Voici donc une première esquisse des chroniques d'un Shanghai boy de Kolyma.
La ville du Lotus Bleu est surprenante par bien des aspects. On va essayer de transcrire cela dans ce qui suit.
Le vol tout d'abord: il se passe plutôt bien, avec des films (je les avais tous vu sauf les Chevaliers
du Zodiaque du Ciel), des apéro et des glaces Haagen
de Merak Dasz à gogo. A l'arrivée, les Chinois se lèvent tous d'un bond, il faut rappeler tout le monde à l'ordre! La douane est lente, mais leeeeente, de même que la collecte des bagages. Enfin, on sort de l'aéroport et on saute dans un direction la Concession Française, chez un ami qui va nous héberger le temps de trouver un appartement. 1 heure et demie plus tard, nous arrivons dans la place, un joli quartier qui a su rester traditionnel, avec de vieilles échoppes, des vélos un peu partout et des platanes indiquant le caractère français du quartier (mais c'est bien le seul). Cela n'a évidemment rien de français, les habitants sont a 99.9% des Chinois. Chine oblige, c'est un peu le waï de partout, avec du linge pendu aux branches des platanes, des gens qui taillent les branches (sans déviation pour piétons, tu te fais même engueuler si tu te prends une branche sur la tête) relié par une ficelle maigrelette a l'arbre. Les Chinois semblent très pragmatiques. Beaucoup de vélos dans les rues... La circulation est dingue, tout le monde te fonce dessus, il faut constamment faire attention. Les voitures ne sont pas bien puissantes, il y a beaucoup de toles froissées disons, mais jamais de gros accident bien graves, de carnages routiers, même si cela risque de changer dans les années qui viennent, car les gens surfant sur l'économie florissante peuvent s'offrir des monstres de oufdingues genre Audi 4litres...
Bref, après un repas fort copieux dans un petit boui-boui du quartier, le jetlag m'a appelé dans les bras de Morphée en fin de soirée.
Le lendemain commence la recherche d'appartements! Et quels appartements! On a vraiment de tout, mais ma copine ayant un budget conséquent (payé par sa boîte), on a été amené à voir des trucs de psycho-mabouls, genre 180 m2, tout équipé en moderne (grande différence avec les vieux trucs chinois tout crades, pour 15, rappelant les guesthouse de Hong Kong), enceintes, télé géante, daivaidai, canap long comme deux moi allongés bout à bout, le tout pour des prix variant entre 7000 et 10000 元 (700 - 1000 €). Tu m'étonnes que les expats rechignent a rentrer au pays retrouver leurs penattes parisiennes exigues dans des demi placards plié en huit. L' appartement d'un de nos amis habitant dans le cinquième (bd St Marcel) tiendrait en entier rien que dans la cuisine de ce que l'on a vu parfois ces deux jours là. A chaque fois j'ai pris des photos et on a bien profité de la vue qu'offre les hauts balcons, car ces appartements sont dans des tours immenses, souvent dans les 28-30 étages. A première vue, les quartiers semblent très divers, certains sont calmes, beaux et pratiques, d'autres plus animés, commerciaux et modernes. Hyperlocalement, Shanghai n'a plus rien à envier à Hong Kong ou même Tokyo. Hyperlocalement bien sûr. Car les contrastes, même à l'intérieur de la ville, sont saisissants. Je me prends à penser que les haut lieux du capitalisme moderne de Shanghai sont inimaginables, inconcevables, dans l'esprit d'un simple paysan de Mongolie Intérieure. Et même sans forcément aller aussi loin... A la périphérie de la ville, la plupart des gens n'ont pas d'eau chaude. Meme la majorité des dortoirs d'université n'en ont pas (une amie nous a indiqué préférer rester chez ses parents pour cette raison). L'immense majorité des Chinois se lave dehors avec une bassine d'au froide. Les gens sont parfois malades, et un occidental habitant dans le microcosme shanghaien peut tomber des nues quand il entend un docteur déconseiller à ses patients de de se laver... pour éviter la grippe! Bref, je suis à Shanghai, pas vraiment la Chine. Ou plutôt l'exception chinoise, qui fait goûter une part de rêve à quelques élus la promesse d'une vie meilleure (seuls 3% des Shanghaiens chinois gagnent plus de 1000 euros par mois, le salaire moyen étant plutôt de 200 euros). Et c'est finalement ce qui leur donnent des ailes, la force de continuer, l'envie de se battre, ce qui, allié à la taille de la population, donne 10% de croissance annuelle. En 10 ans, 3000 tours et gratte-ciels ont poussé ici. L'équivalent de 7 quartiers de la Défense en superficie. 2000 tours sont en projet. Au début des années 2000, Shanghai contenait 10% des grues installées dans le monde. Un gigantesque chantier. C'est ce rêve que je pense nous avons perdu de vue en occident, car nous, notre génération a finalement toujours connu que cela. Au fond qu'est ce qui nous motive? Pourquoi fait t-on la gueule? Pourquoi n'arrivent t-on plus à rêver? La machine à idée est en panne. Pourtant, ici on dit que "tout est possible, rien n'est facile".
Quoi qu'il en soit, j'ai pu me ballader dans les coins hyper modernes de Shanghai, à commencer par Nanjin Lu. Il y a un department store assez hallucinant d'ailleurs, avec bookstores et tout le tralala, un peu comme le Taipei 101, à Taipei. Par rapport au Japon, on a l'impression d'avoir de la place et de ne pas être tout esquiché dans un rayon minuscule. Je me suis procuré les versions chinoises de Tintin au Tibet et du Lotus Bleu. Côté manga, Slam Dunk semble ici aussi (ce fut également le cas en Corée et à Taiwan), il faut dire que les sports en Chine, ce n'est pas vraiment le kung fu ou le tai chi, mais le football, immédiatement suivi du basket. C'est à ça qu'un Chinois lambda pense quand on lui parle de sport.
Bref ça commence bieng. J'ai aussi vu des trucs (films, daivaidai, anime, manga) tournant autour d'un petit ninja en combinaison de ski orange. Des macdo, des Yoshinoya, des salles d'arcades avec tous les KOF ou presque (bornes récupérées du Japon), des VCD Saint Seiyar, des daivaidai fake Kill Bill avec le visage de Uma Thurman asiatisé, etc. Demain je vais jeter un coup d'oeil au fake market. J'ai aussi visité une parallèle de Nanjin Ru, Fuzhou Lu, où il y a plein de librairie, papeterie, d'échoppes vendant du matériel de calligraphie, des sceaux de signature... Sympa.
Pas mal de misère également avec beaucoup de mendiant qui sont très insistants, qui envoient leurs enfants: tu te retrouves avec deux mini-momes accrochés a tes deux jambes... Il y a aussi des musiciens aveugles. Parfois des gens qui semblent vivre normalement s'arrêtent aux poubelles dans l'espoir d'y trouver des choses intéressantes...
: Mardi 10 Janvier, 07:44:47
D'autres photo en vrac : Nanjin ru, le Bund (le gros building tout zarb), des ballons géants, des rues, des tours...