On est aussi l'un des pays où la réalité régionale est la moins marquée en Europe. Les français sont globalement très mobiles à l'échelle nationale.
Par exemple, en Rhône-Alpes, la région, ça ne veut rien dire en dehors de l'échelon purement administratif, car elle ne correspond pas à un découpage historique, ni de près, ni de loin (On trouve la Savoie, qui était italienne jusqu'au XIXe siècle, le Dauphiné, qui englobait la Drôme et l'Isère jusqu'aux portes de Lyon, le Vivarais, en Ardèche, le Forez dans la Loire, le Beaujolais au nord de Lyon). Et on retrouve cette problématique sur pas mal de régions (j'ai pas dit toutes, car ce n'est pas le cas partout).
Du coup, les gens ne s'identifient pas à cette entité récente et somme toute technocratique. Peut-être que dans 50 ou 100 ans les choses auront évoluées… Si les régions dans leur découpage actuel existent encore.
Alors là je tombe sur le cul !
Dire que le découpage des régions issu de la révolution française est parfois étrange (la bretagne et Nantes par exemple), je te le concède volontiers : et les départements encore plus. C'est du fait de la révolution française.
Mais historiquement, la France est au contraire une véritable mosaïque de provinces à fortes identités (et c'était bien là le problème des premiers capétiens): Bretagne, Normandie, Alsace, Lorraine, Bourgogne, Champagne... et j'en passe : tu n'y vois là aucune réalité régionale, aucune identité ? C'est invraisemblable. Il suffit de se promener en France pour s'en rendre compte. J'ai passé 10 jours au pays basque, et je t'avoue qu'entendre ce genre de chose me sidère.
Ce qui a de bien avec toi, c'est que tu applique un filtre de lecture sur ce que disent les autres. Le fait régional n'est pas marqué en Rhône-Alpes, car c'est un assemblage de territoires dissemblables qui ont pour certains peu d'interactions historiques. En Rhône-Alpes, on ne dis jamais "je suis rhônalpin", on dit "je suis de Lyon, de Grenoble, de (Haute-)Savoie, de l'Ardèche, de la Drôme…"
Après, je vais aller plus loin, car d'autres régions qui ont connu des afflux de population très forts ces dernières décennies ont aussi un problème d'identité régionale. Je pense à PACA, au Languedoc-Roussillon, et Midi-Pyrénées, où plus de 40% de la population est issue de migrations internes à la France (héliotropisme, déprise industrielle d'autres régions motivant une mobilité…)
Résultat, dans ces régions l'identité locale s'estompe, et la région est un concept administratif plus qu'une réalité concrète de territoire.
Tu peux être sur le cul, mais c'est une réalité. Toutes les régions n'ont pas d'identité affirmée, surtout celles où les langues locales ne sont plus une réalité.
L'échelon absolument artificiel, c'est le département qui ne repose sur rien si ce n'est un découpage à la guillotine.
Pas de bol, en Rhône-Alpes, cela ne suit pas exactement les limites des anciennes provinces, mais on retrouve bien le Dauphiné qui arrivait en limite de Lyon dans l'assemblage de l'Isère et de la Drôme, Le Beaujolais dans les 2/3 nord du Rhône, La Savoie sur les deux département de Savoie, etc… Bref, tout dépend des endroits. Vouloir faire une généralité dans un sens ou dans l'autre c'est se tromper à coup sûr.
Les drômois et les ardéchois sont très attachés à leur département respectif. Certains avaient envisagé de les fusionner, mais on n'efface pas des siècles de séparation par le fleuve Rhône en un claquement de doigts, malgré les nombreux ponts construits depuis 50 ans. Les deux département travaillent ensemble dans de nombreux domaines, mais la fusion n'est pas à l'ordre du jour.