Le week-end dernier, je me suis activement balladée dans les quartiers autour de chez moi (je me suis aperçue que je ne les connaissais pas très bien en fait).
Petit rapport, qui commence par mon quartier: Iidabashi/Kagurazaka.
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Kagurazaka est une rue en pente, traversant le quartier d'IIdabashi, au nord-est de l'arrondissement de Shinjuku. Habitée tout d'abord par la classes des Samurais, dès le milieu du 17ème siècle, la zone était riche en temples bouddhistes et shintoïstes. En 1792, le temple Zenkokuji fut déplacé de Kojimachi à Kagurazaka, marquant le début de l'expansion commerçante du quartier.
Durant l'époque Meiji (1868-1912), une population plus roturière vint remplacer la classe disparaissante des samouraïs. A partir de 1887, les tavernes de Kagurazaka commencèrent à rester ouvertes tard dans la nuit. Et pour finir, ces établissements prirent définitivement possession des deux côtés de la rue, jour et nuit. Le "niveau" devait pourtant se relever en 1894, avec la construction de la gare JR de Iidabashi. Les "Karyukai", sorte de de restaurants dans la plus pure tradition japonaise, employant des geishas, se mirent à fleurir dans les environs proches de ce nouveau coeur du transit tokyoïte.
Relativement peu affectée par le Grand Tremblement de Terre du Kanto en 1923, Kagurazaka continua à prospérer, d'autant plus que trois des principaux grands magasins de Ginza s'établirent momentanément sur son sol. Kagurazaka hérita alors du nom de Yamanote Ginza (le Ginza de la Yamanote, car au contraire du premier quartier, Iidabashi se trouve à l'intérieur de la Yamanote). Les karyukai se multiplièrent de plus belle, si bien qu'en 1938 cette communauté atteignit les 150 établissements, employant près de 600 geishas. Par contre, le quartier fut généreusement bombardé durant la deuxième Guerre Mondiale, et dû attendre le début des années 50 pour se reconstruire. En 1955, 80 kairyukai avaient réouverts, employant 200 geishas.
Kagurazaka, aujourd'hui, est un mélange entre le Tokyo d'Edo, et le Tokyo moderne, et... un quartier empreint d'une certaine influence française. Malgré un déclin notable du nombre de restaurants "ryotei" et des geishas (il reste 9 restaurants, et seulement 30 geishas en 2006), cette activité reste majeure dans le quartier. Pourtant, les petits établissements ont la vie dure. En 1999, la construction d'un condominium de 26 étages - sur l'emplacement historique du premier ryotei" - avait mobilisé les habitants et les amoureux de la Kagurazaka, mais en vain... Sept ans plus tard, c'est la construction d'un immeuble de 14 étages, tout prêt de la rue où se concentrent les ryotei survivants, qui mobilise de nouveau les protecteurs du site. Et pour cause: l'excavation est d'une laideur sans nom, et laisse présager d'un triste avenir pour les fragiles maisons qui l'entourent..
L'influence française se manifeste par la forte implantation d'institutions françaises (lycée Franco-japonais, Institue Franco-japonais de Tokyo) et la concentration rarement égalée ailleurs dans Tokyo de restaurants et de ressortissants français (Kagurazaka est d'ailleurs désigné par la communauté française comme l'un des deux "ghettos français" de Tokyo, avec Hiroo, dans Minato-ku... Les Japonais, plus poétiques, l'appellent Petite France プチフランス).
Pour bien visiter Iidabashi et Kagurazaka, la meilleure chose à faire est de faire d'abord une halte au Canal Café, agréable établissement installé sur les berges des anciennes douves extérieures du château d'Edo, juste à la sortie de la gare. Fondé en 1918, il est doté d'une terrasse et d'un ponton aménagé en café/port de plaisance. Il est d'ailleurs possible de canoter en avril/mai, sous les cerisiers en fleur. La zone des karyukai est évidemment une une halte obligée pour la suite: labyrinthes de minuscules allées, rappelant un peu celles de Pontocho à Kyoto, elles possèdent un charme unique, particulièrement appréciable la nuit, lorsque de petites lanternes éclairent les entrées. Une fois quittées ces petites rues, il reste à flâner dans la Kagurazaka en admirant les magasins d'art traditionnel et de kimonos, s'arrêter au Zenkokuji, puis un peu plus loin, au Akagi Jinja.
Quelques photos:
1/. Le Canal Café
2/. Le début de la Kagurazaka
3/. Une rue typique de la zone de Karyukai ou ryotei. C'est juste à côté qu'est en train de se construire un immeuble de 14 étages.
