La répartition police/gendarmerie est totalement arbitraire. À l'époque (plus d'un siècle) le découpage avait été fait selon le principe: en ville la police, à la campagne la gendarmerie… Et les limites n'ont évolué qu'à la marge et en certains endroits, alors que l'urbanisation s'étendait. Ainsi, la limite police-gendarmerie arrive à passer à certains endroits en ville. À une époque c'était gênant car les policiers n'avaient pas le droit de poursuivre quelqu'un en zone gendarmerie et réciproquement, quand bien même la poursuite aurait commencé dans leur zone de compétence, mais cette limite n'existe plus à ma connaissance.
Le gouvernement a décidé "au nom de l'efficacité" (alors que police et gendarmes sont désormais dans le même ministère, et qu'il devrait donc pas y avoir de problème de fonctionnement, malgré leurs statuts différents, puisque la direction est pour ainsi dire unifiée) de redécouper les zones entre police et gendarmes. Les banlieues des grandes villes passent ainsi du contrôle de la gendarmerie à celui de la police… Pour faire simple, car les mouvements de limites sont parfois alambiqués, avec le basculement de certaines zones de police en zone gendarmerie… Afin de ne pas avoir à rééquilibrer les effectifs, en embauchant des policier, car ils couvrent un territoire plus grand, et en supprimant des effectifs de gendarmes, car leur territoire rétrécit.
Or il se trouve que les banlieues en zone gendarmerie étaient considérées par celle-ci comme une vitrine de ses méthodes de maintien de l'ordre notamment par l'îlotage et le contact avec la population (en quelque sorte de la police de proximité), et elle y affectait des moyens en rapport. Ce maillage territorial, et cette approche au plus près du terrain permettait de faire un travail efficace (tout fini par se savoir, pour peu qu'on écoute les gens), mais pas forcément tape-à-l'œil… Nombre de petites frappes rillardes ont été arrêté "au nid" sans qu'il ait été nécessaire de mobiliser le RAID ou le GIGN, et sans provoquer d'émeutes. Cette approche de proximité était aussi dictée par les obligations découlant du statut militaire de gendarme. Ainsi, ceux-ci sont logés à côté de leur poste, contrairement aux policiers, qui une fois leur journée finie retournent généralement dans un logement à bonne distance de leur secteur d'intervention. Un policier peut penser avoir plus de liberté avec le respect qu'il doit à ses concitoyens, puisqu'il ne les côtoie que pendant ses heures de service… En tout cas, l'image de la police est particulièrement négative dans les zones urbaines sensibles, alors que celle de la gendarmerie semble relativement plus positive…
La réaction d'un maire d'une autre commune de l'agglomération lyonnaise (Écully, pour ne pas la nommer) lorsqu'on avait annoncé le passage de sa commune en zone de police avait été particulièrement cru en disant en gros qu'il ne voulait pas de cow-boy chez lui.
Après, Rillieux est peut-être une banlieue "chaude" parce qu'il y a une ZUP de 900 logements (Il y a aussi plein de zones pavillonnaires plutôt riches), mais je constate que ça n'a n'a jamais pété. Il y a bien sûr chaque année un certain nombre de bagnoles qui crament, et si certains endroits "craignent" à la nuit tombée, je ne me suis jamais senti en danger dans les secteurs centraux que j'ai pourtant largement fréquentés…
Pour ceux qui veulent comprendre le malaise des gendarmes et l'évolution en cours.
;)