Oui, enfin si les banques ne coulent pas mais que l'inflation galope à plus de 10% l'an comme c'était le cas dans les années 1970, la perte de valeur de l'argent en banque sera loin d'être négligeable.
Surtout, si le gouvernement en laisse tomber une, ça veut dire que les gens vont massivement retirer leur fric de toutes les autres, ce qui implique la déconfiture immédiate de toute la mécanique économique. Enfin, bon, en Islande, le gouvernement a bien garanti les sommes en banque… Mais il interdit les retraits sur les comptes épargne. Il est à craindre que lorsque les gens pourront à nouveau retirer leur argent, sa valeur ne soit plus exactement la même.
: Lundi 27 Octobre 2008, 21:55:23
L'Islande est-elle un pays précurseur?
La faillite de l'Islande provoque à Reykjavik les premiers heurts avec la police depuis 60 ans
LE MONDE | 23.01.09 | 14h52 • Mis à jour le 23.01.09 | 14h52
REYKJAVIK (Islande) CORRESPONDANCE
Depuis mardi 20 janvier, des milliers d'Islandais se relaient chaque après-midi devant le Parlement (Althing) et le bureau du premier ministre pour demander la démission du gouvernement. Ces manifestations se sont transformées en émeutes deux nuits de suite, mardi et mercredi. Jeudi matin, pour la première fois en un demi-siècle, la police de la pacifique Islande, pays sans armée de 300 000 habitants qui n'avait connu, depuis son indépendance, qu'une seule manifestation violente, en 1949, lors de l'adhésion à l'OTAN, a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les contestataires.
A l'origine de ces événements, la situation économique dramatique de l'île : les banques toutes nationalisées après leur faillite en octobre 2008, l'affaissement de la monnaie, des dettes abyssales, la morue qui se vend mal et les investissements dans l'aluminium au point mort après l'effondrement des cours. Le chômage, inconnu jusqu'ici, devrait atteindre 7,8 % de la population active, selon les prévisions officielles. Après une décennie d'une croissance moyenne de 4 %, le produit intérieur brut (PIB) devrait se replier de 9,6 % en 2009 et l'endettement des ménages augmente tandis que leurs revenus baissent.
POLICE INEXPÉRIMENTÉE
Jusqu'ici, les mécontents de Reykjavik se réunissaient pacifiquement devant le Parlement le samedi à 15 heures. Immuablement, un chanteur à textes de 64 ans coordonnait le mouvement. La moyenne d'âge de l'assistance tournait autour de 50 ans et l'ancienneté de son chef de file en disait long sur la désaffection des jeunes générations à l'égard de la politique.
Mais tout a basculé mardi, entre le Parlement de basalte et le bureau du premier ministre installé deux rues plus loin, dans l'ancienne prison danoise, tout près de la banque d'émission qui domine le port.
Consigne avait été donnée de se rendre à l'ouverture de la session parlementaire avec des casseroles ou des instruments de musique bruyants. La police, nombreuse mais inexpérimentée, étrennait ses boucliers transparents, bientôt dégoulinants d'oeufs qui s'y brisaient, maculés de fromage blanc.
Tandis que la foule continuait à scander des slogans hostiles au gouvernement dans un mélange d'individualisme festif et de gravité collective, des députés sortaient un à un du Parlement, ceux de l'opposition n'hésitant pas à se mêler à la foule. Les conservateurs, au pouvoir depuis dix-sept ans et accusés d'être à l'origine des malheurs de la République, restaient à l'intérieur, redoutant l'hostilité de la foule. La manifestation s'est poursuivie dans la nuit, ponctuée d'échauffourées. Elle avait duré plus de 15 heures.
Mercredi, ce sont les lycéens qui ont afflué, rejoints plus tard par des manifestants plus âgés. Cette fois, le rassemblement était spontané. La foule s'est transportée vers le bureau du premier ministre conservateur, Geir Haarde, bientôt peinturluré de rouge, avant d'allumer d'immenses feux auxquels elle se chauffait. Les policiers ont eu recours aux gaz lacrymogènes et deux d'entre eux ont été blessés.
L'impression de vacance du pouvoir a été en partie dissipée, jeudi, lorsque la chef du Parti social-démocrate, membre de la coalition au pouvoir, Ingibjörg Solrun Gisladottir, également ministre des affaires étrangères, s'est dite favorable à des élections législatives anticipées au printemps. Mais élections ou pas, il faudra prendre dans les semaines qui viennent d'importantes décisions concernant le paiement des dettes, la gestion du chômage, la faillite des ménages sans parler du financement des entreprises, elles aussi asphyxiées.