4/. Un magasin de kimono
5/. Une rues de la zone des Karyukai vue de nuit
6/. idem
les autres photos sont par ici: Iidabashi et la Kagurazaka et les karyukai
Petit rapport, qui commence par mon quartier: Iidabashi/Kagurazaka.
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Kagurazaka est une rue en pente, traversant le quartier d'IIdabashi, au nord-est de l'arrondissement de Shinjuku. Habitée tout d'abord par la classes des Samurais, dès le milieu du 17ème siècle, la zone était riche en temples bouddhistes et shintoïstes. En 1792, le temple Zenkokuji fut déplacé de Kojimachi à Kagurazaka, marquant le début de l'expansion commerçante du quartier.
Durant l'époque Meiji (1868-1912), une population plus roturière vint remplacer la classe disparaissante des samouraïs. A partir de 1887, les tavernes de Kagurazaka commencèrent à rester ouvertes tard dans la nuit. Et pour finir, ces établissements prirent définitivement possession des deux côtés de la rue, jour et nuit. Le "niveau" devait pourtant se relever en 1894, avec la construction de la gare JR de Iidabashi. Les "Karyukai", sorte de de restaurants dans la plus pure tradition japonaise, employant des geishas, se mirent à fleurir dans les environs proches de ce nouveau coeur du transit tokyoïte.
Relativement peu affectée par le Grand Tremblement de Terre du Kanto en 1923, Kagurazaka continua à prospérer, d'autant plus que trois des principaux grands magasins de Ginza s'établirent momentanément sur son sol. Kagurazaka hérita alors du nom de Yamanote Ginza (le Ginza de la Yamanote, car au contraire du premier quartier, Iidabashi se trouve à l'intérieur de la Yamanote). Les karyukai se multiplièrent de plus belle, si bien qu'en 1938 cette communauté atteignit les 150 établissements, employant près de 600 geishas. Par contre, le quartier fut généreusement bombardé durant la deuxième Guerre Mondiale, et dû attendre le début des années 50 pour se reconstruire. En 1955, 80 kairyukai avaient réouverts, employant 200 geishas.
Kagurazaka, aujourd'hui, est un mélange entre le Tokyo d'Edo, et le Tokyo moderne, et... un quartier empreint d'une certaine influence française. Malgré un déclin notable du nombre de restaurants "ryotei" et des geishas (il reste 9 restaurants, et seulement 30 geishas en 2006), cette activité reste majeure dans le quartier. Pourtant, les petits établissements ont la vie dure. En 1999, la construction d'un condominium de 26 étages - sur l'emplacement historique du premier ryotei" - avait mobilisé les habitants et les amoureux de la Kagurazaka, mais en vain... Sept ans plus tard, c'est la construction d'un immeuble de 14 étages, tout prêt de la rue où se concentrent les ryotei survivants, qui mobilise de nouveau les protecteurs du site. Et pour cause: l'excavation est d'une laideur sans nom, et laisse présager d'un triste avenir pour les fragiles maisons qui l'entourent..
L'influence française se manifeste par la forte implantation d'institutions françaises (lycée Franco-japonais, Institue Franco-japonais de Tokyo) et la concentration rarement égalée ailleurs dans Tokyo de restaurants et de ressortissants français (Kagurazaka est d'ailleurs désigné par la communauté française comme l'un des deux "ghettos français" de Tokyo, avec Hiroo, dans Minato-ku... Les Japonais, plus poétiques, l'appellent Petite France プチフランス).
Pour bien visiter Iidabashi et Kagurazaka, la meilleure chose à faire est de faire d'abord une halte au Canal Café, agréable établissement installé sur les berges des anciennes douves extérieures du château d'Edo, juste à la sortie de la gare. Fondé en 1918, il est doté d'une terrasse et d'un ponton aménagé en café/port de plaisance. Il est d'ailleurs possible de canoter en avril/mai, sous les cerisiers en fleur. La zone des karyukai est évidemment une une halte obligée pour la suite: labyrinthes de minuscules allées, rappelant un peu celles de Pontocho à Kyoto, elles possèdent un charme unique, particulièrement appréciable la nuit, lorsque de petites lanternes éclairent les entrées. Une fois quittées ces petites rues, il reste à flâner dans la Kagurazaka en admirant les magasins d'art traditionnel et de kimonos, s'arrêter au Zenkokuji, puis un peu plus loin, au Akagi Jinja.
Quelques photos:
1/. Le Canal Café
2/. Le début de la Kagurazaka
3/. Une rue typique de la zone de Karyukai ou ryotei. C'est juste à côté qu'est en train de se construire un immeuble de 14 étages.
4/. Un magasin de kimono
5/. Une rues de la zone des Karyukai vue de nuit
6/. idem
les autres photos sont par ici: Iidabashi et la Kagurazaka et les karyukai