Flavien

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Re : Faits divers et compagnie
« Réponse #3495, le 29 Octobre 2018 à 19:45 »
Citation de MCL80 le 29 Octobre 2018 à 11:40
Comment être sur que tout va bien?… Le meilleur moyen est de casser le thermomètre:
(cliquez pour montrer/cacher)
Bébés sans bras : la lanceuse d'alerte Emmanuelle Amar a reçu sa lettre de licenciement

Le 28/10/2018 à 21:11 mis à jour à 22:14

Convoquée mardi, la directrice du Remera, Emmanuelle Amar, a ainsi reçu son courrier vendredi. / PHOTOPQR/OUEST FRANCE

Alors que la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé il y a une semaine que les financements des registres des malformations seraient maintenus, la procédure de licenciement des cinq contractuels travaillant au sein du registre rhônalpin - le Remera - suit son cours. Les courriers annonçant ces licenciements ont été envoyés cette semaine à la suite des entretiens préalables.

Convoquée mardi, la directrice du Remera, Emmanuelle Amar, a ainsi reçu son courrier vendredi. « L’équipe est à ramasser à la petite cuillère ! », nous a indiqué ce dimanche Emmanuelle Amar. Gestionnaires du Remera, les Hospices civils de Lyon ont assuré que tout était mis en œuvre pour trouver un reclassement aux cinq contractuels du registre concernés par ces licenciements. «D’un côté, le ministère de la Santé annonce qu’il va y avoir une enquête sur le cluster de l’Ain et on se projette dans cette perspective et, de l’autre, on nous demande de nous projeter dans un nouveau poste ? Comment voulez-vous faire ? Ce n’est pas jouable », estime Emmanuelle Amar.

La polémique

Le 4 octobre, Santé publique France (SpF), autorité de tutelle du Remera, avait annoncé qu’elle reconnaissait bien qu’il existait des regroupements (clusters) de bébés nés sans bras en Bretagne et en Loire-Atlantique mais pas dans l’Ain, à Druillat, comme l’affirme pourtant le Remera. SpF avait précisé que l’origine de ces malformations demeurait inconnue et que la seule mesure mise en œuvre était une surveillance renforcée sur les deux secteurs de l’Ouest de la France.
Une décision remise en cause donc, dimanche dernier, par Agnès Buzyn, qui a annoncé une étude conjointe des ministères de la Santé et de l’Environnement sur les trois clusters.

Entamée le 16 octobre, la procédure de licenciement des salariés du Remera a été mise en œuvre pour cessation d’activité, au 31 décembre 2018, car le registre s’est vu signifier l’arrêt de ses principaux financements. Jusqu’en 2017, ses principaux financeurs étaient la Région Auvergne Rhône-Alpes pour près de la moitié du budget (100 000 euros), Santé Publique France (SpF) (80 000 euros), l’Inserm (30 000 euros) et l’Agence nationale du médicament (30 000 euros) soit un total de 240 000 euros. Mais en 2017, l’Inserm a annoncé l’arrêt de sa subvention, suivi par la Région. Les subventions ne sont pas versées directement à l’association Remera mais aux HCL qui avancent, depuis deux ans, les fonds nécessaires mais ne peuvent se substituer aux financeurs actuels. Les HCL sont l’employeur des salariés du registre sous la forme de contrats à durée déterminée (pour deux d’entre eux) et à durée indéterminée (pour trois d’entre eux).
 
La directrice critiquée par les agences de santé, soutenue par les médecins locaux

Aujourd’hui, la situation semble inextricable. Elle est l’aboutissement de plusieurs années de tensions entre la directrice du Remera et ses autorités de tutelle, l’Inserm et SpF.

Pour justifier l’arrêt de son financement, l’Inserm a mis en avant la faible exploitation scientifique des données du registre et le refus de la directrice de se soumettre à une évaluation dont celle-ci conteste le bien-fondé. Ces griefs, réitérés à plusieurs reprises par l’institution, ont pris une tournure plus personnelle et polémique, il y quelques jours, quand Ségolène Aymé, présidente du Comité d’évaluation des registres et ancienne directrice de recherche à l’Inserm, a estimé que « Mme Amar est la seule responsable de cet enchaînement d’événements », dans un courrier adressé à quelques journalistes et parlementaires. Le conseil scientifique du Remera - composé de plusieurs médecins dont le Pr Olivier Claris, président de la commission médicale d’établissement des Hospices civils de Lyon – a diffusé en retour une lettre publique pour  « apporter le démenti le plus ferme aux attaques odieuses dont Remera et sa directrice générale, Madame Emmanuelle Amar font l’objet ». Si l’Inserm et SpF mettent en cause la valeur scientifique des travaux du Remera, ce n’est pas le cas des médecins des HCL qui louent le travail effectué par toute l’équipe du registre rhônalpin dont Emmanuelle Amar.

