Le périple de la flamme olympique vers la Chine débute sur fond de polémique
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 24.03.08 | 13h14 • Mis à jour le 24.03.08 | 17h29
La traditionnelle cérémonie d'allumage de la flamme olympique, un rituel d'ordinaire convenu et discret, a été l'objet de toutes les attentions, lundi 24 mars, alors que la Chine, pays hôte des Jeux olympiques au mois d'août, est critiquée à travers le monde pour sa répression des manifestations au Tibet.
Quelques milliers de personnes étaient rassemblées à Olympie pour cette cérémonie sur le site du sanctuaire antique autrefois dédié à Zeus, un public uniquement composé d'officiels, de journalistes et de personnes accréditées, l'accès au site ayant été strictement encadré.
INCIDENT À LA TRIBUNE
La police grecque était omniprésente des kilomètres à la ronde, dans la crainte d'une action des organisations de défense des droits de l'homme. Cette présence massive n'a pas empêché trois militants de l'association Reporters sans frontières (RSF) de s'approcher de la tribune et de déployer une banderole sur laquelle était inscrit "Boycottez le pays qui piétine les droits de l'homme". Un autre a crié de derrière la tribune officielle "liberté, liberté". Ils ont été aussitôt interpellés par des membres de la sécurité. Le gouvernement grec a condamné l'action de l'association française. Le dirigeant de RSF, Robert Ménard, l'un des perturbateurs de la cérémonie, a par la suite prévenu que son association mènerait des actions "jusqu'au 8 août", date de l'ouverture des JO.
Les téléspectateurs chinois n'ont rien pu voir de cet incident : la télévision chinoise a suspendu brièvement la retransmission de la cérémonie, grâce à une diffusion en très léger différé des programmes qualifiés de "directs". Le programme de la cérémonie d'allumage a été interrompu quelques instants, sans explication, peu après le début du discours de Liu Qi. A la place, la télévision a diffusé des images d'archives du site d'Olympie et d'une torche olympique.
En marge de cette cérémonie, un défenseur de la cause tibétaine, responsable de l'association Etudiants tibétains pour un Tibet libre, située à New York, a été interpellé par la police grecque et conduit au commissariat, ont rapporté des journalistes qui l'accompagnaient. Tenzin Dorjee avait dénoncé dimanche soir devant la presse internationale l'allumage de "la torche de la honte" et a réclamé que le Tibet soit exclu du parcours du relais de la flamme. Au même moment, on apprenait qu'un militant chinois des droits de l'homme avait été condamné en Chine à cinq ans de prison pour avoir diffusé une pétition affirmant "nous ne voulons pas des Jeux olympiques, nous voulons les droits de l'homme".
137 000 KM JUSQU'À PÉKIN
Grâce à un temps clément, la torche a pu être allumée à l'aide d'un miroir parabolique poli recueillant directement les rayons du soleil, comme le veut la tradition. Elle a été allumée par une actrice grecque jouant le rôle de "grande prêtresse", entourée de danseuses, dans une chorégraphie et des costumes inspirés d'un cérémonial antique. "La flamme olympique va faire rayonner la lumière et la joie, la paix et la fraternité, l'espoir et les rêves du peuple de Chine et du monde entier", a déclaré en préambule le responsable du Comité d'organisation des jeux, Liu Qi.
La torche devait être ensuite transmise au premier relayeur, le Grec médaillé d'argent de taekwondo au JO de 2004 à Athènes, Alexandros Nikolaidis. Il la confiera à son tour à la nageuse chinoise Luo Xuejuan, médaillée d'or la même année, lançant un relais de 137 000 km à travers les cinq continents jusqu'à son arrivée à Pékin, le 8 août, pour l'ouverture des Jeux.