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Sujet: 'Murica! Fuck Yeah! (Lu 5704 fois) sujet précédent - sujet suivant

Re : 'Murica! Fuck Yeah!

Répondre #60
Je suis aussi en pleine réflexion sur ma manière de consommer la presse. Enfin ça fait longtemps. Disons que j'en suis au stade où je recherche des alternatives. Je n'en peux plus de ces articles qui n'en sont pas : des copiers-collers de l'AFP que tu retrouves texto dans trois journaux différents, des articles qui ne sont composés de "la twittosphère réagit à...". Et c'est sans compter les pubs, les fenêtres popup, les mises en plage brouillon. Je suis lasse de tout ça. Le moindre article qui paraît un minimum intéressant et développé est pour abonnés. Mais ce que je vois en accès libre ne me donne pas très envie de m'abonner.
Pour autant, je n'ai pas envie de me couper du monde, mais je n'arrive pas encore à trouver d'alternative qui me convienne. J'ai un abo au Monde Diplomatique, ça donne un éclairage intéressant sur l'état du monde mais c'est assez éloigné de l'actualité (et ça ne concerne pas la Belgique, forcément). L'idéal pour moi serait un hebdomadaire, qui revient sur l'actualité mais avec un petit plus de recul que les articles instantanés qui n'ont pas plus de contenu que leur titre.

Re : 'Murica! Fuck Yeah!

Répondre #61
C'est bien là qu'est le problème selon moi, cet instantané permanent.


Re : 'Murica! Fuck Yeah!

Répondre #62
@ FB >> je suis tout à fait d'accord sur le fait que Trump est effectivement un symptôme, et que Biden n'est pas le Graal. En l'occurrence, Biden, c'est l'équivalent du "tout sauf Trump car ça ne pourra pas être pire". On - nous, Européens - ne peut pas regarder le système et la politique américaine au travers de notre prisme, on n'a pas tous les éléments en main, c'est une culture et une mentalité qui ne sont pas les nôtres. Quand tu vois que beaucoup de Républicains considèrent les démocrates comme des communistes, comment dire... :sweatdrop:

Mais à l'inverse, vu de notre lorgnette, justement, c'est effarant et incompréhensible d'en être arrivé là, et cela témoigne d'un contexte complexe, profond, ancien ayant mené à une problématique dont les racines nous sont inaccessibles. Au fond, notre crainte c'est qu'un jour ce qui se passe aux USA se passe chez nous. Tu me diras que vu nos différences, c'est peu probable, mais avec les réseaux sociaux, les choses sont devenues tellement poreuses qu'une globalisation culturelle est à l'oeuvre, avec ses bons et ses mauvais côtés. A titre personnel, cela m'inquiète beaucoup.

Re : 'Murica! Fuck Yeah!

Répondre #63

Dans le très bon documentaire The Social Dilemma (dispo sur Netflix sous un nom français bizarre), les intervenants étaient interrogés sur leur plus grande crainte à propos des réseaux sociaux. L’un d’eux a répondu « à court terme, la guerre civile ». Tout est dit.


Merci pour la rec' ! :yaisse:

Je viens à l'instant de terminer le visionnage, c'était très très intéressant, bien conçu et bien construit en terme de progression et d'enchainement, complet et compréhensible.

Le propos n'est en effet pas très enthousiasmant et on en ressort avec un sentiment de résignation malgré les inévitables notes optimistes de conclusion. On a du mal à imaginer que quiconque puisse accepter de faire une croix sur un modèle économique qui génère autant de milliards chaque année et/ou qu'il y ait un sursaut éthique à un moment donné. Les personnes interviewées l'ont eu, ce sursaut, mais c'est un mouvement de type lame de fond dont le monde a besoin pour effectuer le virage à 180° nécessaire.

Il y a trop d'enjeux, notamment politiques, susceptibles de freiner une prise de conscience qui se fait chaque jour un peu plus. L'exemple des élections US de 2016, mais aussi celui des Rohingyas, sont édifiants dans leur genre. Quel responsable politique accepterait de se passer d'un outil aussi pratique que les réseaux sociaux ?

Comme d'habitude, le problème ce n'est pas la technologie, c'est l'usage qu'on en fait. Sauf que là, je ne vois vraiment pas comment on pourra se sortir de cette situation inextricable.