"Une campagne calomnieuse"

 Mais la personnalité et les méthodes de la directrice du Remera sont aussi clairement mises en cause par Santé publique France dont le directeur François Bourdillon a dénoncé, le 19 octobre, une « campagne calomnieuse », pointant du doigt « une association qui joue à un jeu extrêmement personnel ». Le directeur de SpF a indiqué que l’institution n’avait pas l’intention d’arrêter de financer le Remera et qu’il était « inconcevable qu'un registre qui a plus de 25 ans s'arrête ». Cependant, à ses yeux, le financement de la structure doit être « maintenu dans des conditions scientifiques qui soient claires ». Il laisse sous-entendre que le soutien de SpF devrait se faire avec une autre équipe. « Cela ne peut pas être poursuivi avec une autre équipe. Le licenciement se fait pour perte de poste donc les HCL ne peuvent pas prendre quelqu’un d’autre. Il faudrait que cela soit à la suite d’une faute et ce n’est pas le cas. SpF méconnaît le droit et le fonctionnement du système associatif », rétorque Emmanuelle Amar.

Les mamans des enfants de l’Ain «veulent se réunir»

L’autre question en suspens est le devenir des données du Remera alors que SpF a également annoncé sa volonté de fédérer les six registres de malformations existant en France pour lesquels il n’existe actuellement aucune homogénéité de fonctionnement. « La base de données appartient au registre mais pas les données. On peut les remettre à SpF mais à quoi cela sert d’avoir des données brutes sans les références ? », s’interroge Emmanuelle Amar. Depuis l’annonce d’Agnès Buzyn, l’équipe du Remera n’a été contactée par aucun chercheur ou représentant d’un ministère. « Je ne peux pas imaginer que la ministre de la Santé n’était pas sincère quand elle a fait ces annonces mais j’ai le sentiment qu’elle n’a pas la main sur ses propres agences. Je suis inquiète pour les institutions de santé », conclut Emmanuelle Amar qui précise être très sollicitée par les familles des enfants nés sans bras dans l’Ain. Selon la directrice du Remera, « les mamans des sept enfants veulent se réunir pour discuter entre elles et peut-être créer une association ».

Sylvie Montaron

On peut remarquer le travail main dans la main dans cette histoire des "autorités indépendantes" (gangrenées par les conflits d'intérêt multiples de leurs membres), potentiellement de l’État, mais aussi de la région Auvergne-Rhône-Alpes et de son sympathique président Wauquiez.
Santé Publique France (ou anciennement INVS) n'est pas réputée , parmi les spécialistes (dont Ma Dame), comme particulièrement sérieuse aussi bien dans leurs méthodes que leurs résultats…

Plus globalement, de nombreuses missions d'évaluation, de prospective et de recommandation ont été confiés, depuis 30 ans, à des bureaux d'études issus de délégations de services publiques. Les administrations devaient supprimer leur service statistique (ce qu'elles n'ont jamais vraiment fait), octroyer un contrat objectifs moyens à ces bureaux d'études. Ce sont par exemples les ORS (observatoire régional de santé) dont Audrey une des épidémiologistes. Mais on a aussi d'autres associations qui ont, jusqu'au début des années 2010, plutôt bien survécu grâce aux financements des administrations déconcentrées et surtout d'autres services et les collectivités territoriales, utilisant la clause de compétence générale.
Sauf que depuis Sarko, le régime est de plus en plus sec. De plus, comme pour le REMERA, les problèmes de compatibilité sont fatals. Je ne sais plus si c'est l'ORS Normandie ou Picardie ou NPDC mais l'un d'eux a fermé car le DG de l'ARS de la région ne supportait pas le directeur de l'ORS. Ainsi, de nombreuses associations, bureaux d'études ont fermé… Sans que cela soit bien un problème de concurrence ou de performance… Et la fusion des régions n'a pas entraîné une amélioration de la situation, loin de là...
" En France, les peines d'argent durent plus longtemps que les peines
de coeur et se transmettent de génération en génération. "

