On ne saura pas (ou du moins pas tout de suite) la stratégie russe et les moyens d'y parvenir.
On pense que Poutine voulait régler ça en quelques jours... Mais pas mal de choses étonnent les spécialistes comme la qualité de l'armement effectivement déployée : entre les missiles, les hélicoptères, des tanks ou même la "qualité" de la plupart des soldats déployés, on a plutôt l'impression que Moscou se débarrasse de son stock soviétique et n'a aucune considération pour l'infanterie d'occupation.
C'est difficile à interpréter : ont-ils menti sur leur équipement militaire... ? Le réservent-t-ils en cas d'enlisement ? Pourquoi une colonne de 60km de véhicules ne bougent pas ? Est-ce vraiment un problème logistique ? Un leurre que les Russes se permettent car les Ukrainiens n'ont pas suffisamment de moyen pour détruire cette colonne (très vulnérable, avec une armée moderne, elle aurait été balayée) ?
Ce qui est certain, c'est que :
- Les Russes progressent à peu près partout.
- Les Ukrainiens réussissent à avoir des victoires tactiques et à détruire des unités russes, parfois même à reprendre certaines villes.
A mon sens, les Ukrainiens ont intérêt à ne pas tenir des positions coûte que coûte et à toujours savoir se replier. Tant que l'ouest n'est pas massivement attaqué, et avec l'apport d'armements, face à une armée qui, comme le dit MCL, est qualitativement très hétérogènes et de nombreux appelés qui auront du mal à tenir un terrain aussi grand, qui auront aussi du mal à accepter la situation (personnelle, générale)... Il y a possibilité de mettre la Russie en échec et dans une impasse.
Le problème, c'est l'après. Tant que Poutine est au pouvoir, si les généraux russes ou le peuple russe restent silencieux, on ne sait pas si Poutine peut décider de lancer une guerre totale contre l'Ukraine (voire pis), ce qui n'est absolument pas le cas actuellement, ou, au moins, accepter des négociations et revenir à un statut quo (les Ukrainiens ne reconnaîtront jamais les conquêtes territoriales actuelles... Et la majorité de la population sous occupation sera incontrôlable).
Avoir mis au ban la Russie économiquement, sportivement, culturellement va faire mal... Mais si la Chine ne s'y met pas, je ne suis pas sûr que, comme le rêve Lemaire, la Russie s'effondre.
Enfin, pour le reste, cette solidarité qui est beaucoup plus affirmée vis à vis des Ukrainiens que d'autres populations en souffrance, sous des guerres absurdes et injustes... C'est dommage... Mais je l'entends. Et, de façon cynique, une attaque de la Russie a une répercussion géopolitique et sur notre quotidien bien plus forte que, par exemple, la guerre interétatique quasi inintérrompue entre la RDC, l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi. Que ce soit en tant que Français, Européen ou même citoyen du monde.
Et j'ai un peu de mal avec le discours sur la responsabilité de l'Otan et des Etats-Unis. Si l'Otan a manqué de prudence et de clairvoyance, j'ai vraiment peu d'illusion sur la réelle influence que cela a eu sur Poutine, et même la géopolitique russe depuis trente ans. Dès qu'elle a pu, et en toutes circonstances, la Russie a voulu étendre/retrouver sa sphère d'influence soviétique. Que ce soit la Transnitrie, la Georgie, la pression sur les Russes de Lettonie, d'Estonie, sur son intervention en Syrie puis en Afrique, l'extension de son soft power, notamment par le financement et l'influence des extrèmes droites en Europe et Amériques, le Donbass... Vraiment, l'Otan a bon dos.
Et pourtant, je ne suis vraiment pas un grand fan de l'alliance atlantique, vraiment pas. Par contre, je vais devoir, comme Macron, reconsidérer sa pertinence...