Dans les trucs qui m'ont interpellée, il y a le fait qu'il y a désormais une génération qui n'a pas connu l'avant-réseaux sociaux et que dans le même temps, au-delà de l'addiction et du business model, c'est la lente transformation de notre façon de réfléchir et de concevoir le monde qui est à l'oeuvre. Cela me fait penser à l'image de la grenouille immergée dans l'eau froide et dont on augmente très lentement la température. La grenouille ne s'en rend pas compte et meurt ébouillantée sans avoir eu le réflexe de vouloir s'échapper. Nous sommes les grenouilles.

Pas sûre d'avoir vraiment envie de voir à quoi va ressembler le monde dans 20 ans. Déjà qu'en ce moment, j'ai de plus en plus de mal, alors d'ici là... :peur:


Sur la presse : je me suis réabonnée cette année à Sciences Humaines et Science & Vie. Format papier. J'estime passer suffisamment de temps devant un écran pour ne pas en plus me cogner mes abonnements en dématérialisé. Pas top pour le papier et le bilan carbone de l'acheminement, mais au fond, je ne suis pas sûre que comparé au bilan carbone des data centers utilisés pour fournir la version digitale, la différence soit si flagrante.

Pour le reste, à savoir le quotidien, je me contente du fil d'actu Google ou Yahoo. Cela me sert uniquement à connaitre les faits du jour, et c'est déjà pas mal. Pour les articles de fond, honnêtement... La politique me sort par les yeux d'autant que ça fait bien longtemps que j'ai compris qu'il n'existe aucun média qui soit réellement objectif. je sais que si je lis un article du Point, ce sera orienté (très) à droite, un article de Libération, à gauche, etc. Même le Monde me laisse dubitative. Quant à la télé, n'en parlons pas, à l'exception d'Arte, ou de France 5.

Parmi les supports que j'aime bien, il y a The Conversation dont je reçois le newsletter tous les jours. Tout ne m'intéresse pas, mais il y a des sujets parfois étonnants. J'aime bien Brut également, ainsi que Slate. Je viens aussi tout juste de découvrir hypothese.org, pour l'instant, je farfouille pour me faire un avis.

J'imagine qu'il y a des tas d'autres supports pertinents, mais je n'ai pas forcément le temps de chercher.

Re : 'Murica! Fuck Yeah!

Répondre #64
Le documentaire ne m'a rien appris de nouveau en tant que tel puisque j'avais déjà énormément potassé le dossier pour mon blog. Je connaissais quasiment tous les intervenants. Mais effectivement, il vaut la peine d'être vu. Je suis étonnée car j'en ai entendu beaucoup parler du côté anglo-saxon et très peu par ici. Peut-être que Netflix ne l'a pas mis suffisamment en avant ou le titre français n'est pas suffisamment parlant.


Comme d'habitude, le problème ce n'est pas la technologie, c'est l'usage qu'on en fait.

Je ne suis pas d'accord avec ça, mais j'ai déjà écrit en long, en large et en travers sur le sujet, donc je ne m'étendrai pas. :D
Ce sont des outils qui sont conçus pour générer exactement les comportements qu'ils génèrent. Et on commence seulement à en voir les effets pervers.
Par exemple, Twitter a suspendu le compte de Donald Trump de manière permanente à la suite des événements de Washington. Et ça ne choque personne on dirait, le pouvoir démesuré qu'ont ces grosses entreprises privées de la Silicon Valley. Il faut démanteler tous ces monopoles et reconstruire des réseaux décentralisés, avec des configurations qui ne visent pas à exploiter nos faiblesses cognitives et à polariser la société. Il y a déjà des démarches en cours aux US dans le cadre des réglementations anti-trust.
Malgré tout, je ne sais pas non plus si on va pouvoir en sortir. J'entends quand même de plus en plus des témoignages de personnes qui quittent les réseaux, par lassitude et qui redécouvrent une autre vie. Plusieurs femmes journalistes, notamment, désactivent leur compte Twitter car elles sont la cible perpétuelle de harcèlements. Mais ça reste une stratégie individuelle, de préservation de soi, pas collective.
Il est vrai que nous, on a connu le monde d'avant réseaux, il est donc plus facile d'avoir ce mouvement de réalisation de leur impact sur nos vies et la société. L'impact sur la jeune génération, en revanche, fait très peur.