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Re : Faits divers et compagnie
« Réponse #3496, le 30 Octobre 2018 à 11:40 »
Je trouve cette histoire énormément navrante...
Ce n'est pas la seule, malheureusement, mais celle-là particulièrement fait mal je trouve.
Et quand on voit le Brésil... J'ai peu de doutes sur l'issue de la prochaine...
On obtient ce qu'on sème.
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MCL80

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Re : Faits divers et compagnie
« Réponse #3497, le 30 Octobre 2018 à 16:53 »
Il semblerait (mais ça n'a rien à voir avec une quelconque médiatisation de la chose, hein. Y'a que les esprits mal tournés qui peuvent croire ça) que les licenciements soient suspendus pour le moment.

Je crains malgré tout que ce soit reculer pour mieux sauter. :peur:
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Re : Faits divers et compagnie
« Réponse #3498, le 31 Octobre 2018 à 10:29 »
Évidemment. Dans 6 mois (3?) on aura oublié cette histoire, puisqu'il y en a une qui sort chaque semaine.
Et donc cette pauvre lanceuse d'alerte sera de nouveau licenciée, mais cette fois sans médiatisation...
#MondeDeMerde
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Re : Faits divers et compagnie
« Réponse #3499, le 31 Octobre 2018 à 17:01 »
Tiens, en parlant de faits divers, pour revenir à cette enseignante menacée avec une arme en plastique. Ça fait pas loin de 20 ans que tout est fait pour diminuer les effectifs d'encadrants dans les établissements scolaires. À l'époque, le gouvernement s'était attaqué aux surveillants, forcément éléments inutiles puisqu'ils n'avaient pas vocation d'enseigner. Après, on a généreusement augmenté les effectifs des classes. Maintenant on parle de mettre des policiers finalement à la place des surveillants.

Et si, plutôt que de mettre des robocops, on revenait simplement à une vraie présence humaine permanente et réelle, avec des effectifs raisonnables dans les classes? Les écoles, collèges et lycées, ce n'est pas que des lieux où on bourre le crane de connaissances à des petits soldats obéissants, ce sont aussi des lieux où on apprends aux enfants à vivre en société. Mettre des policiers, puis ensuite pourquoi pas des murs, pour terminer par des miradors en fonction de l'actualité, c'est dire finalement que nous ne sommes pas capables d'apprendre à nos enfants à vivre ensemble et qu'ils sont justes bon à passer d'une école-prison à une prison tout court. Si on veut apprendre aux enfants la vie en société, cela veut dire ne pas leur montrer que la seule source d'autorité et de respect ce sont le revolver et l'uniforme, sinon on va vers une société encore plus violente à l'avenir.

Franchement, quand je vois aussi qu'on est en train d'installer des portiques de sécurité invraisemblables dans certains lycées, je me dis qu'on marche carrément sur la tête. Il y a quelques semaines je suis passé au lycée de Trévoux (lointaine banlieue lyonnaise où la plus grosse activité après 19h doit être de prendre son bromure avant d'aller se coucher) hé bien, à l'entrée du lycée, on était en train d'installer des tourniquets métalliques dignes d'une prison pour filtrer les élèves. C'est plus un lycée, ça devient Alcatraz. Je trouve que ça en dit très long sur notre société et son incapacité à comprendre que la jeunesse est l'avenir et que le problème n'est pas la jeunesse, mais bien la façon dont on l'éduque. Le ministre peut bien renvoyer les responsabilité aux parents, mais je rappelle qu'on a pas un ministère de l'instruction, mais bien un ministère de l'éducation et qu'il doit donc aussi assumer la part qui lui revient. En tout cas, si la seule perspective est de la mettre en prison parcequ'on en a peur, ça va péter très fort bientôt.
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Re : Faits divers et compagnie
« Réponse #3500, le 1er Novembre 2018 à 08:56 »
Je trouve ton propos très intéressant dans l'ensemble, mais je dois reconnaître que je ne suis pas d'accord avec la fin de ton discours.
C'est une très bonne chose, de responsabiliser les parents. Parce que très franchement, depuis des années c'est n'importe quoi. Oui, pour l'éducation, mais l'école n'est pas là non plus pour remplacer les parents dans leur rôle. Or, il est fréquent de voir (je parle d'expérience, sans plus de données scientifiques, hein) que les parents attendent de l'école qu'elle résolve toutes les difficultés et forme les jeunes dans leur ensemble. Combien de parents se dédouanent et n'assument pas leur rôle?

