La difficulté pour un magazine, c'est de trouver un équilibre. L'animation tchèque en bois ou le festival d'Annecy n'intéressaient pas forcément leur "cœur de cible", mais leur offrait un complément de lecteurs en traitant de niches pointues peu renseignées par ailleurs. Un magazine peut ne pas avoir suffisamment de lecteurs en ne traitant majoritairement que des niches étroites, mais s'il reste trop mainstream, son intérêt se réduit et du coup il perd aussi des lecteurs. Bref, tout est dans l'équilibre, d'autant plus avec la concurrence d'internet.

En 1998 quand j'ai acheté mon premier Animeland, internet était balbutiant et le fansub se transmettait encore sur VHS. Ce qui faisait qu'ils avaient plus ou moins une sorte de monopole de l'actualité sur leur domaine qui leur assurait une rente de situation. Ce monopole sur l'actualité a sauté, ce qui a fait tomber leur modèle économique… Mais c'est vrai pour toute la presse française (et pas que), où même, et surtout, dans les grands journaux il va y avoir de la casse à court terme. Ceci dit, je pense qu'à relativement brève échéance, on va de façon globale vers un modèle de magazine payant consultables sur internet, que les sites gratuits, tout comme les journaux papier seront marginalisés. On le voit sur les journaux de la PQR qui négocient plus facilement le virage de la dématérialisation du fait de leur monopole sur l'info locale. Ils ont des sites, mais où tout leur fond de commerce, l'info locale, est en accès payant. Ils savent pertinemment qu'ils ne seront pas concurrencé de façon performante sur ce créneau, car cela impose un maillage du territoire avec plein de pigiste. De plus, la compilation de l'info locale qu'ils fournissent est quasi impossible à faire indépendamment d'eux, y compris en ratissant les sites de toutes les institution et de toutes les associations locales. Lorsqu'ils auront suffisamment d'abonnés par internet, ils couperont sans état d'âme le tirage papier.

Comme le dit Hiei-, Pix 'n Love a aussi trouvé un écosystème viable pour le moment en allant vers des dossiers charpentés et "non périssables". C'est une piste qui pourrait être envisagée avec une parution beaucoup plus espacée, mais adossée à un site internet. Le site traitant l'actualité "à chaud", pendant que la revue (trimestriel ou semestriel) contiendrait des dossiers sur le fond, et des mises en perspective de l'actualité des mois écoulés… Bref, là aussi serait dans le temps long… Par contre, dur de trouver un équilibre financier avec ça, car la revue serait trop peu fréquente pour justifier un abonnement coûteux…