Citer
Parmi les supports que j'aime bien, il y a The Conversation dont je reçois le newsletter tous les jours. Tout ne m'intéresse pas, mais il y a des sujets parfois étonnants. J'aime bien Brut également, ainsi que Slate. Je viens aussi tout juste de découvrir hypothese.org, pour l'instant, je farfouille pour me faire un avis.

The Conversation est souvent très intéressant, effectivement, mais trop court. Ça manque un peu de référence pour creuser les sujets. Hypotheses.org, je le recommande, c'est une plateforme qui accueille des carnets de recherche en Sciences Humaines. J'y avais d'ailleurs créé un avec un collègue lorsque je travaillais en sciences de l'antiquité.
Et puis c'est vrai que je ne l'ai pas mentionné, mais le format qui est encore l'un des plus intéressant pour le moment, c'est le podcast. Il n'est pas encore (trop) parasité par la publicité et on peut y trouver de longues conversations sur des sujets ciblés, une manière d'aller vraiment au fond des choses (qui est ce qui me manque un peu dans l'offre de presse actuelle).

Re : 'Murica! Fuck Yeah!

Répondre #65
Mais à l'inverse, vu de notre lorgnette, justement, c'est effarant et incompréhensible d'en être arrivé là, et cela témoigne d'un contexte complexe, profond, ancien ayant mené à une problématique dont les racines nous sont inaccessibles. Au fond, notre crainte c'est qu'un jour ce qui se passe aux USA se passe chez nous. Tu me diras que vu nos différences, c'est peu probable, mais avec les réseaux sociaux, les choses sont devenues tellement poreuses qu'une globalisation culturelle est à l'oeuvre, avec ses bons et ses mauvais côtés. A titre personnel, cela m'inquiète beaucoup.


Je pense qu'au contraire, l'Europe est déjà passé par ce processus : N'oublions pas par exemple les manifestations des Croix de feu en 1934. Le parlement n'a pas été pris d'assaut, mais c'était une très grosse crainte à l'époque. Et c'était de l'extrême droite fanatisée aussi. Pourtant il n'y avait pas les réseaux sociaux à l'époque.

N'oublions pas non plus qu'Hitler a été élu. Ce n'est qu'après qu'il a fait un putsch… En faisant incendier le Reichstag. Et là aussi, il n'y avait pas Facebook, Twitter ou Whatsapp. Pourtant c'est arrivé.

Sur l'aspect des idées politiques, l'apport principal des réseaux sociaux est la vitesse de diffusion, mais ne perdons pas de vue que depuis des décennies, dans de très nombreux pays, les discours nationalistes, racistes, xénophobes se sont répandus. Pour mémoire, au début des années 1980, Le Pen avait un parti insignifiant. En 1986, il envoie 30 députés au Parlement et en 2002, Le Pen est au second tour de la présidentielle. Ça c'était avant les réseaux sociaux, mais cet arrière-fond se mettait en place (et pas qu'en France). Donc quand les réseaux sociaux sont nés ces discours sont apparus au grand jour. Et ils sont apparus avec d'autant plus de force que les plateformes de réseaux sociaux ont un seul objectif: faire du fric par la publicité. Et pour faire du fric de cette façon, ils ont utilisé les sciences comportementales à fond. Donc pour scotcher les gens devant leur écran, il faut flatter leurs idées et créer une sorte de miroir leur disant combien ils sont intelligents, manipuler leurs émotions et créer un effet kaléidoscope: hypnotiser pour qu'ils n'aillent pas voir ailleurs. Pour cela, les algorithmes et la collecte systématique des données sont parfaits. En fait, cela enferme les gens dans une bulle dans laquelle ce qu'ils disent ou pensent est forcément la vérité.