Hostiles à des élections anticipées, les conservateurs donnent le sentiment d'être impuissants, chaque jour apportant son cortège de mauvaises nouvelles économiques et financières. Quant au président de la République, Olafur Ragnar Grimsson, surnommé "la claque" pour son soutien immodéré à ces investissements hasardeux à l'étranger qui ont largement contribué à la ruine du pays, il est resté totalement silencieux.
Gérard Lemarquis
Article paru dans l'édition du 24.01.09.
Et la Chine est en train de caler:
Le moteur de l'économie chinoise en passe de caler
LE MONDE | 23.01.09 | 14h39 • Mis à jour le 23.01.09 | 14h39
SHANGHAÏ CORRESPONDANT
Le choc provoqué par la récession mondiale sur "l'atelier du monde" semble plus violent que prévu : la croissance chinoise n'a été "que" de 6,8 % au dernier trimestre 2008 par rapport à la même période de 2007, a annoncé, jeudi 22 janvier, le Bureau national des statistiques chinois (BNS).
Celui-ci ne publiant cependant pas d'évolution de trimestre à trimestre de la croissance, il est impossible de dire si la Chine est ou non en récession - définie comme deux reculs consécutifs trimestriels du produit intérieur brut (PIB). Goldman Sachs donne une approximation de la croissance chinoise au dernier trimestre de 2008 par rapport au trimestre précédent : elle serait d'un peu moins de 3 %. Sur le site RGE Monitor, l'économiste Nouriel Roubini spécule quant à lui que sa variation trimestrielle se rapproche de zéro.
Et la situation pourrait encore s'aggraver en ce début d'année. Selon un expert, la contribution du commerce extérieur, encore positive fin 2008, pourrait devenir négative au premier trimestre 2009, avec une chute plus marquée des exportations. Mais elle contribuera sans doute malgré tout à la croissance en 2009 : "Pour le reste de 2009, j'ai le sentiment que les Chinois vont continuer à accumuler des excédents commerciaux, soit en aidant leurs exportateurs, en gagnant en compétitivité, ou peut-être même en dévaluant", signale-t-il.
La bulle qui se dégonfle révèle plutôt des surcapacités industrielles qui étaient cachées, mais bien présentes, ces dernières années en Chine - et que les politiques de refroidissement de Pékin ont peut-être eu plus de mal à enrayer qu'on a pu le croire : la forte croissance mondiale et la perspective d'un marché chinois de plus d'un milliard de consommateurs ont constitué une formidable pompe à investissements, nourrie par les surliquidités mondiales et les alimentant en retour.
Plus rien ne justifie aujourd'hui d'investir autant, que ce soit en vue d'exporter, ou de satisfaire les besoins de consommateurs chinois bien en peine d'absorber ne serait-ce qu'une fraction de ce que leur outil industriel est capable de fabriquer.
Aujourd'hui, donc, la déflation guette : l'inflation est tombée à 1,2 % en décembre 2008, contre... 8,7 % en février 2008 par rapport au même mois de l'année précédente. "La déflation est très probable en 2009. Elle n'est pas inhabituelle... mais cette fois, elle intervient de manière tellement abrupte qu'elle a un impact encore plus significatif sur l'économie", a déclaré à l'AFP, Hu Yuxiao, un économiste de Shanghai Securities.
Le ralentissement des industries manufacturières conduit à un déstockage, dont la question est de savoir combien de temps il va durer : or, il n'existe pas de données sur les stocks en Chine. Le gigantesque plan de relance annoncé en novembre 2008 concerne avant tout les infrastructures, de façon à compenser la chute de l'investissement manufacturier. Car, quitte à renforcer temporairement encore les déséquilibres, c'est la seule manière pour le pays de réagir rapidement, car "son système est capable de le faire..., tout comme le système américain sait comment stimuler la consommation intérieure", note l'économiste Andy Xie dans la revue Caijing.
DESTRUCTION DES EMPLOIS
Reste à évaluer la capacité de la Chine à basculer plus vite que prévu vers un modèle de croissance orienté sur la consommation et les services. Selon les données du BNS citées par Xinhua, les ventes de détail en Chine ont continué de croître de près de 17,4 % en décembre 2008 par rapport au même mois de l'année précédente. Mais ce chiffre a toujours été sujet à controverses.