Il est très bien, de mon point de vue, que les parents soient réassignés à leur rôle, il est navrant que ce soit l'Etat qui s'y colle.
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MCL80

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Re : Faits divers et compagnie
« Réponse #3501, le 1er Novembre 2018 à 11:49 »
Même si mon propos a pu le laisser penser, je ne veux en aucun cas écarter les parents de leur rôle ou les déresponsabiliser. Bien au contraire, leur rôle est central puisque ce sont eux qui passent le plus de temps avec leurs enfants. Mais tous les parents ne peuvent pas tout, il ne faut pas l'oublier. Il y a toute la palette de comportements, depuis les parents hyper impliqués qui savent donner un cadre à leurs enfants, jusqu'à des parents démissionnaires pour de multiples raisons liées à la vie qu'ils subissent et qui n'ont pas cette force.

Dès lors que l’État se targe de participer à l'éducation (c'est l'intitulé du ministère, ne l'oublions pas), et non uniquement d'instruction comme c'était le cas avant la seconde guerre mondiale, cela implique qu'il doit assumer cet engagement. Et dans ce sens, puisqu'il s'en est saisi, il doit aussi se donner les moyens d'apporter ce que les parents n'apportent pas dans ce domaine.

Moi, je veux bien qu'on responsabilise plus les parent, ça serait probablement bien, mais je crains que la situation actuelle soit carrément liée au fonctionnement de la société: On a globalement un individualisme poussé à outrance, des institutions, y compris scolaires, qui sont discréditées à la fois par les discours dominants et le manque de moyens. Comment dans un tel cadre les parents peuvent avoir pleinement confiance dans l'école? C'est comme ça qu'on arrive à ce type de comportements. (pour info, la fille avait menti à son père au téléphone en disant que l'enseignant lui avait baissé son pantalon devant toute la classe. Le père n'a pas cherché à savoir le vrai du faux, il a frappé)

Je pense que si on veut réellement que les parents puissent reprendre la part qui leur revient, il faut qu'ils aient confiance en l'école et ce qu'elle peut apporter à leurs enfants. De mon point de vue, cela veut dire, dès la maternelle, des classes avec des effectifs adapté pour que l'enseignant ait le temps de s’occuper et de faire participer tous les enfants. Je pense même que les taux d'encadrement doivent être d'autant plus élevés que les enfants sont jeunes, car c'est au début de la scolarité que les bons réflexes sont acquis. Cela veut dire aussi plus de médecins et d'infirmières scolaires pour assurer un suivi et une veille. Il n'est pas normal qu'il y ait un médecin pour 2 à 5 000 élèves, surtout dans le primaire et au collège. Il n'est pas normal non  plus que les psychologues scolaires soient en voie de disparition.

L'école doit aussi mettre en place des structures et des procédures pour gérer et aider les enfants violents ou ayant des comportements dénotant une souffrance. Quand je vois que des enseignants sont laissés démunis et sans solution face à des gamins de 4 ans violents, je me dis que ce n'est pas normal. Alors qu'à cet âge-là un tel comportement est une marque de souffrance dont il faut identifier la source au plus vite.

Il faut aussi sortir du discours minimaliste des ministres successifs: Oui, les apprentissages de base (lire, écrire, compter) sont indispensables et essentiels, mais si l'école n'a apporté que ça à un gamin à sa sortie du CM2, c'est plus qu'un échec, c'est carrément un naufrage. On ne peut pas donner envie à un enfant d'apprendre uniquement avec ça. Les activités dites d'éveil, les sorties scolaires… qu'on réduit pour des raisons essentiellement budgétaires (en parlant parfois de sécurité, de règles, de normes et autres prétextes) sont indispensables à la découverte du monde par les enfants, surtout ceux dont les parents ne disposent pas d'un bagage social important. Un enfant ne peut pas se construire de façon équilibrée qu'entre les 4 murs d'un appartement et d'une salle de classe. La visite de la médiathèque, du musée, de la mairie, la sortie à la campagne ou à la ville lui donne des perspective, lui ouvre des horizons.

Je sais, ça peut paraître utopique de tenir ce discours quand à certains endroits des enfants vivent à la rue, arrivent à l'école le ventre vide et leur seul repas de la journée sera celui de la cantine. Mais c'est justement pour ces enfants qu'il faut le système éducatif fasse le plus, qu'il leur tende réellement la main.
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Re : Faits divers et compagnie
« Réponse #3502, le 1er Novembre 2018 à 15:46 »
Sur les activites dites d’eveil, les sorties scolaires, honnetement... j’ai grandi dans un milieu moyen, ni favorisé ni défavorisé, et je ne me souviens pas en avoir fait plus de 1 ou 2 de ces fameuses sorties, et encore, en primaire... et mon père n’avait pas spécialement les moyens de compenser ce manque le week-end non plus.

Ca n’a pas fait de moi un sociopathe. Je ne dis pas qu’il n’en faut pas, je rejoins d’ailleurs assez globalement ton propos, mais bon.
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Re : Faits divers et compagnie
« Réponse #3503, le 1er Novembre 2018 à 16:02 »
A exposer nos représentations l'une contre l'autre, on n'arrivera probablement pas à grand-chose, mais bon...
Les voyages, les sorties... Oui, bon, d'accord. A un moment donné, j'aurais des collègues qui argumenteront que ce serait pas mal que les gamins bossent, également.
Je ne suis pas du tout d'accord avec toi, ce sont les profs, qui passent le plus de temps avec les gamins. Les parents les voient le soir, le weekend, les vacances, le reste du temps, c'est l'établissement scolaire qui ramasse. Il est très clair que certains parents nécessitent de l'aide. On est bien au-delà de ce problème, car en effet, les problématiques dépassent largement le cas des parents en difficulté.
J'ai un peu l'impression que les parents qui gèrent un minimum sont devenus une minorité. Quand les parents appellent parce qu'ils ne comprennent pas que leur môme ait un avertissement pour mauvais comportement, qu'il soit viré pour avoir picolé ou que son portable lui soit confisqué... Ben je crois que la problématique dépasse largement les limites que tu évoques.

L'enfant est un prince pour qui tout est permis. Les gamins qui en 4e n'ont pas de portable sont une minorité écrasante. L'exemple que tu donnes du père qui vient claquer le beignet du prof sur simple explication de la gamine, mais c'est pas un cas particulier, c'est un fait avéré. J'ai eu des problèmes il y a deux ans parce qu'un gamin a sorti à ses parents que j'avais dit que j'allais le sodomiser !!!! (le petit enculé).
Et mon directeur m'a mis ça dans la gueule et tandis que je niais une connerie pareille, il me disait "c'est parole contre parole". Alors que je bosse là-bas depuis 15 ans !

C'est pas les parents, qui n'ont pas confiance en l'école, c'est l'ensemble du système qui dévalorise le rôle de l'enseignant et qui lui chie sur la gueule à plus pouvoir en rajouter !

Quant aux flics dans les écoles, ils y sont déjà. Ils passent presque tous les ans pour une descente histoire de gauler les fumeurs de shit. Et les élèves qui se font avoir tiennent tête !
Ca va changer quoi, des gendarmes ou des policiers dans les écoles? Que dalle. Parce que le respect de la fonction, il n'existe pour personne chez nos chères petites têtes blondes. C'est la société elle toute seule qui a produit ça. La société, c'est nous, c'est les parents. Nous sommes, et les parents au premier chef, qui roulent à 100 au lieu de 80 en disant "Macron, sale con", "j'emmerde les flics", qui gueulent sur les chômeurs qui n'en branlent pas une, directement responsables de cette situation. Et les parents transmettent gentiment ces représentations sociales à leur progéniture qui nous conduisent droit dans le bordel que tu décris.

C'est pas le gouvernement, le responsable. C'est nous.
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Alaiya

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Re : Faits divers et compagnie
« Réponse #3504, le 1er Novembre 2018 à 17:38 »
Je suis sur la même ligne que Ryo : je ne crois pas que ce soit aux enseignants d'apprendre aux enfants les bases de l'éducation, c'est le rôle des parents. C'est le rôle des parents d'apprendre à leurs enfants à être polis, à respecter les adultes, à dire bonjour, merci et au revoir, à bien se tenir et à obéir. Ces règles, qui peuvent paraître désuètes de nos jours, sont celles qui faisaient, à l'époque, le respect du à l'enseignant, du à celui qui détient le savoir, et donc le pouvoir de permettre à l'enfant de devenir quelqu'un.

Tout cela n'existe plus depuis des décennies pour les raisons évoquées par Ryo : les adultes, donc les parents, ne respectent eux-mêmes plus grand-chose et véhiculent une image négative du monde dans lequel ils élèvent leurs enfants. A dire devant eux que les profs sont des feignasses qui sont tout le temps en vacances, que de toute façon, ils sont de plus en plus nuls et n'apprennent plus rien aux gamins, etc, à gueuler contre tout et tout le monde, à ne pas respecter les règles, comment veut-on que les enfants, ensuite, respectent le corps enseignant ? Comment veut-on qu'ils respectent l'école ? Qu'ils y croient ?

Et en effet, les gosses sont des rois dont la parole est d'or (alors que bon, hein, voilà quoi), qu'on traite comme des adultes (merci qui? Merci Dolto !) et qu'en fin de compte beaucoup ne savent plus élever parce qu'on raconte tout et son contraire, à grand coup  de "méthodes éducatives" (montessori, coucou !) et d'injonctions plus ou moins conscientes au point de déboussoler les parents les mieux intentionnés et de produire des gosses sans repères de base.

L'angélisme (désolée MCL mais c'est un peu comme ça que je le ressens) qui vise à attendre de l'Etat qu'il fournisse toutes les solutions et prenne tout en charge, y compris la déshérence des valeurs, il a fait long feu, et ça fait un bail que ça dure. Si solution il y a, elle viendra probablement du civil mais quand, ça, c'est une autre histoire.

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Re : Faits divers et compagnie
« Réponse #3505, le 1er Novembre 2018 à 21:31 »
Plusieurs points :

- MCL : je dois dire que j'ai quand même sursauté sur "les robocops à l'école". On peut le regretter, mais à un certain niveau de violence, le prof n'est plus compétent. Quand la maison brûle, on ne demande pas comment ça a pu arriver, on commence par éteindre l'incendie.
Mais c'est clair qu'il y a des causes, que la présence policière fera simplement l'effet d'un doliprane et que ça ne résoudra rien.
Je veux dire, l'image de ce jeune qui braque une arme sur la prof, prof qui semble d'ailleurs plus désabusée qu'effrayée, cette image est terrible.

- "Autres époques autres mœurs" : je pense qu'il est illusoire de vouloir calquer sa propre expérience "d'enfant des années 80" et maintenant. On vit aujourd'hui dans un monde qui n'a plus grand chose à voir, et mes parents - pour faire court - ne m'auraient probablement pas éduqué de la même façon dans ce monde "connecté" où la famille est recomposée/décomposée, etc.

- l'enfant-roi : c'est un pas un peu vieux, ce genre de "concept" ? J'entends encore mes parents parler d'enfant-roi dans les années 80, j'imagine que cet "enfant-roi" a évolué dans l'intervalle ^^
C'est quand même plus compliqué que ça. D'abord, que la place de l'enfant dans la société évolue dans le temps, ça ne semble pas anormal. Il fut un temps où l'enfant travaillait, où l'idée d'adolescence n'existait pas. Avant, tu pouvais fermer la gueule de ton gosse à coups de beigne : c'était très efficace, probablement. Maintenant, on doit faire différemment.
Je ne crois pas qu'il existait un temps idéal où on "savait éduquer les enfants".

- éduquer un enfant : perso, je n'irai pas sur le terrain de la critique des parents qui éduquent mal leurs enfants. Comment le pourrais-je ? Il y a tellement de paramètres qui entrent  en jeu, tellement de situation différentes : l'enfant lui-même qui peut être plus ou moins difficile (caractère, problèmes physiques, etc.), la personnalité des parents, la situation sociale des parents (et oui, il est plus facile d'éduquer ses enfants à Neuilly ou Saint-Cloud qu'en Seine Saint Denis au milieu des tours, des descentes de policiers et des trafics de drogue), le pays où l'on se trouve... bref
Être parent, ce n'est pas simple. Ce n'est pas une plainte, c'est un constat.
Donc je me garderais de jeter la pierre aux autres, parce que ça, c'est facile.

Je ne dis pas que le parent n'a pas sa part de responsabilité, mais en faire l'unique ou même le principal responsable, je trouve ça facile et éculé : je suis sûr qu'on pourrait trouver ce genre de remarques à chaque génération passée (effet nostalgie, "de mon temps" & cie).


- sur le "respect". Est-ce vraiment un problème qui concerne uniquement l'enfant ? On vit dans une société qui se délite complètement et où plus personne ne respecte personne : il suffit de regarder l'exemple qui vient d'en haut (Mélenchon et son attitude vis-à-vis de la justice et des lois qu'il vote, Macron qui passe son temps à insulter les catégories les plus en difficulté de la population...), ou qui vient de ceux qui nous protègent (les relations entre la police et les quartiers difficiles, notamment les personnes issues de l'immigration qui ont droit à un traitement particulier) voire même de ceux qui sont à la tête des établissements scolaires (se rappeler de l'histoire de ce doyen de fac à Montpellier qui fait rentrer une milice d'extrême droite pour régler un blocage).
On ne peut pas faire abstraction de toutes ces causes.

Et quand l'Etat décide de libéraliser le travail, notamment le dimanche, est-ce de nature à aider les parents à passer du temps avec leurs enfants pour les éduquer ? Quand l'Etat remplace des prof par des contractuels qui étaient la veille caissier (cf Libé de cette semaine), il n'a pas sa part de responsabilité ?

Ne voir que la faute des parents, c'est un peu court...



... et Omni me fit pourvoyeur en anus fruités :classe:

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Re : Faits divers et compagnie
« Réponse #3506, le 1er Novembre 2018 à 21:35 »Modifié le 1er Novembre 2018 à 21:56
A titre personnel, je n'incrimine pas les parents, j'incrimine tout le monde. Parents compris. Et je me mets dans le sac, que ce soit bien clair.

Certes, le prof est dépassé à un moment. La question n'est pas de savoir si c'est bien d'avoir des schmitt à l'école, la question est de savoir comment c'est possible d'atteindre un tel stade.

Que chaque époque soit spécifique et qu'il soit inutile et impossible de les comparer, on est bien d'accord. Je ne le fais pas. Dire que la famille actuelle est connectée et recomposée/décomposée est du même tonneau que les critiques que tu présentes; la question n'est pas dans le rapport au Monde de la connection mais dans les conséquences qu'elles ont sur la plupart des gamins, posés en flux continu devant des écrans. C'est ça qui décompose. Rien d'autre.

La notion d'enfant-roi, si elle a vécu, n'est sans doute pas anodine aux développements actuels. Montessori et Dolto ont eu et ont encore une influence massive, à ce qu'il semble. Et quant à y juxtaposer la branlée familiale, il y a un pas que tu es le seul à franchir (comment ces deux idées peuvent-elles se côtoyer dans un même paragraphe sur la notion d'enfant roi, là je dois dire que ça me dépasse).

Je n'irai pas sur le terrain parental qui ne me concerne pas à titre privé. C'est à titre professionnel que je porte mes jugements, et je les assume pleinement. C'est un discours de professionnel de la profession. C'est quinze ans d'expérience dans la même structure, c'est quasi 20 ans dans l'encadrement. Si ça ne vous plaît pas, je dois dire que ça vous regarde.
La dichotomie Neuilly/saint Denis, c'est à peine crédible. Certes, les problématiques de zonage de scolarités ne sont pas anodins, mais qu'une problématique s'installe dans une famille, puisque tu l'évoques, n'a pas de rapport a priori avec le niveau social de la famille. La nature des problèmes peut différer, mais les problèmes d'éducation peuvent toucher toutes les catégories sociales.

Sur le respect, il semble que nous avons le même discours, au final.

Je ne mets pas la faute en particulier sur les parents, c'est sur la société dans son ensemble, comme Alaiya, que porte ma critique. Il se trouve que ce que je ne tolère pas, à la base, c'est le dédouanage systématique des parents, ce qui est à peu près aussi con que de leur mettre tout sur le dos.
Re : Faits divers et compagnie
« Réponse #3507, le 1er Novembre 2018 à 21:55 »
Et puis le rapport au prof, je dois dire qu'il saute aux yeux de manière quotidienne, et ici, c'est pareil, la démonstration en est faite à l'instant.