Moi qui ne suis pas sur ces réseaux, la question que je me pose c'est de savoir si l'humanité a besoin de ces prothèses? De ce que je constate autour de moi, c'est que c'est extrêmement addictif et ça consomme un temps invraisemblable. Ceci pour apporter quoi intellectuellement aux personnes qui l'utilisent? En tout cas, sur la réflexion, cela semble avoir des effets tout à fait délétères: Les gens ne pensent plus, ils likent. Et les effets dans la vraie vie se voient: Peu de personnes lisent sur écran un texte qui dépasse quelques lignes, même s'il les intéresse… Mais on a ce même phénomène avec les mails, d'ailleurs. Et combien de personnes lisent des textes longs, que ce soit sur papier ou à l'écran d'ailleurs?… En dehors peut-être des romans.

Moi, ma crainte, c'est la disparition de la presse, au sens où on la connaît. Et je dirais même de la presse papier. En effet, quand on achète un journal, même si on ne lit pas tout, on tombe sur des articles sur des choses qu'on connaît, d'autres sur des sujets qu'on ne connaît pas (et que parfois on aurait pas connu sans avoir lu l'article parcequ'il se trouvait là). Des articles avec lesquels on est d'accord et d'autres moins voir pas du tout. SI la seule source d'information devient les réseaux sociaux, alors on ne verra que des articles avec lesquels on est d'accord et sur des sujets que l'on connaît. Et ça, c'est un monde mort: Il n'y a plus de réflexion, plus de débat, bref, plus rien. Je dirais même qu'au bout du bout, oui, c'est peut-être la guerre de tout le monde contre tout le monde.

Après, je ne me fait aucune illusion sur les effets d'un éventuel démantèlement des réseaux sociaux existants. Les société vont découper leurs activités, mais je ne pense pas que les principes de base en seront remis en cause… Aura-t-on un Facebook démocrate et un Facebook républicain? À moins que ce ne soit un Facebook Californie, un Facebook Texas, un Facebook Alaska… (à l'image du démantèlement de la Standard Oil il y a environ un siècle). J'ai paradoxalement plus d'espoir dans un rejet de ces réseaux par une partie de la population qui a un moment ne supportera plus leur camisole mentale…

Après, concernant la suppression du compte de Trump par Twitter, je pense que c'est politiquement une connerie. Lorsque l'extrême droite est implantée dans la société, on ne la vainc pas avec une muselière, mais bien avec un projet politique. Or actuellement, il n'y a pas au pouvoir aux USA un projet politique capable de faire pièce à l'extrême droite. Cette dernière a donc des chances de se renforcer encore.

Re : 'Murica! Fuck Yeah!

Répondre #66
La suppression du compte de Trump, c'est con et inquiétant.

Con car c'est remettre un euro dans la machine, et Trump a beau jeu de se remettre en selle en disant : "Voyez comment l'establishment me traite !".
Alors que la posture la plus sage était de le laisser dans son coin en l'ignorant jusqu'à son départ.

Inquiétant car Twitter s'arroge le rôle de policier et juge.

Une entreprise n'a pas à remplacer un juge. Une entreprise n'a pas à faire la loi, à dire ce qui est bien et ce qui ne l'est pas.
Et encore une fois, les médias se gargarisent que Trump ait eu le sifflet coupé, mais ne voient pas ce qu'il y a derrière comme dérive...


... et Omni me fit pourvoyeur en anus fruités :classe:

Re : 'Murica! Fuck Yeah!

Répondre #67


Je suis tombé un jour sur un article les concernant dans "un grand journal du soir".


Un blog conspirationniste de désinformation.

Mais non, ils ont trouvé le remède contre le COVID
Pas d'hésitations, votons pour la bannière "Evasion"


Ont déjà adhéré : Battou, Amnounet, Shaka999jp, Rhadamanthe-hadès,RoiLion.com , Ex-Flooder.

Re : 'Murica! Fuck Yeah!

Répondre #68

La suppression du compte de Trump, c'est con et inquiétant.

Con car c'est remettre un euro dans la machine, et Trump a beau jeu de se remettre en selle en disant : "Voyez comment l'establishment me traite !".
Alors que la posture la plus sage était de le laisser dans son coin en l'ignorant jusqu'à son départ.

Inquiétant car Twitter s'arroge le rôle de policier et juge.

Une entreprise n'a pas à remplacer un juge. Une entreprise n'a pas à faire la loi, à dire ce qui est bien et ce qui ne l'est pas.
Et encore une fois, les médias se gargarisent que Trump ait eu le sifflet coupé, mais ne voient pas ce qu'il y a derrière comme dérive...


