Re: Le Japon : La preuve par l'image !
Reply #52 –
Samedi dernier, je suis allee voir un tournoi de sumo. Donc j'en profite pour raconter... 
Incursion dans le temple des sumo
« Le sumo, c’est un monument de la culture japonaise que l’on doit voir au moins une fois quand on séjourne au Japon. »
C’est ce que je me suis dit, comme la trentaine de courageux qui, malgré la pluie, se sont réunis le samedi 14 janvier après-midi, à la gare de Ryogoku, pour se diriger, armés de parapluies, vers le Kokugikan国技館, l’un des temples où ses divinités vivantes s’affrontent depuis le petit matin. Il n’est possible de voir ses tournois que trois fois dans l’année a Tokyo, étant donne que le tournoi se déroule en trois manches de 15 jours, en janvier, en mai et en septembre.
15 : 00 Une partie du petit groupe est rapidement conduit par les organisateurs au deuxième étage, là où les sièges A et B ont été réservés (la place coûte ici dans les 3,500 a 4,000 yens). Nous avons une vue plongeante sur le dojo, le ring en sable, surmonté d’un énorme autel suspendu à l’immense voûte du plafond. Les plus indisciplinés d’entre-nous, moi en tête, se dispersent rapidement dans les gradins, armés d’appareils photos, se faisant parfois rappeler à l’ordre par les Japonais, qui n’apprécient guère qu’on les prive ne serait-ce que quelques secondes de la vue de ces fascinants combats.
15 : 30. C’est promis, je ne dirai plus que les sumos sont des gros bébés joufflus incapables de se mouvoir. Les « joutes » sont toujours précédées d’une cérémonie, le shikiri, しきりqui ont de quoi fait taire les mauvaises langues, doutant de l’agilité de ces colosses. Qui en effet n’est pas impressionné de les voir se mouvoir avec une lenteur calculée, effectuant des gestes tout aussi maîtrisés, et apparemment exempts d’effort.
16 : 00 J’ai des fourmis dans les jambes à force de rester immobile, guettant le choc des titans qui, bien souvent, est trop rapide pour mon appareil. Sur le ring, les deux adversaires n’ont de cesse de chercher à éprouver les nerfs de l’autre, en jetant une poignée de sel un peu plus haut que d’habitude, provoquant des hurlements d’admiration de la foule, ou se relevant d’un air dédaigneux, affectant un moment de brève déconcentration.
17 :00. Je me suis incrustée dans l’autre groupe de francais, au rez-de-chaussée, la ou les places ne sont pas des sièges, mais des tatamis. L’ambiance est plutôt a la bonne franquette ici ; les Japonais apportent leurs provisions et mangent et « picolent » toute la journee. Ils sont d’ailleurs dans un certain état d’ébriété, grandissant au fur et à mesure que le temps passe. Justement, est venue l’heure où les niveaux les plus élevés commencent à s’affronter sur le ring…
D’ailleurs les sponsors ne s’y trompent pas, et ce sont désormais 5 à 6 porteurs de drapeaux qui circulent sur le ring, avant chaque affrontement (un drapeau représente une donation de 100,000 yens. Le vainqueur de l’affrontement remporte la totalité de la mise, et en partage – ou non - une partie avec son dojo, en fonction de son rang).
O surprise, il y a beaucoup d’étrangers au niveau de la compétition. Kotoshu le Bulgare, évidemment, plusieurs russes, dont Kokkai et des mongoles, dont le Yokozuna actuel ; Asashoryu.
17 :40. Les combats concernent désormais les Oozeki, 2eme rang le plus élevé après celui de Yokozuna. Le premier à arriver en scène est Kokkai, qui se frotte à un Japonais. A ma grande surprise, une partie de nos voisins sont pour Kokkai, une autre pour le Japonais. Ce sont finalement les premiers qui gagnent leur pari, puisque que Kokkai indique rapidement la porte de sortie à son adversaire. Nos voisins Japonais font eux la paix autour d’une grosse bouteille de bière.
Puis arrive l’une des super-stars, Kotoshu le Bulgare. Cette fois-ci mes voisins sont unanimes, et hurlent tous son nom, imités bientôt par la bande des Français, qui ont décidé de ne pas être en reste. Kotoshu, lui, semble imperturbable, et sort au bout de 15 secondes son adversaire du ring. Deuxième rasade de joie (et de bière) chez mes voisins.
Enfin, l’actuel grand maître du Sumo arrive : Asashoryu le Mongole. Moins réservé que Kotoshu, il commence par lancer une généreuse poignée de sel sur le ring, au cas où des mauvais esprits seraient restés là par erreur. Puis se met en position devant son adversaire. Ils sont tous les deux prêts, immobiles tels deux statues de chaire, puis s’est l’étincelle, précédent le choc des titans, et… Non, l’adversaire d’Asashoryu freine au dernier moment ; il n’est pas prêt. Il faut recommencer la cérémonie de préparation depuis le début, ce qui semble agacer franchement Asashoryu. Il se retourne vers la foule, et se frappe la poitrine plusieurs fois de son poing (façon King-Kong), montrant ainsi qu’il n’est pas venu pour s’amuser… Exclamation de joie des spectateurs, qui n’en attendaient pas moins. Preuve est de la détermination de Asashoryu au deuxième départ ; son adversaire le taquine pendant quelques secondes, avant de se faire retourner comme une crêpe, et expédier en dehors du ring sans ménagement.
Explosion d’applaudissements dans la grande salle du Kokugikan : le grand Yokozuna Asashoryu a encore frappé.
Voici quelques photos (desolee, j'aurais bien utilise ImageShack, mais l'option n'apparait pas au moment ou je poste
).