La perspective d'une plus forte destruction des emplois (560 000 chômeurs urbains supplémentaires ont été répertoriés au dernier trimestre 2008 par rapport au trimestre précédent) joue elle aussi un rôle d'accélérateur : les autorités multiplient les intentions en matière sociale. Pékin a ainsi annoncé, jeudi 22 janvier, avoir entériné un plan de 850 milliards de yuans (environ 100 milliards d'euros) d'investissements en deux ans pour créer une couverture de santé quasiment universelle pour 90 % de la population, une première. Mais dans le même temps, les mesures étudiées par la province du Guangdong (Sud) pour aider ses exportateurs portent sur... un gel des salaires minimaux et une suspension des paiements de sécurité sociale pour les ouvriers.
Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 24.01.09.
Et hier, Jean-Pierre Gaillard sur France Info avait visiblement le bourdon… Ça doit encore être un problème de bourses.
Pas très rassurant, tout ça.
: Samedi 24 Janvier 2009, 11:44:58
On arrive dans la phase nationaliste de la crise. Il faut dire que certains ont joué avec le feu:
Gordon Brown pris au piège par les grèves contre l'emploi de travailleurs étrangers
LE MONDE | 03.02.09 | 15h00 • Mis à jour le 03.02.09 | 16h55
LONDRES CORRESPONDANTE
Les grèves sauvages contre l'emploi de main-d'oeuvre étrangère qui se sont répandues, vendredi 30 janvier, sur plus d'une douzaine de sites énergétiques britanniques se sont encore étendues lundi 2 février. Près de 3 000 personnes, souvent employées par des sous-traitants des usines concernées, ont cessé le travail pour protester contre le recours à des travailleurs étrangers en ces temps de récession.
Tout est parti de la raffinerie de Total à Lindsey (Lincolnshire), mercredi, alors que le groupe français venait d'annoncer qu'une société italienne serait chargée d'un projet d'extension du site de 200 millions de livres. Une centaine d'ouvriers italiens et portugais, logés dans des péniches à Grimsby, sont déjà sur place. Quelque 300 autres doivent les rejoindre d'ici à un mois.
Partout dans le pays, les grévistes ont rappelé à Gordon Brown sa promesse alors que des élections sont prévues d'ici à la mi-2010 : "UK jobs for British Workers" (des emplois britanniques pour des travailleurs britanniques). Le slogan, que revendique le British National Party (BNP) d'extrême droite, a souvent été utilisé par le premier ministre. Ce fut notamment le cas le 24 septembre 2007, à l'occasion du congrès du Parti travailliste, trois mois après qu'il eut remplacé Tony Blair à Downing Street. A l'époque, l'économie britannique tournait à plein régime, le chômage n'était pas un souci. Aujourd'hui, les économistes prévoient 3 millions de chômeurs d'ici à un an (contre 1,92 million fin novembre et 1,61 million fin 2007), malgré le départ de centaines de milliers de Polonais.
Lundi, de retour de Davos, où il a milité contre le protectionnisme, M. Brown a déclaré : "Je reconnais que les gens sont inquiets pour leur emploi et je veux qu'ils soient traités équitablement, comme leurs collègues" étrangers, tout en jugeant la grève "improductive". Total n'a pourtant a priori rien fait d'illégal, comme l'a souligné Peter Mandelson, le ministre du commerce. Une directive européenne de 1996 sur le détachement des travailleurs, transposée en droit britannique en 1999, autorise les entreprises étrangères à faire venir leurs employés, si tant est qu'elles respectent le droit du travail local (salaire minimum...) et qu'il s'agisse d'une mission temporaire. Rien ne les oblige, comme le réclament les syndicats, à leur offrir les mêmes conditions de travail qu'aux Britanniques.
Depuis sa prise de fonction, le premier ministre a cherché à défendre l'emploi britannique, d'autant que les conservateurs l'attaquaient sur l'immigration. S'il n'était pas envisageable de restreindre l'accès du marché du travail aux Européens, M. Brown a demandé aux entreprises qui recrutent de passer des annonces pendant deux semaines avant de recourir à l'immigration. Le gouvernement a également fermé le robinet de l'immigration non européenne en introduisant un système à points, qui limite à quelques rares secteurs le recours extérieur à la main-d'oeuvre. Mais la directive de 1996 n'entre dans aucun de ces cas de figure.
Alan Johnson, ministre de la santé, a déclaré que le gouvernement allait militer à Bruxelles pour mieux protéger les travailleurs britanniques. M. Mandelson a qualifié cette intervention d'"énorme erreur". David Cameron, le leader des conservateurs, a jugé que le "premier ministre n'aurait jamais dû utiliser le slogan du BNP. Il a pris les gens pour des idiots et ça se retourne contre lui".
Lundi, le ministre portugais des affaires étrangères, Luis Amado, a jugé "inacceptables" les grèves britanniques et s'est inquiété d'"une dérive protectionniste, xénophobe, nationaliste". Son homologue italien Franco Frattini a qualifié d'"indéfendable" le mouvement social.
Virginie Malingre
Article paru dans l'édition du 04.02.09.
Les USA semblent aussi tomber dans ce piège:
La crise réveille des réflexes xénophobes aux Etats-Unis
LEMONDE.FR avec AFP | 03.02.09 | 14h30
Un groupe d'organisations américaines opposées à l'immigration a lancé, lundi 2 février, une campagne télévisée pour appeler à mettre fin à l'entrée sur le territoire américain d'un million et demi de travailleurs étrangers qualifiés.
Le spot télévisé, visible sur le site de la Coalition for the Future American Worker (CFAW), une organisation qui se présente comme "chapeautant des groupes professionnels du secteur du commerce, des organisations spécialisées dans la population/l'environnement, et des groupes partisans d'une réforme de l'immigration", commence sur un ton dramatique : "Un Américain de plus a perdu son travail."
La campagne dénonce l'immigration d'un million et demi de travailleurs qualifiés aux Etats-Unis alors que deux millions et demi d'Américains ont perdu leur emploi. "Votre emploi sera-t-il le prochain ?", interroge l'organisation.
La campagne demande d'appeler la Maison Blanche à empêcher que des travailleurs étrangers munis de visas H-1B, délivrés aux professionnels ou aux travailleurs qualifiés, notamment dans l'industrie, aient accès au marché du travail américain.
Et surtout commencent à jouer le protectionnisme économique:
Les Etats-Unis prennent un risque en jouant la carte du protectionnisme
LE MONDE | 03.02.09 | 14h17 • Mis à jour le 03.02.09 | 14h17
"Acheter américain !" : ce slogan résonne comme un cri de ralliement. La situation dans laquelle se trouve l'économie américaine, à laquelle s'ajoute une dose de nationalisme, a poussé Barack Obama à inclure dans son plan de relance des mesures protectionnistes. L'Organisation mondiale du commerce (OMC) et certaines entreprises américaines s'interrogent sur ces mesures.
Le plan de relance de plus de 800 milliards de dollars (622 milliards d'euros) voté par la Chambre des représentants recommande que les chantiers de travaux publics prévus dans cette enveloppe utilisent de l'acier produit aux Etats-Unis. Cette mesure pourrait augmenter plus que nécessaire le coût de construction de ces travaux et donner moins de flexibilité en terme de main-d'oeuvre.
Les syndicats américains ont approuvé le plan. Ils y voient une opportunité en termes de création d'emplois à court et moyen terme. Toutefois, les grandes firmes comme Caterpillar, General Electric et Boeing, ainsi que la Chambre de commerce américaine s'interrogent, car elles craignent ultérieurement une baisse de l'activité et des pertes d'emplois si ces restrictions entraînent des mesures de rétorsion de leurs partenaires commerciaux ainsi que des sanctions de l'OMC. Son directeur général, Pascal Lamy, a déjà exprimé son inquiétude à propos de ces dispositions. L'exemple du premier champion du libre-échange que sont les Etats-Unis pourrait inciter des pays moins engagés à l'imiter. Ces derniers mois, des barrières douanières de toutes sortes se sont élevées dans des pays aussi divers que l'Argentine, l'Equateur, l'Inde et l'Indonésie.
M. Obama semble reconnaître le problème. Tandis que le Sénat américain envisage plus de mesures du type "Achetez américain" voté par la Chambre des représentants, le président des Etats-Unis souhaite s'assurer que la législation ne portera pas atteinte aux règles existantes.
C'est important. Alors que l'économie mondiale est sous pression - la Banque mondiale s'attend pour 2009 à une baisse de 2,1 % de l'activité globale, en déclin pour la première fois depuis 1982 -, des mesures protectionnistes causeraient encore plus de dégâts. Pour les Etats-Unis, grande nation commerçante, l'incitation à consommer américain ne peut atténuer les conséquences dommageables de l'instauration de barrières douanières. Finalement, cet appel serait préjudiciable au commerce intérieur américain et ternirait la popularité savamment cultivée à l'étranger de Barack Obama.
(Traduction de Marie-Odile Masson.)
Plus de commentaires sur l'actualité économique et financière sur .
Priti Patnaik et Richard Seales
Article paru dans l'édition du 04.02.09.
Ces nouvelles sont extrêmement inquiétantes, car si ces phénomènes ne sont pas contrés rapidement, on va tout d'abord au devant d'une guerre commerciale… Avant une guerre tout court, pour ouvrir de force les marchés qui se seront fermés.