Mais tu parles de quoi en fait ? Quand tu rejoins Twitter ou autre, tu signes des conditions d'utilisation. Tu ne les respectes pas, tu es viré. C'est tout. Dans le cas de Trump, ils ont pris leur mal en patience pour ne pas se prendre de régularisation ou loi contre eux, c'était opportuniste mais c'est un autre sujet. Maintenant qu'il n'a plus de pouvoir, c'était un no-brainer vu ce qu'il s'est déroulé mercredi. Twitter reste un réseau social, ni plus ni moins... Je ne vois pas ce qu'il peut policer ou juger....
You're sayin' the FBI's gonna pay me to learn to surf?
Point Break, Johnny Utah.

Re : 'Murica! Fuck Yeah!

Répondre #69
Je pourrais être d'accord avec toi si Twitter et Facebook étaient des entreprises "normales".

Par exemple, si je dis : "Emmanuel a un petit pénis" et que Kian me censure... tu as raison. Il est chez lui, il fait ce qu'il veut, quand bien même Manu aurait bien un petit organe.

Mais sans manquer de respect à Potes n Roll, ce forum n'a pas la même puissance d'impact que Twitter ou Facebook.

Comme dit Benjamin Bayart (Quadrature du net), " un éléphant n'est pas une souris en plus gros".
Il a tout dit.

Quand Trump poste un message, il parle à une centaine de millions d'américains.
Quand je poste un message sur facebook, je parle potentiellement à plus de 2 milliards d'individus.

On a changé d'ordre de grandeur.

On est passé du quantique à la relativité générale. Les effets ne sont plus les mêmes, les règles ne doivent plus être les mêmes.

A ce niveau de gigantisme, ça produit des "effets de structures".

Si je dis "Manu a une petite bite" sur Pote n roll, ça ne l'empêchera pas de faire sa campagne en 2022.

Si twitter et facebook censurent le compte de Manu juste avant la campagne, tu imagines aisément les effets sur le résultat.

Donc non, dire "ils sont chez eux, ils font ce qu'ils veulent"... ben non. Ils ne font pas ce qu'ils veulent. A partir du moment où ils sont si gros qu'ils ont de tels effets sur la vie démocratique, sociale, économique... vraiment non.

J'ajoute que par le passé, on a déjà changé les règles contre des entreprises trop puissantes, ce n'est pas une grande nouveauté.

C'est d'ailleurs enfoncer une porte ouverte ce que je dis, tant c'est un peu le gros débat de ces dernières années.



... et Omni me fit pourvoyeur en anus fruités :classe:

Re : 'Murica! Fuck Yeah!

Répondre #70
(j'ajoute que, s'agissant de la censure de Trump, la classe politique française, de la France insoumise au RN, en passant par LREM, PS, et LR... tous sont à peu près sur la même position. C'est suffisamment rare pour être noté. )


... et Omni me fit pourvoyeur en anus fruités :classe:

Re : 'Murica! Fuck Yeah!

Répondre #71
@Urumi : quand je parle de l'usage qu'on en fait, le "on" c'est nous, les utilisateurs. En effet, l'usage qu'en font leurs créateurs est tout à fait répréhensible, pas de souci là-dessus. Nous, utilisateurs, avons le choix après tout. Alors, oui, beaucoup (trop) de gens n'ont pas conscience de leur caractère de "produits" pour les RS et les utilisent en toute innocence sans réaliser tout ce qui se trame derrière et c'est problématique. Une éducation aux RS et à leurs usages est indispensable, notamment pour les jeunes générations.

Mais quand on sait, quand on comprend à quoi on s'expose, on a le choix de les utiliser ou pas, de la façon dont on va les utiliser. C'est cela que je voulais dire. L'idéal étant bien entendu de ne PAS les utiliser tant que perdurera le modèle économique actuel.

Je ne sais pas s'il serait possible d'envisager d'autres modèles, plus décentralisés comme tu dis, moins intrusifs, plus respectueux de chacun. J'ai lu / vu beaucoup de fictions d'anticipation depuis l'adolescence et le fait est que pour le moment, trop de choses imaginées parfois il y a un paquet de décennies, se réalisent, ce qui ne me rend pas très optimiste.

