Je m'explique. Dans son ensemble, le trame générale est la même : les Cylons, autrefois créés par l'Homme, se sont rebellés. S'en est ensuivi une guerre. Puis après une armistice, plus rien ! Plus aucun contact durant des décénnies ! Et un beau jour, les voilà qui reviennent au galop, plus méchants, plus puissants que jamais. C'est là que commence le téléfilm : par l'attaque des douze colonies par les flottes Cylons, qui dégomment tout sur leur passage. Seul Battlestar survivant, le Galactica rassemble autour de lui une flotte de vaisseaux bigarée, disparate, regroupant les derniers survivants de la race humaine, dans une fuite éperdue, loin des Cylons, dans l'espoir illusoire de trouver un jour cette hypothétique 13è tribu qui se serait installée sur une planète appelée Terre. Jusque là, rien de bien original. La trame est la même que celle de la série de 1978.
Qu'est-ce qui change, alors ? Hé bien figurez-vous que les Cylons mouture 2004 n'ont plus la même gueule que leurs ancêtres, et qu'il y en a même qui ont forme humaine ! Il y en a même qui ont non seulement forme humaine, mais qui n'ont pas conscience qu'ils sont des Cylons ! Des agents en sommeil, en quelque sorte.
Mais ce qui fait principalement la qualité de cette série, c'est le réalisme. Autant la série de 1978, avec le recul, est cul-cul la praline, avec des dialogues niais, des personnages à la limite du cliché et caricaturaux, autant cette série a des personnages très bien étudiés, avec des relations complexes mais toujours très bien soignées.
Générallement, quand on parle de série, on parle toujours des personnages principaux, alors permettez-moi de parler des personnages secondaires, de ces personnages au rôle parfois insignifiant mais qui font leur petit bonhomme de chemin en marge de la grande avenue réservée au casting principal. Même s'ils ne parviendront jamais sur le devant de la scène, il est toujours intéressant de noter leur évolution subtile et discrète.
D'habitude, une série n'exploite qu'une poignée de personnages principaux et laisse le reste en toile de fond. Même si certaines osent mettre en valeur des personnages secondaires de façon plus ou moins récurrente, on retombe toujours sur les personnages principaux qui ont la belle part du gâteau.
J'ai l'impression que pour beaucoup de séries auront la majorités de leurs épisodes centrés autour d'UN personnage principal à la fois.
Or là, pour Galactica, ce n'est pas l'impression que j'ai. J'ai une impression de mouvement général, que tout le monde évolue à la même vitesse. Certes, les personnages principaux gardent le devant de la scène, mais les personnages secondaires ne sont pas laissés à la traîne, même si cela se fait par touches infimes et successives. L'idylle entre Billy et Dualla, par exemple. Il y a ces deux courtes scènes, d'abord celle où elle l'envoie balader dans le couloir, puis celle où elle est terrorisée lors de l'abordage cylon, qui "mènent" logiquement à la scène dans l'infirmerie. Leur idylle a des hauts et des bas, on n'en voit que des bribes, mais qui sont à chaque fois suffisamment révélateurs pour qu'on n'ait pas besoin d'avoir tout vu et tout entendu pour comprendre où ils en sont.
Le chef Tyroll ? Un personnage fabuleux ! Et depuis le début ! La folle épopée sur Kobol confirme le charisme du personnage. Et puis il y en a pléthore dans cette série, des personnages secondaires fabuleux ! Le garde du président Roslin. Vous avez vu la façon progressive avec laquelle la question de sa spiritualité a été menée sur le tapis ? "Crashdown" qui est très nettement dépassé par les événements : on en voit déjà les prémices dès le crash, qui vont en s'accentuant progressivement en un mécanisme tout à fait crédible.
Ou des personnages comme Tom Zarek ou Elen Tigh, qui n'apparaissent que subrepticement un épisode sur trente-douze, mais qui à chaque fois avancent un peu plus leur pion dans une direction qu'eux seuls connaissent.