens de la poursuite de cette lutte des classes, qui est pour moi aussi dangereuse que la lutte contre les étrangers/migrants/juifs/hamsters bleus à poil long. Mais ceci dit, je comprends bien que beaucoup ont besoin de clivage pour comprendre. Il existe un jour et une nuit, il existe le mal et le bien, le shampoing et l'après shampoing, le football et le rugby, l'oral et l'écrit. Donc il existe aussi en politique des clivages : l'égalité contre la liberté, le social contre le libéral, le peuple contre les élites...
Je n'ai jamais ressenti ce besoin, je préfère me construire avec plutôt que contre.
Et pour finir, je réagis à cette caricature imbécile. Le Pen est placée favorite au premier tour dans les sondages depuis 2014. Vous vouliez quoi ? Que chaque jour François Hollande ou un autre s'alarme et crie au loup ? Ne l'a-t-il jamais fait ? Et quand il l'a fait, l'avez-vous écouté ? Autant je suis d'accord avec la médiocrité du traitement médiatique de l'élection, de la politique en général. Je trouve que les journalistes sont tellement timorés qu'ils semblent de simples strapontins et leurs émissions des tribunes libres où le politique peut égrener des sottises sans être perturbé. Autant les inquiétudes face au FN, on en a eu. Certaines de qualités. D'autres caricaturales. Venant de tout et partout.
Alors il est crétin de représenter un FH serein en voyant Le Pen en tête au premier tour. Et il n'y a pas à ressortir le cliché du bolchévique aux yeux injectés de Sang, de McCarthy ou autre parce que Mélenchon récolte à la fois les fruits de sa bonne campagne et l'extrème médiocrité des Socialistes "historiques". Les medias ou Hollande s'en inquiètent ? Ils en ont le droit et je les comprends. Comme les socialistes/les communistes/les Lepénistes ont le droit de se poser des questions aussi si Macron est élu. Et même de nombreux journalistes, tous les jours, se posent de nombreuses questions et ont de nombreux doutes, par exemple sur la capacité de Macron à fédérer une majorité stable à l'AN, à créer aussi un gouvernement qui aura les reins solides face aux enjeux intérieurs et extérieurs. Mais ça, on fait semblant de ne pas l'entendre. Comme ça, cela prouve que Macron est le chouchou de tous et qu'il va gagner parce que le monde des Affaires lui a préparé un pont d'or et a lavé des millions de cerveaux.
On ne sait pas où veut aller Mélenchon, aussi bonne soit sa campagne, les interrogations sur les financements, la capacité à l'Etat à soutenir les investissements, aux partenaires à maintenir la confiance, à la capacité à bouger les lignes et faire bouger les lignes à l'étranger (sinon le projet sera une catastrophe)... Sur ses rapports avec la démocratie qui ressemblent quand même à un "soyez démocrates mais je ne vous garantis pas que je le suis" quand on voit ses références et ses façons de procéder avec le PS ou le PC.
Peut-être a-t-il une partie de la solution, j'entends par là qu'il a peut être raison et ses opposants torts. Ainsi, peut être que les journalistes jetant le doute sur lui ou Hollande ont tort. S'en inquiéter ne me paraît pas pour autant très surprenant.
Bref. Les illuminatis n'ont pas encore gagné.