@ FB : totalement d'accord avec toi sur l'effet de structure, et c'est bien ça qui me fait peur. Les "politiques" quelles qu'elles soient, ou quels qu'ils soient, n'ont plus aucune poids (depuis longtemps) face aux acteurs économiques et notamment ceux de l'Internet. Nos sociétés, nos modes de pensée et d'action, nos cultures, sont en train de tomber sous la coupe de ces acteurs. On ne peut pas les ignorer, ou en minorer l'importance. Comme le dit Ken-oh, on signe des conditions d'utilisation... qui pourraient bien devenir nos nouvelles constitutions  :peur:

@ MCL :

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Moi qui ne suis pas sur ces réseaux, la question que je me pose c'est de savoir si l'humanité a besoin de ces prothèses? De ce que je constate autour de moi, c'est que c'est extrêmement addictif et ça consomme un temps invraisemblable. Ceci pour apporter quoi intellectuellement aux personnes qui l'utilisent?


Le fait est que... oui. C'est la loi de l'offre et de la demande, et dans le cas présent, l'offre a créé la demande qui alimente l'offre. Internet est à la fois génial et infernal. A côté de tout ce que cela nous a apporté, Internet a également exacerbé les individualismes et d'une certaine façon, créé une forme de solitude (aussi paradoxal celui puisse-t-il paraître dans un monde hyper connecté), de vide qui doit être comblé. Les RS ont créé artificiellement un besoin, celui d'exister à travers l'autre sur le net. Cela n'apporte rien, si ce n'est du superficiel qui ne dure pas. Comme la drogue XD

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En tout cas, sur la réflexion, cela semble avoir des effets tout à fait délétères: Les gens ne pensent plus, ils likent. Et les effets dans la vraie vie se voient: Peu de personnes lisent sur écran un texte qui dépasse quelques lignes, même s'il les intéresse… Mais on a ce même phénomène avec les mails, d'ailleurs. Et combien de personnes lisent des textes longs, que ce soit sur papier ou à l'écran d'ailleurs?… En dehors peut-être des romans.


Je m'en suis rendue compte depuis un petit moment déjà, le processus s'est mis en place progressivement et s'est clairement accéléré à partir du moment où les smartphones ont explosé et que tout le monde en a eu un. A mon petit niveau et vu de la lorgnette publication d'écrits en ligne, j'ai vu un changement radical s'opérer entre la période 2004-2008/2009, et 2010-aujourd'hui. On est passé d'une part du support PC avec un grand écran, un clavier, un ordinateur bien souvent fixe, au support smartphone, nomade, mobile, tactile, et d'autre part du forum aux réseaux sociaux. Les comportements associés sont édifiants : avant, les gens prenaient le temps de lire (parfois des pavés !) puis de rédiger des avis (des pavés également !) et il se créait des échanges nourris, argumentés, enflammés parfois, ces échanges-là en entrainant d'autres, avec des horizons nouveaux, de nouvelles lectures, de nouveaux auteurs, etc. Aujourd'hui, les gens n'ont plus le courage de lire quand c'est trop long (ou trop compliqué...) et donner leur avis ne leur effleure même plus l'esprit car ce qu'ils lisent est du consommable déshumanisé, sans compter que c'est moins facile avec un clavier tactile de 5 cm de large. Ceci est également à rapprocher du "tout gratuit", ainsi qu'à la déshérence des notions d'effort, de long-terme, etc.

Bien évidemment, c'est valable pour l'information. S'informer de façon pro-active, prendre le temps, et faire l'effort de se plonger dans un sujet, etc... On va au plus simple, au plus rapide et qu'est-ce qui y pourvoit le mieux ? Les RS voyons ! Les RS qui comme tu le soulignes nous enferment avec notre biais de confirmation par la magie des algorithmes. Et je suis totalement d'accord sur l'intérêt du support papier pour l'information car on est plus enclins à lire des choses non prévues qu'Internet ne nous proposerait pas.

Re : 'Murica! Fuck Yeah!

Répondre #72
On est passé du quantique à la relativité générale. Les effets ne sont plus les mêmes, les règles ne doivent plus être les mêmes.


En tant qu'ancien étudiant en physique (il y a longtemps :wheelchair:), je rappelle qu'à ce jour la théorie unifiée permettant de passer de la mécanique quantique à la relativité n'existe pas. Ce sont deux théories distinctes, malgré de très nombreux travaux théoriques pour tenter de les unifier. On peut à la rigueur passer de la relativité restreinte à la relativité générale. :P

Pour en revenir au sujet de la suppression des comptes par les réseaux sociaux, je pense d'une certaine façon que Trump a raison lorsqu'il dit qu'il faut considérer les réseaux sociaux comme des médias "classiques" (si l'on peut dire) en termes de responsabilité de publication.

Je vais reprendre ton exemple "Manu en a une minuscule." En France, si je m'amuse à coller des affiches dans les rues, distribuer des tracts avec cette affirmation avec une photo de la personne en question, écrire un article sur le sujet dans un journal, poster sur un forum, ou affiché dans le hall ou la salle de réunion (ou même mon bureau) de mon entreprise je risque un procès en diffamation (Que je ne pourrai probablement gagner que si je prouve ce que je dis) car je suis dans un lieu considéré comme ouvert au public. Par contre, si ce tract, cette affiche, je les met dans mon salon, même si j'invite le tout Paris, personne ne peut rien me reprocher légalement (éventuellement, le Manu' en question me fera la gueule, mais tant pis), car je suis dans un lieu privé au sens de la vie privée.

En fait, les réseaux sociaux jouent sur l’ambiguïté qu'ils sont des espaces privés, mais ne sont pas des médias au sens légal, ce qui fait qu'ils jouent sur les deux tableaux. En gros, ils considèrent que quand vous écrivez une connerie chez eux, c'est comme si vous la disiez dans votre salon… Sauf que non, juridiquement, c'est peut-être ça, mais dans les faits la plupart des conneries écrites sont accessibles au plus grand nombre, y compris dans de nombreux cas sans avoir besoin de se créer un compte. Dans cette dernière situation, c'est comme l'affiche collée dans la rue: tout le monde peut la voire. Et même si vous devez créer un compte, vu le nombre d'inscrit on est sur un média de masse.

En fait, j'ai tendance à considérer que chaque inscrit qui dépose sur les réseaux sociaux des contributions accessibles quasiment sans restriction devrait relever du droit de la presse car faisant une sorte de journalisme (et ce quelle que soit la qualité du contenu… Cf les revues papier dont certaines sont justes bonnes pour les épluchures de patates)… Et donc le réseau social devait avoir la responsabilité du directeur de publication. Dans une telle configuration les choses seraient claires: Le réseau en tant que directeur de publication définit sa ligne éditoriale (inscrite dans ses conditions générales d'utilisation, par exemple), il tolère des écarts éventuellement, mais si les contributions d'une personne ne lui conviennent plus, il l'éjecte. (avec toutes les risques politiques lorsqu'il s'agit d'une personne connue)

Mais c'est sûr qu'on ne sort de l’ambiguïté qu'à son détriment et donc cela voudra dire pour les réseaux sociaux un vrai travail de modération des contenus publics… Avec tous les risques de censure qui en découlent.

Mais après, c'est pas à cause de la fermeture d'un compte par un réseau social que vous êtes bâillonnés (même si ça fait bien sûr perdre en visibilité). Je rappelle que n'importe qui peut monter son site internet, et y compris l'héberger dans son salon. Et là, il est libre (dans les limites légales) d'écrire, de dire, de montrer ce qu'il veut puisque dans ce cas, il est à la fois journaliste, directeur de publication et éditeur.

Re : 'Murica! Fuck Yeah!

Répondre #73

@Urumi : quand je parle de l'usage qu'on en fait, le "on" c'est nous, les utilisateurs. En effet, l'usage qu'en font leurs créateurs est tout à fait répréhensible, pas de souci là-dessus. Nous, utilisateurs, avons le choix après tout. Alors, oui, beaucoup (trop) de gens n'ont pas conscience de leur caractère de "produits" pour les RS et les utilisent en toute innocence sans réaliser tout ce qui se trame derrière et c'est problématique. Une éducation aux RS et à leurs usages est indispensable, notamment pour les jeunes générations.

