C'est plus de la politicaïlle à l'ancienne, comme on en a déjà connu par le passé : agiter le chiffon rouge de l'immigré quand on est en difficulté, ça n'est pas nouveau.
Ce que je trouve bien plus dangereux dans cette radicalisation de nos gouvernants, ce sont deux choses :
- la première et la plus visible, ce sont les violences policières. Elle est tellement manifeste que même le JT de France 2, devenu un peu le porte-parole caricatural du gouvernement, n'a pas pu le masquer. A ce niveau de violences policières, Marine Le Pen n'aura effectivement sur ce plan-là rien à changer une fois arrivée pouvoir. Un LBD dont la France est le seul pays démocratique à en faire usage, des grenades contenant des doses de TNT balancées à hauteur de tête de manifestant, des gestes qui ressemblent plus à du défouloir qu'autre chose, des manifestants éborgnés, amputés, des matraques télescopiques qui ouvrent les crânes comme à la fête foraine...
Alors sur ce point, peut-être que ces violences policières sont plus médiatisées avec les réseaux sociaux, peut-être aussi que ces violences étaient avant "réservées" aux populations issues de l'immigration. Là, on "fracasse du blanc" et l'identification est plus facile.
Je ne sais pas.
Ce que je sais, c'est que le responsable n'est pas le policier. Le responsable, c'est celui qui est aux manettes.
- le second point que je trouve dangereux, c'est l'inaptitude de Macron au débat et au compromis. Il y a un "nous" et un "eux". Le "progressiste" contre le "nationaliste-conservateur-protectionniste", résumé par ce mot fourre-tout improbable de "populiste".
Avant, on était de gauche ou de droite, avec un joli nuancier de bleu marine bleu ciel et rose rouge-foncé.
Maintenant on est progressiste ou populiste. Binaire-. Noir ou blanc.
Comment voulez-vous débattre sur ces bases ?
On est face à un président et des dirigeants immatures, inaptes au jeu démocratique.
On parle de Macron, mais il est bien évidemment juste la partie émergée de l'iceberg.
J'ai comme l'impression que nos élites en ont assez de perdre du temps avec le jeu démocratique pour imposer "les réformes dont tout le monde sait qu'elles sont indispensables".
Et donc elles utilisent la violence comme réponse à un problème politique, elles ne veulent plus de compromis.
Comme le dit dans son livre "la guerre sociale" Romaric Godin, l'Etat jusqu'aux années 20-30 a toujours été "aux côtés du capital contre le travail".
Après la seconde guerre mondiale, les élites et les patrons - pour une large partie - étant trempés jusqu'au cou dans la collaboration, l'Etat a adopté, un peu contraint - une posture d'arbitre, en retrait entre le capital et le travail.
Mais depuis le début des années 2010, et particulièrement depuis la loi travail de 2016, l'Etat a quitté son rôle d'arbitre pour se remettre franchement du côté du capital.
Une fois qu'on a dit ça, je rejoins le constat de MCL : notre système politique est aujourd'hui incapable de sortir de l'impasse suivante : nous avons des dirigeants au pouvoir légalement très puissants mais à la légitimité très faible (d'où les problèmes sociaux quasi-continus depuis l'élection de Macron et la violente répression policière). Et pourtant, à cause de notre système politique, on peut être certain que si une élection présidentielle avait lieu aujourd'hui, ces mêmes dirigeants faibles légitimement seraient à nouveau réelus.
Parce que si Macron c'est 20-25 %, c'est un socle très solide car très homogène et qui vote beaucoup.
En face, l'opposition est éparpillée façon puzzle, un archipel incapable de se regrouper parce que le privé n'aime pas les fonctionnaires, parce que certains ruraux n'aiment pas les gens de couleur, parce que les actifs n'aiment pas les chômeurs, etc.
Et ces personnes-là votent peu.
C'est pour ça que Macron est tranquille et se frotte les mains à l'idée d'un second tour en 2022 contre Le Pen,
C'est à dire qu’aujourd’hui, le jeu démocratique avec les règles électorales actuelles est incapable de répondre aux problèmes de notre société.
La seule issue, c'est que le pouvoir précarise tellement largement que les classes supérieures soient également atteintes, et qu'elles le lâchent.