@Urumi : quand je parle de l'usage qu'on en fait, le "on" c'est nous, les utilisateurs. En effet, l'usage qu'en font leurs créateurs est tout à fait répréhensible, pas de souci là-dessus. Nous, utilisateurs, avons le choix après tout. Alors, oui, beaucoup (trop) de gens n'ont pas conscience de leur caractère de "produits" pour les RS et les utilisent en toute innocence sans réaliser tout ce qui se trame derrière et c'est problématique. Une éducation aux RS et à leurs usages est indispensable, notamment pour les jeunes générations.
Mais quand on sait, quand on comprend à quoi on s'expose, on a le choix de les utiliser ou pas, de la façon dont on va les utiliser. C'est cela que je voulais dire. L'idéal étant bien entendu de ne PAS les utiliser tant que perdurera le modèle économique actuel.
Je ne sais pas s'il serait possible d'envisager d'autres modèles, plus décentralisés comme tu dis, moins intrusifs, plus respectueux de chacun. J'ai lu / vu beaucoup de fictions d'anticipation depuis l'adolescence et le fait est que pour le moment, trop de choses imaginées parfois il y a un paquet de décennies, se réalisent, ce qui ne me rend pas très optimiste.
@ FB : totalement d'accord avec toi sur l'effet de structure, et c'est bien ça qui me fait peur. Les "politiques" quelles qu'elles soient, ou quels qu'ils soient, n'ont plus aucune poids (depuis longtemps) face aux acteurs économiques et notamment ceux de l'Internet. Nos sociétés, nos modes de pensée et d'action, nos cultures, sont en train de tomber sous la coupe de ces acteurs. On ne peut pas les ignorer, ou en minorer l'importance. Comme le dit Ken-oh, on signe des conditions d'utilisation... qui pourraient bien devenir nos nouvelles constitutions
:peur:@ MCL :
Moi qui ne suis pas sur ces réseaux, la question que je me pose c'est de savoir si l'humanité a besoin de ces prothèses? De ce que je constate autour de moi, c'est que c'est extrêmement addictif et ça consomme un temps invraisemblable. Ceci pour apporter quoi intellectuellement aux personnes qui l'utilisent?
Le fait est que... oui. C'est la loi de l'offre et de la demande, et dans le cas présent, l'offre a créé la demande qui alimente l'offre. Internet est à la fois génial et infernal. A côté de tout ce que cela nous a apporté, Internet a également exacerbé les individualismes et d'une certaine façon, créé une forme de solitude (aussi paradoxal celui puisse-t-il paraître dans un monde hyper connecté), de vide qui doit être comblé. Les RS ont créé artificiellement un besoin, celui d'exister à travers l'autre sur le net. Cela n'apporte rien, si ce n'est du superficiel qui ne dure pas. Comme la drogue XD
En tout cas, sur la réflexion, cela semble avoir des effets tout à fait délétères: Les gens ne pensent plus, ils likent. Et les effets dans la vraie vie se voient: Peu de personnes lisent sur écran un texte qui dépasse quelques lignes, même s'il les intéresse… Mais on a ce même phénomène avec les mails, d'ailleurs. Et combien de personnes lisent des textes longs, que ce soit sur papier ou à l'écran d'ailleurs?… En dehors peut-être des romans.
Je m'en suis rendue compte depuis un petit moment déjà, le processus s'est mis en place progressivement et s'est clairement accéléré à partir du moment où les smartphones ont explosé et que tout le monde en a eu un. A mon petit niveau et vu de la lorgnette publication d'écrits en ligne, j'ai vu un changement radical s'opérer entre la période 2004-2008/2009, et 2010-aujourd'hui. On est passé d'une part du support PC avec un grand écran, un clavier, un ordinateur bien souvent fixe, au support smartphone, nomade, mobile, tactile, et d'autre part du forum aux réseaux sociaux. Les comportements associés sont édifiants : avant, les gens prenaient le temps de lire (parfois des pavés !) puis de rédiger des avis (des pavés également !) et il se créait des échanges nourris, argumentés, enflammés parfois, ces échanges-là en entrainant d'autres, avec des horizons nouveaux, de nouvelles lectures, de nouveaux auteurs, etc. Aujourd'hui, les gens n'ont plus le courage de lire quand c'est trop long (ou trop compliqué...) et donner leur avis ne leur effleure même plus l'esprit car ce qu'ils lisent est du consommable déshumanisé, sans compter que c'est moins facile avec un clavier tactile de 5 cm de large. Ceci est également à rapprocher du "tout gratuit", ainsi qu'à la déshérence des notions d'effort, de long-terme, etc.
Bien évidemment, c'est valable pour l'information. S'informer de façon pro-active, prendre le temps, et faire l'effort de se plonger dans un sujet, etc... On va au plus simple, au plus rapide et qu'est-ce qui y pourvoit le mieux ? Les RS voyons ! Les RS qui comme tu le soulignes nous enferment avec notre biais de confirmation par la magie des algorithmes. Et je suis totalement d'accord sur l'intérêt du support papier pour l'information car on est plus enclins à lire des choses non prévues qu'Internet ne nous proposerait pas.