C'est là que nos avis divergent, je pense. Sans entrer dans un déterminisme social trop radical, je suis d'avis que notre autonomie est bien moins réelle qu'on ne le croit. Nos choix sont contraints par la manière dont sont configurées ces plateformes, en premier lieu, mais aussi par nos connaissances, notre environnement social, notre culture, notre niveau d'éducation, etc. etc. Quel pourcentage des utilisateurs connaissent véritablement le fonctionnement des RS et peuvent prendre conscience des mécanismes qui les influencent ? 1% ? Et même en connaissance de cause, il est difficile d'échapper aux dérives. Moi par exemple, j'ai tenté une utilisation mesurée, mais ça ne fonctionne pas, je finis par me laisser avoir dans un cercle vicieux à chaque fois, donc j'ai pris des mesures radicales.
Pour les autres, je reprends ton image de la grenouille. C'est quand tu en sors que tu constates l'effet délétère que ces plateformes peuvent avoir sur le niveau d'anxiété, la fatigue mentale, l'irritabilité, l'estime de soi, etc.

@MCL80 : les statistiques sur l'usage des RS et le temps passé dessus sont hallucinantes en effet. Il y a effectivement un potentiel addictif important, dû aux petites doses régulières de gratification immédiate qui génèrent de la dopamine (Alaiya parlait de drogue, c'est un peu ça). Mais les RS jouent aussi beaucoup sur le FOMO (la peur de manquer qqch en gros), et donc une fois que tu as mis le pied dans l'engrenage, il est difficile d'en sortir car tu as l'impression de t'exclure socialement. Le fait est aussi que Facebook tente de vampiriser de plus en plus toutes nos activités quotidiennes, que ce soit l'organisation d'événements, les activités d'un groupe, la vente en 2e main, etc. Donc ça devient compliqué de s'en passer.
Je me pose la question de savoir si on est vraiment conçus, en tant qu'humains, pour garder contact avec autant de personnes simultanément et de manière indistincte. Est-ce que je dois vraiment connaître les derniers détails de la vie d'une personne que j'ai côtoyée une fois lors d'une conférence ? Non pas vraiment. Donc de mon côté, j'ai fait le choix conscient de me consacrer davantage aux relations proches qu'à essayer de maintenir le contact avec 300 personnes.

Sinon, évidemment que les extrêmes étaient présentes avant. La différence avec les RS, c'est une différence d'échelle, de vitesse de propagation des idées, et aussi ce potentiel de ciblage individuel qui peut être très dangereux.
Et en parlant de ciblage, je constate aussi qu'il est très facile à l'heure actuelle de s'enfermer dans une bulle et de ne s'entourer d'opinions qui sont conformes à ce qu'on pense déjà. Il faut vraiment faire l'effort de rechercher et confronter des avis (argumentés) contradictoires pour pouvoir se faire un avis éclairé sur un sujet. Mais pour ça, il faut du temps, de la disponibilité d'esprit et un esprit qui n'est pas tout le temps en mode zapping.

Les RS n'ont rien de privé. Tu as des conséquences très réelles si tu harcèles quelqu'un, émet des menaces de mort, ou si tu postes une photo de toi à la plage quand tu as déclaré être malade pour ne pas bosser.

Re : 'Murica! Fuck Yeah!

Répondre #74
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En tant qu'ancien étudiant en physique (il y a longtemps :wheelchair:), je rappelle qu'à ce jour la théorie unifiée permettant de passer de la mécanique quantique à la relativité n'existe pas. Ce sont deux théories distinctes, malgré de très nombreux travaux théoriques pour tenter de les unifier. On peut à la rigueur passer de la relativité restreinte à la relativité générale. :P


C'est précisément ce pourquoi j'ai utilisé cet exemple. Car effectivement, les règles qui fonctionnent dans l’infiniment petit (quantique) sont différentes de celles qui régissent l'infiniment grand.

Un peu comme ces entreprises tellement énormes qu'elles déformeraient l'espace autour d'elles, ce dont sont incapables les plus petites.

J'ai lu un bouquin de Brian Green et la théorie des cordes, mais ça semble encore expérimental.


... et Omni me fit pourvoyeur en anus fruités :classe: