J’avoue avoir été plutôt élevé avec le regard optimiste (mais parfois cruel) des romans de SF et d’anticipation des années 50 où le monde futuriste est souvent représenté par un futur automatisé ultra-bright fraicheur Golgate dents blanches dans lequel la science, la technique et l’intelligence humaine se sont alliées pour former des futurs meilleurs pour l’humanité (existe aussi en variante dictatoriale avec contrôle des sentiments et/ou de la pensée, en variante où l’humanité a disparu au profit des singes et/ou des robots, en variante eugénisme génétique style GA•TA•CA, etc…). Bref d’une vision bien plus proche d’un Coruscant ou d’un Naboo des épisodes I, II et III que d’un Tatooine des épisodes I, II et IV, d’un futur bien propre où l’humanité est (généralement mais pas toujours) meilleure façon Star Trek The Next Generation (existe aussi en variante Deep Space 9 et Voyager).
Or ces derniers temps, tant mon évolution personnelle dans la vie que l’état général politico-économico-écologico-technologico-social de la planète me présentent de plus en plus souvent des alternatives… « sales » on va dire dans lesquelles ça va aller beaucoup beaucoup plus mal avant d’aller (un petit peu) mieux. Le comble ayant été atteint par deux films vus récemment, un cet après-midi au cinéma et un autre sur lequel je suis tombé par hasard hier sur la chaine australienne Showtime ; deux films aux visions plus que similaires :
WALL•E
Le nouveau Pixar-Disney vient de sortir, et à probablement tellement eut de tapage médiatique qu'il est à peine nécessaire de le présenter. Sous les dehors Disney-iens très propres habituels, et même s'il reste généralement politiquement correct, il montre pas mal de choses qui peuvent pousser à réfléchir un peu... Pour ceux qui ne l'ont pas vu (attention spoilers!) :
Dans le futur, l'hyperconsommation, sous la bannière de la firme Buy'N Large (dont le CEO est également président des USA/de la Terre) a provoqué la pollution complète de la planète au point de la rendre inhabitable. Les humains sont donc forcés de quitter le sol pour vivre dans les étoiles à bord de vaisseaux spatiaux automatisés entièrement sponsorisés, pourvus et équipés par Buy'N Large, passant leur journée à s'occuper à leur loisirs ; toutes les taches étant effectuées par des robots et IAs programmés par la Buy'N Large.
La croisière qui devait au départ ne durer que 5 ans, le temps de dépolluer la planète, fini par prendre plus de 700 ans. Une durée si longue que, les générations, l'inactivité et la routine faisant, les humains à bords sont devenus des blobs amorphes qui ne font que rester vautré toute la journée dans leur fauteuil, à consommer, regarder l'holoprojecteur inclus dans leur siège sans tenir compte de ce qui se passe autour d'eux et à suivre bêtement n'importe quel avis qui est suggéré par l'IA Buy'N Large gérant le bien être de la cargaison humaine (par bien des côtés, on peut parler de bétail humain).
Sur Terre, WALL•E, le dernier robot de dépollution encore en marche continue inlassablement sa tâche : compresser les ordures et les entasser en tours de cubes dans les ruines de New York accompagné de son fidèle cafard. Un jour, il découvre par hasard qu'une plante à réussi à pousser dans ce désert de pollution vide de toute vie ou presque et peu de temps après débarque EVE, une sonde d'analyse, envoyée par le plus luxueux des vaisseaux, l'Axiome, et chargée de conduire l'évaluation annuelle de l'état de la Terre.
Les choses s'enchainant les unes aux les autres, WALL•E, EVE et la plante se retrouvent sur l'Axiome et chamboulent le quotidien des robots et humains du bord en y introduisant une touche de chaos à tel point que l'IA autopilote pette les plombs et, dans un remake du comportement d'HAL dans 2001, l'Odyssée de l'Espace, décide de prendre les choses en main pour empêcher les humains de retourner sur Terre en prétextant suivre une directive cachée.
Idiocracy
Ce film sorti en catimini aux US en 2006 présente une version plus MTV-trash des choses qui est bizarrement TRES TRES similaire à celle de WALL•E (certains visuels sont tellement proches dans les deux films que ça en fait peur) :
Le film part du postulat que, de nos jours et grâce aux progrès et surtout grâce aux défauts de la société moderne, plus on est stupide et crétin, plus on a de chances de se reproduire (et en grand nombre) ; alors qu'au contraire plus on est intelligent, malin ou que l'on fait partie de l'élite, plus on a de chances de mourir sans laisser de descendance. Mathématiquement, au bout de quelques siècles, les crétins et les imbéciles règneront sur la planète... Bref que la sélection naturelle a cessé de fonctionner comme elle devrait et que cela conduira l'humanité vers un destin… pas très brillant...
De nos jours un soldat (Luke Wilson) plus que moyen sous tous rapport (QI, physique, emploi, volonté, relations sociales...) est choisit par l'armée pour participer à une expérience de cryogénisation en compagnie d'une "contractuelle du secteur privé" (une pute pour faire simple, la raison du pourquoi étant bien sur le sujet de quelques gags à l'humour douteux) qui doit durer 1 an. Suite à quelques problèmes, l'expérience est complètement oubliée et ce n'est que 500 ans plus tard que suite au « grand éboulement d'ordures de 2505 », leurs caissons cryogéniques se retrouvent libérés des immondices dans lesquels ils se trouvaient et que les deux héros sont lachés dans un monde complètement transformé.
Les grandes firmes règnent désormais en maître sur la planète, et abusent de leur monopole étant à la foi les seuls fournisseurs d'emploi et de biens de consommation. La pub se trouve sur tout ou presque (pire qu'une F1 ou qu’une équipe de foot), l'hyperconsommation est le mode de vie de tout un chacun, les firmes occupent tous les secteurs (Starbucks est devenu une chaine de bordels par exemple). Les gens guères intelligents à la base (ce sont des gros cons) sont devenus complètement stupides et se contenter de faire leur boulot sans réfléchir car ce dernier leur permet d'avoir suffisamment d'argent pour consommer et faire leurs 3 seules activités favorites : regarder les programmes débiles de la TV, manger et déféquer (et si possible faire les 3 en même temps en étant avachis chez eux dans d'énormes sièges-pouf avec toilettes intégrées).
Une bonne partie des activités qui demandaient un poil de jugeote sont désormais réalisées par des machines, ordinateurs ou IAs dont les concepteurs sont morts depuis longtemps et que plus personne ne sait réparer. La société est entièrement tournée vers l’accomplissement des désirs (très basiques) de chaque individu. Le langage lui-même a dévolué pour n’être plus qu’une suite de mots, d’argo ou de language SMS non-articulés à tel point que lorsque le héros parle l’anglais actuel, plus personne ne le comprend et les gens le prennent pour quelqu’un d’efféminé. Le niveau culturel ambiant est si bas que plus personne ne sait ni lire, ni écrire et que par exemple les présentateurs de la chaine d'info Fox sont des catcheurs populaires, de même que les juges dans les tribunaux ou encore... le président des USA.
Coté environnemental c'est encore plus catastrophique : l'hyperconsommation fait que les déchets s'accumulent sans pouvoir être recyclés (et là le visuel est identique à celui de WALL•E sauf que les humains nagent encore dedans). De plus à force de boire des boisons énergisantes, les hommes en sont venus à oublier ce qu’est l’eau et en sont arrivés à arroser même les plantes avec (l’eau pure est réservée pour l’écoulement dans les chiottes) faisant complètement dépérir toute la végétation de la planète. Bref, le monde court à sa perte.
Et le héros qui était à la limite du crétinisme au XXème siècle se retrouve propulsé au poste de personne la plus intelligente sur Terre… Une fois encore ici c’est une simple plante qui permettra à l’humanité de survivre (et au héros de sauver sa peau) et de revenir un peu (mais pas trop) dans le droit chemin (la fin n’est pas aussi optimiste que dans WALL•E et reste quant même du niveau d’une comédie simpliste de type MTV).
Mon dieu, où va-t-on si les Amerloques se mettent désormais à réfléchir à notre futur et aux effets de leur propre culture? Mais est-il déjà trop tard ?