Qu'on demande à Alaiya des conseils sur l'assainissement, personne n'ira ramener sa pomme. Des informations sur les impôts? Aladfal les donnera et personne n'ira porter la contradiction.Un truc sur les trains, ou sur la fonction publique ? MCL se fera un plaisir de donner une info jamais contredite ou très peu. Quelque chose sur le nucléaire? tinou fera l'info qui conviendra, indiscutable. Si Thomas était là et répondait à quelque chose sur le soin, la santé ou  les opérations, personne ne viendrait lui dire "ouais, nan, tu dis de la merde".

Je pourrais faire un listing long comme le bras de toutes les professions ici qui ne verraient jamais la contradiction.
Mais si Flavien ou moi (désolé Flavien de te mêler à ça, c'est juste parce que ça va peut-être te parler) commençons à émettre des avis professionnels qui touchent aux progénitures que nous avons à gérer, là, tout le monde va ouvrir sa gueule.

Ce métier est magique, tout le monde peut chier sur une opinion professionnelle. Et c'est le seul métier qui permet ça. Ce faisant, vous validez tout le propos émis sur le respect des profs et l'attitude générale autour de l'éducation et de l'enseignement.
On est tous le con de quelqu'un d'autre

Un appendice ne sert pas forcément à rien. Chez moi, TOUS les appendices servent  :classe:


Mise a jour du blog le 27/12/06

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Re : Faits divers et compagnie
« Réponse #3508, le 1er Novembre 2018 à 22:00 »
Donc pour toi, ce fait divers aurait tout à fait pu arriver au lycée Henry IV ?

Edit : heu, pour ma part, je ne "chie" pas sur les profs, que ce soit clair, ni sur ton opinion professionnelle étayée.
Je donne un avis personnel de parent, entre autres.
Les discours sur "certains parents ne savent pas éduquer leurs gosses"... comment dire... si c'était si simple...
Re : Faits divers et compagnie
« Réponse #3509, le 1er Novembre 2018 à 22:30 »
Citation de Ryô le 1er Novembre 2018 à 21:55
Et puis le rapport au prof, je dois dire qu'il saute aux yeux de manière quotidienne, et ici, c'est pareil, la démonstration en est faite à l'instant.

Qu'on demande à Alaiya des conseils sur l'assainissement, personne n'ira ramener sa pomme. Des informations sur les impôts? Aladfal les donnera et personne n'ira porter la contradiction.Un truc sur les trains, ou sur la fonction publique ? MCL se fera un plaisir de donner une info jamais contredite ou très peu. Quelque chose sur le nucléaire? tinou fera l'info qui conviendra, indiscutable. Si Thomas était là et répondait à quelque chose sur le soin, la santé ou  les opérations, personne ne viendrait lui dire "ouais, nan, tu dis de la merde".

Je pourrais faire un listing long comme le bras de toutes les professions ici qui ne verraient jamais la contradiction.
Mais si Flavien ou moi (désolé Flavien de te mêler à ça, c'est juste parce que ça va peut-être te parler) commençons à émettre des avis professionnels qui touchent aux progénitures que nous avons à gérer, là, tout le monde va ouvrir sa gueule.

Ce métier est magique, tout le monde peut chier sur une opinion professionnelle. Et c'est le seul métier qui permet ça. Ce faisant, vous validez tout le propos émis sur le respect des profs et l'attitude générale autour de l'éducation et de l'enseignement.
Si tu veux me faire dire que tu fais un métier particulier, parce que tu enseignes à "nos enfants", oui bien sûr.
Et que donc tu es "soumis" au jugement de tous les parents, et que ce n'est pas simple, oui bien sûr.

Je ne l'ai pas contesté, jamais, à aucun moment.
Que tu constates des difficultés dans ton enseignement et que tu sois mieux placé que moi pour en juger et en parler, tu n'as pas besoin de l'étaler, tu peux te dispenser des arguments d'autorité. Oui bien sûr.

Moi, modestement, et sans nier la difficulté d'enseigner aujourd'hui réelle et que personne ne conteste, je ne fais juste que te faire part de ma fatigue d'un certain discours sur l'éducation des enfants par les parents, et que, quelque part, tu remets une pièce dans la machine.

Parce que je trouve que ça fait un peu "pensée magique".

Et parce que c'est aussi, quelque part, un peu un jugement de valeur.


... et Omni me fit pourvoyeur en anus fruités :classe: